AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782234025615
129 pages
Stock (10/03/1993)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Qui était Henry Miller, le véritable Henry Miller ? Ces entretiens à bâtons rompus et d'une totale franchise tracent, pour la première fois peut-être, l'esquisse d'un portrait de Miller, l'homme et l'écrivain. Esquisse, car il était impossible d'enfermer en si peu de temps et de pages une telle nature, comme le dit justement dans sa préface Georges Belmont, son ami et interlocuteur privilégié. Qu'il parle de l'amour, des rapports homme-femme, de la civilisation occi... >Voir plus
Que lire après Entretiens de ParisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je poursuis mes grands rangements et inventaire de bibliothèque : je retombe sur une lecture ancienne. Heureusement, ma manie des soulignements au crayon à papier, me remet aussitôt en mémoire cette lecture plaisante mais quelque peu oubliée ; pleine d'informations sur Henry Miller. Il y parle de tous les sujets, de l'amour, des femmes, de la littérature, de ses auteurs préférés : Dostoïevski, Hamsun, William Blake, etc.,de l'amitié , de sa première vocation : la peinture…sa venue au métier d'écrivain

- « C'est par une sorte de désespoir, vous savez que je suis devenu écrivain…après avoir tenté de faire tout, sauf cela. Tout, oui. J'ai fait plus de cent métiers avant d'en arriver là, et finalement je me suis dit : « Tu n'es bon à rien ; pourquoi, au fond, n'essaierais-tu pas d'être un écrivain ? » (p.23) » .

H. Miller dit aussi une mère mal-aimante, qui avait honte que son fils soit écrivain, le critiquait sans cesse, il raconte également avec beaucoup de finesse les raisons, et les origines de ses écrits sulfureux…

« Oui, c'est vrai que, dans –Sexus , il y a beaucoup de sexualité, peut-on dire. C'est du concentré. Mais cela concerne uniquement une certaine période de ma vie. Et pourtant, à cause de cela, on a toujours l'air de me prendre pour une espèce de géant de la pornographie. C'est faux ! Et qu'on ne vienne pas me dire que je suis anormal. Personnellement, je me trouve parfaitement normal…peut-être même pas assez ! (…)
Et aussi, inconsciemment peut-être, c'était une libération pour moi, une façon de me libérer de l'esprit puritain. Né en Amérique comme je l'étais, élevé par des parents puritains, c'était probablement un moyen de me libérer, oui, je crois.
« le monde du Sexe », je l'ai écrit exprès pour le censeur qui interdisait mes livres aux Etats-Unis… » (p.106-107)

[…] » Au lieu de parler de Dieu, disons, je parlais du sexe. le sexe remplaçait Dieu, d'une certaine façon, vraiment. Cela peut paraître sacrilège ; mais ce n'est pas ainsi qu'il faut le prendre. Il s'agit d'un simple remplacement, je crois. Car, en même temps, j'étais, à cette époque-là, le même homme religieux. Je n'ai jamais perdu ce sens » (p.111)

Un petit volume… attachant, captivant où le « sulfureux » Miller parle de philosophie, de « sacré », du bouddhisme, de ses pulsions suicidaires qu'il a réussies à gérer, de l'Humain, encore et encore…

« Oui, je préfère, j'aime ceux qui ont deux visages et qui ne les cachent pas, parce que ça, en tout cas, c'est humain.
J'aime tout ce qui est humain. Etre humain, totalement, c'est peut-être ce qui est le plus près de l'ange » (p.127)

Je rappelle que ce texte est le croisement d'entretiens enregistrés en septembre 1969, pour l'O.R.T.F, d'une part pour France Culture et la radio, sous la direction de Pierre Sipriot, d'autre part pour l'émission télévisée de Michel Polac, « littérature de poche »

Commenter  J’apprécie          280
Je parlais hier pour un autre livre d'Henri Miller de la qualité des interviews que celui-ci a accordées à certains de ses amis, en voici une longue interview de 125 pages chez Stock en 1970 accordée à Georges Belmont, de son vrai nom Pelerson, d'origine américaine, installé à Paris après-guerre, normalien, traducteur, éditeur de son état. L'interviewer a travaillé sur Joyce, Beckett, Gide qu'il côtoie et naturellement Henri Miller dont il est question ici. Il a traduit en outre de grands auteurs américains à succès : Chaise, Irish, Waugh, ainsi que Burgess..

