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Daniel Lemoine (Traducteur)
EAN : 9782070408436
332 pages
Gallimard (24/06/1999)
3.99/5   93 notes
Résumé :
"Je m'appelle Ed et je suis un sale crétin alcoolique et drogué."
Cette phrase, qui ouvre le roman, revient comme un leitmotiv, d'une brutalité sans appel. Après avoir été quitté par sa femme et ses enfants, Ed tente de décrocher du crack et de l'alcool qui l'ont amené à la plus extrême déchéance. Il rejoint les rangs de "Drogues Dures Anonymes", une association semblable à un échantillonnage grotesque, pitoyable, terrifiant, de ce que New York peut compter d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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"Envoie-moi au ciel, Scotty", c'est un roman violent, cru, dont la noirceur est telle que son lecteur ne peut en ressortir indemne. Une noirceur qui pénètre l'âme, qui donne envie de vomir. Un récit brut, sans fard. Un récit marquant.

Ed, "un sale crétin alcoolique et drogué" se raconte tout au long de l'ouvrage. Cela donne la nausée tant la fosse dans laquelle il patauge depuis son adolescence est puante. C'est devenu une loque parmi d'autres têtes à crack, des loques humaines, pour ce qu'il en reste d'humain. Pourtant il essaie de s'en sortir, mais...
Il fréquente les réunions de "Drogues Dures Anonymes" dès les premières pages, il finira son récit en disant qu'il a fondé un groupe : "Assassins Anonymes". Je vous laisse deviner toute la partie qui se trouve entre ces deux points sur sa ligne de vie ou le découvrir par vous-même en lisant cet ouvrage. Attention, coeur malade s'abstenir.

J'ai apprécié cette lecture pour ce qu'elle donne à voir et comprendre de la déchéance découlant de la toxicomanie dans ce qu'il y a de pire. le récit est efficace de ce point de vue et pourrait servir, comme j'ai pu le lire sous d'autres chroniques, à titre préventif car le message est puissant.
En revanche, j'ai moins apprécié la deuxième partie de l'ouvrage, qui m'a parue moins plausible. Bien sûr il s'agit d'une fiction, un roman. Mais toutefois cette partie est venue, selon moi, altérer, amoindrir, l'impact ressenti au départ.
Une lecture sordide certes, mais une lecture utile qui fait preuve parfois d'humour, humour noir bien sûr.
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"Crack city"

Bonjour, il s'appelle Ed et c'est un sale crétin alcoolique et drogué.
Ed est une épave. Un accroc du crack.
Ed a tout perdu. Sa femme l'a plaqué et s'est enfuie avec ses deux marmots. Son boulot de journaliste pointe à la rubrique nécrologique.
C'est la longue descente aux enfers. le plus bas niveau de l'amour propre.
Aujourd'hui Ed est sobre et ses deux fils lui manquent. Il témoigne en guise de pénitence aux Drogues Dures Anonymes, une association où des oiseaux aussi drôles les uns que les autres, du siphonneur de réservoirs au lécheur de grenouilles, viennent exposer leur passé terrifiant.
L'association propose une reprise en main de soi-même en douze étapes, "La Méthode", qu'il faut scrupuleusement respecter pour mettre la maladie en échec.
Douze étapes, c'est bien trop long pour Ed, le radical, qui a décidé de prendre le mal à la racine et tout défoncer quitte à se découvrir de nouvelles addictions...

"Envoie moi au ciel Scotty", incantation psalmodiée par les consommateurs de crack, est un roman très noir au goût âpre et rugueux. Une lecture hallucinée et dementielle, un shoot, un flash qui vous retourne complètement la cervelle.

Il s'appelle Ed, c'est un sale crétin alcoolique et drogué. Oserez-vous lire son histoire ?
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« Envoie-moi au ciel Scotty » est un roman dégueulasse. Mais pourrait-il en être autrement avec un tel sujet ? En effet, Guinzburg entraîne son lecteur dans le monde de l'addiction et le voyage n'aura rien de confortable.

