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EAN : 9782355261336
83 pages
Nouvelles Editions Lignes (22/08/2014)
3.42/5   6 notes
Résumé :
Honni par une droite réactionnaire qui se cherche une identité, célébré par une gauche intellectuelle qui a pourtant tardé à en entreprendre l’étude, le genre fait toujours polémique. En désaccord avec les uns et les autres, Geneviève Fraisse s’emploie à explorer cette promesse conceptuelle soucieuse d’un nouvel objet philosophique en construction, dans la droite ligne de ses travaux sur l’émancipation des femmes et l’égalité des sexes.

Il sera questi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'opérateur égalité permet de concevoir et d'inventer les nouveaux rapports entre sexes
« Car l'excès est inhérent à la pensée de la sexuation du monde et à la pratique de l'égalité des sexes. le féminisme est par lui-même excessif, pour deux raisons simples : il parle de sexualités, il combat les inégalités. Il fait donc face à deux tabous ; rien ne sert de le nier »

Je choisis de commencer par une citation de l'épilogue « Féminisme excessif ». le titre de cette note est aussi inspiré de deux autres phrases de cette partie. Il en sera de même de la dernière phrase citée.

Je ne vais pas faire ici une présentation détaillée du livre, ni indiquer mes interrogations ou doutes sur certains points…

Très subjectivement, je propose une invitation à lire, à réfléchir, à débattre, par la mise en avant de certains points traités par l'auteure.

« le genre permet de croiser le neutre et la dualité ; le un et le deux, l'être sexué en général et les deux sexes en particulier ». Genre, proposition philosophique, moyen de mise en oeuvre de cette proposition, concept, masque possible des hommes et des femmes « dans un universel qui sait mentir »…

Le neutre « soit une abstraction stimulante, soit le masque du mensonge »… Les concepts peuvent faire disparaître les « femmes », les inégalités. « Pris par le neutre, le genre peut perdre tout aiguisage de ce qui fait la ou les différences, il peut effacer la réalité ».

Il faut donc penser, prendre en compte la « sexuation des problèmes », absorber et réutiliser les connaissances ou le savoir produit par les luttes de femmes. Et « le savoir donne le vertige » comme l'écrit très justement l'auteure.

Geneviève Fraisse parle de genre, de sexe(s), de résistance du réel, de ce qui fait histoire, de l'histoire sexuée, du « prisme du genre », de sexuation (« donnée non immobile » et « Il faut produire une analyse de l'historicité de cette sexuation du monde »). Contre les mises à l'écart, les traitements en anecdotique ou secondaire, « Résister à la tentation de traiter cette chose à part, et voir ce qui se passe dans la réflexion quand on comprend que cette sexuation du monde est un axe de lecture, au centre, et non à la périphérie de l'histoire humaine, comme du savoir de cette histoire »

Genre, sexe, l'un ne révoque pas l'autre, l'un et l'autre sont des abstractions. L'auteure parle de définitions multiples et de tensions internes entre ces définitions. Elle refuse la dichotomie nature/culture, la distinction entre un donné et un fabriqué.

Genre, un concept scientifique et une articulation à « une proposition politique des rapports de pouvoir et de domination ». Geneviève Fraisse parle de champ et de hors champ, de présence, de sexe qui déborde et « provoque le désordre »… Faut-il le souligner une fois encore, les élaborations des féministes représentent « de la production de connaissance et non de l'expression d'opinions »

L'auteure souligne le déficit d'analyse de l'émancipation, de construction de cet horizon de pensée fondamental. Pour indispensables qu'elles soient, les analyses et les déconstructions des dominations sont insuffisantes.

Geneviève Fraisse aborde aussi les images, les stéréotypes, les liens entre dénonciation et production, l'importance des lois et le fait « qu'une loi n'est pas la réalité », le féminisme comme subversion, l'image et le sujet, « L'image semble posée dans le ciel des représentations comme un « en soi », et cette image est toujours habillée de son carcan, le stéréotype »…

Un, deux, multiple(s), de nombreuses interrogations stimulantes.

Et encore une fois, l'égalité, le statut d'objet, Poulain de la Barre, l'image et le modèle, la nudité, le geste plutôt que la figure, La Barbe et les Femen, la domination masculine, l'écriture du corps, les signes et la vérité, l'objet sujet, « Devenir sujet, en effet, n'annule pas la position d'objet », l'émancipation, la subversion…

« Avec le féminisme, il y a souvent du contretemps historique. Et dire la vérité est facilement perçu comme un excès ».
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Vérité(s), contretemps historiques, excès…

En premier lieu, une couverture. Hilma af Klint : The Swan, 1915. une pionnière dans l'art abstrait. Une peintresse (pour utiliser un terme banni par la masculinisation de la langue orchestrée par l'Académie française) oubliée comme beaucoup de femmes dans les histoires écrites par les hommes.

Ayant chroniqué ce livre en 2014 sous le titre : L'opérateur égalité permet de concevoir et d'inventer les nouveaux rapports entre sexes, je ne traite que du post-scriptum intitulé « La « multiple vérité » ».

Une expression de Simone de Beauvoir, empruntée et déplacée par Geneviève Fraisse, « non pas celui de la vérité relative, vérités partielles ou vérités de points de vue, mais celui de la multiple vérité, vérité ouverte sur aujourd'hui, vérité au travail ». Approcher d'une vérité oblige à quelques précisions, ici et maintenant.