Une sorte d'identification émerge dans ce livre où finalement deux hommes qui se connaissent bien, des mêmes origines se retrouvent. On ne perd pas de temps, on va droit au but, les présentations sont faites depuis longtemps entre les deux hommes qui ont fait de leur vie, une vie consacrée à la littérature et, pour le traducteur, à ses plus éminents représentants. Georges Belmont restera en France, Henri Miller regagnera l'Amérique. le coeur du livre cela dit, son objet, sa vedette, c'est Henri Miller.
GB : Mais pourquoi cette persistance du personnage de Mona dans l'essentiel de vos oeuvres ?
HM : Pourquoi ? Parce que, quand j'ai commencé à écrire, dix ans après .. quand j'ai commencé à écrire, ici, à Paris, j'ai voulu raconter mes souffrances pendant les sept années - oui, seulement sept années - où j'avais vécu avec elle? Et j'ai cité Abélard. Oui c'est dans Capricorne, je crois .. J'ai cité les mots d'Abélard où, parlant de lui-même, il déclare qu'il a souffert plus qu'aucun autre homme au monde. Je pensais que, moi aussi, j'avais souffert comme lui.. plus qu'aucun autre homme au monde. Et je n'avais envie de parler que de ces sept années. mais je ne sais quel esprit s'est emparé de moi et je me suis lancé toujours plus au large, si je puis dire, malgré moi. J'ai débordé !
En même temps, cela n'empêche pas que, visiblement dans mes livres, tout soit bien concentré sur ces sept années, enfermé dans elles. Je ne dis pas grand chose des années qui suivent, quand on y pense. Je parle de mon enfance, des années qui précèdent, mais pas de celles qui suivent ! "

Henri Miller raconte cela comme s'il avait fait un séjour en prison de 7 ans et qu'il revenait sur cette période de manière obsessionnelle comme le tolar rattrapé par son passé, poussé par le syndrome de Stockholm.

Page d'après on peut lire ceci : C'est par une sorte de désespoir, vous savez, que je suis devenu écrivain .. après avoir tenté de faire tout sauf cela. Tout oui, j'ai fait plus de cent métiers avant d'en arriver là, et finalement je me suis dit : " Tu n'es bon à rien ; pourquoi , au fond n'essaierais-tu pas d'être un écrivain"

Je me délecte quand je lis sous la plume d'Henri le voir répondre à une question par une question de mot ou de pensée d'auteur qui éclaire à la fois sur son humilité et sa culture. On a le sentiment de le voir se fondre dans mille autres personnalités de renom, mais il est bien clair qu'il tire la couverture vers soi, comme on dit. Il n'y a là ni dérobade, ni bien sûr effacement de personnalité, bien au contraire. J'y vois aussi un souci de clarté dans son propos et d'impériosité, en sachant que sa vraie vie est la passion pour tous ces personnages dont il nous abreuve à satiété, mais voyons plutôt :
"L'autre soir, relisant les pages d'André Gide sur Dostoïevski, j'ai été frappé en voyant que Dostoïevski lui aussi, a toujours méprisé l'intellect. IL dit même que c'est cela le diable.. ses personnages essentiels, comme le prince Muichkine, sont tous des êtres qui placent le sentiment plus haut que la tête. Oui c'est la tête la grande tentation .."

En fait, je ne vois pas ici d'interview au sens journalistique, quelque peu galvaudé, je vois de la littérature empreinte de réflexions profondes qui consacrent un livre à part entière.

Oui il est rare de voir une interview faite avec une telle intensité. Je ne vois pas d'autre explication que celle d'un homme qui parle admirablement de lui-même, avec les mots qu'il faut, comme un auto-portait sans concession, magnifiquement croqué, avec tout ce sel de la terre, et cette sagesse du coeur.

