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EAN : 9782259308083
384 pages
Plon (27/10/2022)
3.8/5   20 notes
Résumé :
Julia Guzmán, fille d’un républicain espagnol mort pendant la guerre civile, agit avec la même ferveur qui habitait son père autrefois. Il lui a légué la mission de ne jamais faiblir dans la lutte contre le fascisme. C’est donc avec détermination qu'elle s'engage au lendemain de la guerre dans la cellule communiste de la place d'Italie pour porter les idées du camarade Staline. Elle est accueillie par un certain Sergueï Dimitrov, membre très actif du Parti, mais mal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le père de Julia, un républicain espagnol, est mort au combat en 1937 ; son beau-père a été tué par les nazis. A la fin de la guerre, elle a obtenu son bac et a intégré une école de journalisme. En 1951, elle adhère au Parti communiste. Un mois après son engagement, elle participe à sa première réunion. Celle-ci se déroule avenue d'Italie, dans l'appartement de Sergueï et Émilie Dimitrov.


L'homme est sensible à la beauté de la jeune fille, aussi, il désire faciliter son intronisation et espère la séduire. Lorsque Julia indique qu'elle cherche une chambre à louer, il propose la pièce qu'Emilie a transformée en atelier de création. Contrairement à ses attentes, les deux femmes se rapprochent. le séducteur patenté est évincé par les charmes et la sensibilité de son épouse. Julia et Emilie entament une liaison clandestine. Lorsqu'il l'apprend, il se venge de la pire des manières. Décidé à faire mal, il n'appréhende pas que son acte monstrueux pourrait le mener à sa propre perte. En effet, lui aussi, cache des secrets.


Fièvres rouges est une immersion dans le militantisme communiste des années 50. Au départ, en raison de mon fort attachement à Julia et à Emilie, je m'identifiais à elles, oubliant que je ne partageais pas leurs idéaux. En effet, l'auteure parvient à nous plonger dans le contexte de l'époque, avec les attentes et les espoirs, quand les barbaries staliniennes n'étaient encore pas connues. Ma haine se dirigeait, naturellement, contre les ennemis des deux amoureuses. Je condamnais les trahisons de ceux-ci de manière émotionnelle.


Or, les personnages ne sont pas manichéens. Des êtres détestables se battent au nom de la liberté, d'autres luttent pour leurs espérances, avec sincérité et générosité, sans percevoir que leur cause contient des failles. Aveuglés par le manque d'informations, leur loyauté irréprochable engendre des drames terribles. Ce roman démontre que seuls les actes d'une personne révèlent sa personnalité.


Un des axes de ce roman est, justement, le culte de la personnalité de Staline. Il montre de quelle manière, il a pu se propager. Les Communistes français n'avaient pas le recul de l'Histoire. Les purges, l'Horodamor (que j'ai évoqué dans une précédente chronique), etc. n'étaient pas connus. Les partisans adhéraient à une doctrine à laquelle ils croyaient avec ferveur. Julia, Emilie et leur amie Betty sont touchantes, car elles sont exaltées par une fièvre de justice. Leurs actions sont motivées par l'envie d'un monde meilleur.


Une autre thématique est l'homosexualité. J'ai aimé la sensibilité avec laquelle l'auteure s'en est emparée. L'amour qui unit les deux amantes est magnifique. Leurs sentiments sont sincères, elles sont attentives l'une à l'autre, elles s'épaulent et elles sont émouvantes dans leurs différences : elles se respectent. L'une est une maman au foyer, l'autre rêve de carrière et leurs univers se rejoignent. J'ai, aussi, aimé la place de l'amitié et de l'entraide féminine. Ces deux valeurs s'expriment, particulièrement, à travers le personnage de Betty, une infirmière qui oeuvre, à son niveau, pour la condition féminine. Son soutien est essentiel dans les épreuves que subissent les deux héroïnes. En effet, l‘histoire est belle, mais tragique.


Fièvres rouges est le premier roman de Judith Rocheman et, pour moi, c'est un immense coup de coeur. J'ai adoré cette plongée féminine dans le militantisme communiste des années 50, aux côtés de femmes émouvantes et généreuses.


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Julia est la fille d'un républicain, Arturo, mort lors de la Guerre Civile espagnole en 1937. Avant de mourir, le jeune homme demandera à Sacha, son compagnon d'armes, de prendre soin de sa femme et de sa fille Julia. Plusieurs années plus tard, en 1951, nous retrouvons Julia dans un appartement de l'avenue d'Italie, à Paris. La jeune femme a embrassé la cause communiste et participe ainsi à une cellule qui organise ses réunions dans ce logis. Elle y fera alors la rencontre de Sergueï et de son épouse Émilie. Entre les deux femmes va se se créer un amour fort.

Quel roman passionnant je découvre ici. J'ai très peu croisé cette thématique et cette période historique dans mes lectures, et je dois dire que j'en ai beaucoup appris. Il faut reconnaître que Judith Rocheman livre ici un roman très bien documenté mais toujours aidé par un souffle romanesque très fort.

