Eve : La ruse du serpent

Allez, soyons honnête, je ne me serais jamais intéressé ce petit roman (100 pages + un petit dossier d'une dizaine de pages pour en savoir plus) si ma fille n'avait pas eu à le lire pour l'école. C'est d'ailleurs publié chez Nathan dans la collection “Histoires de la Bible”, collection particulièrement prisée par les enseignants pour le côté pédagogique et le sérieux des histoires racontées. Oui mais voilà, si on apprend dans ces petits livres des tas de choses intéressantes, il faut bien reconnaître que le suspense est inexistant, et que les choix narratifs, adaptés à un public jeune, sont souvent un peu tristounets.
Pourtant, je dois reconnaître que Ève la ruse du serpent est une bonne pioche. L'histoire, qui débute à la création de Ève et se termine à la naissance de Caïn, son premier enfant, se focalise sur cette dernière. Je n'ai jamais lu la Bible et j'avais l'image d'une Ève un peu nunuche, proie facile du serpent, perte d'Adam. Là où j'ai été agréablement surprise, c'est que dans ce livre il n'en est rien. Eve est présentée comme une femme curieuse, courageuse. Au contraire, Adam et sa rancoeur tenace envers sa femme (personne ne l'a forcé à goûter le fruit de l'arbre du Bien et du Mal tout de même !) n'en font pas un personnage très sympathique. Allez, j'ose même dire que j'ai trouvé un petit côté féministe dans ce roman. Mais toujours étayé par des recherches et des connaissances solides,présentées dans le petit dossier pédagogique présent à la fin du roman.
Pas de grandes inventions au niveau des choix narratifs, mais une écriture soignée et efficace.
Un bon petit roman qui remplit parfaitement son objectif.

J'ai rencontré Flore Talamon lors d'un atelier d'écriture et nos conversations très riches autour de la littérature de jeunesse m'ont donné envie de découvrir ses écrits. Flore est spécialisée dans les romans historiques mais j'ai choisi de commencer par ce récit biblique sur l'origine de l'humanité à la fois par intérêt personnel et aussi par curiosité. Et je n'ai pas été déçue !

Flore a su retranscrire l'histoire d'Adam et Eve sans parti pris religieux (c'était le risque, selon moi) et pourtant avec beaucoup de passion et d'enthousiasme. le caractère et le point de vue des personnages sont campés en quelques mots, et l'auteur apporte même une touche de réalisme historique en leur prêtant des activités proches des hommes préhistoriques (taille de pierre, élevage, culture, etc.)

Mais ce qui est vraiment intéressant dans ce petit roman, c'est tout le symbolisme du récit qui y est développé : la vie, simple et heureuse, en harmonie avec la nature et les animaux, au sein du jardin d'Eden ; et en-dehors, à l'opposé, tous les malheurs issus de la transgression de l'interdit divin : la souffrance physique (le froid, la faim) et morale (Eve est brutalement rejetée par Adam), la nécessité de s'activer pour manger (Dieu ne fournit plus rien), la cruauté de la survie animale (désormais les animaux s'entretuent pour se nourrir)... Autant de contrastes qui expliquent la vision chrétienne du paradis perdu et expliquent avec justesse le sens donné à la vie que mène l'Homme sur Terre.

Eve : la ruse du serpent est un excellent moyen de se plonger dans l'un des textes fondateurs sur nos origines qu'est la Bible !
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