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EAN : 9782234091351
320 pages
Stock (29/03/2023)
4.24/5   80 notes
Résumé :
Les bombes larguées par les Autrichiens sifflent sur les cimes de la Carnie, dans le Frioul italien. Mille mètres plus bas, les femmes les entendent et prient pour que leurs hommes soient épargnés. Agata prie aussi. Elle qui a abandonné ses études pour s'occuper de son père malade, elle qui a une maison remplie de livres qu'elle n'a plus le temps de lire depuis que la Grande Guerre a fait d'elle "une porteuse" .
Chaque matin, à l'aube, Agata court vers les en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Fleur de roche de Ilaria Tuti, très beau livre, un récit prenant et poignant. Cela fait un moment que je voulais le lire, je suis heureuse de l'avoir fait.

Juin 1915, la guerre fait rage, dans le Frioul italien, les soldats alpins face aux autrichiens, surnommés les diables blancs. Plus d'hommes valides à Timau, il ne reste plus que des louves exténuées, des louveteaux affamés et des invalides cloîtrés dans leur maison. Si, il y en a un, Francesco, mais intouchable. Un officier s'invite dans l'église et demande des bras pour assurer la liaison, entre les dépôts de la vallée et la zone de la Carnie. le prêtre Don Nereo, hésite, il n'y a pas de voies carrossables menant aux contreforts, ni de sentiers pour les mulets. Il faut escalader ces versants impitoyables pendant des heures et le faire sous les obus.

A la tombée de la nuit, Agata, Lucia, Viola, Caterina, Maria, se réunissent et décident de répondre à cet appel à l'aide, personne d'autre ne le fera et ces pauvres soldats mourront de faim. Elles ont des enfants, des parents alités et une lire cinquante par voyage seront les bienvenus. Aux premières lueurs du jour, elles se présentent munies de leur hotte, aussi vide que leur ventre. Leur tenue : le mouchoir noué dans le cou, les chemises aux manches retroussées, les jupes et jupons superposés, les pelotes de laine qui dépassent des poches du tablier et puis les souliers, les scarpetz traditionnels faits d'un velours noir brodé très léger.

« Nous sommes sur le point de gravir une paroi verticale où se déroule un rituel sanglant, comme lors de l'abattage des cochons avant l'hiver, et nous le faisons comme ces montagnes nous l'ont enseigné. »

Pour la première fois de leur histoire, les hottes qu'elles utilisent depuis des siècles pour porter les nouveaux nés, les trousseaux des jeunes mariées, la nourriture, le bois, vont accueillir des instruments de mort : grenades, munitions, armes, de la balistite et des poudres mais aussi des vivres, des lettres. Elles sont tellement lourdes que les bretelles blessent les épaules. 16 km de lignes de crêtes, avec un dénivelé de mille deux cent mètres d'une montée tendue face à l'abîme.

Ce récit s'inspire de faits et de personnages réels, Ilaria Tuti, nous parle de ces porteuses, qui sous les tirs, la neige, ont soutenu leur armée, commandé par le capitaine Colman, un homme exemplaire. Il était secondé par le médecin Janes. Elles portaient des charges énormes de munitions, de ravitaillement. A la descente, elles ramenaient les blessés, les morts, les vêtements. Elles le faisaient chaque jour, au péril de leur vie. Avec Agata, nous découvrons les conditions précaires des habitants, la peur de l'avenir, mais l'amitié, l'entraide, l'amour de leur pays, les pousse au sacrifice et aux limites de leur douleur. Nous ferons la connaissance d'Ismar, un tireur d'élite, un soldat ennemi blessé, qui fera réfléchir Agata, sur le sens de la guerre.

Un roman magnifique que je vous conseille, les personnages sont sublimes et parfaitement décrits, une montagne grandiose, un géant de pierre, qu'il faut respecter et dompter. Un coup de coeur, pour ces femmes fortes, simples, mais d'une force morale extraordinaire.
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Je viens de terminer ce roman dans sa version italienne (Fiore di roccia) et attends avec impatience sa traduction pour l'offrir à mon épouse.

C'est un superbe récit qui se déroule en 1915, pendant la grande guerre, dans le Frioul, à Timau à la frontière Italo-Austro-hongroise, sur la ligne de front.
Là, des femmes courageuses ont escaladé la montagne pour apporter au front dans leurs hottes armes, munitions, explosifs et lettres destinées aux soldats italiens. le poids sur leurs épaules était pesant, le trajet dans la neige épuisant.
Nous suivons Agata, jeune femme au caractère fort et ses compagnes. Toutes susciteront l'admiration et le respect des combattants.