Je ne me suis ainsi pas ennuyée, même si je dois bien avouer que la lecture n'a pas toujours été aisée pour moi. Beaucoup d'éléments sont livrés en vrac, et il faut rester concentré. Mais quelle belle histoire de femmes nous livre ici l'auteure.

Judith nous parle de thématiques très belles, telles que l'amour entre ces deux femmes et leur courage. Cet événement arrive assez tôt dans le roman, je ne vous spoile donc rien. C'est beau et d'une tendresse infinie. Les deux femmes m'ont beaucoup touchée, et l'auteure a su créer deux personnages féminins qui vont porter l'histoire à elles seules.

Elles sont fortes et charismatiques. Tout au long de ce roman, j'ai souvent craint pour elles, en partie à cause de la sournoiserie de Sergueï, personnage fourbe au possible.

La plume de l'auteure est très fluide. Bien documenté et avec un style élégant, l'auteure livre ici un roman qui ne laisse aucun répit à son lecteur. Les indications spatio-temporelles sont présentes régulièrement, afin de ne pas perdre le lecteur.

Un roman historique riche et foisonnant, servi par deux héroïnes très bien dépeintes. Tous les ingrédients d'une intrigue haletante sont présents. Une réussite.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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Julia Guzman, fille d'un républicain espagnol mort pendant la guerre civile, a les mêmes convictions que son père. Dans les années 50, devenue jeune femme , à Paris, elle adhère au parti communiste , convaincue par les valeurs de ce parti et surtout par Staline. Elle va faire la connaissance de Serguei Dimitrov et de sa femme Émilie. le couple va même jusqu'à l'héberger dans leur appartement du 13ème arrondissement.
Les 2 femmes vont tomber amoureuses. Mais dans l'appartement de ce trio, c'est un autre combat qui va se jouer...

Dans ce premier roman, Judith Rocheman nous fait voyager : de l'Espagne à la France, de l'ex U.R.S.S. à l'Angleterre..., elle nous fait traverser l'europe afin de vivre chaque bataille d'un combat interne au parti communiste français mais également russe. L'auteure m'a appris beaucoup de faits des années 50.
De plus, le récit m'a donné l'impression d'être également adhérente au parti tellement je me suis laissée transporter par l'histoire.
D'ailleurs, cette dernière est très intéressante. Elle aborde plusieurs thèmes :
- l'homosexualité. L'amour entre Julia et Émilie est un des sujets majeurs de ce roman. Ces deux femmes sont très sympathiques et elles s'aiment. Ça saute aux yeux. On ne peut que leur souhaiter tout le bonheur du monde
- la dictature. A cette période, les monstruosités que Staline a effectué dans son pays, ne sont pas encore connues. Tout au long du récit, il reste le petit père du peuple. Et les convictions des communistes français sont assez compréhensibles car ils restent sur les bases du communisme de Karl Marx. La naïveté des adhérents est, du coup, logique.
- la traîtrise. Tout au long des chapitres, nous comprenons que les traîtres sont partout et à n'importe quel niveau de la société.

Donc le récit ne nous laisse pas le temps de s'ennuyer. Les personnages sont très bien décrits et bien interprétés. Ils sont soient très sympathiques comme Émilie, Julia ou Betty ( tiens, tiens que des femmes)...alors que Sergueï est vraiment détestable.

Un grand bravo à Judith Rocheman pour ce premier roman. Un immense merci à #NetGalleyFrance et aux éditions Plon de m'avoir permis de découvrir ce roman en avant première.
Foncez dans votre librairie dès le 27 octobre.
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Un premier roman très romanesque et qui se passe dans le milieu militant communiste des années 50.
Nous allons voyager d'Espagne à la France, de l'URSS à l'Angleterre, croiser des personnages historiques (Maurice Thorez et son séjour en Russie, pour se faire soigner, Jacques Duclos qui prend les rênes en son absence. Jeannette Vermeersch, femme de Thorez qui va créer le mouvement des femmes communistes.)
Mais c'est surtout un texte romanesque avec un personnage principal fort : Julia est la fille d'un républicain, Arturo, mort lors de la Guerre Civile espagnole en 1937 et qui a été adoptée par Sacha, un compagnon d'armes de son père. En 1951, elle est apprentie journaliste et adhère au Parti Communiste Français. Et rencontre dans sa cellule militante, Sergueï et de son épouse Émilie. Ils vont l'héberger. Sergueï Dimitrov, membre très actif du Parti, malgré les tentatives de ce dernier pour la séduire, c' est de sa femme, Émilie, que Julia se sent proche. Une idylle secrète naît dans ce monde d'hommes où les femmes n'ont pas leur place.
Dans l'intimité de ce trio sous haute tension, une autre guerre froide se joue. Un combat secret et sans arme qui pourrait bien ébranler les convictions les plus fortes de Julia…
Un roman historique, qui décrit très le climat politique et le fonctionnement du Parti Communiste et son allégeance au Grand Frére, soviétique, le climat social et professionnel pour les femmes à cette époque (Julia va essayer de se faire une place dans les journaux où elle arrive à avoir un poste). L'auteure décrit très bien aussi le climat politique de l'époque (de sacrées scènes de manifestations entre le PCF et des mouvements d'extrême droite)
C'est un roman d'espionnage, avec des intrigues politiques, des secrets, des dénonciations, des filatures. (un rôle très intriguant de Serguei et ses voyages d'études à Moscou)
Un roman d'amour entre Julia et Emilie, la femme de Serguei et le courage d'Emilie de réussir à quitter son mari. Des pages intéressantes sur la création de l' Union des Femmes, par la femme de Thorez, mais une liberté assez relative tout de même, car le parti veille et surveille.
Un premier roman très réussi et qui nous plonge dans une histoire récente de notre pays et de son passé militant. Et qui parle très bien du combat des femmes pour se faire une place dans la société, et assumer leurs choix de vie. Julia est un beau personnage courageux mais les autres personnages, qu'il soient fictifs ou pas sont très bien brossés.

