Une compilation provocatrice, dans le style qu'affectionne le pamphlétaire.
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Paris, le 20 avril 1995
Mme Bernadette Chirac
Hôtel de Ville
Bonjour Grande Reine républicaine et cousine,
Vous avez tenté en vain de me joindre au téléphone, et moi je tente sans succès de vous atteindre depuis le meeting sur la jeunesse où nous nous sommes entrevus. J'ai tant de choses à vous dire que tous les jours ce retard me paraît peser le poids du monde. Quand puis-je vous rendre visite ? Êtes-vous libre pour un thé prochain ? À chaque fois que je vous appelle, j'entends bien la musique de la mairie de Paris, mais jamais celle de votre voix.
Donc, je vous donne mes téléphones : 45 00 13 94 ou 44 17 99 32. Je sais que vous êtes glorieusement submergée. Nous n'étions pas bien nombreux en janvier pour soutenir Jacques Chirac, et j'imagine innombrables ceux qui, aujourd'hui, se pendent à votre sonnette. Je serai chez moi en fin de journée espérant votre appel.
En respectueuse affection,
Jean-Edern HALLIER
Monsieur le Trésorier,
Apprenant qu'un huissier du Trésor, monsieur Henri Quivoron, était venu pour saisir mes meubles personnels dans la propriété de ma fille Arianne, à Briec-sur-Odet, je m'indigne de cette démarche.
(...) Ce n'est pas tout : cette propriété est la demeure sacrée de ma mémoire d'écrivain. Elle sera changée un jour en musée.
(...) C'est au château de la Boissière qu'a commencé la révolte du timbre, celle des Bonnets rouges. Quand on a voulu y porter atteinte, les percepteurs et les trésoriers ont été pendus. Un peu de souvenir de l'histoire bretonne, messieurs. Je ne voudrais pas qu'une telle extrémité puisse vous arriver.
(...) En attendant votre levée et vos excuses, je vous prie de recevoir, Monsieur le Trésorier, toute l'expression de ma sympathie attristée.
À Monsieur Patrick Lelay, TF1, le 1er septembre 1995
Cher immense président, excellence suprême du saint-empire cathodique et apostasique.
C'est tout de même très énervant de ne pas vous entendre. Je vous ai appelé un million de fois, et même plus. Nous allons finir par nous battre en duel en haut de la tour de TF1 — ou sur le gazon de votre préférence.
Ce n'est pas la question de l'émission, dont je peux à la rigueur me foutre. Ce sont nos relations personnelles, fraternelles et bretonnes qui sont en jeu.
Parlons-nous. Voyons-nous dès que possible. Je suis sûr qu'il y a un moyen de s'accorder — et s'il n'y en a pas, ce n'est pas dramatique, que je sache. Vous n'avez pas à vous cacher derrière votre puissance comme un enfant fautif. Je suis, et je resterai votre ami.
Jean-Edern HALLIER.
LES PROVOCATEURS #4 : Jean-Edern Hallier