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EAN : 9782226393968
197 pages
Albin Michel (01/02/2017)
2.58/5   6 notes
Résumé :
[LIVRE RELIGIEUX]

"La prière est un coït avec la Présence divine": cette drôle de phrase, tombée de la bouche d'un rabbin ukrainien au XVIIIe siècle, le Baal Shem Tov, est venue tinter un soir à mes oreilles comme un méchant grelot. Pourquoi ? Qu'est-ce que la sexualité d'une prière peut apporter au XXIe siècle, un siècle qui commence par des tueries suicidaires commises au nom de Dieu ? Et que veut-il, ce Dieu, le coït ou la mort ? Dieu voulant toujo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Exergue du livre : « La prière est un coït avec la Présence divine » (Baal Shem Tov, rabbin ukrainien du XVIIIe siècle).

Grâce à mes propres incroyances – que je partage, je crois, avec l'auteure très estimée – j'ai été attiré et non choqué par le titre de ce livre et par l'exergue sous laquelle il se place. Les circonstances de l'actualité : ce qui a tout l'air d'un renouveau des actes meurtriers-sacrificiels perpétrés au nom de Dieu, ont compté pour beaucoup dans mon intérêt pour une démarche de mise en perspective à la fois diachronique et inter-religieuse. Rien de nouveau sous le soleil, donc.
En revanche, ce qui m'a paru véritablement choquant, peut-être par ma plus grande proximité culturelle, ce sont les récits concernant les martyres chrétiennes, en particulier Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila et Christine de Saint-Trond (XIIe siècle), à cause de la profondeur perverse de la conception du mysticisme qui était la leur et celle de leur milieu qui les a béatifiées. J'entends par là non la perversion liée à la chose sexuelle, qui est constante dans toutes les expériences singulières et toutes les traditions religieuses examinées (chrétienté, hindouisme, islam notamment soufi, judaïsme hassidique, sans oublier le paganisme où tout est toujours plus clair, plus logique...), mais la perversion relative aux violences exercées sur soi : mortifications diverses, jeûnes, coprophagie assortie de toute une palette d'autres abjections orales, mutilations, nécrophilie (si je n'ai pas mal compris)... Dès lors, il m'a semblé que les lévitations, transes, suspensions temporaires de la conscience, morts apparentes, balancements de talmudistes et tournoiements de derviches, et même les hystéries pluri-décennales des Ursulines de Loudun au XVIIe siècle étaient, par comparaison, des phénomènes proprets et gentillets...
Autre problématique déconcertante propre à la chrétienté : comment se fait-il que pendant si longtemps, en présence de symptômes et de discours quasi identiques, des circonstances fortuites ont fait de certaines mystiques des saintes et d'autres (sans doute la plupart), des sorcières condamnées et brûlées sur le bûcher ? le seuil était-il donc si étroit, la (re)connaissance collective si incertaine ? Ou bien trop grande la passion moralisatrice – dans un sens ou dans l'inverse ? Comment se fait-il qu'il ait fallu attendre le tournant du XXe siècle rationaliste pour que la dernière épigone de cette lignée malheureuse (la dernière, vraiment?), Pauline Lair Lamotte dite Madelaine le Bouc, soit internée en psychiatrie, où le professeur Janet, successeur de Charcot, analysa à la loupe les effets physiologiques des orgasmes mystiques de sa patiente ? Et là encore : bien piètre science !

Hormis ces considérations personnelles, j'ai apprécié grandement, dans cet ouvrage, qu'une variété de sources aient été traitées de manière à faire ressortir l'unité de la thématique : à part les matériaux historiques, on ressent le poids, dans tout ce qui a trait à l'univers hindouiste, des témoignages et analyses de Sudhir Kakar, avec lequel l'auteure avait co-rédigé un essai, de même que la contribution de Kudsi Erguner en ce qui concerne le soufisme en Turquie ; j'ai beaucoup aimé l'ouverture sur la musique – Oliver Sachs – et sur la littérature – Romain Rolland, le récit de Majnûn et Laylâ, celui de Tristan et Isolde dans sa version wagnérienne – sans oublier la sculpture du Bernin, L'extase de Sainte Thérèse. Une mention spécifique requiert naturellement l'exégèse du Cantique des cantiques, qui fait l'objet d'un chapitre à part (« Unique est ma colombe », pp. 123-131) et comporte un dialogue imaginaire entre Bien-Aimée et Bien-Aimé d'une très grande beauté.
Pour le reste, le texte tout entier est émaillé de la séduisante érudition de l'auteure ; et ça fait du bien, ça permet même d'avaler autant de turpitudes !
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Voilà un livre au titre bien étonnant et qui pour beaucoup doit passer passer pour choquant. Son contenu pourrait ne l'être pas moins.

Quels sont donc ces étranges rapports qu'entretiennent les mystiques de tous horizons avec leurs Dieux ? Sont-ce des rapports sexuels ?
Sous cette forme qui plait tant aujourd'hui voilà un livre qui recense de bien surprenantes vies de Saints, d'étranges relations et comportements entre humains et divinités.