Ilaria Tuti rend justice et sort de l'oubli le rôle historique qu'ont joué les femmes sur ce front, les “ Portatrici carniche”

Un livre sur le courage, la pauvreté, les blessures, l'entraide, la mort sans occulter néanmoins d'autres réflexions sur l'obéissance aux ordres, sur la condition des femmes.

Certains protagonistes sont inoubliables : Agata d'abord, les autres porteuses, mais aussi le capitaine Colman, le curé Don Nereo, le médecin Janes et le mystérieux Ismar.

J'ai adoré ce roman pour ses superbes descriptions de la montagne, pour ses protagonistes, pour la beauté de sa langue et pour l'art de l'autrice de nous surprendre en nous entraînant sur des chemins inattendus !
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Je vais commencer ce billet en citant l'auteur qui cite elle-même Donato Carresi dans son roman "La femme aux fleurs de papier"
« Combien de femmes auraient mérité une place dans l'histoire de l'humanité et ont disparu parce qu'un monde d'hommes a décidé de ne pas leur accorder la même dignité ? Un véritable génocide, si on y réfléchit. »
"Fleur de roche" est un roman et il y a donc des inventions mais la trame ainsi que l'abnégation dont ont fait preuve ces femmes, celles qu'on a appelé les porteuses, ainsi que certains hommes bien sûr sont réels.
Ilaria Tuti leur rend hommage en montrant leur courage, leur souffrance et comme dit plus haut, leur abnégation.
L'histoire se déroule durant la Première Guerre mondiale dans les montagnes du Frioul.
Les soldats Italiens affrontent les Autrichiens et des femmes vont, au risque de leur vie, soutenir les soldats.
Ces femmes sont un peu le lien entre la vie et la mort, elle nourrissent les enfants dans le village et grimpent au sommet pour nourrir les soldats et les aider à affronter l'ennemi.
Agata, l'héroïne de ce roman, montre que le combat des femmes au début du 20e siècle a été couronné d'un certain succès puisqu'elles ont su se faire une place et qu'elles ont été acceptées et reconnues pour leurs actions essentielles dans cette guerre.
Belle découverte.
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Peu à peu, les exploits de femmes remarquables font l'objet de récits qui les sortent enfin de l'ombre , et c'est tant mieux.

En 1915, le conflit entre l'Italie et l'Empire austro-hongrois s'étend dans la région montagneuse du Frioul et les combats font rage.
Un officier fait une demande pressante auprès des femmes du petit village de Timau, près de la frontière autrichienne pour apporter des vivres et des munitions aux différents campements dans la montagne.

Agata, Viola, Lucia, Maria, Caterina et les autres , chargent leurs hottes et grimpent livrer le matériel aux soldats.
Les trajets deviennent quotidiens, montant équipements, explosifs, lettres et descendant linge sale et même les corps des soldats pour leur offrir une sépulture décente dans le cimetière du village, tombes qu'elles creusent elles-mêmes.
Entre temps, elles se consacrent à leurs tâches habituelles : enfants, parents malades, travaux des champs et soins aux bêtes ...

Leur courage et leur endurance font l'admiration des officiers et des soldats et elles sont surnommées " les porteuses ".

Au sein de ce véridique épisode Ilaria Tuti a inséré l'histoire romancée d'Agata , une jeune femme célibataire, lettrée , qui devient amie avec le commandant de la compagnie qui la traite rapidement en égale , elle met par ailleurs sa vie en péril par conviction pacifiste acquise lors des chocs vécus sur le champ de bataille et ses lignes arrières .

Elle aime les mots et les livres et transforme parfois la violence des combats , l'effoi des blessés et la froideur de la mort en poèmes épiques, une illusion qu'elle offre à son père mourant et à elle-même pour supporter l'indicible et repousser le désespoir.

Ilaria Tuti fait une description sobre mais suffisamment précise des tranchées, des champs de batailles, des combats, des interrogations des officiers devant la barbarie et devant certains ordres discutables venus des hautes autorités .
Comment peut-on rester humain, comment peut-on imaginer revenir à une vie dite normale ?

Et la colère d'Agata prend parfois le pas devant les décisions absurdes des hauts gradés , que reste-t'il en dehors de l'honneur ?

"Brisez vos fusils, rentrez chez vous . Que les lames servent à retourner la terre et que les mains des hommes caressent les joues des enfants et des femmes amoureuses , si fatiguées de tenir sur leurs épaules le poids d'un conflit. "

Son récit est illuminé par la beauté de la nature à travers les différentes saisons , une antinomie entre la noirceur de la guerre et le cycle immuable de la vie.

