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Mireille Broudeur-Kogan (Traducteur)
EAN : 9782330169251
496 pages
Actes Sud (26/04/2023)
3.5/5   20 notes
Résumé :
Depuis Leningrad, Staline a commencé à faire le ménage dans les rangs du parti communiste et prépare l’arrivée de son régime totalitaire. Dans ce climat de tensions, l’enquêteur Zaïtsev doit résoudre une série de meurtres aux mises en scène farfelues…
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Roman policier assez original se déroulant dans Saint Petersbourg alias Leningrad...
Choisi pour voir un peu ce que pouvait donner ce genre de littérature.
Comme le précise la biographie de l'auteure, il y a un ancrage fort dans le monde soviétique et c'est même l'intérêt du livre.
En fin de nombreux chapitres, nous avons le droit à des explications de termes employés ou de références qui nous auraient facilement échappées.
On y apprend par exemple que le surnom péjoratif donné aux peuples finno-caréliens et estoniens du nord de la Russie est "Tchoukhonets", que l'Osoaviakhim, était une organisation militaro-sportive d'aide à la défense, à la construction aéronautique et chimique de 1927 à 1948, que Pierre le Grand avait installé des chantiers navals et des entrepôts sur une île artificielle créée en 1720 à cet effet : la Nouvelle Hollande .... On devine une bonne connaissance du monde soviétique chez cette auteure.
Le problème que j'ai rencontré vient de l'écriture même. J'ai eu beaucoup de mal à suivre le fil des mots, à m'immerger dans l'enquête et ses rebondissements. Je me suis même posé la question de la traduction, ce qui n'est pas bon signe...
Mais j'ai écarté cette hypothèse car les dialogues, les scènes autour de ces dialogues, ne m'ont pas parus crédibles, voire assez invraisemblables, sans logique interne.
Dommage, cela a gâché ma lecture même si l'intérêt de ce roman se situe plutôt du côté de l'atmosphère pesante de suspicion généralisée, de luttes de pouvoir au sein du monde soviétique. de ce point de vue, j'ai trouvé cela bien rendu.
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Ce roman policier débutait bien, avec une intrigue policière qui s'annonçait palpitante et plein d'éléments historiques réels, mais très vite, la style d'écriture est devenu bizarre et certains passages m'ont semblé carrément incompréhensibles.
Par exemple, un personnage est arrêté et passe une nuit en prison, et au matin, alors qu'il est libéré, on apprend qu'en réalité sa détention n'a pas duré une journée mais plusieurs mois !
Et il y a plein d'autres passages de ce style, ce qui fait que je ne comprenais plus rien à l'histoire.
Trop souvent l'auteur passe du coq à l'âne et je ne savais plus trop ce que je lisais.
C'est bien dommage car j'ai appris plein de choses sur la Russie en 1930 et ces passages-là étaient passionnants.
L'enquête policière m'a tenu en haleine, mais le style ou la traduction, je ne sais lequel des deux est en cause, ont rendu le roman très pénible à lire.
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Totalitarisme quand tu nous tiens…

La russe Loulia IAKOVLEVA nous ouvre les portes de l'ex URSS au début des années 30 : Lénine disparu, Trotski chassé, le camarade Staline installe sa poigne de fer sur tout le pays mais certainement pas au service du peuple… Avec, bien entendu, la dose de corruption qui s'impose.

Roman historique donc, mais aussi policier avec des meurtres successifs mis en scène de façon théâtrale et que personne ne relie, à l'exception du héros Zaïtsev, inspecteur de police à Leningrad et qui a l'air de balader un passé encombrant bien mystérieux.
L'intrigue est plutôt abracadabrante, voire baroque, peu crédible même si certains faits sont donnés comme historiques. Elle a un côté inachevé qui appelle vraisemblablement une suite.

Mais est-ce bien le sujet principal de ce roman ? Ne serait-ce pas plutôt l'atmosphère anxiogène que crée la mise en oeuvre d'un pouvoir totalitaire «au service du prolétariat » ? le soupçon permanent, la délation facile, l'épuration politique favorisent un climat de paranoïa généralisé : on ne sait pas qui est qui, on se méfie, on se dissimule, on ment sur tout y compris les aspects les plus quelconques du quotidien, l'hypocrisie nourrit toute relation sociale. Chacun se laisse habiter par la peur et la défiance.

