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EAN : 9782296927889
272 pages
Editions L'Harmattan (01/06/2009)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Ce numéro présente des travaux comparatifs centrés sur les politiques sociales et familiales mises en ?uvre dans différents pays au cours de la période récente. Les auteur(e)s s'intéressent à l'impact de ces politiques publiques sur la vie professionnelle et la vie familiale des femmes et à leurs effets globaux, notamment en termes d'emploi, de fécondité.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le genre des politiques de conciliation travail/famille et le maintien des hiérarchies dans les rapports sociaux de sexe

Dans leur introduction, Jacqueline Heinen, Helena Hirata et Roland Pfefferkorn soulignent que la notion de conciliation (articulation entre vie professionnelle et vie familiale) ne s'applique de fait qu'aux femmes. Cette notion est par ailleurs très critiquable, il vaut mieux mettre l'accent sur « sur la contradiction, la tension ou le conflit » car rien ne permet de supposer une harmonie dans les rapports sociaux. Elles et il, iels, abordent des politiques publiques, la prégnance de normes sociales, les configurations institutionnelles diverses et leurs contradictions, leurs effets…

Les textes proposés ont plusieurs objectifs : « Examiner, dans une optique historique, le rôle de l'État et des pouvoirs publics locaux ou régionaux quant à la configuration des rapports sociaux de sexe, dans la sphère du travail comme au sein de la famille – en lien, notamment, avec les facteurs démographiques et les fluctuations du marché de l'emploi. Analyser les diverses formes des modes de garde de la petite enfance et leurs effets contrastés pour les adultes concernés – les femmes, au premier chef – selon qu'il s'agit de services collectifs (crèches, maternelles) ou de dispositifs incitant à une prise en charge individuelle des jeunes enfants (congés parentaux de tous ordres, dégrèvements fiscaux favorisant l'emploi d'assistantes maternelles à domicile, etc.). Donner à voir divers modèles de répartition des tâches dans les activités de care(entre les hommes et les femmes et à l'intérieur du groupe des femmes) en fonction de la place assignée aux pères et aux mères, ainsi qu'en fonction des transformations économiques à l'échelle mondiale, de la polarisation Est-Ouest et Nord-Sud, et même Sud-Sud, ainsi que de l'importance et des caractéristiques des flux migratoires ».

Sommaire :
Dossier
Jacqueline Heinen, Helena Hirata, Roland Pfefferkorn : Politiques publiques et articulation vie professionnelle / vie familiale (Introduction)
Olivier Giraud, Barbara Lucas : le renouveau des régimes de genre en Allemagne et en Suisse : bonjour ‘néo maternalisme' ?
Fiona Williams, Constanza Tobío, Anna Gavanas : Migration et garde des enfants à domicile en Europe : questions de citoyenneté
Dorottya Szikra, Dorota Szelewa : Welfare et socialisme : de certains concepts relatifs au genre
Jacqueline Heinen : Les politiques familiales en Europe de l'Est : d'une époque à l'autre
Isabelle Attané, Catherine Scornet : Vers l'émancipation ? Politiques reproductives et condition des femmes en Chine et au Viêt-Nam
Bila Sorj, Adriana Fontes : Les politiques publiques au Brésil et l'articulation entre travail et famille. Une comparaison interrégionale
Hors-champ
Virginie Rozée : La domination masculine et l'image de la madresposa. L'exercice des droits reproductifs et sexuels des femmes boliviennes
Lecture d'une oeuvre
Marie Garrau, Alice le Goff : Différences et solidarités. À propos du parcours philosophique d'Iris Marion Young



Une remarque générale. Contrairement à la précision soulignée dans l'introduction, certain·es auteur·es semblent oublier l'extériorité socialement construite – ou dit autrement, leur auto-dispense – des hommes concernant l'articulation entre travail et « vie familiale » (travaux et soucis de ces travaux). Hors, on ne peut, il me semble, aborder les « gestions » féminines sans en signifier le fondement. Toute politique institutionnelle, ne s'affrontant pas à cette inégalité, ne peut que renforcer la naturalisation de la famille et la division sexuelle des tâches – et pas seulement dans la sphère privée. Les politiques publiques ayant pour objet « la vie professionnelle et la vie familiale » des seules femmes ne sont donc jamais que des politiques d'inégalité des citoyen·nes. Elles ne peuvent que conforter les hiérarchies dans les rapports sociaux de sexe.

