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EAN : 9782330057848
262 pages
Actes Sud (06/01/2016)
3.77/5   28 notes
Résumé :
Cassandre vient déclarer à la gendarmerie la disparition de son mari. Pourtant elle sait où il se trouve, et qu’il ne reviendra plus. Bientôt, elle reçoit de mystérieux courriers annonçant des révélations au sujet du passé de Léon. Que peut-elle ignorer de cet époux taiseux, qu’elle a aimé résolument un tiers de siècle durant dans le quotidien rugueux d’une ferme de Saône-et-Loire ? Et connaissait-il bien sa femme, son étrangère à la peau sombre qui ne lui a pas don... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un livre qui aurait amplement mérité plus d'attention de la part des critiques et du public.
Seulement 24 lecteurs et 5 critiques, sur Babélio ! J'aimerai par mon modeste avis vous donner envie de faire grimper le compteur.

Dès la première phrase Corinne Royer nous met dans l'ambiance :
« Je suis allée à la gendarmerie. J'ai dit, Léon n'est pas rentré avant-hier et il n'est pas rentré hier non plus. J'ai dit, j'ai peur qu'il soit arrivé quelque chose à Léon. C'est par ce mensonge que tout a commencé. »
Ne vous attendez pas à lire un polar, nous en sommes bien loin. Il s'agit plutôt d'un roman d'atmosphère fait de rencontres, d'espoirs et puis de rancunes et de mensonges.
Une femme Cassandre nous raconte sa vie, son amour pour Léon, ses secrets et ses regrets pour Haïti, son pays où elle rêve de retourner
Récit de voyage ou d'errance comme seule la vie peut nous en imposer.
Mais au-delà des personnages de son livre, l'auteur veille à la justesse du ton et au phrasé des mots. le récit frôle le suspense dramatique, le thriller psychologique sans cesser d'être une histoire de sentiments.

Un très beau roman.



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Est-ce ainsi que les hommes vivent ?

Léon Nerval, éleveur dans les environs de Nevers, a disparu. C'est ce que son épouse Cassandre – une femme née en Haïti et adoptée par une famille en Bourgogne, une famille habitée de bonnes intentions mais aussi de la volonté radicale de la couper définitivement de ses racines – est venue déclarer à la gendarmerie, mettant le lecteur d'emblée dans la confidence d'une déclaration mensongère.

«Je suis allée à la gendarmerie.
J'ai dit, Léon n'est pas rentré avant-hier et il n'est pas rentré hier non plus.
J'ai dit, j'ai peur qu'il soit arrivé quelque chose à Léon.
C'est par ce mensonge que tout a commencé.
En réalité, au moment où je prononçais ses mots, déjà je pliais sous le faix écrasant de l'absence. Pas une de ces défections ordinaires, prévisibles, dont on se relève juste un peu sonné une fois le coup passé. Non, rien qui ne puisse s'apparenter à une défaillance passagère, abattement, tendance léthargique, déficience des forces vitales, rien qui ne ressemble non plus à une faiblesse de l'âme, mais bel et bien ça, une absence massive, brutale, irrévocable, une charge pondéreuse qui envahit l'espace, accapare chaque particule autour de moi – air murs tissus nourriture peau poils cheveux -, dévore comme une chienne enragée, mord, mâche, déchire, broie, engloutit, avale, bave, déglutit, avale encore, et soudain tout vient à manquer.
Une absence carnivore.»

La suite sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2016/03/01/note-de-lecture-et-leurs-baisers-au-loin-les-suivent-corinne-royer/
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Cassandre vient déclarer à la gendarmerie de son petit village de Saône et Loire la disparition de son époux, Léon. C’est le jeune adjudant Slimani qui enregistre sa déclaration. Elle sent bien que celui-ci n’est pas à l’aise en face d’elle, : » Car je l’ai immédiatement reconnue cette gestuelle peureuse, cette curiosité inquiète dans l’iris bleu du jeune adjudant, un novice qui effectue sa toute première affectation, qui n’a pas pour habitude de recevoir des personnes de couleur, noires comme ébène, et dont on ne doit pas compter plus de dix spécimens sur tout le périmètre de Bourbon-Lancy. »

Cassandre déclare la disparition de son éleveur de vaches charolaises de mari alors qu’elle sait parfaitement où il se trouve : dans le congélateur du sous-sol de leur maison. Si au début du roman, se pose la question de savoir si Cassandre a tué Léon, on finit par comprendre rapidement qu’il n’en est rien.

Léon ne parlait que très peu dans la vie courante. Cassandre sait qu’il a vécu quelque chose de terrible pendant la guerre d’Algérie alors qu’il n’était âgé que d’une vingtaine d’années. Elle ne connaît pratiquement rien de l’histoire de sa belle-famille n’ayant jamais été vraiment acceptée par sa belle-mère en raison de sa couleur de peau.

Mais ce sont les lettres qu’elle reçoit régulièrement depuis la mort, cachée, de Léon qui vont lui révéler la tragédie vécue par son mari et le lourd secret qui a pesé pendant toutes ces années sur sa vie et a eu une terrible incidence sur la sienne.

Si au départ Cassandre n’a pas envie de lire ces lettres qui la blessent profondément, elle finira par comprendre que la vérité qu’elles recèlent va la délivrer de tout sentiment de culpabilité et lui permettre de vivre à nouveau.