Ce climat oppressant est aggravé par des conditions de vie misérables : les russes ont faim, ils manquent de tout, s'isolent les uns des autres malgré, ou à cause, des appartements communautaires et sombrent dans une sorte de déprime individuelle et collective fortement alcoolisée. Et les programmes de « culture obligatoire » n'y peuvent pas grand-chose !

Les descriptions de l'auteure aggravent l'ambiance délétère : si la beauté des lieux ou de certains personnages est à peine évoquée, la laideur est exposée avec force détails renforçant le caractère glauque et délabré d'une des villes les plus belles du monde et de ses habitants.

L'aspect historique du roman est particulièrement intéressant et fait penser à Philip KERR et son héros, Bernie Gunther, dans l'Allemagne nazie. Mais pour l'heure, Zaïtsev, perdu dans un monde en déconstruction, est loin d'avoir la patine, le cynisme ou le charme de Bernie.

Très instructif par certains aspects. A suivre.
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Ce roman policier historique se déroule en URSS, entre l'été 1929 et mi-1930, principalement à Leningrad et dans une moindre mesure à Moscou. A cette époque, l'URSS a abandonné la Nouvelle Politique Économique, dose d'initiative privée dans l'économie, et s'enfonce de nouveau dans une période de souffrances pour le peuple soviétique qui a faim. Staline commence à imposer son pouvoir qui s'il n'est pas encore absolu, se traduit par le traque d'opposants réels ou non.

C'est dans ce contexte qu'entre en scène le jeune inspecteur en chef Vassili Zaïtsev qui dirige le 2ème brigade de la police criminelle de Léningrad. La police criminelle est distincte de la Guépéou, la police politique, dont l'ombre plane en permanence sur tous les citoyens et fonctionnaires. Elle traque continuellement les traîtres et les ennemis de la classe prolétarienne pour les traduire devant des commissions d'épuration toutes puissantes. Au début du roman, Zaïtsev échappe de justesse à une épuration alors qu'il consacre sa vie exclusivement à la lutte contre le crime ce qui lui vaut une réputation de héros. Mais il sait que les soupçons le concernant demeurent.

Ioulia Iakovleva a pris le parti de consacrer une large part de son roman à l'Histoire, pas la grande Histoire mais au quotidien du peuple soviétique, leur existence misérable et insalubre, les attentes interminables pour quelques vivres tout juste mangeables, l'alcool pour oublier et les vols pour combler. Kirov, le maire de Léningrad est le seul grand personnage historique mis en scène. Normal qu'il soit alerté par une série de meurtres avec de mystérieuses mises en scène. La tentation de la police ( contre l'avis de Zaïtsev ) est grande de classer ces affaires sans suite mais lorsque quatre cadavres sont découverts sur l'île Elaguine où Kirov a le projet de créer un immense parc de la culture et des loisirs des travailleurs, le maire n'hésite pas à sortir Zaïtsev des griffes de la Guépéou. Encore une fois le fin limier Zaïtsev a été sauvé par sa réputation.

Il n'est pas facile d'enquêter en URSS à cette époque. le groupe d'enquête que dirige Zaïtsev a tout pour être efficace avec un ex-policier du tsar à la solide réputation, un médecin légiste, un photographe et même As de Trèfle un chien au flair redoutable. Avec l'appui de Kirov, ils ont les moyens de travailler : deux voitures Ford modernes leur sont confiées. Mais tout le monde soupçonne tout le monde d'être un indic de la Guépéou. Zaïtsev est soupçonné par sa propre équipe. Lui-même soupçonne que Nefiodov arrivé en renfort, ne soit en réalité un agent de la Guépéou. Pas étonnant que l'efficacité de la police criminelle soit limitée d'autant plus que pour aller vite il est tentant de désigner un coupable idéal parmi les ennemis du peuple. Cela ne convient pas à Zaîtsev qui enquête seul, il progresse cahin-caha, les mises en scène des crimes semblent constituer un jeu de piste qui le conduit vers le musée de l'Hermitage. Mon intérêt pour l'enquête n'a été que périodiquement aiguisé. Heureusement le quotidien de la vie des soviétiques est très instructif, habilement mis en scène par l'auteure à travers des personnages secondaires bien choisis.