C'est une totale immersion dans un univers glauque qu'offre Guinzburg dans son roman. Dans « Envoie-moi au ciel Scotty », le monde « normal » n'existe pas. On ne croisera que des êtres fracassés, on n'arpentera que des rues purulentes de misère et de vice. On voit de plus en plus souvent des images des rues du quartier Stalingrad à Paris où les accros au crack se défoncent en pleine rue, se battent, volent, font de la vie des riverains un enfer. Ces images sont terribles mais lorsqu'on ne fait pas partie des personnes directement confrontées à ces situations, il y a comme une distance, comme un filtre d'irréalité qui caractérise souvent les vidéos. Dans le roman de Guinzburg, il n'y a pas ce filtre, il n'y a pas de distance, l'auteur nous plonge la tête dans la fange. A la litanie des témoignages des toxicos du groupe de parole succèdent les déambulations meurtrières et hallucinées de Ed dans des rues peuplées de têtes à crack qui se brûlent les doigts sur leur pipe de verre, de mères de famille qui se prostituent pour se payer leurs doses, de dealers qui transpirent le mal, de gamins à peine pubères déjà défoncés… L'aspect documentaire du roman est vraiment percutant. Cru, vulgaire, brutal, le récit secoue le lecteur, ne le brosse pas dans le sens du poil. Et ce n'est pas l'humour, très présent dans le roman, qui va atténuer le propos. L'humour est noir, très noir, âcre, il pique, fait mal. En donnant un côté absurde à certaines situations, l'humour vient souligner et renforcer l'horreur de celles-ci. A l'image de la scène dans laquelle Ed donne une fessée à un gamin en lui faisant promettre de rentrer dans le rang, si la façon de raconter de Guinzburg est drôle on a constamment en tête que ce qui a mené à ce passage surréaliste c'est qu'un gamin pas encore pubère deale et connaisse la même déchéance qu'un adulte à la vie cramée. L'écriture de Guinzburg, sèche, directe comme un uppercut, pas belle mais intense et incisive renforce le côté documentaire du roman. Si les 50 dernières pages sont bien moins bonnes c'est justement parce que le roman perd un peu de cet aspect documentaire et nous rappelle qu'il s'agit d'une fiction. Guinzburg clôt l'arc transformationnel et narratif de son héros, là où il gagnait à apparaître comme une épure, quasiment une abstraction et il s'évertue à donner une conclusion à chacun des développements qu'il a proposés au cours du récit. Sans gâcher le roman, je pense même que beaucoup de lecteurs apprécieront le fait que l'auteur donne une vraie fin à son histoire, je trouve que ça en atténue un peu l'impact. J'aurais préféré une fin ouverte, que le lecteur soit laissé libre d'imaginer le pire ou le meilleur pour Ed. J'aurais trouvé ça plus fort.

Malgré le petit bémol que j'ai émis, « Envoie-moi au ciel Scotty » reste un bouquin coup de poing d'un impact très puissant. Ce roman c'est 300 pages de baffes dans la gueule du lecteur. C'est dur, c'est abject, c'est dégueulasse. Dans le registre des bouquins anti-drogues c'est très réussi, beaucoup plus efficace que toutes les campagnes de prévention.

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« Envoie-moi au ciel, Scotty » un Livre de Michael Guinzburg (né aux USA en 1958). Traduit par Daniel Lemoine. 332 pages. de Gallimard Sorti le 24 Juin 1999; Merci @CatF pour le conseil. Il était avisé.

« Je m'appelle Ed et je suis un sale crétin alcoolique et drogué. »
L'histoire commence sur ces quelques mots hautement auto-critique et lucides.
La première fois c'est plutôt percutant, mais plus c'est répété plus c'est intégré dans la routine du truc.
Malgré une grosse énumération je trouve que Guinzburg lui a donné un très joli et cynique ton de voix…
Comment ? Eh bien il y a tout simplement beaucoup d'humour dans la narration.

