Un bébé va se sentir drôle parce que le plus grand que lui qui le regarde va lui signifier qu’il est drôle. Comme pour beaucoup d’autres choses dans la vie, nous ne sommes pas tous égaux devant le rire. Les bébés qu’on encourage vont prendre confiance. À l’inverse, ceux qui se heurtent à un « public » difficile vont assez vite se décourager et considérer que l’humour est un jeu trop risqué et trop aléatoire [...] il y a de fortes chances que votre progéniture abandonne vite toute velléité humoristique si vous êtes difficiles à dérider. Ayez foi en lui et dites-vous que peut-être que les parents de Picasso trouvaient ses dessins vraiment ratés (« oh comme c’est beau, mon chéri, comme elle est jolie cette dame orange et verte avec trois yeux et deux nez »).
Autant il est fréquent de se faire punir si on insulte quelqu’un verbalement, de même que si on l’agresse physiquement, autant utiliser l’humour pour ridiculiser quelqu’un est socialement accepté (même si moralement discutable), notamment chez les adolescents [...] À tel point que bien des épisodes de harcèlement scolaire commencent par ce que les agresseurs appellent de l’humour mais que les agressés appellent de la malveillance.
L’humour est l’affaire de chacun. Il est un regard sur le monde, une invitation à faire un pas de côté, une opportunité d’exprimer sa façon de penser, une soupape de sécurité et une hygiène de vie. Comme l’amour, moins on le
fait, moins on a envie de le faire.
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Selon nous, il en va de même en humour qu’en amour. Moins on pratique, plus tout nous paraît ultra choquant : un baiser, un téton, deux amoureux qui se tiennent la main… une blague, un jeu de mots, une caricature...
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Faire le choix de rire de sa condition, plutôt que d’en pleurer, permet de regarder les choses sous un autre angle, d’avoir le sentiment de reprendre un peu le pouvoir sur elles. En gros, rire plutôt que subir.