Richement illustré, comme les autres livres de cette collection, cet ouvrage interroge essentiellement deux mythes : Ève et Pandora.
Ces inventions plus ou moins tardives engendrent, dans le même élan, des visions plus ou moins puissantes du « mystère de la création » et une place/naissance seconde attribuée aux femmes.
Des différents textes, je souligne celui de Maaike van der Lught « Pourquoi Dieu a-t-il crée la femme ? Différence sexuelle et théologie médiévale » et celui de
Jérôme Baschet « Ève n'est jamais née. Les représentations médiévales et l'origine du genre humain ».
Cependant les créations des civilisations ne sont pas uni polaires. Françoise Douaire-Marsaudon évoque « Quand les dieux ne créent pas la femme; Figures de femmes primordiales en Océanie ». J'indique aussi les textes de
Pauline Schmitt Pantel « La création de la femme : un enjeu pour l'histoire des femmes ? » et les confrontations contemporaines de
Jacques Aumont « Et Dieu … créa la femme ».
Une intéressante ballade du coté de l'érudition, de « feuilleté d'hypothèses » pour historiciser et mieux aborder ces « images » qui ont structuré, et structurent encore, une partie de la pensée humaine, sans oublier leurs liens/effets avec/sur la construction des genres.
Pourquoi ne pas suspendre cette lecture avec la conclusion, optimiste, du bel article de
Jean-Pierre Vernant « Pandora apporte un dernier trait au tableau de la nouvelle condition faite à cette bizarre catégorie de vivants mortels, retranchés d'un divin dont ils gardent la nostalgie. Contrairement aux mâles nés naturellement, qu'ils soient sortis de la terre comme les plantes ou engendrés d'autre façon, elle est un produit artificiel, fabriqué sur ordre par l'habileté d'Héphaïstos. Elle est image et semblance. Elle incarne l'écart entre l'être et le paraître, la nature et l'imitation, le vrai et le faux ; par sa seule présence elle ouvre la voie que poètes, artistes, philosophes ne cesseront plus d'explorer. En ce sens, on peut dire que, dans le mythe grec, c'est seulement avec la femme que les mâles accèdent pleinement à leur condition d'être humain civilisé, entre bêtes et dieux. »