Cette BD m'a été offerte dans le cadre de la fête des pères.
Bien évidemment, je connaissais l'histoire de Pablo Escobar et celle des narco trafiquants. J'avais vaguement entendu parlé de son fils, Juan Pablo, et n'avais pas vu la série sur ces personnages.
La couverture m'a intriguée et la 4ème de couverture m'a bien préparé à la lecture ainsi que les premières pages explicatives. Je n'étais pas à priori attiré par l'histoire de Pablo Escobar mais la vision du fils, victime collatérale, me questionnait.
Je croyais lire la biographie de Pablo et j'ai découvert une partie de l'enfance de Juan Pablo ou plutôt de Sebastian Marroquin.
Juan Pablo nous parle de la peur de son père pour sa famille et la mise en place de "nounous" pour le protéger. ce sont des tueurs à gages cruels, dévoués corps et âme à leur patron. Ils doivent protéger l'enfant au péril de leur vie mais aussi faire son éducation car son père veut qu'il soit endurci.
Juan Pablo décrit son enfance où il n'est jamais seul, toujours accompagné de ses étranges nounous. Celles-ci sont triées sur le volet quant à leur violence. Si Juan Pablo les décrit sans complaisance, sans leur chercher des excuses, on sent une tendresse dans ses relations avec ces tueurs à gage. Ils savent qu'ils n'ont pas le droit à l'erreur, celle-ci pouvant leur être fatale.
Juan Pablo décrit cette partie de son enfance comme un jeu, comme peut le percevoir un enfant qui ne comprend pas tout et vit dans un monde à part grâce à la toute puissance de son père.
Les auteurs ont choisi le principe du flash back et de la présentation de chacun des tueurs avec ses caractéristiques, ses manies, ses défauts. Chaque tueur a le droit à son chapitre (son heure de gloire ?) pour le resituer dans l'histoire présente et "l'accident" de l'un d'entre eux. Chacun peut apparaitre drôle mais il ne faut pas oublier que ce sont des tueurs et qu'ils ne font pas de sentiments avec leurs victimes. Les auteurs nous plongent dans ce monde violent que Juan Pablo, enfant, avait du mal à percevoir. On y voit la violence entre les gangs mais aussi avec les forces de l'ordre colombienne, les règlements de compte.
Juan Pablo a fait le choix de rendre son père peu présent physiquement. Il est évoqué en permanence, redouté par ses hommes. Juan Pablo le présente comme un homme amoureux vis à vis de sa mère et comme un chef adulé par ses troupes.
La collaboration entre
Juan Pablo Escobar et
Pablo Martin Farina est intéressante pour le scénario. Comment rendre lisible l'horreur de certaines situations ? Ils arriveraient à rendre les tueurs sympathiques un peu comme
Tarantino dans Pulp Fiction.
Le graphisme, les couleurs et les lettrages de
Alberto Madrigal ne sont pas sans rappeler l'univers des mangas.