Au final, les voyages en train ou en tramway, la vie dans les appartements communautaires ( dans les anciens immeubles, chaque pièce est affectée à une famille ou un citoyen et la vie s'organise autour d'une cuisine collective ) sont très instructifs et ne manquent pas de surprendre, presque plus que les rebondissements d'une enquête sans cesse entravée dès qu'elle s'approche de dirigeants du Parti. Il y a aussi les musées et spectacles de ballets si nombreux à Léningrad et accessibles à tous, la culture prolétarienne est une obligation pour les citoyens. Des membres du Komsomol veillent à ce que la culture gagne tous les travailleurs. Saint-Pétersbourg devenue Léningrad est un personnage à part entière ( les russes la surnomme Piter, faire table rase du passé n'est pas si simple) . Avenues et place ont été rebaptisées par le pouvoir bolchévik, la prestigieuse perspective Nevski est désormais dite du 25 juillet. Ioulia Iakovleva réussit habilement à partager son amour pour cette ville d'art.

Il faut bien conclure une enquête. La perspicacité et la ténacité de Zaïtsev emmènent le lecteur vers un final bien maîtrisé où se mêlent nostalgie d'un régime disparu et réalité historique avec la dictature stalinienne qui s'impose implacablement au peuple soviétique.

L'éditeur Actes Sud indique que Ioulia Iakovleva « est autrice, critique de ballet et dramaturge russe. Elle vit à Oslo où elle écrit des livres pour enfants qui traitent de l'histoire soviétique ainsi que des romans policiers ancrés dans un contexte socioculturel et politique fort ».

Ioulia IAKOVLEVAEt soudain le chasseur sortit du bois . Publié en russe en 2017, traduction de Mireille Broudeur-Kogan pour les Éditions Actes Sud, collection Actes noirs, parution en avril 2023. ISBN 978-2-330-16925-1 .
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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C'est un livre qui vaut plus par la description de la vie à Leningrad en 1930 que par son intrigue policière, un peu tirée par les cheveux. Par contre, cette atmosphère glauque et dangereuse, faite de médiocrité, de mensonges, de corruption, de répression et de désir de survie est très bien rendue. Finalement, malgré les soubresauts de l'Histoire, rien n'a changé en Russie depuis cent ans, sinon en pire.
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critiques presse (3)
Culturebox
26 juin 2023
Au-delà de l’intrigue, Et soudain le chasseur sortit du bois est une description clinique d’une société totalitaire qui entend effacer toute individualité. Un thriller efficace.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Lexpress
17 mai 2023
Nouvelle venue sur la scène du noir, Ioulia Iakovleva, Russe résidant à Oslo, fait une entrée remarquée avec ce roman historique autant que policier.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Culturebox
11 avril 2023
Ioulia Iakovleva choisit l’Union soviétique des années 1930 comme cadre pour son thriller paranoïaque. L’écrivaine plonge dans une période encore sensible en Russie.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
— J’ai été arrêté, Katérina Egorovna. Mais rassurez-vous, j’ai été lavé de tout soupçon et libéré, martela Zaïtsev d’une voix forte. Chez nous personne ne jette les innocents en prison. On est en Union soviétique, pas en Amérique.
Au mot “arrêté”, les yeux de la voisine se mirent à cligner, pris de tics nerveux. On aurait dit deux souris grises affolées.
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Là-bas dans la prison de la Chpalernaïa, il n'était pour ses tortionnaires qu'un amas de chair qui ne pouvait rien avoir d'humain. Ni sentiments, ni habitudes, ni désirs, ni pensées, ni droits. Il n'était bon qu'à ressentir la terreur ou la douleur. (P.85)
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Dans le hall régnait maintenant une odeur de tabac et de corps mal lavés. L'Union soviétique était un Etat de citoyens égaux en droits. Mais ceux qui sentaient le dentifrice à la menthe et la savonnette parfumée ne hantaient jamais les files d'attente. Y compris celle du hall d'accueil de la Crim. (P.60)
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