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EAN : 9782379131257
Mon Poche (12/01/2023)
3.81/5   49 notes
Résumé :
Denis d'Aubigné est bien mort, ce 23 janvier à huit heures du matin, dans la cour d'un immeuble bourgeois d'une rue paisible du XVe arrondissement de Paris. Vingt ans, sept étages. Pourquoi un jeune homme met-il brutalement fin à ses jours ? Un père, une mère, une grande sœur et un petit frère cherchent à répondre à cette question déchirante. Où est Denis ? Où sont-ils sans lui ? On ne sait rien de la mort sauf qu'elle change des vies.
Que lire après Et le jour pour eux sera comme la nuitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a des moments dans une vie où rien ne va plus, où le malheur se joue de nous sans crier gare. Ça amène un mal être, un mal de vivre qui balaye tout sur son passage. À quinze, à vingt ou à quarante ans, la souffrance est parfois telle qu'on veut lui tordre le cou à coup de cachets ou s'envoler pour finir mort écrasé sur le sol. Comme le fils de Et le jour sera pour eux comme la nuit, Denis, vingt ans. Il n'a laissé aucun mot, aucun indice avant son suicide.

Imaginez un instant vous retrouver devant le visage bleu ou blanc de votre enfant, mort devant vous… Imaginez la douleur, le cri de désespoir qui fait trembler la nuit. Puis imaginez l'après. Toutes ces premières fois sans lui. le premier dimanche, le premier déjeuner, le premier film, toutes ces premières fois sans lui. Parce que oui, comme l'écrit en d'autres mots Ariane Bois et d'autres, l'absence est une présence assourdissante.

Imaginez ensuite les questions. Pourquoi ? Pourquoi nous, pourquoi lui ? Qui avait vu ? Imaginez alors la douleur pour la mère (Laura), le père (Pierre), la soeur aînée (Diane), le petit frère (Alexandre), une douleur tue mais trahie par ce que tout le monde voit sauf vous : votre mine sombre parsemée de nouvelles rides et cernes, la maigreur chez cette soeur qui refuse de manger, comme un refus de vivre sans lui, la violence du petit qui ne comprend rien et perd pied. Mais la famille se tait, ne voit rien, enfermée dans des pensées cauchemardesques, emmurée dans une bulle noire de chagrin.

On fait tous la même prière
On fait tous le même chemin
Qu'il est long lorsqu'il faut le faire
Avec son mal au creux des reins

Est-il lâche ou courageux celui qui ose décider de sa mort, de son épilogue funeste ? Denis comme tant d'autres qui se sont suicidés ont perdu toutes raisons et envie de penser aux autres. C'est ce qui arrive quand on souffre trop, on ne voit plus les autres. On n'imagine pas ce qu'on va laisser après notre mort. On n'y pense pas. On a déjà trop à souffrir, ça use, c'est l'enfer, on ne sait plus ce qu'on va faire de soi, comme le chante l'autre Brel.

Ariane Bois écrit dans ce petit livre la vie pour ceux qui sont restés sur le bas côté, elle dissèque sur une année l'après de chaque membre d'une famille endeuillée avec une méticulosité sans précédent. Chaque mot est à sa place. L'empathie carbure, la gorge se noue, l'oxygène vient à manquer, jours et nuits se confondent dans une danse macabre.

Il y aurait tant à dire sur ce livre… tant à comprendre, à se dire pour que les idées d'en finir se taisent, tant à aimer et à y croire pourtant.

Ils ont beau vouloir nous comprendre
Ceux qui nous viennent les mains nues
Nous ne voulons plus les entendre
On ne peut pas, on n'en peut plus
Et tous seuls dans le silence
D'une nuit qui n'en finit plus
Voilà soudain qu'on y pense
A ceux qui n'en sont pas revenus
Du mal de vivre
Leur mal de vivre
Qu'ils devraient vivre
Vaille que vivre


