AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782246614814
461 pages
Grasset (03/09/2003)
3.84/5   132 notes
Résumé :
Quand on habite un village paumé où il ne se passe jamais rien, il faut bien écouter les gens alentour, laisser se faufiler l'imagination, rêver à d'impossibles ailleurs. A fortiori quand on vit à Farrago, petite cité californienne sans éclat et guère folichonne, partagée entre l'église et l'épicerie, a fortiori encore quand on se nomme Homer, aspirant aux odyssées merveilleuses. Tel est le cas de ce f... >Voir plus
Que lire après FarragoVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
3,84

sur 132 notes
5
7 avis
4
3 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
Welcome to Farrago,
Far away, long ago
Farrago
Far away, long ago
I'll be missin' Farrago
Somethin's a' singin'
Somethin's a' cryin'
Somethin's a' callin'
Far away, long ago...

Je débarque à Farrago, en cette année 1973, triste bourgade de Californie du Nord, avec cette musique qui vole dans ma tête comme un air des Doors ou des Rolling Stones. Voulant rejoindre la côte, j'ai atterri dans ce trou perdu d'une Amérique pas si profonde à quelques tournants de la côte bourgeoise et cossu du Pacifique. Je suis entré dans un bar comme souvent dans mes histoires, me suis accoudé au comptoir comme toujours, l'esprit embrumé par ce type Nixon qui se prend pour le président, cette guerre du Vietnam qui n'en finit pas, et ce camion-citerne qui a déchargé sauvagement son liquide visqueux et marronnasse dans la rivière avant d'entrer dans la ville. Diabolus in Musica dans le jukebox, et un gars du coin, pas franchement des plus finauds mais dont je perçois sa sympathie, son honnêteté et son humanisme. Homer Idlewide. Il me rappelle un autre Homer, pas celui de l'Iliade, non celui qui travaille dans une centrale nucléaire dans une ville voisine. Homer et ses vrais amis, Faust, Duke, Elijah. Une bande de pieds-nickelés, ni propres ni méchants, à qui le burlesque et le rocambolesque troublent la quiétude trop imparfaite de cette petite bourgade.

L'odyssée d'Homer s'apparente à une vaste promenade à travers les montagnes et les hauts plateaux, pour philosopher de l'écologie, de la justice, de la politique ou tout autre sujet de société qui a amené ses compagnons à fonder une sorte de club des 5 pour les laissés-pour-compte et les paumés. 5 ? Oui, tu sais encore compter, puisqu'au milieu de ces types farfelus, Homer, Duke, Elijah et Faust, s'invite l'amour d'Homer, Ophelia, une pute qui travaille dans la maison de joie de la ville, avec des seins si spirituels que les caresser apporte autant de joie et de sérénité qu'une confession et un Je-vous-salue-Marie-pleine-de-Grâce-et-bla-bla-bla. Une prostituée qui, par amour pour Homer ou pour l'enfant qu'elle porte en elle, serait prête à envisager une reconversion, voir à épouser ce bon-à-rien d'Homer pour peu qu'il arrête un peu ses conneries et qu'il pense à autre chose que de glander avec ses potes ou de se masturber les méninges avec les autres filles du bordel.

Si les catastrophes s'avèrent presque prévisibles, comme pour un épisode des Simpson, suivre les errements de ces doux dingues à travers les montagnes les hauts plateaux la décharge le bordel permet de s'interroger sur la nature de l'âme humaine. Et sur les choix à faire. Celui de rester un oublié de la vie, ou celui de se construire sa vie – certains diraient sa légende personnelle mais je ne suis pas dans un roman de Paulo Coelho – d'en devenir l'acteur principal, le héros même, tout en gardant les pieds sur Terre – même si on a déjà marché sur la lune.

