AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782351180440
279 pages
Almora (11/01/2010)
4/5   1 notes
Résumé :
Fragments tantriques présente un ensemble d'articles, d'entretiens, de chroniques écrits par Pierre Feuga entre 1990 et 2006 dans différentes revues de yoga ou de spiritualité : Infos Yoga, Actualités de religions, 3e millénaire, Tao Yin... Alternant entre l'humour et l'érudition, entre prose et poésie, entre journal et essai, porté par une écriture et un style magnifiques, ce livre est peut-être son meilleur. Ces textes montrent d'abord une rare érudition sur des p... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Fragments tantriquesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre présente un ensemble d'articles, d'entretiens, de chroniques écrits par Pierre Feuga entre 1990 et 2006 dans différentes revues. Alternant entre l'humour et l'érudition, entre prose et poésie, entre journal et essai, porté par une écriture et un style magnifiques, ce livre est peut-être son meilleur. Il est drôle et provocateur pour être brûlé par la flamme de l'éveil.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il y en a qui yamaniyamisent du matin au soir et il y en a qui se fichent des yama-niyama.

Il y en a qui occupent une heure de yoga avec trois postures et il y en a qui enchaînent soixante postures à la demi-heure.

Il y en a qui inspirent de bas en haut et il y en a qui inspirent de haut en bas.

Il y en a qui se dopent au kapâlabhâti et il y en a qui, au bout de cinq respirations, prennent un air de héros fatigué.

Il y en a qui méditent à l’aube, d’autres le soir, certains tournés vers l’est, certains tournés vers eux-mêmes, et d’autres qui ne méditent pas du tout, et d’autres qui croient méditer.

Il y en a qui s’ennuient en méditant et il y en a qui ne savent pas qu’ils s’ennuient en méditant.

Il y en a qui beuglent des mantras, d’autres qui bricolent dans le tantra, d’autres qui dessinent des yantras, et d’autres qui confondent mantras, tantra et yantras.

Il y en a qui savent le sanskrit, d’autres qui font croire qu’ils savent le sanskrit et d’autres qui s’imaginent qu’en Inde tout le monde parle sanskrit.

Il y en a qui sont allés en Inde, je veux dire dans un ashram en Inde, et d’autres qui ont peur d’aller en Inde, des fois que l’Inde ne ressemble pas à l’Inde.

Il y a des gouroulogues, des gourouphones, des gourouphiles, des gouroulâtres, des gouroulacariâtres, des gouroumaniaques, des gourouphobes, des gouroupathes, des gouroucides, des gourouphages, et il y aurait même encore quelques gourous.

Il y en a qui ont lu les Yoga-sûtra et qui regardent de haut ceux qui n’ont pas lu les Yoga-sûtra. Il y en a qui font semblant d’avoir lu les Yoga-sûtra, d’autres qui en ont lu un résumé. Et il y en a qui les confondent avec les Kâma-sûtra.

Il y en a qui sont pour les écoles — écoles du nord, écoles du Sud, écoles du Nord-ouest, du Sud-sud-ouest, Cachemire du XIIe siècle, Bihar du XIVe, tantrisme sikh, jaïnisme de la Main gauche… — et d’autres qui sont contre les écoles (à bas les systèmes, vive la spontanéité !) et d’autres qui disent que toutes les écoles se valent, tout est dans tout n’est-ce pas, et ceux qui changent d’école tous les deux ans et ceux qui ne supportent pas qu’on change d’école.

Il y en a qui ont six chakras, dont trois ouverts, et d’autres sept, quatorze ou soixante-quatre, et tous ouverts, ou bien alternativement, et puis qui peuvent ouvrir les chakras fermés des autres, ou bien fermer leurs chakras ouverts, attention pas de fausse manœuvre. Et puis il y a les malheureux qui n’ont jamais senti en eux le moindre chakra et n’osent pas l’avouer, sauf quand ils font un rebirth.

Il y a ceux qui combinent yoga et rebirth, yoga et psychanalyse, yoga et karaté, yoga et poterie, yoga et chasse à courre.

Il y a ceux qui ne cuisinent qu’au ghee, qui mastiquent cent huit fois leurs graines hypercomplètes ou bien qui les avalent le plus vite possible, bon débarras, il y en a qui jeûnent et qui le font savoir, qui se purifient et vous le font sentir, qui craignent plus que tout de se réincarner en cochons. Et puis ceux qui mangent des côtes de bœuf en cachette et s’envoient un coup de rouge en se demandant avec une angoisse délicieuse si cela alourdira leur karma.

C’est que oui-da il y a des obsédés du karma comme il y a des fanas du mûla-bandha, des fondus de l’uddiyâna, des frappés de jâlandhara, des forcenés de la bhastrikâ, de vieux babas enragés de mudrâs, flottant dans le samsâra et dans l’odeur du gañja.