#Fièvresrouges #NetGalleyFrance
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Adepte des romans historiques, je n'ai pourtant pas lu beaucoup d'entre eux concernant ce thème et cette période. Et j'ai appris beaucoup de choses en lisant ce roman très bien documenté. On trouve l'atmosphère des cellules du parti communiste français telles qu'on peut se les imaginer à cette période, début de la guerre froide. On se rend compte immédiatement de la ferveur et de l'engagement militants de ces jeunes recrues du parti, de leur sincérité qui frôle parfois une certaine forme de naïveté…
Les massacres perpétrés par Staline ne sont pas encore connus et j'ai été surprise par la force de l'engagement aveugle de ces militants qui rêvent d'un monde meilleur et ne se rendent pas compte des manipulations mises en place par Staline et les dirigeants communistes qui sont sous ses ordres.

Et au-delà de la peinture du fonctionnement du p arti à cette époque, de l'hypocrisie de certains de ses dirigeants, ce livre aborde le thème de l'homosexualité féminine, sujet tabou à cette époque. Julia et Émilie sont les véritables héroïnes de ce roman foisonnant, dans lequel on se perd un peu parfois tant les détails et les références historiques y abondent. le thème de l'amitié y est également très bien abordé à travers le personnage de Betty, l'infirmière au soutien indéfectible.

Ce roman est très bien écrit, le style est fluide et le vocabulaire très approprié et cohérent avec l'époque décrite. Les personnages sont consistants et on arrive à bien les connaître au travers de leurs comportements. On s'attache au destin des deux héroïnes au cours d'une intrigue qui, peu à peu, pourrait se comparer à celle d'un roman d'aventures.
Judith Rocheman fait ici preuve d'un talent très prometteur.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
p. 76 :
« Les Russes avaient un plan. Le froid, les crampes, la faim s’occuperaient d’elle. Ces renards avaient toutes sortes de méthodes pour atteindre leur but. La laisser croupir dans un camp n’était pas la méthode la plus efficace. Lui arracher les ongles non plus, au moins pour l’instant. Étant donné sa jeunesse et le fait qu’elle était une femme, sûrement plus influençable, elle pouvait certainement servir à d’autres fins. Pour le moment, il fallait qu’elle les craigne. Qu’elle n’ait aucune envie de désobéir. Elle semblait sincère. Un peu naïve et sans doute manipulée par ce Dimitrov. Sa ferveur les attendrit presque, d’ailleurs. Il y avait longtemps qu’ils n’avaient pas rencontré autant de fierté, de passion chez une militante. »
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— Tu t’inquiètes, c’est ça ? Je vois que la demoiselle a besoin d’être rassurée ! Pour tout te dire, ce sera mon dix-septième avortement. J’ai commencé en utilisant des aiguilles à tricoter pendant la guerre, faut dire qu’on n’avait pas accès à grand-chose, à cette époque, mais depuis peu, j’utilise une sonde. Et je n’ai jamais tué personne. Je suis infirmière à la Salpêtrière. C’est un avantage, parce que je peux me procurer en douce de la pénicilline et des curettes, au cas où… Je t’expliquerai tout cela en détail, de toute façon. Tu seras allongée sur le lit de la chambre du fond.
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Tenaillé par la faim, le corps de Julia criait de toutes parts, oppressé par les crampes, et éprouvé par d’insoutenables maux de dos. Elle décida de soulager son envie d’uriner. Peut-être que d’autres douleurs s’en iraient avec elle. Tant pis pour son joli tailleur. Regardant le liquide s’écouler sous elle, la jeune femme sourit en se souvenant qu’elle avait retiré ses bas le matin même. Une intuition, sans doute.
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Fèvres rouges de Judith Rocheman
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