La lune, les étoiles qui scintillent dans le ciel. Soudain une étoile filante a zébré les ténèbres. Je fais un voeu et sors de ce bar où je perds mon temps à m'abreuver d'un whisky qui me déconnecte certains neurones, ceux de l'intelligence et de la subtilité en particulier. « Je souhaite avoir un destin, j'ai murmuré. Je souhaite vivre une histoire qui fasse de ma vie un destin. »

« Farrago », far away, long ago.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
Commenter  J’apprécie          353
Quel livre étrange ! On se retrouve largué au milieu de nulle part, à Farrago, à se demander ce qu'on va bien pouvoir y faire le long de toutes ces pages. On s'installe, on parcourt les lignes au rythme nonchalant des personnages. On se servirait presque un verre pour participer aux discussions absurdes de prime abord, philosophiques dans le fond entre Homer et Fausto. On s'allonge pour contempler les nuages. On se perd dans les sentiers de montagnes...
Ce livre produit un drôle d'effet. Une ode cachée à la lenteur et à l'importance des choses simples. Laissez-vous entraîner !
Commenter  J’apprécie          300
Excellent ! Ce livre est une encyclopédie du destin, une ode à la fainéantise et à la truculence, un traité sur l'amour et l'amitié. C'est un de ces rares romans où l'auteur réussit le coup de force d'allier une écriture simple mais de qualité à un récit d'une infinie richesse. Je me suis régalé !!!
Commenter  J’apprécie          230
Farrago, Farrago, Farrago...
Farrago c'est à la fois une bourgade de Caroline du Nord, un grand roman américain, que dis-je une véritable épopée américaine écrite par un "froggie", et le théâtre des tribulations de personnages loufoques et hauts en couleur.

A Farrago on se sent bien, on y déambule un peu comme dans un western, ou comme dans un village oublié du progrès avec en toile de fond le bordel, le shérif, le prêtre, l'ancien esclave, le bourbon et la bière, les errances et surtout les adages profonds et simples que distillent tout ce joli monde...

Le narrateur Homer prend tout et nous présente son monde, le shérif à sa poursuite, le moraliste et contradictoire révérend Poach, Duke, son ami noir qui vit dans une décharge, Elijah, le rêveur et bougon forgeron, Ophélia, la belle rousse qui tapine au bordel, Fausto, l'épicier-philosophe, Nand, l'astronome et météorologue indien... Et tout ce canevas bigarré hissent Homer, l'orphelin, le vagabond, vers lui-même, vers sa propre réalisation, vers l'accomplissement du laissé-pour-compte en homme fort et responsable.