Toutes mes lectures autour du deuil sont à retrouver sur la page A la croisée des maux de mon blog.
Lien : https://coccinelledeslivres...
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En ce matin de janvier, Denis, à tout juste 20 ans, vient de mettre fin à ses jours. Il a sauté du 7ième étage de la chambre de bonne qu'il occupe depuis quelque temps. Pierre entend un bruit mat et indescriptible. Il ouvre la fenêtre de la cuisine et voit le corps de son fils étendu dans une mare de sang, au milieu des débris de verre. Un cri déchirant brise le silence de ce matin pourtant ensoleillé et paisible. Laura, sa femme, accourt aussitôt. Son mari ne trouve les mots pour qualifier ce qu'il vient de voir. Elle descend à toute vitesse les escaliers qui la mènent dans la cour de l'immeuble. Hébétée, choquée, elle n'entend pas les sirènes des pompiers, elle ne sent pas la femme du gardien la conduire vers la loge. Le petit Alexandre, tout étonné de voir sa maman pleurer, réclame, comme à son habitude son chocolat chaud. C'est alors qu'il faut prévenir sa grande soeur, Diane, en séjour à New-York, Mamina, la grand-mère ou bien encore les amis. Tout le monde accourt, se presse pour aider, soutenir, surmonter l'insurmontable. Le choix du cercueil et des vêtements, l'enterrement, les sourires de façade, le chagrin qui ronge... tout s'enchaîne très vite. Puis, il faut continuer à vivre. Sans Denis. Laura, femme active, reprend le chemin du bureau alors que Pierre, médecin, reste à la maison. Inévitablement, chacun cherchera à comprendre ce geste. Pourquoi a-t-il fait cela, lui qui semblait épanoui ? Qu'ai-je loupé ? Quels secrets cachait-il ?

Dès les premières pages, l'on est plongé dans l'horreur de cet acte violent. Bien plus qu'un choc, cet acte fera basculer toute la famille. Chacun dans ses retranchements et sa propre douleur tentera d'y trouver une réponse. le silence se fait assourdissant, le malheur pesant, l'absence omniprésente et l'incompréhensible ravageur. Même si chacun, à sa manière, tente de mettre des mots sur l'innommable, l'on ne peut pas connaître quelqu'un véritablement. On se renferme, on se plonge dans la tourmente, on trouve des échappatoires qui, artificiellement, apaisent la douleur, on cherche des coupables mais au final, rien ne semble avoir de sens. Tiré du poème "Demain, dès l'aube" de Victor Hugo écrit en mémoire de sa fille, ce roman polyphonique, touchant, profond et d'une justesse incroyable, évoque sans misérabilisme les conséquences d'un décès dans une famille. D'une écriture sobre et pure, l'auteur décrit à merveille cette absence si soudaine et cette vie qu'il faut refaire.

Le jour pour lui était comme la nuit,
Et le jour pour eux sera comme la nuit..
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Une famille a perdu l'un des leurs, Denis, vingt ans. Il s'est égaré, dans un monde trop dur à vivre pour lui, il n'a pas su retrouver le chemin du bonheur, de la joie de vivre.
Ses parents, sa soeur et son petit frère le cherchent , en vain, il ne reviendra jamais. Les adultes se punissent chacun à leur façon, ils doivent se faire mal car ils n'ont rien vu, ils n'ont pas pu empêcher le drame. À la douleur de la perte s'ajoute la culpabilité, l'incompréhension. Les corps fléchissent, les mots ne peuvent plus contenir leur souffrance, ils ont perdu leur magie. Ils laissent les hommes seuls , enfermés chacun dans leur douleur.
Employer les mots justes pour expliquer la mort aux enfants est nécessaire, on ne peut pas les laisser dans le doute, les mensonges font encore plus souffrir que la vérité. Sans cela, ils s'inventent une histoire qui les empêchera d'avancer, et se heurtent au comportement des adultes qu'ils ne comprennent pas.
Livre touchant, qui n'apporte pas de réponses, car chacun vit seul avec son mal-être. On ne peut jamais vraiment connaitre l'autre.
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Ariane Bois, qui vient de publier un très beau livre sur la Résistance juive, "Le gardien de nos frères", aborde ici un sujet très difficile, le suicide des jeunes.
C'est une famille "normale" à qui tout semble réussir.
Le père, issu d'un milieu protestant plutôt rigoriste, est médecin, la mère est issue d'une famille immigrée d'origine juive polonaise.
Ils ont trois enfants, Diane, brillante étudiante qui travaille aux Etats-Unis, Denis, en classe de Terminale et le petit Alexandre.
Qu'est-ce qui a poussé Denis à commettre ce geste fatal en se jetant par la fenêtre?
Les parents retournent cette question dans la tête. Peu d'indices.. Une vague note d'une certaine Sabrina, un surveillant du lycée qui avait émis des inquiétudes au sujet du jeune homme. Les pistes sont maigres et le chemin vers la reconstruction sera difficile et douloureux.
Les époux n'arrivent plus à communiquer. La soeur aînée, Diane, bascule dans des comportements auto-destructeurs. le petit frère ne supporte plus l'attitude de surprotection de la maîtresse d'école.
Comment revivre après? Où trouver l'énergie de continuer?
C'est un livre court mais très riche.
Tout est analysé avec beaucoup de sobriété, de pudeur et de délicatesse.
Et pour finir, cette question déchirante "on ne sait rien de la mort, sauf qu'elle change des vies.".
Ariane Bois, grand reporter et spécialisée dans les sujets de société, signe un très beau roman, plein de finesse et d'espoir. Les personnages sont magnifiquement analysés. Un très beau moment de lecture.
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Voilà un ouvrage court, sobre, poignant, fort, dense, sans sécheresse ni pathos, économe mais généreux et d'une justesse impressionnante!
Pourquoi, Denis, jeune homme de vingt ans, en pleine forme, débordant de projets et d'énergie a t- il sauté du septième étage, un matin de janvier dans la cour d'un immeuble bourgeois Parisien?
Pourquoi le fils de Pierre, médecin et de Laura , cadre supérieur en est- il arrivé là?
L'auteur dissèque la souffrance de chacun des membres de la famille, ensemble mais seuls, face au silence et à leur solitude.
Le roman est d'une précision extrême, chaque phrase est ciselée, Ariane Bois parle de la détresse la plus immense avec recul et sobriété, d'une manière vraie et émouvante.Tour à tour, ouvrage enragé ou pudique comme un cri superbe destiné à ceux qui peuvent être confrontés au suicide d'un enfant.
Qu'ont -ils manqué?
Que sait- on de nos propres enfants et de leur part obscure?
Pourquoi? Pourquoi? La seule question qui vaille.
Quels secrets Denis pouvait- il garder?
Doit- on dire la vérité à Alexandre,le petit frère qui n'a que 9 ans?
Et Diane. La grande soeur, son désarroi la mènera jusqu'à l'anorexie.
Enfin et surtout comment continuer à vivre après un tel drame?
Comment faire le deuil et trouver un nouvel équilibre?

