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EAN : 9781606996560
144 pages
Fantagraphics books (24/09/2013)
5/5   1 notes
Résumé :
Bagge''s comic strip opinion pieces for Reason magazine for the last several years are collected in Everybody is Stupid Except For Me. Although a libertarian by inclination, Bagge is hardly dogmatic, and many of the pieces undermine traditional party lines in favor of a personal, rational and informed take on hot-button issues. Bagge’s well-researched comic strip “essay” topics include the erosion of our civil liberties, ongoing boondoggles of the American public, t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome regroupe des bandes dessinées politiques et satiriques réalisées par Peter Bagge pour le magazine Reason (créé en 1968), de tendance politique libertaire. Il contient 50 éditoriaux réalisées sous forme de comics de 1 à 4 pages, entre 2001 et 2010, et été publié pour la première fois en 2013. La majeure partie de ces éditoriaux sont en couleurs. le tome s'ouvre avec une courte introduction rédigée par Nick Gillepsie, le rédacteur en chef du magazine Reason, indiquant qu'en tant que dessinateur de presse et satiriste, Peter Bagge se montre cruel, mais il est aussi capable de reconnaître quand il s'est trompé. Indépendamment des orientations politiques du lecteur et de ses convictions, il peut être assuré que ces éditoriaux auront au moins 2 effets : le faire réfléchir et le faire rire.

Les différents éditoriaux sont regroupés en 9 chapitres thématiques : (1) la guerre, (2), le sexe), (3) les arts, (4), le business, (5) les cafouillages, (6) les drames, (7) la politique, (8) la nation, (9) une biographie. Chaque chapitre comporte un nombre d'éditoriaux différents, de 2 pour le sexe, à 14 pour celui sur la nation. Chapitre 1 - En 2003 à Seattle, en tant que journaliste, Peter Bagge se rend à une manifestation contre la guerre en Irak, c'est-à-dire la seconde guerre du Golfe (2003-2011). Il écoute les différentes interventions dont celle d'un membre du Congrès ayant traité le président Bush de menteur. Il recueille aussi l'avis et les arguments de différents manifestants. En 2006, il met en scène différents élus à Washington réfléchissant aux nouvelles mesures anti-terrorisme pouvant être mises en oeuvre. En 2007, il évoque l'évolution de la législation sur les armes à feu, jusqu'à la possession d'un bazooka. Dans le chapitre consacré au sexe, il assiste en tant que journaliste à une convention sur les genres de vie alternatifs, toujours avec une opinion très critique sur les raisonnements utilisés pour légitimer ces modes de vie aux yeux de la loi. Puis il passe en revue les arguments contre l'avortement et la pilule.

Dans le chapitre consacré aux arts, Peter Bagge ridiculise aussi bien les solos de clarinette dans les concerts de jazz, que les artistes évoquant hypocritement des causes sociales pendant les cérémonies de remise de prix, les financements gouvernementaux à l'art moderne, le rock chrétien, les créateurs au comportement artistique allant à l'encontre de ce qu'ils défendent, et les humoristiques à contretemps et changeant d'opinion en fonction du sens du vent politique. Dans le chapitre sur le commerce, il retrace l'évolution de son appréciation des centres commerciaux géants (mall), l'avis de l'artiste sur la propriété intellectuelle, les casinos implantés dans les réserves indiennes, son expérience d'une convention de comics espagnole, la stratégie des grands commerces entre généralisme ou hyperspécialisation. Les cafouillages concernent aussi bien les transports en commun que les stades municipaux, les trains ou la faillite économique de Detroit. Par la suite il aborde des sujets aussi divers que l'usage du cannabis à des fins thérapeutiques, les sans-abris, une prison pour femmes, l'hypocrisie inhérente aux présidents des États-Unis, l'immigration clandestine, les idées reçues idiotes… le tome se termine avec une biographie en 12 pages d'Isabel Mary Paterson (1886-1961), et enfin les réactions extrêmes que suscitent les ouvrages de Ayn Rand (1905-1982).

S'il a eu la curiosité d'ouvrir cet ouvrage, le lecteur en connaît déjà la nature : une anthologie d'éditoriaux de nature politique (au sens large) de Peter Bagge. En outre, il sait vraisemblablement aussi que cet auteur revendique être un libertaire, un individu souhaitant une liberté totale dans une société débarrassée des formes institutionnelles de l'autorité. Enfin, Bagge est américain : ses chroniques se basent donc sur des particularités de la société américaine et du peuple américain. Il est également probable qu'il ait été attiré par l'exubérance des dessins marqués par des exagérations caricaturales qui leur donnent une saveur à nulle autre pareille. Effectivement, c'est du Peter Bagge pur jus. Dès la couverture, le lecteur retrouve les bouches dessinées en fer à cheval, avec une dentition soit toute blanche, sans séparation de dents, soit avec des dents de type dent de scie ou une dentition à trou, à chaque fois exagérée pour un effet comique. le dessinateur s'amuse toujours autant avec les expressions des visages : les yeux à moitié exorbités veinés de rouge sous l'effet d'une émotion intense, parfois les yeux comme des billes de loto pour un louchage irrésistible, la bouche grande ouverte pour hurler à plein poumon d'énervement, les sourcils très froncés pour une colère intense, etc. Il est impossible de rester de marbre devant ces individus surexcités, réagissant avec des émotions non filtrées.

