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EAN : 9782262019716
420 pages
Perrin (12/02/2004)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Un mâle inachevé. Le mystère féminin. " Tu enfanteras dans la douleur ". De la matrone à l'accoucheur. La fin des sorcières. " Il n'y a ni homme ni femme ". Au couvent. L'impossible enfermement. A l'école des filles. De Port-Royal à Saint-Cyr. Une culture ouverte. L'honneur des filles. Sacrement ou contrat de mariage ?. Le sexe des femmes. " Les désirs de la chair ". Stratégies matrimoniales. Les délices de l'amour tendre. La confusion des sentiments. La bonne épous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Grand spécialiste du XVIIe siècle, auteur de plusieurs biographies de référence d'auteurs de l'époque, Roger Duchêne s'est particulièrement intéressé aux femmes qui ont vécu pendant ce que l'on a appelé le grand siècle, ou le siècle de Louis XIV. Dans ce livre, il présente la condition féminine et le quotidien des femmes dans une large perspective, qui fait en grande partie le tour de la question.

Nous sommes à une époque charnière, pendant laquelle un certain nombre de savoirs et de représentations ancestrales sont en train de bouger, sous l'influence de la science qui réalise des progrès à une vitesse inconnue jusque là, et aussi à tous les ébranlements et repositionnements entraînés par la religion réformée et les réponses qui y sont apportées par les catholiques. Ainsi, c'est la médecine expérimentale, qui pratique la dissection qui montre que la femmes n'est pas un homme inachevé ou manqué, mais qu'elle est un être spécifique, différent et complémentaire de l'homme du point de vue physique.

Une des conséquences du concile de Trente, qui reconnaît l'importance de la femme en tant que potentielle zélatrice de la foi, pouvant de par son influence entraîner sa famille, et en particulier son époux, est la légitimation de son instruction, certes élémentaire, pratique et tournée vers la religion, surtout pas identique à celle de l'homme de par son contenu et ses ambitions, mais néanmoins une légitimation réelle.

Certains hommes reconnaissent que les femmes sont capables d'apprendre, qu'elles peuvent en avoir envie, et les dames de milieux privilégiés s'adonnent de plus en plus aux apprentissages. Elles se cultivent d'une autre façon que les hommes dans les collèges, grâce à la lecture d'oeuvres en français (et non pas en latin que sauf des rares exceptions elles ne connaissent pas), en particulier des romans, genre réputé leur être réservé, et aussi par des échanges dans des lieux de sociabilité mixte, où la conversation « galante » est censée s'adapter à ceux qui savent le moins, et qui doit avant tout ne pas être pédante. Cette nouvelle culture les autorise à juger, en particulier les oeuvres littéraires, ce qui n'est pas sans provoquer des réactions de ceux qui estiment qu'elles n'ont pas de légitimité pour le faire. Certaines vont même jusqu'à s'essayer à écrire, mais surtout dans les genres jugés mineurs (lettres, romans etc) et sans forcément revendiquer leurs oeuvres ouvertement, voire en niant les avoir écrit. Car si le droit d'apprendre et de savoir commence à leur être reconnu, c'est à condition de ne pas l'étaler, ne pas concurrencer les hommes. le chemin sera long, mais quelque chose débute là.

De nombreux autres aspects seront successivement abordé dans ce livre, en partant du corps, de la maternité (fonction essentielle de la femme), du mariage, des lois, du travail, de l'éducation, du sentiment amoureux et de ses représentations etc. Il n'est pas possible de tout citer, tant le livre est riche. L'auteur part toujours des textes, surtout littéraires, mais donne aussi des chiffres, des statistiques. Extrêmement rigoureux, il est visiblement engagé également. Passionnant à lire de bout en bout, son livre nous fait voyager dans le temps, dans les mentalités, mais conserve incontestablement des résonances contemporaines.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Peu importe les titres avancés et les concessions faites par Mme de Sévigné aux opinions de sa fille. L'essentiel, c'est que, pour elle, l'esprit d'une jeune fille se forme par la lecture de ce qui court alors dans le monde, romans héroïques et pastoraux aussi bien que livres d'histoire et traités de morale. Point d'enseignement spécialisé, point de programme scolaire. A la différence des garçons qui reçoivent dans les collèges un enseignement humaniste progressif qui va de l'apprentissage de la grammaire à la connaissance des principes de la rhétorique, c'est une formation sans projet défini, à partir d'auteurs français et italiens contemporains, que reçoit une fille comme Pauline. Elle se forme l'esprit à partir de libres réflexions, partagées avec sa mère, sur les livres à succès du temps, ceux que pratiquent au même moment les adultes de son entourage. Elle se cultive dans la fréquentation familière des ouvrages jugés intéressants par un groupe social qui sait à la fois s'en nourrir et les critiquer.
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Ce livre parle d'un temps où l'on découvre, non sans peine, que la femme est l'égale de l'homme, que son corps n'est pas impur, que son esprit n'est pas débile, qu'elle est capable de juger du vrai, du beau et du bien, qu'elle peut même accéder aux sciences nouvelles, qu'elle a l'avantage de pouvoir être une créatrice en même temps qu'une procréatrice. Il y a de cela trois siècles dans la France de Louis XIII et de Louis XIV. Est-ce une si vieille histoire ? N'a-t-elle vraiment rien à dire, rien à apprendre à certains de nos contemporains ?
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D'un bout à l'autre du XVIIe siècle, enclenché sur une "querelle" qui remontait au siècle précédent, et même avant, court un long débat, aux arguments répétitifs, sur la nature et les comportements de la femme, décrite et évaluée par comparaison avec l'homme. Comme les "discours académiques" de Vertron le prouvent encore à la fin du siècle, il s'agit souvent de jeux rhétoriques, déconnectés de la réalité, où chacun soutient à plaisir le pour et le contre. Les auteurs, quelle que soit leur thèse, y reprennent à l'envi de vieilles idées, d'anciens préjugés, de fausses "vérités" scientifiques héritées d'un savoir dépassé. Fait significatif, ils n'invoquent jamais les trouvailles récentes de la médecine, qui pourraient leur fournir le fondement objectif d'une réflexion neuve sur le sujet qui les occupe. C'est qu'ils cherchent plus à briller en redisant à leur manière des lieux communs et des idées ressassées qu'à établir sur des bases solides d'effectives nouvelles relations entre les sexes.
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C'est dans la longue durée, entre 1540 et 1670 que s'est opérée, grâce l'anatomie, une première révolution essentielle. Malgré les combats d'arrière-garde et le poids des idées reçues, il est maintenant établi que la femme n'est pas un homme manqué, une créature placée au-dessous des son compagnon masculin dans la chaîne des êtres et des choses instituées par Dieu au commencement du monde.
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Telle est et telle restera tout au long du siècle l'opinion des esprits éclairés sur le savoir des femmes. Elles sont capables d'apprendre. Celles qui appartiennent à un certain milieu ont le droit d'acquérir un certain savoir. Elles n'ont pas le droit de le montrer.
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