« La précision, c'est comme une exigence topographique, comme une sorte de géographie nécessaire où se dessinent des chemins, exactement des chemins de traverse : reste alors à choisir de les emprunter et de les croiser. C'est ce que j'ai proposé dans ce travail ». Je rappelle l'ancien sous-titre du livre : Concept, image, nudité.

L'autrice revient sur les chemins de la promesse conceptuelle du mot « genre », problème et solution ; et justement, les excès du genre signalent cette complexité. Un concept seul ne suffit pas, il y a d'autres concepts utiles. Les uns et les autres ne sauraient s'invalider.

Geneviève Fraisse discute de certains mots comme stéréotype et le risque de s'enfermer dans l'invariant. Elle propose cliché, « le cliché dit bien l'image mais n'en fait pas une substance », des images qui se répètent. L'autrice choisit aussi de « planter un nouveau repère lumineux », une image positive, le « modèle ».

Stéréotype, cliché, modèle, mais il ne faut pas oublier d'autres mots comme préjugé, ce qui dispense de penser, pré-jugé…

Les mots et la nudité des femmes, la nudité politique (pour rappel : La nudité politique des femmes n'est pas érotique) ), le corps nu des femmes, l'allégorie de la vérité, les révoltes du corps collectif aujourd'hui et son inscription dans les sentiers balisés du temps, « La nudité politique dit deux choses : la reprise, par les femmes, de leur corps, d'un corps, d'un corps sexuel qui sait aussi être porteur de signes, de langages ; et l'affirmation que le corps individuel est un corps collectif maltraité par les dominants, impensé de l'histoire des derniers siècles ». Un corps, un corps collectif, le multiple coexistant et s'opposant à l'un (« une alternative à ce qui se nomme « queer » aujourd'hui »).

Le corps, la raison, la politique, l'affrontement aux images, le geste subversif, une nouvelle représentation du monde, « les sexes font l'histoire »…

Comme le souligne l'autrice, « la sexualité et l'égalité ne font jamais consensus, et débordent toujours des discours ». Penser l'émancipation ne peut se réduire à analyser les dominations. Il nous faut des idées fortes pour parcourir les champs de la pensée. Elle propose ici le concept, l'image et la nudité.

« Toujours se remettre au travail »…

Lien : https://entreleslignesentrel..
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Geneviève Fraisse (née en 1948) est une philosophe française de la pensée féministe. Elle a publié cet essai en 2014. Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre du livre, elle ne s'oppose pas à la théorie du genre, elle analyse d'une manière critique à quoi renvoie les mots sexe et genre. Elle se penche aussi sur la nudité, en évoquant notamment les militantes Femen. L'ensemble a été un peu abscons pour moi et je ne crois pas en avoir retiré la substantifique moëlle.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Car l’excès est inhérent à la pensée de la sexuation du monde et à la pratique de l’égalité des sexes. Le féminisme est par lui-même excessif, pour deux raisons simples : il parle de sexualités, il combat les inégalités. Il fait donc face à deux tabous ; rien ne sert de le nier
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L’image semble posée dans le ciel des représentations comme un « en soi », et cette image est toujours habillée de son carcan, le stéréotype
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La nudité politique dit deux choses : la reprise, par les femmes, de leur corps, d’un corps, d’un corps sexuel qui sait aussi être porteur de signes, de langages ; et l’affirmation que le corps individuel est un corps collectif maltraité par les dominants, impensé de l’histoire des derniers siècles
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La précision, c’est comme une exigence topographique, comme une sorte de géographie nécessaire où se dessinent des chemins, exactement des chemins de traverse : reste alors à choisir de les emprunter et de les croiser. C’est ce que j’ai proposé dans ce travail
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Résister à la tentation de traiter cette chose à part, et voir ce qui se passe dans la réflexion quand on comprend que cette sexuation du monde est un axe de lecture, au centre, et non à la périphérie de l’histoire humaine, comme du savoir de cette histoire
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Vidéo de Geneviève Fraisse
Comment aimer son corps dans une société qui a longtemps cherché à dissimuler et à modifier celui des femmes ? Comment parler du corps quand sa représentation est toujours sujette à un regard normatif cherchant avant tout à façonner des corps performants et utiles ?
Chantal Thomas, de l'Académie française, est écrivaine et essayiste. Ses livres Souvenirs de la marée basse (2017), de sable et de neige (2021), et Journal de nage (2022) sont des évocations autobiographiques dans lesquelles elle révèle l'histoire de ses sensations et notamment son goût inconditionnel pour la nage et un mode de vie nomade, détaché des servitudes communes.
Geneviève Fraisse, directrice de recherche émérite au CNRS, est philosophe de la pensée féministe. Ses ouvrages La suite de l'histoire, actrices, créatrices (2019), et Féminisme et philosophie, (2020), À côté du genre. Sexe et philosophie de l'égalité (2010), ou encore La sexuation du monde. Réflexions sur l'émancipation (2019) et le féminisme, ça pense ! (2023), réintroduisent le sexe, le genre et le corps au coeur de la pensée philosophique et d'une réflexion renouvelée sur la nécessaire égalité entre les sexes.
Les extraits lus par Ambre Pietri lors de cette soirée mettront à l'honneur le corps, auquel les oeuvres de Chantal Thomas et celle de Geneviève Fraisse assignent une place prépondérante.
La rencontre est présentée par Fanny Arama, docteure en littérature française du 19e siècle.
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