Les morphologies des individus sont elles aussi malmenées : les corps deviennent caoutchouteux, en particulier les bras dont les coudes disparaissent souvent pour ne plus laisser qu'une forme arrondie de l'épaule au poignet. L'artiste accentue encore cet effet donnant une impression de souplesse enfantine, avec des têtes parfois plus grosses que la normale (ou des corps plus petits). Les dos peuvent également s'arrondir avec des troncs donnant alors une impression de ballon. Ces caractéristiques confèrent une vitalité remarquable aux personnages, et fait s'exprimer leurs émotions avec force. D'éditorial en éditorial, le lecteur est impressionné par la diversité des individus représentés que ce soit leur morphologie, leur âge, leur coiffure, leur corpulence, leur tenue vestimentaire, leur maintien, leur langage corporel. de la même manière, Bagge sait évoquer des lieux très variés, parfois en quelques traits, parfois avec de nombreux détails : la scène d'un rassemblement, les rayonnages d'une vente privée d'armes, les allées d'un supermarché, le comptoir d'une pharmacie, la chambre d'un adolescent, le salon d'une maison avec canapé et télé, un plateau de tournage de la passion du Christ, les allées d'un complexe commercial, le casino d'une réserve indienne, un stade sportif flambant neuf, un wagon de l'Amtrack, etc. Dans d'autres séquences, il se focalise uniquement sur les personnages et leurs mouvements, avec des fonds vides. Dans tous les cas, il s'agit d'une lecture dense.

S'il a déjà lu des comics de cet auteur, le lecteur sait que son écriture est dense et qu'il faut compter 2 à 3 fois plus de temps pour une lire page de Bagge que pour un comics normal. Il retrouve cette particularité ici, non pas du fait de pavés de texte copieux, mais bien du fait de la concision. Cette caractéristique de son écriture est manifeste dans la biographie d'Isabel Mary Paterson, écrivaine, philosophe, ayant publié un essai sur le libertarisme. Chaque vignette est à la fois concise et dense, le tout intégrant un nombre impressionnant d'éléments de sa vie, sans rien sacrifier aux émotions de chaque moment. le principe des éditoriaux est que Peter Bagge effectue un reportage, ou donne simplement son avis sur un aspect de la société américaine. Il vaut mieux être un peu familier de la forme bipartisane de la vie politique, et de quelques caractéristiques de la société américaine et de sa vie urbaine pour tout saisir, mais cela ne requiert pas un niveau expert, ou une connaissance pointue du contexte sociopolitique des années 2000. le lecteur sait pertinemment que Peter Bagge exprime son avis partial et son point de vue de libertaire sur ce qu'il commente. D'ailleurs il affiche clairement ses convictions dans ses jugements de valeur. Chaque éditorial s'avère très drôle, et même cocasse du fait des capacités d'observation pénétrante de l'auteur, de son point de vue tranché ne s'interdisant pas d'être de mauvaise foi, et de ses jugements critiques à l'emporte-pièce. le lecteur peut très bien ne pas être d'accord, tout en savourant la verve comique de l'auteur.

Peter Bagge n'est pas tendre avec ses concitoyens, encore moins avec les élus, et il n'hésite pas à se mettre en scène avec un regard tout aussi critique pour pointer ses propres incohérences ou lâchetés. Par exemple dans les 4 pages consacrées aux complexes commerciaux (malls), il se met en scène d'abord comme un adolescent fustigeant ces temples de la consommation, pour ensuite dire tout le bien qu'il en pense une fois devenu parent. Il en va de même pour sa position sur la guerre en Iraq, reconnaissant que son premier éditorial était orienté au point d'en devenir idiot. En fonction de sa sensibilité, le lecteur est plus ou moins intéressé par tel sujet. Mais à la lecture, le degré d'implication viscérale de Peter Bagge pour chaque sujet fait qu'il s'y intéresse ne serait-ce que pour les réactions comiques. Il finit par se rendre compte que certaines opinions de l'auteur trahissent parfois un manque d'information (par exemple sur les OGM). Toutefois, comme le commentaire de Bagge est toujours très tranché et presque toujours porteur d'informations, la force émotionnelle de son discours fait que chaque éditorial provoque une réaction chez le lecteur, que ce soit sur la posture faussement pacifiste des États-Unis, sur les conséquences liberticides de la loi anti-terroriste, sur le port d'armes et sa restriction, et même sur les trains et les transports en commun. En effet, ces éditoriaux offrent une vision d'une culture différente de celle du lecteur, lui donnant des points de comparaison, pour une réflexion sur l'organisation de son propre pays. En plus, Peter Bagge est à chaque fois irrésistible quand il s'en prend aux postures hypocrites des politiques comme des consommateurs, un vrai jeu de massacre.

À l'opposé d'éditoriaux austères ou cliniques, ceux de Peter Bagge sont partiaux et habités par une verve comique énorme qui fait que le lecteur ne s'ennuie jamais et se rend compte qu'ils provoquent une réaction irrépressible en lui, l'obligeant à considérer ses propres convictions, pas toujours beaucoup plus brillantes que celle de l'américain moyen.
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