C'est une mélodie juste tombée du ciel
Aux rythmes éternels et à la note hardie
C'est une comédie caressant l'essentiel
Quelques mots pour Babel rallumant l'incendie
Flâner entre les intervalles
Marcher la tête en l'air
C'est un hymne à la vie, des hauts des bas sans fard
Réveillant le regard et chantant à l'envie
Qu'il n'est de tragédie portée par le hasard
Car quand Jacques a dit pars c'est question de survie
Flâner entre les intervalles
Notes tombées du ciel
La consonne amicale a eu un sacré flair
Sans commettre d'impair, se fait instrumentale
La voyelle idéale toujours la tête en l'air
Répond en un éclair d'une voix musicale
Flâner entre les intervalles
Encore un peu et pars
Champagne.
Quelle merveilleuse idée, frère Jacques, d'avoir rassemblé tous ces textes inédits dans un recueil de poésie.
Flâner entre les intervalles et se laisser aller, se laisser emporter, se laisser envouter. Qu'il est bon de se perdre dans les dédales de la vie d'Higelin, de s'y enrhumer dans des courants d'air aux notes aigues, aux notes graves. C'est peut être parce qu'il y a longtemps que je n'avais pas croisé d'alexandrins me faisant vibrer. Trop longtemps aussi que j'avais plus ou moins déserté la poésie classique et ses formes multiples. Ah les mélodies d'un triolet (ma forme préférée) d'un sonnet, d'un pantoum, d'une ballade, d'un chant royal, que je les aime ces sons. Hermétiques à la poésie classique, rassurez vous, rien de tout ça dans ce recueil si ce n'est quelques alexandrins dans des textes où les intégristes de la contrainte ne se reconnaitront pas. Vous imaginez Higelin enfermé dans une forme sans pouvoir s'en échapper à tout moment pour retrouver sa liberté ?
Ici les vers à pieds enivrent le lecteur de leur nectar. Un nectar butiné de ci de là, distillé à grand coups de liberté, à grand coups de rythmes qui vont et viennent, qui cassent comme une vague venant flirter avec le sable. Les chants d'amour tutoient la rage, le désir, l'espoir, la vie, la mort, la sagesse et la folie.
Ici, pas de rimes ou de vers libres. On passe de l'un à l'autre, de l'un sans l'autre.
Oui l'ivresse m'a saisi dès le premier texte « Théâtre ». Quel texte, quel poème !!! Malheureusement trop long (12 pages) pour que je puisse le mettre en citation car je ne me vois pas l'amputer pour n'en mettre qu'un extrait.
Ce recueil est construit en cinq parties où les textes sont répartis selon leur date d'écriture. Années 80, 90 2000, 2010 (jusqu'à 2015) et non datés. Certains d'entre eux ont inspiré quelques unes de ses chansons.
Ah, Higelin avec ses listes de mots, son magnétophone, son cahier et son stylo, toujours prêt à fixer l'inspiration pour ne pas la laisser filer. J'aime.
Higelin se livrant sur papier, je m'imagine comme dans une autre vie avec cette ambiance particulière qu'il me fallait, ces heures au bout de la nuit dans un bar d'Hossegor ou en terrasse à Paris entouré d'un café de mes Camel, du brouhaha du monde ou de musique, de blues avec la guitare qui retourne les entrailles ou avec le piano qui fait vibrer la corde sensible. Je m'imagine croiser tous les Higelin qui trainent, jouer avec les maux… Bref. J'aime.
Monté au ciel
A travers les nuages
Quel heureux présage
D'avoir fait ce recueil avant.
Higelin, quel poète !!!
Alertez les bébés.