Quel étrange personnage que cette Delphine qui envahit la vie des autres quand on décide de s'occuper d'elle. Jeune femme complètement perdue qui ne sait plus quelle direction prendre quand survient la mort de sa grand-mère. Repli sur soi, malheur, fatalité, quête de sens, d'identité, rien n'y échappe. Mais la beauté de ce livre, en est la poésie. Chaque phrase arrive à nous transporter dans une autre perception du monde, et c'est ce que j'admire tant chez cet auteur. Toujours suite à la lecture d'un de ses écrits, je sens que je suis plus attentive à ce qui m'entoure, à cette nature qui se déploie, à ces petits gestes répétitifs qui trop souvent ont perdu leur sens et surtout, son écriture donne une voix à cette vie chargée d’émotions qui elle aussi savent si bien envahir notre quotidien.
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Je l'ai suivi, de gare en gare, de train en train, de ville en ville, d'hôtel en hôtel. Toujours j'étais là qui l'attendais et il a cru devenir fou. Et j'ai cru devenir folle. Toujours il y avait des gens qu'il connaissait aux alentours. Il ne fallait pas qu'on nous voie ensemble. Faire semblant de ne pas se connaître dans les gares et les hôtels. Moi avec mon manteau ample jusqu'aux talons. Lui avec ses valises et ses yeux de biche qui guettaient partout si on le voyait avec moi. Vers trois heures du matin, quand il n'y avait plus personne pour le prendre en flagrant délit d'adultère dans les corridors, il venait vers moi, tout ému et en chaussettes sur les tapis des corridors.
On était aux premiers jours de septembre. La pensée de Delphine me suivait pas à pas comme un chat perdu qui se colle à vos jambes et qu'on se refuse à regarder de crainte d'avoir à l'adopter.
- Je n'ai pas de pays. Mon pays, c'est n'importe quelle ville où il y a des trottoirs pour marcher. Des gares. Des trains. Des hôtels. Des aéroports. Suivre quelqu'un partout. Marcher sur ses talons. Attendre qu'il se retourne. Pour me voir et être vu par moi. Moi dans l'espoir qu'il m'emmène chez lui et m'adopte.
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ?
[…]
On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin.
[…]
Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus.
[…]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Jeanne Neis Nabert
0:53 - Jeanne Galzy
1:24 - Anie Perrey
2:06 - Katia Granoff
2:45 - Louise de Vilmorin
3:32 - Yanette Delétang-Tardif
4:31 - Anne Hébert
5:13 - Générique
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Références bibliographiques :
Alphonse Séché, Les muses françaises, anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891), Paris, Louis-Michaud, 1908.
Françoise Chandernagor, Quand les femmes parlent d'amour, Paris, Cherche midi, 2016.
Jeanne Galzy, J'écris pour dire ce que je fus…, poèmes 1910-1921, Parthenay, Inclinaison, 2013.
Katia Granoff, La colonne et la rose, Paris, Seghers, 1966.
Images d'illustration :
Jeanne Galzy : https://pierresvives.herault.fr/1377-jeanne-galzy.htm
Anie Perrey : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d2/Btv1b8596953w-p060.jpg
Katia Granoff : https://www.antikeo.com/catalogue/peinture/peintures-portraits/katia-granoff-1895-1989-19219#gallery-1
Louise de Vilmorin : https://www.lefigaro.fr/histoire/archives/louise-de-vilmorin-en-1962-supprimons-la-circulation-automobile-20191225
Yanette Delétang-Tardif : https://www.memoiresdeguerre.com/2019/03/deletang-tardif-yanette.html
Anne Hébert : https://artus.ca/anne-hebert/
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty
Uncertainty by Arthur Vynck
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