Le héros vit dans un taudis que j'appellerais « cabane à drogués » marchant sur de la drogue, la litière du chat n'est pas faite …Ses « amis » sont jaloux qu'il a arrêté la drogue et tentent de le re faire plonger, par égoïsme. Par maladie.
« Prêts à tout faire, à tout dire, absolument tout, pour pouvoir sucer encore une fois la queue du diable. »
Il avait pourtant de brillantes possibilités dans la vie mais le crack a tout foutu en l'air.
Et j'aime les personnes « abimées » elles ont plus de saveur. (Et de sagesse peut-être aussi ?) de l'humour, souvent …

A Supposer que sa désintoxication du Crack marche, il devra encore traiter ses problèmes d'alcoolisme et de tabagisme. C'était l'époque d'avant Sarkozy. On fumait partout où on en avait envie.
« Je lève ma pogne tachée de nicotine. Elle me désigne. Elle doit avoir un radar à détecter la souffrance. »
Le Centre des Narcotiques anonymes est un endroit ressource et bienveillant ouvert jour et nuit pour ce type de personne.
« Il y a une éternité que je ne me suis pas senti si en sécurité, si entouré, si à ma place. Alors je reste, tout l'après-midi et jusqu'à la fin de la soirée, » ...
En faisant une Razzia sur le café !

« Je n'avais plus les moyens d'acheter du vin et de la vodka, alors je buvais de l'essence. C'est ça, de l'essence. »
« Huit tasses de café plus tard, j'ai une envie de pisser de cheval de course. »
Un alcoolique abstinent est bien connu le tips de se rincer au café pour tenir… Si possible au déca. Beaucoup moins nocif.
« Ne prends pas un verre, prends ton téléphone. Voilà mes numéros, chez moi et au travail. Tu peux m'appeler quand tu veux, pour me dire ce que tu veux. »

Tellement de bienveillance chez les Drogues Durs Anonyme. J'ai l'impression que plus l'emmerdement est gros, plus les gens se serrent les coudes. Et ça c'est beau.
« Lâche prise, Dieu fera le reste. »

Le héros va demander conseil aux mauvais personnes… Ces sales gens qui vendent la drogue, avec leurs expressions toutes faites, qui n'ont sans doute même plus conscience de ce qu'ils font, de leur « marchandise » …

« — Ma chienne te plaît vraiment ?
— Te vexe pas, Ed, mais c'est un putain de requin des terres.
— Elle était à un dealer de crack. Il l'enchaînait à un radiateur et lui faisait manger des saloperies. Je l'ai sauvée. »

Le gars a essayé beaucoup de choses, notamment le gaz hilarant. Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.

« Pendant quinze mois, je suçai une chaussette pleine de merde dans un hôpital psychiatrique, au milieu de types qui fumaient des cigarettes par les narines et se shampouinaient avec de la soupe aux pois cassés. »
C'est sûr que c'est un cran au-dessus de la merde qu'il y avait quand j‘étais moi en hôpital Psychiatrique. Enfin bon… L'histoire se passe sûrement en 1999. On avait pas beaucoup de solutions médicamenteuses.

Puis. Life is beautiful : « Ne renoncez pas cinq minutes avant le miracle. Je vous aime tous et vous remercie parce que vous m'avez guéri. »

Le style est ma-gi-fique ça me console de bien des mauvaises lectures. Ce que fait Michael avec les mots… Brr… Et en plus, c'est de la vieille came ! J'entends les vois dans ma tête ; -) (je parle juste de la sub vocalisation).

— « La rancune, c'est comme se pisser dessus. On est seul à le sentir. »
« Envoie-moi au ciel, Scotty » C'est ce qu'on dit quand on s'envoie sa dose de crack ; -) … Les petits rituels des drogués…
En tout cas tout cela me rend fier d'avoir réussi à arrêter.