Il y a un peu de Faulkner, de Steinbeck, de Fante dans ce grand roman français-américain mais aussi de Molière ou de Zola dans la peinture des lieux et des acteurs, une vraie réussite si tant est qu'il est douloureux de quitter ces si attachants personnages en tournant la dernière page.
Commenter  J’apprécie          130
Voilà un petit roman qui raconte la vie d'Homer Idlewilde. Nous sommes en 1973, dans une bourgade perdue de la Californie. Nous sommes dans l'Amérique profonde. C'est fabuleusement bien écrit, on sent le vent, l'onde marine, la terre sèche, le soleil craqueler la pierre. Les digressions du personnage, son regard accompagne notre lecture. Il y a du Tom Sawyer dans cet Homer là, il ya la truculence des personnages de Steinbeck, avec une pointe d'humour à la Chaplin, l'ambiance sirupeuse de Faulkner. C'est une fable, c'est une île ou chaque lecteur peut venir s'échouer sans soucis.
Voilà une vieille lecture dont je garde encore le goût sur l'iris, sur le palais. Et ce palais là me raconte encore une histoire… Il était une fois…
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Les industriels et les hommes politiques font semblant de croire que les Américains sont un peuple de grimpeurs. Tout le monde doit aspirer au sommet, tout le monde doit monter, monter, monter, ce qui revient à monter sur les autres, à prendre appui sur eux et à les écraser, à escalader une montagne d'hommes et de femmes entassés pour planter son drapeau personnel à l'arrivée. Ça, c'est la pyramide hiérarchique, a dit Fausto. Et celui qui n'est pas un varappeur dans l'âme, celui-là est considéré comme un moins que rien, un raté, un parasite, même si, pour gravir cette foutue montagne, il faudrait déjà qu'il sorte du trou, et qu'il ne possède même pas d'échelle pour se tirer d'affaire.
Commenter  J’apprécie          240
"Plus tard dans la journée, tandis que je me lavais dans la rivière, j'ai compris, je crois, le fond du problème. Ce n'est pas la vie qui compte, c'est la manière de la raconter.
Ophelia, comme moi est orpheline. A quatorze ans, elle travaillait comme une bête de somme dans une blanchisserie d'Oakland. Puis, elle a passé un an dans une maison de correction avant de se retrouver à la rue. Ophelia a beaucoup souffert et continue sans doute de souffrir, mais elle n'a pas les mots pour le dire. Elijah aussi a connu la misère. Dans son enfance à cause de ses absences intérieures, il était la tête de Turc de ses camarades de classe. Après avoir quitté l'école, du fait de ces mêmes absences, il n'a jamais réussi à conserver un travail, et s'il n'avait pas hérité sa maison de sa grand-mère, Dieu sait où il en serait aujourd'hui. Mais ni Ophélia ni Elijah n'ont les mots pour dire ce qu'ils ont vécu. Quand je les écoutais décrire leur passé, je me disais qu'ils avaient vécu des coups durs et je compatissais, mais je n'en tirais pas d'enseignements.
C'est incroyable, j'ai pensé, en me frottant dans la rivière à l'aide d'un bout de savon, la plupart des gens traversent de grands malheurs et enchaînent les coups durs, ils triment comme des bêtes de somme et trimbalent un tas de souvenirs accablants, mais quand on les écoute parler, on s'aperçoit qu'ils sont incapables de voir clair dans leur souvenirs et d'y mettre de l'ordre, comme s'ils avaient toujours vécu dans une sorte de brouillard."
Commenter  J’apprécie          80
« Comment on va l’appeler ? » a dit Ophelia en se tournant vers moi.
Elle souriait d’un air mi-gai, mi-triste.
« Oui, tiens, comment on va l’appeler ? Mais d’abord, pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais enceinte ?
- Tu n’avais qu’à deviner ! s’est exclamée Ophelia et ses tâches de rousseur ont commencé à flamboyer.
- Et tu es sûre qu’il est de moi ? »
Ophelia m’a regardé comme si elle voulait me tuer. Ma question l’avait terriblement offensée. Pendant quelques secondes, elle s’est mordillée les lèvres, et puis soudain, elle m’a giflé.
Commenter  J’apprécie          162
Aller au bordel, c'était pour moi toute une histoire. Pour la plupart des hommes, aller au bordel ne pose aucun problème, sinon qu'ils doivent mentir à leur femme et prétendre qu'ils vont jouer aux cartes chez un ami ou qu'ils ont une course à faire. Moi, je devais m'y prendre des jours à l'avance afin de réunir la somme nécessaire. Puis, je devais me laver, passer chez Abigail Hatchett et lui demander poliment la permission d'utiliser sa machine à laver, attendre que mes vêtements soient secs, me raser, me peigner, et recompter mes sous pour être sûr d'avoir la somme nécessaire.
Commenter  J’apprécie          140
_ Il faut avoir la haute main sur ses rêves, a dit Nand. On ne doit pas les laisser prendre le dessus, parce qu'au fond, les rêves sont en nous comme des étrangers. Même quand ils sont animés des meilleures intentions, ils demeurent prêts à tous les sacrifices pour parvenir à leurs fins, et s'il le faut, ils détruiront sans la moindre hésitation l'être qui les porte en lui-même, l'homme qu'ils inspirent et qui les nourrit en son sein. Seul compte l'accomplissement de leur destin. Nous pouvons appartenir à nos rêves, nous pouvons nous abandonner à eux corps et âme, mais jamais un rêve n'a appartenu à personne."
Commenter  J’apprécie          120

Videos de Yann Apperry (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yann Apperry
Yann Apperry, l'auteur de Ottoline et le Vétérinaire des monstres, lauréat de la Pépite fiction juniors, revient sur sa journée au Salon du livre et de la presse jeunesse en Seine-Saint-Denis.
autres livres classés : Californie (États-Unis)Voir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (314) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3650 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..