On suit avec tristesse la descente aux enfers d'une famille brisée, meurtrie, douleur de l'incompréhension et de l'absence mêlées.
Et pourtant.....après le deuil évoqué sobrement et justement la rage et la force des personnages pour s'en sortir nous impressionne!
Une histoire de perte mais aussi et surtout d'amour, de tendresse, de pudeur, de résilience et de retour progressif à la vie!
Une belle leçon d'humanité!
Ariane Bois réussit à nous transmettre ce choc, cette émotion, cet amour avec brio, tact, talent!
Un grand livre!
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Victor Hugo
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J'ai 20 ans et on m'a menti. On m'a dit d'être gentil, de dire s'il vous plaît et merci, de bien travailler à l'école, de finir mon assiette et alors je serai heureux. c'est faux. On n'est pas heureux sur commande, même dans les beaux quartiers. J'ai l'impression d'être le seul à ne pas ressentir la félicité promise. Foules sentimentales? Mon œil ! On vit et on meurt seul. Le reste n'est qu'une parenthèse emmerdante , compliquée.
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- Allo, ma chérie, c'est moi. Tu vas bien ? s'inquiète Mamina avec ce ton apitoyé qu'elle contrefait si bien.
- Ça va, Maman, mais je n'ai pas le temps, je vais travailler.
- Je me disais, tu sais, c'est bientôt mon anniversaire.
- Oui ? Et alors ? demande Laura d'une voix dont la sécheresse lui échappe un peu.
Elle va encore demander un cadeau impossible ! L'année dernière, c'était le journal du jour de sa naissance. En yiddish... Laura avait remué ciel et terre avant que Denis ne lui signale un site américain spécialisé dans ce genre de demandes. Un canard en yiddish !
- Je me disais qu'on pourrait faire une fête, avance Mamina, prudemment. Après tout, on n'a pas 80 ans tous les jours...
Pourquoi pas un carnaval tant qu'on y est ? Mamina est incroyable. C'est tout elle, ça, tuer la mort. Rescapée des collabos de l’État français. Rescapée du décès de son mari. Rescapée du suicide de Denis. Tout le monde meurt. Et Mamina vit.
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Les familles heureuses ont toutes la même histoire.
Les familles malheureuses ont chacune leur façon de l'être.
Tolstoï, Anna Karénine
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On ignore à quel point le deuil est une épreuve physique. Le corps se cabre, se rebelle à l'idée de la séparation. Les muscles se nouent et s'essorent de leur propre sang.
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Vidéo de Ariane Bois
Ariane Bois nous fait découvrir, grâce à ses personnages Léo et Margot, le Camp des Milles, le plus grand camp de concentration et d'internement situé en zone libre, près d'Aix-en-Provence.
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