Corinne Royer a une écriture magnifique pour nous raconter la famille, ses drames, ses secrets, ses amours non-dites : » Mon Dieu, Lucien, comme c’est effrayant un homme sincère et aimant, ça vous bouleverse et ça vous laisse sans défense, sans plus aucun recours. C’est pour ça que j’ai caché les lettres, c’est parce que la peur me nouait les tripes, je savais que je n’étais pas à la hauteur de cet amour qui pouvait se passer du moindre signe de tendresse en retour, et si je l’avais été, si j’avais su me hisser si haut, je savais que jamais je n’aurais su trouver ni les gestes, ni les mots pour le dire, pour le dire si fort ».

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Le titre annonce d'emblée la teneur du roman et le mystère aussi. La terre est rude, elle donne mais il faut savoir la travailler. Cassandre et Léon sont à l'image de cette terre. Surtout Léon. Léon taiseux rêve d'un paradis blanc, paradis qu'il a enfin gagné. Cassandre, elle, rêve de revoir Haïti ! et surtout le beau peintre Haïtien.
Rien n'est aussi simple dans ce roman, tout d'abord Léon est mort (disparu déclare Cassandre à la gendarmerie) mais il est bel et bien mort et a rejointson paradis en blanc. Cassandre, attend 10 jours avant de pouvoir recevoir une assurance vie qui lui permettra de partir à Haïti. Or, pendant cette attente, elle commence à recevoir des lettres qui vont lui dévoiler la vraie existence de feu son mari. Bien différente de ce qu'elle connaissait.
Corinne Royer nous ménage un suspence dans ce voyage dans l'intime. Elle nous donne petit à petit, nous embarque dans différents pays et même sur les ailes de papillons qui sont vénérés aux Mexique.
Les mensonges, les trahisons, jalonnent ce roman charnel. Parce que le corps réclame, comme la terre, d'être caressé.
Un roman de la maturité, un roman éblouissant qui vous donne le vertige, tantôt lorgnant du côté du rêve, tantôt proches des affres de la vie.

Lien : http://www.actes-sud.fr/cata..
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Cassandre signale à la gendarmerie d'une petite commune en Saône et Loire, la disparition de Léon son mari.
Elle seule sait où il se trouve et qu'il ne réapparaitra certainement pas.
Cassandre alors reçoit de mystérieuses lettres qui peu à peu révèlent le passé de son mari avec lequel elle a passé 30 ans sans enfants.
Petit à petit, très lentement, Corinne Royer dévoile les zones d'ombre des personnages...
J'ai été troublée par le style un peu confus de ce roman, par ses longueurs, même si j'ai aimé certains passages poétiques. Mais l'histoire de cette disparition est fort bien contée, et on peut se laisser prendre et surprendre par les révélations psychologiques des personnages.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le mensonge sait se faire des alliés, il traîne dans son sillage des milliers de voix qui accusent et on finit par les entendre jusque dans notre sommeil. Il ne nous laisse jamais en paix, il nous colle à la peau, au moindre signe de détachement, il nous rappelle que c'est nous qui l'avons choisi.
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Jamais à ses yeux mon existence ne signifiera davantage que l'agencement rafistolé de ces quatre foetus et lorsque l'on décélera dans ma gestuelle une grande difficulté à intégrer un schéma corporel coordonné, elle n'en sera aucunement surprise. Elle sait que quatre enfants vivent en moi et m'imposent sur des rythmes qui leur appartiennent la courbe de leurs pensées et l'impossible concordance de leurs gestes. Mais bien plus que l'incurie et la négation de mon identité, cette mère m'accable alors du plus grand des fléaux, elle transmet à celle qui n'est pas sa propre fille l'inaptitude à donner la vie.
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...mais tes baisers, Léon, même avec le goût rance du reproche au bout des lèvres, je les aimais encore et jamais je suis allée m'assurer ailleurs que c'était bien sur mes propres organes que la malédiction s'abattait, et pourquoi pas sur les tiens, Léon, qu'en sais-tu de la science, de la chimie, de la mécanique des liquides, de l'agencement des corps et de tous ces mystères, qu'en sais-tu de ta bonne graine. Regarde, tout ce que je plante, ça pousse, c'est ce que tu disais, souvent, face à mon ventre plat, me traînant de force jusqu'à ton potager, et j'en conviens c'était le plus beau potager du canton, mais ces graines prodigieuses, Léon, elles n'étaient pas étiquetées à ton nom, elles étaient en sachet Truffaut et peut-être bien que dans mon ventre, le semence de ce monsieur, elle aurait germé comme un haricot magique.
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On devrait se méfier de ces chose-là, les habitudes, ces gestes anodins qui un jour ou l'autre prennent toute la place et qui sont comme une amputation lorsqu'ils viennent à manquer.
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Il me suffit de fermer les yeux et je sens son souffle froid contre ma nuque, ses mains griffues à mes épaules, ses doigts agiles maçonnant dans mon dos la méchante voussure de l'affliction et de la honte. L'absence
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Videos de Corinne Royer (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corinne Royer
Quitter le monde rural, n'est-ce pas à la fois démissionner de nos racines et de notre avenir? Que fait-on de l'héritage que nos ancêtres ont protégé tant de siècles au prix de leurs vies? Éric Fottorino "Mohican" (Gallimard), Corinne Royer "Pleine terre" (Actes Sud) et Guillaume Sire "Les Contreforts" (Calmann-Lévy). Animée par Karine Papillaud, journaliste
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