Ils n'apprendra sans doute rien à ceux qui connaissent bien les phénomènes attenants aux envolées mystiques mais pour tous ceux qui les ignorent, ce livre distrayant est une source constante de découvertes.

On peut déplorer peut-être une certaine dispersion sur un sujet qui aurait mérité une plus grande acuité intellectuelle. Les premières pages expliquant comment par une montée de l'énergie à travers les différents centres subtils du corps humain peut se produire l'extase et ce, quelque soit la religion ou le Dieu prié, ouvrent pourtant fort pertinemment l'ouvrage.
Car tel est le but que se fixent consciemment les mystiques de l'Orient, le chemin que suivent inconsciemment ceux de l'Occident. L'ascèse posturale et spirituelle des yogis ne vise qu'à ouvrir la voie à l'énergie de la Kundalini sacrée. La méditation, les privations et les prières des mystiques par ailleurs dans le monde n'ouvrant cette voie que par le renoncement de soi et l'ouverture spirituelle à l'autre. le résultat étant le même : l'extase perçue comme coït et que finalement seul l'esprit commande dans son accession à l'illumination. Jung avait compris toute l'importance de cette remontée de l'énergie sexuelle vers les centres supérieur de l'homme et l'on aurait aimé que l'ouvrage se concentre d'avantage sur cette clé.
Quoiqu'il en soit, ce livre reste une source d'étonnement bien agréable et rare dans le monde actuelle de l'édition.

Un grand merci aux éditions Albin Michel et à Babelio de m'avoir permis sa lecture.
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Dans cet ouvrage, Catherine Clément étudie les relations entre l'amour physique et l'extase religieuse. Elle s'intéresse notamment au tantrisme hindou, à certaines composantes du judaïsme (y compris au Cantique des cantiques), à l'amour courtois (en Occident), à Hallaj et aux derviches tourneurs (en Orient), etc. Mais le plus intéressant concerne les saintes reconnues au sein du catholicisme.
Parmi les saintes particulièrement célèbres, citons-en deux seulement: Catherine de Sienne, qui ne pouvait absorber que l'eucharistie ou… des excréments; et Thérèse d'Avila, qui pouvait léviter et dont les entrailles avaient été "transpercées", de même que son coeur (un fait vérifié à l'autopsie…). On sait que la statue de Thérèse, sculptée par le Bernin, la montre en extase comme dans un orgasme. Il y a eu bien d'autres femmes dont le mysticisme présentait une très nette connotation érotique. Il me semble impossible d'être certain de la véracité des faits rapportés. En effet, le besoin de merveilleux et l'envie de créer des légendes dorées étaient, alors, plus forts que la quête de la vérité objective. Mais alors que dire du cas, concret et récent, de « Madeleine le Bouc » (c'est un pseudonyme) ? Cette femme a été examinée par le physiologiste français Janet, qui a pu constater son excitation sexuelle au cours de ses crises mystiques. A moi, l'explication semble simple: elle est dans Freud, le grand spécialiste de ce qu'on appelait l'hystérie. Cette interprétation était inimaginable avant le XXème siècle.
La position de l'auteure, qui est non croyante, me parait assez ambigüe. Elle détaille l'étonnante proximité de la sexualité et du mysticisme, avec une certaine dose d'humour, mais sans prendre clairement position sur le caractère surnaturel (ou non) de faits objectifs d'apparence extraordinaire. Pour finir, j'ajouterai que l'écriture de Catherine Clément est légère et agréable. Cependant, il me semble qu'elle aurait dû éviter ce titre, un peu trop tapageur.
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Faire une critique, c'est dire ce qu'on pense d'un livre. En bien, en mal...
Mais quand on n'a rien compris, on la rédige comment, cette critique ?

Le sujet est pourtant simple, et envisager la sexualité dans la religion est un sujet intéressant, mais en ce qui me concerne, je suis complètement passé à côté.
Catherine Clément aborde philosophie, religion, sentiments personnels dans un ensemble très documenté, très précis, mais dont le cheminement m'a complètement échappé.
Peut-être me suis-je trop attendu à une structure "conventionnelle", plutôt qu'à une ballade à travers les siècles en regardant avec un voyeurisme nuancé, ces personnages hauts en couleurs, avides de fusionner corps et âmes avec leur divinité...

Rien de fondamentalement osé dans ce livre, même si l'idée de relation sexuelle avec (un) Dieu peut avoir sa part de détracteurs, mais beaucoup de personnages peu connus, et d'expériences étranges.

A réserver toutefois à un public familier de ce type d'étude philosophique et aérienne, ou à relire plusieurs fois. Je reste dubitatif...
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Le sujet était très intéressant, la réalisation frivole.