"La nature palpite de vie, continue de germer et d'engrosser des ventres, tandis que l'homme succombe à son frère. L'aujourd'hui semble être dans l'ignorance de soi. "

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1915. Sur les cimes de la Carnie, dans le Frioul italien, les soldats alpins affrontent l'armée autrichienne. Les femmes restées au village 1000 mètres en dessous montent sur les pentes escarpées les lourdes charges de munitions, de ravitaillement et descendent sur des brancards blessés et cadavres.
S'inspirant de faits et de personnages réels Ilaria Tuti met à l'honneur les Porteuses qui, avec courage et abnégation, sous les bombes et au péril de leur vie, ont soutenu le front.
Là-haut, c'est la guerre des hommes au prix du sang et du sacrifice, sous le commandement d'un capitaine exemplaire.
En bas, dans des conditions précaires, les femmes tiennent comme toujours leur rôle de mères, de soignantes, de paysannes. Elles sont le lien de vie et de réconfort.
Quand la jeune héroïne rencontre un tireur d'élite ennemi blessé, elle pose un nouveau regard sur la guerre : l'adversaire n'est-il pas lui aussi digne de compassion ?
Le roman évite le sentimentalisme et se montre à la hauteur de cette communauté solidaire.
La montagne est belle, sauvage et souvent dangereuse.
Ces femmes nous donnent une magnifique preuve d'engagement : aussi terrible soit-il.
Tous les personnages sont magnifiques et parfaitement décrits.
Au fil des pages on ressent la peur, le froid, le doute qui jamais ne les empêchent d'avancer.
Une lecture magnifique.
Il est dommage que l'on ne parle pas davantage de ce roman.
Merci à NetGalley et aux Editions Stock.
#Fleurderoche #NetGalleyFrance !
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critiques presse (4)
Actualitte
12 septembre 2023
Ce livre leur est un hommage magnifique, écrit avec la simplicité de ces êtres proches de la terre et ancrés dans la vie. Et pourtant, avec une puissance à la hauteur de toutes les histoires vraies qu’elle glorifie là.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeJournaldeQuebec
28 août 2023
Avec "Fleur de roche", c’est le courage et la détermination des paysannes du Frioul italien qui nous sont dévoilés.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
17 juillet 2023
Par le truchement du roman, Ilaria Tuti poursuit, à sa façon, le combat de son ­personnage.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
31 mai 2023
Un beau roman ranime le souvenir des femmes qui ravitaillaient les soldats italiens postés sur les crêtes des Alpes pendant la Première Guerre mondiale.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
"J'ai choisi d'être libre."
Libre de cette guerre, que d'autres ont décidée pour nous. Libre de la cage d'une frontière, que je n'ai pas tracée. Libre d'une haine qui ne m'appartient pas et du marécage du soupçon. Quand tout autour de moi était mort, j'ai choisi l'espérance.
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J'ai appris dans les livres que la réalité est notre interprétation personnelle des faits. Nous déployons sans relâche une étoffe sur les personnes et les choses, nous en ordonnons les plis avec nos jugements, ou alors nous les créons avec nos doutes.
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Il se frotte les mains dans une bassine, impulsivement je voudrais lui dire que le sang ne s'en ira pas, jamais, parce que c'est ce que chacun de nous cherchera à faire : effacer ce qui lui a contaminé l'âme.
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Ce ne serait désormais plus jamais un simple pâturage misérable, mais un sanctuaire béni.
Les débris glissèrent avec le terreau entre ses doigts.
Elle reconnut dans le murmure du vent l'appel de la vallée.
Et le souvenir de ce qui avait été revint couler dans ses veines.
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Parfois, il est difficile de faire ce qui est juste, effrayés que nous sommes de percevoir qu'il faut pour cela aller à l'encontre de ce qui est naturel. L'homme peut-il être plein de compassion dans ce monde qui veut nous dresser les uns contre les autres, qui arrache et soustrait sans cesse et nous pousse à nous servir de nos dents et de nos ongles comme des bêtes pour défendre ce qui subsiste ?
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Videos de Ilaria Tuti (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ilaria Tuti
https://www.laprocure.com/product/1285525/tuti-ilaria-fleur-de-roche
Fleur de roche Ilaria Tuti Traduit de l'italien par Johan-Frédérik Hel-Guedj Éditions Stock Collection La cosmopolite
« On connaissait Ilaria Tuti pour ses romans policiers, c'est un auteur italien, mais on ne l'attendait pas dans cette collection, La Cosmopolite chez Stock, c'est une très belle collection, la collection rose, avec ce titre, Fleur de roche, qui veut dire edelweiss. Ça se passe pendant la Première Guerre Mondiale dans un petit village italien assez montagneux. C'est l'histoire de ces femmes, c'est un hommage en fait pour ces femmes qui ont pendant la guerre gravi les montagnes... » Marie-Joseph Biziou, libraire à La Procure de Paris
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