Epître sur l'unicité absolue

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Sache, en résumé, que celui qui voit et ce qui est vu, celui qui trouve et ce qui est trouvé, celui qui sait et ce qui est su, Celui qui existencie et ce qui est existencié, celui qui perçoit et ce qui est perçu ne sont qu’un. Il voit, connaît, perçoit Son Être par Son Être, au-delà de toute modalité et toute forme de vision, de connaissance ou de perception. De même que Son Être transcende tout « comment », de même aussi la vision, la connaissance ou la perception qu’Il a de Lui-même sont sans « comment ».

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Si quelqu’un nous interroge en disant : « De quelle facon regardes-tu donc les choses haïssables et les choses aimables ? Lorsque, par exemple, ous voyons des excréments, ou une charogne, dirons-nous : ‘’cela est Allâh !’’ », voici ce que nous répondrons :

La Sainteté et la Transcendance d’Allâh excluent qu’Il soit l’une de ces choses, loin de nous cette idée ! Mais nos paroles ne s’adressent qu’à ceux qui ne voient pas les excréments comme des excréments, ni la charogne comme une charogne. Nous ne parlons que pour ceux qui sont dotés d’une vue subtile (basîra) et ne sont points aveugles de naissance. Celui qui ne connaît pas son soi est aveugle de naissance et il ne voit pas. Aussi longtemps que sa cécité ne lui sera pas ôtée, il ne pourra atteindre les significations de nos propos. C’est en vérité à Allâh que nos paroles s’adressent, et non pas à autre que Lui, et non pas à l’aveugle de naissance. Celui qui parvient à cette station spirituelle sait qu’il n’y a pas d’ « autre qu’Allâh ». Nous parlons pour celui qui s’adonne avec résolution et détermination à la quête de la Connaissance de soi en vue de parvenir à la connaissance d’Allâh et dont le cœur est rempli par l’image de ce qu’il cherche et le désir ardent d’arriver à Allâh. Nous ne parlons pas pour celui qui n’a ni aspiration, ni but. (pp. 74-75)

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Quand se découvre le secret d’un seul atome se découvre aussi le secret de toutes les choses existenciées, apparentes ou cachées, et tu cesses de voir les deux mondes comme autres qu’Allâh : leurs noms et ce qu’ils nomment sont dépourvus de réalité. Ou plutôt : leurs noms et ce qu’ils nomment, et leur existence même sont Lui, sans le moindre doute. Tu ne vois pas Allâh comme ayant jamais créé une chose quelconque mais comme étant « chaque jour à une œuvre » (Cor. 55 : 29), laquelle tantôt Le manifeste et tantôt L’occulte, et cela en dehors de toute modalité concevable (bi-lâ kayfiyya) : car « Il est le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché et Il est Savant à l’égard de toute chose » (Cor. 57 : 3). Il se manifeste par Son Unicité et se cache par sa Singularité. Il est le Premier par Son Essence et Son Immutabilité (qayyîmiyya) et le Dernier par Sa Permanence éternelle (daymûmiyya). Il est l’être même du Nom « le Premier » et du Nom « le Dernier » du Nom « l’Apparent » et du Nom « le Caché ». Il est à Lui-même le Nom et le Nommé. De même qu’il est nécessaire qu’Il soit, il est nécessaire que ce qui est « autre que Lui » ne soit pas. En effet, ce que tu crois être « autre que Lui » n’est pas « autre que Lui ». L’ « autre que Lui » est Lui : Sa transcendance exclut qu’un « autre que Lui » soit véritablement « autre » : l’ « autre que Lui » est Lui sans qu’il y ait réellement altérité, que ce soit « avec lui », ou « en lui », intérieurement ou extérieurement. (pp. 60-61)