Cela ne signifie cependant pas qu'elles n'aient pas d'effets immédiats et à terme, que les marges d'autonomie de femmes ne varient pas, que les contradictions à l'oeuvre ne se déplacent pas ou ne se reformulent pas. Il convient donc d'étudier ces différentes politiques publiques et leurs impacts dans le temps.

« Par-delà les efforts consentis dans tel ou tel pays pour promouvoir l'autonomie économique des femmes, se dégage en effet la persistance – à des degrés variables, il est vrai – de pratiques sexuées en matière de care et de prise en charge des jeunes enfants. Et ces inégalités sont d'autant plus sensibles qu'il s'agit de femmes migrantes ou issues des catégories sociales défavorisées. La dimension comparative des études menées a ceci d'heuristique qu'elle donne un aperçu de l'ampleur des changements indispensables, sur le plan politique comme sur celui des représentations, pour que les politiques familiales s'adressent aux hommes autant qu'aux femmes et pour que la mixité s'impose enfin dans les pratiques ».

D'autres débats seraient nécessaires autour de la baisse radicale du temps de travail salarié, la requalification importante des postes occupés par les femmes (et de leurs rémunérations) – il n'y a pas de tâche que certaines feraient « naturellement » -, un congé naissance/adoption obligatoire et rémunéré pour les parents, des équipements généralisés pour accueillir les enfants en bas âge (au passage, suppression de la notion d'école « maternelle »), des structures collectives où les personnes plus âgées pourraient garder leur autonomie tout en étant accompagnées en fonction de leurs besoins. Est-il besoin de préciser que les emplois du « care » devraient être mixtes et non très majoritairement occupés par des femmes – sauf demandes particulières justifiées par les effets de l'inégalité des rapports sociaux de sexe (non-mixité de protection, accommodements raisonnables, action positive, etc.), que des alternatives devraient être favorisées hors des seules socialisations, actuellement familiales et/ou privées, pour/par celles et ceux qui le souhaiteraient…

Quelques éléments abordés dans les textes.

Modification des « régimes de genre » en Allemagne et en Suisse, les angles morts d'analyse n'intégrant pas le travail domestique, la distribution sexuée des rôles sociaux, la protection de la famille favorisée plutôt que la protection des individu·es, les discours néolibéraux sur l'« activation » des femmes sur le marché du travail, les régimes fiscaux non individualisés, le poids du temps partiel et des emplois « féminins », les structures de garde extra-familiaux, l'égalité de droit et l'égalité de fait, la notion de « libre-choix », « la valorisation des tâches de carese maintient dans la grammaire des rapports de genre marquée par le maternalisme »…

L'interférence entre les politiques de la petite enfance et les politiques migratoires, « Les recherches effectuées sur la chaîne du careen Europe révèlent, outre le caractère éminemment oppressif de ce travail, en quoi les dispositifs juridiques et migratoires fragilisent ces femmes sans statut de citoyenneté, dont le seul débouché est le secteur informel, sous-payé et dévalorisé, du travail domestique », la restructuration internationale de l'économie et du marché du travail, les nouveaux schémas d'inclusion et d'exclusion, la marchandisation des systèmes de garde des enfants, les itinéraires de migration, les déclassements sociaux et les conditions d'emploi, les protections des salarié·es et leur non-application dans les espaces domestiques, « La définition des normes de travail est beaucoup plus floue que dans d'autres secteurs d'emploi », une association de représentation collective des employé·es de maison, les assignations sexuées et les « devoirs de mère », la différence entre « être de la famille ou dans la famille », la dévaluation et l'invisibilité des travaux fait dans la sphère du privé…

