Moment difficile, je viens de perdre un de mes héros ...
Bon, d'accord,
Dan Simmons ne me doit rien, même si moi je lui dois beaucoup. Après ses derniers romans type
Stephen King dont l'intérêt premier ou second n'est pas évident, je retrouvais avec un pu délice
Dan Simmons qui se remettait à la SF. Génial ! je rappelle aux lecteurs distraits que les cycles d'Hypérion et d'Endymion, sa suite, sont pour moi les chefs d'oeuvre absolus de cette littérature que j'aime tant.
L'action se déroule en 2035, c'est-à-dire pas très loin de nous. Depuis la Grande Débâcle, tout est chaos dans ce qui fut les nations mondiales globalement, les Etats-Unis particulièrement. Une drogue, le
Flashback, permet de revivre avec exactitude des tranches de son passé, des souvenirs parfaits, et c'est vers un accro au
Flashback que se tourne un milliardaire japonais pour enquêter sur le meurtre de son fils. C'est de l'inspecteur Bottom qu'il s'agit, qui avait enquêté il y a 6 ans sur ce meurtre, mais suite au décès accidentel de sa femme il s'est tourné vers la drogue pour revivre dans le passé, et ne plus affronter ni le présent, ni le futur.
Bon roman policier, une enquête qui défile, etc., bref tout ça colle parfaitement, se lit bien, jusqu'au milieu du livre.
Et là ça dérape. Violemment. Quand l'auteur se sert de son roman pour critiquer le président
Obama, l'accusant d'être à l'origine de la débâcle à cause de son programme de santé qui a ruiné le pays; que les écologistes se sont fourvoyés à vouloir absolument accuser l'homme d'être à l'origine du réchauffement climatique, et que ça a créé des dettes monumentales ; que les nations arabes, caressées dans le sens du poil par
Obama depuis son discours du Caire, en ont profité pour se radicaliser et ont envahi toute l'Europe, qu'elle a soumis à la charria, ainsi que le Canada –c'est ce qui vous menace, pauvres lecteurs, semble nous mettre en garde
Dan Simmons… Et la mise en garde est sévère : elle transparait presqu'à toutes les pages, par la radio d'un vieux routier qui écoute un programme très conservateur, par la discussion autour d'un jeu d'échecs, par les réflexions perdues au coin d'une rue, Nick Bottom, l'inspecteur, finit même par se dire que tous ces gens ont forcément raison…
Oui, c'est ce qui nous menace, et on ne remerciera jamais assez Dans Simmons de nous avoir violés, pauvres lecteurs qui bêtement voulions lire un roman de SF, pour nous ensemencer de ses idées politiques les plus profondes, et de façon aussi grossière, même pas voilées, même pas subtiles. Un peu comme du
Ron Hubbard, quoi.
Non pas que ces idées soient bonnes ou mauvaises, là n'est pas le problème et je pense qu'on peut débattre fortement sur nos économies, le mondialisme, le sens vers lequel sont trainées nos sociétés, et je suis intimement persuadé qu'il ne peut exister de manichéisme sur la question, mais là, tel que c'est fait, la stupidité du récit est manifeste. Pire qu'un blockbuster US… on peut s'attendre aux prochains romans de Dans Simmons : « Fureur Communiste à Cuba », « les Arabes sont méchants », « le Jap nous tenait par les couilles », « Invasion Alien en Iran », « Bigraphie de georges W.Bush, ce grand humaniste. »
Ah oui, j'oubliais de préciser, devinez ce qui nous sauve à la fin ? La République du Texas, si si , qui est vieux jeu j'adore cet extrait : « On est un peu vieux jeu, par ici. On vous laisse presque tout l'argent que vous gagnez, et on vous laisse payer quand vous avez besoin de quelque chose » Ah, libéralisme quand tu nous tiens ! Ces bons vieux Bush, qui n'ont pas dépensé l'argent public en faisant des guerres au Proche-Orient…. Pardon, c'était pour éviter l'Invasion, sans doute…
Allez on termine en toute beauté, avec les remerciements de l'auteur : « L'auteur aimerait remercier son agent et ses éditeurs d'avoir compris ce dont parle réellement le roman
Flashback ».
Ce remerciement aurait dû être posté en préface : « l'Auteur tient à remercier ces cons de lecteurs qui comprendront ce dont parle réellement ce roman : un brûlot anti-
Obama, pro-libéralisme, un concentré de programme électoral maquillé à la sauce roman, avec une pointe de fascisme qui se devine plus que ne se lit, je m'excuse d'imposer de façon aussi mauvaise mes idées, merci pour vos dons. »