En résumé la drogue elle est pas prête de vous laisser partir.
Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Je commencerais tout d'abord par dire merci à @Mareteint de m'avoir incité à lire ce livre.

C'est un roman noir, très noir… avec un Humour noir, disons plutôt sacrément noire… putain… grave décalé… putain… d'une douceur sacrement… putain… totalement disjoncté mec…
En en ressort de ce roman avec un enthousiasme pour la vulgarité… disons… putain… vraiment, très poussé…
J'ai adoré ce côté très décalé, la fin est sacrément drôle, mais il faut vraiment aimé l'humour noire.
Un roman que je conseille pour les lectures absolument hors norme.

Il y a un an ou deux j'avais abandonné la lecture « journal d'un vieux dégueulasse » de Charles Bukowski, je crois que maintenant je suis prête à lire ce genre de littérature…

bonne lecture !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Tandis que les substances jouaient au flipper dans ma cervelle, ardentes et glaciales, toniques et mortifères, les gémissements des mômes se sont fait plus forts plus horribles, ont dérouillé mon cerveau las comme des directs de Mohammed Ali et les crochets de Joe Frazier. Telle une aiguille à tricoter chauffée au rouge entrant par une oreille et sortant par l'autre la voix de Michelle m'embrochait. J'ai regardé leurs yeux, j'y ai découvert la haine, le désespoir et la peur. Mon cœur s'est brisé.
Mon Dieu, qu'est-ce que j'avais fait ?
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Prêts à tout pour remplir leur pipe en verre de cailloux blancs : mentent, trichent, volent, tuent... vendent l'alliance de leur mère, fourguent la virginité de leur petite sœur, le chien-guide et les lunettes noires de leur oncle aveugle. Prêts à tout faire, à tout dire, absolument tout, pour pouvoir sucer encore une fois la queue du diable.
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Je m'appelle Ed et je suis un sale crétin alcoolique et drogué.
Quand je débarque chez moi, la drogue enfin larguée, et que je trouve l'appartement vide, ni femme ni mômes, plus de vêtements ni de valises, le dégoût d'avant me remonte à la gorge, un mélange empoisonné de fureur et de nausée souille mes entrailles comme du peroxyde sur une plaie à vif. Qu'est-ce que j'espérais ? des visages épanouis, des sourires et un gâteau ? une fanfare ? Michelle en costume de majorette et lingerie sexy ? Bras ouverts et pardon ? mes jumeaux de onze ans faisant la roue ? Ma mère sénile sortie de sa maison de retraite, jeune et sensée comme avant ? Mon père revenu d'entre les morts ? Je ne sais pas (…)
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Ville crasseuse et pourrie. Métropole décadente où rôdent la mort et la maladie. Rues couvertes d'ordures. Scintillement des éclats de verre sur l'asphalte noir et craquelé. New York se craquelle. L'Amérique se craquelle. Cette saleté de cloche de la liberté se craquelle.
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La chambre que Frank occupe à l’hôtel du Duc de Windsor est aussi grande que le cercueil d’un basketteur obèse, et le plafond semble couvert de grillage à poules. Et elle empeste. Le moisi, l’humidité, le tabac froid, la cuisine grasse, les pieds sur une échelle industrielle, et le vomi de dix mille ivrognes. À travers les cloisons minces, ternes et tâchées, j’entends les gémissements des cauchemardeurs, le caquetage des accros du crack, les toux déchirantes et grasses des emphysémateux-à-deux-paquets-de-Pall-Mall-par-jour, qui crachotent comme une flotte de tracteurs décrépits démarrant par un matin glacial d’Alaska. Démarrent, calent, démarrent à nouveau. Concentré de malheur mêlé d’angoisse, de mauvaise santé et de maladie mentale. Arrêt facultatif sur la route de la mort.
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