Les anciens pays du « socialisme réellement existant », les concepts sexués de « maternalisme » et de « familialisme », l'absence de droits politiques, l'activité professionnelle, les conditions des allocations familiales, les programmes « s'adressant aux femmes en tant que mère », les évolutions du droit à l'avortement, la sacralisation de la famille, le double fardeau imposé aux femmes…

J'ai particulièrement apprécié l'article de Jacqueline Heinen : Les politiques familiales en Europe de l'Est : d'une époque à l'autre. Les similitudes au delà des options économico-politiques, la « rhétorique nationaliste incitant les femmes à conférer la priorité à leur rôle de mères », la soumission de l'individu·e « à l'Etat paternaliste omnipotent », les contradictions entre statut individuel et poids conféré à la famille, les replis sur l'univers familial, le rejet de l'« égalitarisme » et les souvenirs fantasmés de la « sécurité », la réduction des dépenses publiques et l'abaissement du montant global des allocations, les mesures pro-natalistes, la limitation voire l'interdiction du droit à l'avortement, la féminisation de la pauvreté, la montée des violences dans l'espace domestique et l'extension de la prostitution, l'extension de la sphère commerciale lucrative, la marginalisation des femmes sur le plan économique et politique…

Les politiques reproductives et la condition des femmes en Chine et au Vietnam, le contrôle de la croissance de la population, les mesures incitatives et répressives, les effets ambivalents de la libéralisation économique sur le statut des femmes, l'adoption du concept de « droits en matière de sexualité et de reproduction » comme partie intégrante des droits des êtres humains, les discriminations envers les filles, les avortements sélectifs des foetus féminins, l'instruction comme facteur d'émancipation, les inégalités d'accès à l'emploi…

Le Brésil, le Programme Bourse Famille, « il consiste en des aides monétaires spécifiques attribuées aux groupes les plus démunis de la population ; l'autre étant la politique générale de la petite enfance qui donne aux enfants de moins de six ans accès à des crèches et à des maternelles », l'augmentation de la part des femmes sur la marché du travail, le non partage du travail domestique, la précarisation de l'emploi, l'« altruisme » maternel des femmes et le renforcement des visions maternalistes, les politiques axées sur la lutte contre la pauvreté et les mesures qui ne favorisent pas l'émancipation des participantes…


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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Donner à voir divers modèles de répartition des tâches dans les activités de care(entre les hommes et les femmes et à l’intérieur du groupe des femmes) en fonction de la place assignée aux pères et aux mères, ainsi qu’en fonction des transformations économiques à l’échelle mondiale, de la polarisation Est-Ouest et Nord-Sud, et même Sud-Sud, ainsi que de l’importance et des caractéristiques des flux migratoires
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Par-delà les efforts consentis dans tel ou tel pays pour promouvoir l’autonomie économique des femmes, se dégage en effet la persistance – à des degrés variables, il est vrai – de pratiques sexuées en matière de care et de prise en charge des jeunes enfants. Et ces inégalités sont d’autant plus sensibles qu’il s’agit de femmes migrantes ou issues des catégories sociales défavorisées. La dimension comparative des études menées a ceci d’heuristique qu’elle donne un aperçu de l’ampleur des changements indispensables, sur le plan politique comme sur celui des représentations, pour que les politiques familiales s’adressent aux hommes autant qu’aux femmes et pour que la mixité s’impose enfin dans les pratiques
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Les recherches effectuées sur la chaîne du careen Europe révèlent, outre le caractère éminemment oppressif de ce travail, en quoi les dispositifs juridiques et migratoires fragilisent ces femmes sans statut de citoyenneté, dont le seul débouché est le secteur informel, sous-payé et dévalorisé, du travail domestique
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