Comme il y a des yoginîs fumeuses de bidis, frétilleuses de la kundalinî, expertes en nauli, friandes de samâdhi, goûteuses d’amaroli, virtuoses en sahajolî, qui se font appeler Shakti lorsqu’elles s’unissent à leur Shiva, le samedi soir après le yoga, pour faire maithuna, yab-yum et youp-la-la.

(Mais il y en a tant d’autres qui voudraient bien savoir à la fin ce que c’est que maithuna, et cela les énerve.)

Oui, et ainsi va le samsarâ, et vive Mâyâ qui n’existe pas, si l’on en croit Gaudapâda, il y a des hommes qui se prennent pour des yogis, il y a des femmes qui se prennent pour des yoginîs, il y a des souris et des hommes, des souris et des yogis, et puis,

Shiva-Pârvatî soient loués, il y a des hommes et des femmes qui ne se prennent pour rien, et que le yoga prend dans ses bras et porte doucement, tendrement, et emporte, vers là-bas, qui déjà est ici, et c’est si beau alors et c’est si simple, le yoga."
Commenter  J’apprécie          50
Mais ce que je regrette aujourd’hui de n’avoir su exprimer plus clairement à cette personne est ceci : que je pense ou que je ne pense pas, cela en réalité n’a aucune importance. Ce qui en a une — et encore assez légère — c’est que je sois assis en face de vous, les jambes croisées sans souffrance, le dos à peu près droit, le visage détendu, le souffle tranquille. C’est par tous ces éléments harmonieusement réunis que je puis à la rigueur, quoique sans le chercher, vous convaincre de la quiétude qui m’habite et vous aider, si toutefois vous en avez envie, à découvrir votre propre quiétude. Je ne fais pas plus d’effort pour arrêter que pour alimenter ma pensée parce que je ne crois pas à ma pensée. Non seulement elle n’a pas plus de consistance que la vôtre, chère Madame, mais elle ne compte ni plus ni moins à mes propres yeux que ma digestion ou ma respiration. Si je la compare à l’une et l’autre, c’est qu’elle ne représente, elle aussi, qu’une fonction. « Je pense donc je suis » ? Peut-être mais ne pourrais-je aussi légitimement affirmer : je digère donc je suis, ou : je respire donc je suis, ou encore : j’écris donc je suis ? Il s’agit là d’expressions variées de mon être, mouvements spontanés, jeux. Même en l’absence de toute activité sensorielle ou mentale, d’ailleurs je suis, par exemple, quand je dors sans rêver ou quand — car cela arrive aussi — je m’assois en lotus, les yeux clos, sans penser à mon robinet qui fuit. Je suis et tout alors m’est bien égal, la surpopulation, la prochaine guerre, l’opinion que vous avez de moi. Même le fait de méditer m’est égal et je me soucie de l’illumination comme d’une guigne. Je suis, conscient que je suis, et je suis heureux d’être conscient que je suis.
Commenter  J’apprécie          10
Qu’est-ce que le Yoga ? Une super gymnastique affublée de mots sanskrits, visant à vous rendre plus sain, plus beau, plus souple, plus performant, nécessitant des engins de torture, un entrainement d’enfer, une diététique draconienne, un autocontrôle policier du moindre ses gestes et pensées, ( avec vidéo surveillance interne et matraques psychiques prêtes à sévir), une attention obsessionnelle à l’état de ses intestins et à la tonicité de ses sphincters, ou bien le yoga, dites moi, serais ce l’union, la simple et merveilleuse union, mais avec quoi, avec qui, car si seule la non-dualité, existe, et alors à quoi bon tant d’efforts pour unir ce qui n’a jamais été séparé.
Commenter  J’apprécie          10
« À quoi pensez-vous lorsque vous êtes assis en lotus et que vous fermez les yeux ? » me demanda un jour une élève de yoga. Je trouve la question intéressante dans sa naïveté. Cette dame, de toute évidence, n’avait jamais expérimenté par elle-même que l’on pût ne penser à rien et pourtant ne pas être un abruti parfait. Mais si je lui avais fourni cette réponse : « Je ne pense à rien, Dieu merci », elle l’eût acceptée d’une certaine manière, rattachée à la notion ordinaire que l’on se fait du « mysticisme » en général et de la spiritualité « orientale » en particulier. Or il me sembla, sinon plus honnête, du moins plus fécond pour tous d’avouer qu’à ce moment précis je pensais peut-être au robinet de mon évier qui fuyait ou à mon tiers provisionnel que je devais payer avant le soir.
Commenter  J’apprécie          00
Il n’est pas d’époque, de croyance ou de voies privilégiées pour atteindre l’éveil. Cette expérience est universelle, intemporelle et accessible aujourd’hui à qui fait preuve de lucidité et de vigilance.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : tantrismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1827 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}