Avec Henri, désolé, mais j'y trouve ce que j'ai envie d'y voir en littérature, c'est-à-dire rarement, toute la dimension d'un homme face à son destin qui revient sur lui-même avec une force incroyable sans doute due au fait qu'il a fini par vaincre ses démons et les obstacles de la vie qui ne l'ont pas épargné, loin s'en faut.
Commenter  J’apprécie          120
C'est la version audio des « Entretiens de Paris » avec Georges Belmont que j'ai choisi pour avoir le plaisir d'entendre la voix d'Henry Miller. Ayant vécu de nombreuses années en France, dans le Paris des années 30, il parle parfaitement le français même s'il garde un fort accent américain assez savoureux.
Ce sont des entretiens qui ont été enregistrés en 1969 pour la radio française. Il faut dire que Georges Belmont connaît bien Henry Miller. Il a été son traducteur et l'a rencontré dès 1935.
Ce qui est intéressant c'est que l'on entre dans une certaine intimité pour comprendre comment l'homme est devenu écrivain. Il évoque une mère aigrie et dure qui ne l'aimait pas, une soeur retardée qu'il compare à un ange et un père tailleur alcoolique.
Bon avec tout ça il n'a pas chanté le blues (quoi que) mais il a décidé d'être écrivain car il s'est créé une philosophie de vie. C'est cela qu'il raconte et Georges Belmont n'oublie pas de citer ses livres les plus importants, entre Tropique du Cancer et La crucifixion en rose, en passant par le monde du sexe. Henry Miller aime quant à lui évoquer ses auteurs préférés, William Blake, Dostoïevski et d'autres, ce qui fait la place belle à la littérature dans ces entretiens radiophoniques.
J'aime aussi quand il dit que la vie est un mystère et que c'est très bien comme ça, qu'il faut qu'elle le reste.
Miller est très attachant et bien plus simple que ce que l'on imagine et celui qui a influencé les écrivains de la Beat Génération assume même ses contradictions.

Commenter  J’apprécie          90

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je n'aime pas la perfection. Je veux rester toujours en conflit avec moi-même...pas avec les autres, pas avec le monde, mais avec moi-même. Je trouve cela extrêmement sain et salubre. On en tire quelque chose. S'il est une prière que j'adresse encore à Dieu, c'est celle-ci: "Préservez-moi d'être jamais un sage !" (p.69)
Commenter  J’apprécie          260
Cela n'empêche pas que je n'aime aucune religion. Je n'en accepte aucune. (...)
En même temps, je crois en certaines choses. C'est difficile à expliquer. Au fond, je suis un homme religieux sans religion. (...)
Je n'ai pas besoin de "textes". Les Eglises, même le bouddhisme, ne sont qu'une caricature de la religion, à mon avis. Souvent, oui, on est en droit de se dire plus religieux, plus croyant, en ce sens, que tant d'hommes qui se prétendent tels. (p.52)
Commenter  J’apprécie          40
Vous savez, dans la vie, il y a une chose qui me gêne et me fait mal chez les gens : c'est qu'ils ne veulent jamais accepter la grandeur chez les autres.
Commenter  J’apprécie          82
On raconte que, au temps de la préhistoire, il y avait le matriarcat et la domination des femmes. Eh bien, moi, je serais ravi de voir revenir ce genre de règne. Bien entendu, il ne s'agit pas, dans mon esprit, du matriarcat comme le pratique la femme américaine; je n'aime pas cette domination-là: elle est fausse; c'est une guerre. Je parle du règne où la femme, avec sa propre sagesse féminine, dirigerait vraiment les affaires du monde, à la place de l'homme.
Avec la domination masculine, je ne vois partout que désastres. L'homme passe son temps à se suicider et à tout tuer autour de lui. Il est le destructeur. La femme est la conservatrice. (p.117)
Commenter  J’apprécie          10
On dit souvent qu'il y a deux deux catégories de livres qui se passent de publicité: l'occultisme et la pornographie, ou disons l'érotisme. Et c'est vrai, incontestablement. Cela répond à quelque chose en nous, dont nous avons faim. (p.17)
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Henry Miller (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henry Miller
Un roman envoûtant sur celle qui fût la muse de l'écrivain Henry Miller.
Au fin fond de l'Arizona, une femme affaiblie s'est réfugiée dans le ranch de son frère. À ses pieds, des malles contiennent les derniers souvenirs de son grand amour : le sulfureux écrivain Henry Miller. Après leur coup de foudre dans un dancing de Broadway, elle l'a encouragé à écrire, a été son épouse et l'a entretenu pour qu'il puisse donner naissance à son oeuvre. Elle s'appelle June Mansfield. Tour à tour entraîneuse, serveuse ou comédienne, June n'a eu de cesse de brouiller les pistes. Sous la plume de l'auteur de Tropique du Cancer et d'Anaïs Nin, avec qui elle a formé un célèbre triangle amoureux, elle est devenue un personnage de fiction, mais n'a jamais livré sa vérité. Emmanuelle de Boysson nous entraîne dans le New York de la Prohibition et le Paris des années 1930. Elle fait revivre cette personnalité fantasque, ô combien attachante, et recompose le puzzle d'une existence aux nombreuses zones d'ombre. https://calmann-levy.fr/livre/june-9782702185117
+ Lire la suite
autres livres classés : entretiensVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
437 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}