Enfant, ne nous dit-on pas qu'il faut toujours écouter ce que nous dit notre maman ?
François-Xavier Dillard nous démontre peut-être bien le contraire…
Un nouveau roman qui prouve avec brio à quel point la violence psychologique peut être dévastatrice, à quel point les stigmates de l'enfance peuvent avoir des répercussions dramatiques sur l'adulte, et à quel point elles peuvent occasionner des cicatrices difficiles à refermer.
En se basant sur un fait divers réel, Dillard tire les conséquences d'un événement horrible et en présente les incidences possibles sur la vie et la psyché des personnages.
Même si ce roman utilise tous les codes et les ingrédients du thriller (prologue choc, chapitres courts, chute inattendue, rebondissements à foison) il s'éloigne toutefois complètement des sempiternelles enquêtes policières.
Ici, nous sommes davantage plongés à l'intérieur des personnages qu'à suivre leurs pérégrinations extérieures. On passe d'un esprit à l'autre, c'est la grande force de ce roman. L'atmosphère pesante et les émotions à fleur de peau nous permettent littéralement de briser le miroir et d'aller au-delà des apparences. Profond, très profond.
François-Xavier Dillard mène bien cette introspection sans que le rythme n'en pâtisse, aboutissant à ce genre de roman qu'il est difficile de lâcher, une fois commencé. Un récit court (280 pages) qui accentue cette sensation d'oppression, même s'il y avait matière à faire plus long. C'est un choix qui se défend parfaitement, le récit étant sans aucun temps mort.
En termes d'écriture, le tout est très efficace, fluide et tourné vers l'intrigue. Rien de révolutionnaire, mais l'auteur utilise à bon escient les outils biens connus des histoires actuelles : flashbacks, alternance de récits à la troisième et à la première personne…
L'idée de faire « parler » la jeune fille du protagoniste principal est l'une des bonnes pioches du livre. Une vraie qualité, mais aussi paradoxalement le petit bémol du roman, à mon sens. Les passages issus de la bouche d'une fille de 12 ans sonnent en effet un peu trop matures (même si cette maturité peut effectivement s'expliquer par son vécu). Un plus grand décalage de langage aurait sans doute accentué l'effet recherché.
Cette petite réserve ne gâche clairement pas le plaisir de cette lecture qui est un véritable voyage aux frontières de la folie (et au-delà…).
François-Xavier Dillard : un autre très bon faiseur d'histoires comme Fleuve Éditions en a le secret.
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