Faut-il avoir peur du diable ?
Les ponots de ma génération se souviendront de mon collègue Paul Amet, agent général d'assurances en face de la grande poste. Il a eu trois fils qui ont fait une carrière exemplaire : les deux jumeaux, Jean (1928-2014), préfet qui a terminé à la Cour des comptes ; Henri (1928-2015), jésuite puis Robert (1931-2014) général de gendarmerie. Henri est l'auteur de l'ouvrage ci-dessus publié aux Éditions Nouvelle Cité.
L'auteur, exorciste du diocèse de Lyon, aurait pu citer
Lénine « les faits sont têtus » car il ne s'arrête qu'aux faits. La science et la théologie ne devraient pas s'opposer mais se compléter écrit-il. L'exorciste n'est pas un travailleur social ni un psychologue. Les consultants, des croyants qui appartiennent parfois à d'autres religions monothéistes ou athées, se disent victimes de la sorcellerie ou possédés. La mission d'
Henri Amet consiste à écouter fraternellement ces témoignages d'accumulation de malheurs. Ces victimes du « paranormal », de perceptions extrasensorielles, etc., ont été ancrées dans leurs angoisses par des charlatans. Les anecdotes citées facilitent lecture et compréhension. Si le titre du livre est accrocheur, se dévoile la terrible réalité de personnes en déshérence matérielle, spirituelle et psychologique.
Il les conseille, leur rappelle que Dieu est amour et non justicier. Connaissant ses limites de compétences, son premier devoir est de dire aux victimes, névrosées ou trop scrupuleuses, qu'elles ne sont pas possédées et de les aiguiller vers la médecine. Une collaboration nécessaire avec en premier la famille, des professionnels laïcs et des religieuses cloîtrées pour la prière, n'exclut pas les échecs. Prier car ce n'est pas le prêtre qui délivre mais Dieu.
Satan existe-t-il ? Non pour les scientifiques, oui suivant l'enseignement multi-séculaire de l'Église et rappelé par
Vatican II. L'auteur écrit ne l'avoir jamais rencontré dans les huit années d'exercice de sa mission et n'avoir pas exorcisé plus de quinze fois sur deux mille rencontres.
Le récit est alerte et l'auteur, conscient de son impuissance, ne s'embarrasse pas de digressions théologiques. La lecture apaisante de ce livre s'appuie surtout sur la Bible. Il faut aller jusqu'à la dernière ligne pour trouver la réponse à la question posée dans le titre !
Henri Amet : de vieux souvenirs d'adolescents au lycée Charles et
Adrien Dupuy quand, jeune scolastique à Vals, il s'occupait de nous.
Christian de Seauve