Se mettant face à un tel thème, un Max Weber eût recensé patiemment tous les exemples pour en tirer des idéaux-types, aurait forgé des concepts si nécessaires et organisé son propos de manière construite. Ici, dans la génération des boomers sympatoches nawako-blablateurs, celle des Derrida ou Cixous (à qui est dédié le livre) ça donne une collection d'exemples narrés avec distance et un humour qui se veut jeune mais est terriblement ringard, un plan inexistant, des sauts du coq à l'âne et d'un siècle à l'autre sans progression aucune dans le propos, bref, une jolie bouillie de conversation mondaine érudite qui pourrait tenir aussi longtemps que les 1001 nuits mais s'arrête à 180 pages parce qu'on dirait que ça serait suffisant pour faire un livre (qui se vend) (une fois le lecteur appâté par le titre).

Evidemment, quand on prend des exemples ici ou là, qui sont tous intéressants, on ne peut pas dire qu'on n'a pas appris des choses ou que certains passages n'ont pas retenu l'attention mais au fond quand on lit Wikipedia et qu'on se laisse aller à suivre des liens diverses à chaque notion qui nous intrigue, on peut aussi passer quelques nuits passionnantes à découvrir pleine de choses et passer un super moment. On attend pourtant d'un auteur qu'il fasse autre chose que du pot pourri ou du patchwork, qu'il ait une organisation de son propos digne du sujet qu'il prétend effleurer (Je ne n'ose même pas écrire 'déflorer', car je suppose que le thème de la sexualité du mysticisme a fait l'objet de nombreux autres textes, et si c'était cela la tentative de dépucelage, l'hymen du sujet ne s'est même pas rendu compte qu'on l'approchait…)
Lien : http://san3tiago.com/faire-a..
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critiques presse (1)
LeMonde
10 juillet 2017
Un brillant essai d’ethnographie romanesque mené d’une plume alerte.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
« Pour les filles, l'idéal de l'amour avec Dieu pouvait et peut encore substituer à la crudité de l'enfantement la cuisson symbolique, et cul par-dessus tête, la passion romantique de la fusion divine sait fabriquer les images possédant l'esprit jusqu'à la dissolution de la conscience. Pas question de touchers physiques avec les doigts caressant le sexe. Mais, à la place, de puissants efforts, des tortures, des souffrances soutenues par une pensée têtue : jouir de Dieu, avec Lui, sans limites, Le posséder, s'incruster, Le détrôner.
Et aujourd'hui ? Sans passer sous silence les malades d'anorexie, les filles torturent leurs corps pour une taille 36, ou bien plongent dans la drogue, ou bien se convertissent brusquement à l'islam pour devenir des épouses subjuguées de "martyrs" terroristes dont elles auront un enfant posthume. À moins qu'elles ne se ceinturent d'explosifs, comme les hommes.
Au croisement du désir et de la dissolution, jaillit une étincelle d'éternité. » (pp. 170-171)
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« Je trouve mes héros mystiques aussi délirants que don Quichotte, aussi dangereux que dom Juan, aussi nocifs que l'Inquisition espagnole ou les faux gourous de l'Inde, mais pourquoi sont-ils entourés d'une telle vénération ? Pourquoi leurs pays respectifs les classent-ils parmi les saints ? Pourquoi tant d'honneurs et de dévotion ? Je ne vois pas d'autres raisons que l'immense prouesse d'avoir fait l'amour avec Dieu en se L'appropriant. Pire, en le criant sur les toits. "Écoutez-moi, vous autres les humains, moi, j'ai séduit Dieu, je L'ai sucé, je suis Dieu." » (p. 66)
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Videos de Catherine Clément (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Catherine Clément
Jérémy Chaponneau, chargé de collection au département Philosophie, histoire et sciences humaines, vous propose un programme de lectures autour des voyages d'Henri Cartier-Bresson : « le Musée du peuple mexicain », Pedro Ramirez Vazquez, Vilo, 1968 https://c.bnf.fr/NKm « La Nuit de Tlateloco », Elena Poniatowska, Éditions CMDE, 2014 https://c.bnf.fr/NKp « Autobiographie ou Mes expériences de vérité », Gandhi, PUF, 1982 https://c.bnf.fr/NKs « Gandhi : la biographie illustrée », Kapoor Pramod, Chêne, 2017 https://c.bnf.fr/NKv « Gandhi, athlète de la liberté », Catherine Clément, Découvertes Gallimard, 2008 https://c.bnf.fr/NKy « Mahatma Gandhi », Romain Rolland, Stock, 1924 https://c.bnf.fr/NKB « Mahatma Gandhi : a biography », Bal Ram Nanda, Oxford India paperbacks, 1959 https://c.bnf.fr/NKE « Histoire de l'U.R.S.S. », Nicolas Werth, Que sais-je ?, 2020 https://c.bnf.fr/NKH « Staline », Oleg Khlevniuk, Gallimard, 2018 https://c.bnf.fr/NKK « U.R.S.S. », Jean Marabini, le Seuil, 1976 https://c.bnf.fr/NKN
En savoir plus sur l'exposition Henri Cartier-Bresson. le Grand Jeu : https://www.bnf.fr/fr/agenda/henri-cartier-bresson
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