Ce sont plusieurs couples qui défilent sur scène, mariés, non mariés, jeunes ou plus mûrs. Une seule constante : les hommes se comportent mal envers les femmes. Ils sont certains de leur bon droit et surtout de l'impunité que la société leur accorde. « le domicile conjugal est plus dangereux qu'un parking souterrain. » (p. 43) Ils ont réponse à tout, surtout s'il s'agit de faire taire leur compagne. Ce sont des vieux pontifiants, des insolents cyniques, tout simplement des merdeux, toutes générations confondues. Entre eux, ils sont complaisants, tous complices d'un système qui donne toujours raison au mâle. Quant aux femmes, elles ont beau raisonner, tenter de faire compatir ou valoir leurs droits, elles sont systématiquement frappées, broyées, écrasées, décrédibilisées. « Les mortes reviennent nous parler, non sans humour et poésie, de la cruauté, mais aussi du ridicule de l'homme violent, du prédateur, du pervers narcissique qui déstabilise sa femme et la fait passer pour une folle. » (p. 5)
Vous trouvez que c'est un peu fort ? Que l'autrice exagère et que ces violences sont impossibles, fantasmées, inventées ? Je n'envie pas votre naïveté : ces violences sont non seulement réelles, mais tristement banales. Alors si vous voyez une femme dans la rue avec des chaussures (pas des chaussettes, des chaussures !) dépareillées, avant de vous moquer de sa bizarrerie, demandez-vous si elle ne déambule pas ainsi parce que son conjoint a jeté un soulier de chacune de ses paires pour l'empêcher de sortir... « J'ai choisi de pouvoir rire de ce sujet grave, d'un grand rire de résistance, car à l'origine de toute violence il y a la peur et l'ego ridicule, grotesque et détraqué, d'une personne. » (p. 5)
Cette courte pièce rejoint mon étagère de lectures féministes. Et plus que jamais, elle conforte ma certitude de croire les femmes qui témoignent de violences domestiques.
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Dans le cadre de l opération masse critique de @babelio, j ai eu la chance de recevoir cette tragédie grotesque qui met en avant l absurdité du comportement des hommes coupables de violences faites aux femmes et aux enfants.
Je remercie les éditions Triartis pour cet envoi sur un sujet de société qu'on ne peut ignorer : tous les 2 jours une femme meurt sous les coups de son compagnon, conjoint, amant.
Parfois, la femme ne suffit pas et l'enfant est emporté lui aussi ... quoi qu'il en soit, il sera victime.
Je cite l'autrice : j'ai choisi de pouvoir rire de ce sujet grave d'un grand rire de résistance, car à l origine de toute violence il y a la peur et l'ego ridicule, grotesque et détraqué, d'une personne.
Plusieurs scenettes sont présentées. Plusieurs situations. Certaines sont si absurdes qu'on oublie qu'il s'agit de témoignages (50 SMS sans réponse aboutissent à un matraquage...), un gynécologue abuseur de la détresse de femmes, les paroles diminuantes, maltraitantes. Les derives des cerveaux : partager jusqu'à un enfant avant de disparaître.
Car chaque fois, il y a de la lacheté.
Et ces femmes qu'on fait parler d'outre-tombe ... poignant.
Merci de leur donner une voix, merci de publier l'indicible et de trouver une autre façon de mettre en lumière ce fléau.
Peut être alors ouvrirons nous le yeux sur l urgence d agir et protéger.
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J'ai un avis plutôt mitigé sur cette lecture,mais je remercie déjà babelio ainsi que la maison d'édition Triartis pour l'envoi de cette oeuvre. Je l'ai sélectionnée dans la masse critique car le sujet me plaisait beaucoup. On parlera ici, plutôt sous forme de pièce de théâtre, de la violence envers les femmes, aussi physique que moral, par leur mari, compagnon, copain, ex... Cet ouvrage a des côtés très réels avec des situations qui peuvent arriver à n'importe quelle femme, ce qui touche d'autant plus, et avec un langage très courant voire familier, une manière de parler très orale, ce qui ajoute de la réalité à l'oeuvre. Cependant c'est aussi ce qui m'a un peu déplu. Je me doute que le but de l'auteur était de se rapprocher le plus de la réalité cependant je m'attendais sans doutes à une écriture plus "travaillée". Il est aussi très court, ce qui peut pour certains être un frein dans "l'appréciation" de l'oeuvre. La fin, sans entrer dans des détails morbides, est cependant assez brutal et choque, mais je l'entends dans le bon sens du terme. Il y a cependant des passages où des femmes mortes sous les coups de leur mari/conjoint prennent la parole. J'ai plus apprécié ces passages que les pièces en elles-mêmes, probablement dû au texte plus poétique. Cela reste un ouvrage touchant qui traite d'un sujet extrêmement important et méritant davantage de sensibilisation. A mon goût ce livre a été trop court et pas assez approfondie, mais comme je l'ai c'est une question de goût !
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J'ai eu du mal à mettre un nom sur ce que je subissais, maintenant c'est trop tard. Je n'avais pas envie de mettre les mots de tout le monde sur notre histoire singulière.
Pour retarder la honte.
Puis j'ai été bien obligée de les employer pour me faire comprendre.
J'ai eu honte.
Une violence verbale d'abord, puis physique, mais pas des coups, des bourrades, des secouages, des bousculades, et des objets, de la nourriture qui volaient aux quatres coins de la cuisine.
Mais, surtout, il m'avait phagocyté en douceur comme un gros globule blanc absorbe un microbe.
Il brouillait tellement tout que je vivais dans le brouillard, je ne voyais plus la route. Une route glissante qui menait tout droit dans le trou.
A chaque éclaircie, je lévitais sur un nuage que je prenais pour un présage.
On était toujours dans le flou, même lui je le voyais flou.
On raconte tellement de conneries sur l'amour, toutes ces histoires de prince charmant qu'on vous oblige à lire dès que vous ne marchez plus à quatre pattes.
Des types qui vous embrassent pour vous réveiller au lieu de vous laisser dormir. Qui vous emmènent sur leur cheval pour aller vous enfermer dans une prison dorée, ou dans une HLM avec un ascenseur qui tombe toujours en panne.
Je n'arrivais pas à mettre un nom sur ça, l'emprise.
Quand on est dessous, on ne la voit pas, on pense que c'est ça, la vie, un ciel bas, si bas parfois qu'on pourrait s'y pendre.
« Les mortes reviennent nous parler, non sans humour et poésie, de la cruauté, mais aussi du ridicule de l'homme violent, du prédateur, du pervers narcissique qui déstabilise sa femme et la fait passer pour une folle. » (p. 5)
« J'ai choisi de pouvoir rire de ce sujet grave, d'un grand rire de résistance, car à l'origine de toute violence il y a la peur et l'ego ridicule, grotesque et détraqué, d'une personne. » (p. 5)
Avant ils nous faisaient enfermer à l'asile. Maintenant, c'est l'enfer à domicile.