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Michel Anthonioz (Traducteur)Sydney Picasso (Traducteur)Xavier Carrère (Traducteur)
EAN : 9782878110722
208 pages
Thames & Hudson (02/04/2004)
4.38/5   4 notes
Résumé :

Des essais de David Sylvester, Michel Leiris, Jean-Claude Lebensztejn, Jean Louis Schefer, Fabrice Hergott, Yves Kobry, Hervé Vanel... Né à Dublin en 1909, Bacon est un autodidacte et fait figure de solitaire. Lors de la visite d'une exposition de peintures de Picasso, à Paris où il travaillait comme décorateur, il se sentit véritablement attiré par la peinture. Mais ce n'est qu'en 1944, après son premier grand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comme quoi la première impression n’est pas toujours la bonne !
J’avais délaissé ce livre pour une seule raison : je trouve aberrant d’illustrer un ouvrage sur un peintre avec des reproductions de ses tableaux en noir et blanc, là où les couleurs vous sautent à la gorge et font partie intégrante de l'œuvre. Exit donc.
Ceci étant dit, l’ayant depuis peu sauvé des eaux et dévoré avec avidité, je vais de nouveau étaler une de mes nombreuses contradictions :
C’est LE plus bel écrit que j’ai lu à ce jour sur Francis Bacon.

John Russel a cette intelligence du cœur qui qualifie les grands biographes. Contrairement à d’autres, où l’on tombe soit dans l’admiration sans borne, qui sanctifie à chaque page le dieu vivant Bacon (un comble pour un artiste sans dieu ni maître, qui tend à nous montrer à quel point le ciel est vide) où dans un tutoiement du génie, qui complaît sans doute de ravissement l’auteur dudit ouvrage, mais qui exacerbe la lectrice que je suis.

Rien de cela, ici. Tout sonne juste. Il n’y a pas de complaisance, ni de tentative verbeuse de donner une interprétation pompeuse (et pompante) des œuvres du peintre. John Russel nous projette dans l’atelier de Bacon, cet espace de création hallucinant, débordant d’un fatras de revues déchirées, de photos accolées pêle-mêle à des morceaux de journaux ou autres sources d’inspirations visuelles, grappillées à gauche et à droite par le peintre, et tout cela dans un amoncellement de tubes et de pots de peintures vides, entamées, séchées, de pinceaux collés... Tout un univers d’immondices pour certains, de reliques pour d’autres.

Son propos est équilibré, le récit de la vie personnelle du peintre ne prend pas le dessus sur celui de sa vie artistique. Les deux s’entremêlent et les cloisonnements tombent. John Russel met en avant l’influence de la photographie dans l'œuvre de Bacon, comme ce fut le cas pour beaucoup d’autres. Mais il sait mettre en lumière ce regard particulier de l’artiste pour qui la photo est plus un vecteur de création qu’un support artistique. Il sait nous rendre l’évolution de la peinture de Bacon au fil du temps : ses difficultés, ses obsessions, ses grands moments d’euphorie et de désespoir et nous montre l’impact qu’elle a eu sur ses contemporains.
Il faut lire la présentation des portraits et toute la recherche du peintre autour de cette vérité de l’être, qui en ressort grandi là où le premier regard nous présente une humanité torturée.

Je n’avais pas besoin de ce livre pour apprécier le peintre, ni aimer sa peinture ; mais je suis restée profondément émue, la dernière page lue, devant le portrait de cet homme digne, entier, provocant par dépit plus que par mépris, faisant fi des conventions et des carcans.

« Bacon était, à l'image de ses portraits, un « esprit ressuscité ».
(…)
Mais en avril 1992, à Madrid, la ville de Vélazquez, le sort eu raison de lui et Francis Bacon mourut subitement. On pleura en lui l'artiste, mais aussi – en silence, loin des hommages de circonstance – le personnage à jamais inoubliable, parmi ceux qui ont vécu le pinceau à la main. »
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Oeuvre intéressante divisée en plusieurs chapitres pour mieux appréhender la personnalité de Bacon. Artiste du XIXe, Bacon est un artiste intéressant (une exposition se prépare à Beaubourg) et Russel parvient à le cerner notamment par les interviews effectuées.
à lire !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Autrefois l'art vivait d'art, et ne vivait que de cela. Un étudiant des beaux-arts, c'était un individu qui voulait apprendre quelque chose sur le "Grand Art", et un artiste celui qui le pratiquait. L'art était une science supérieure, comme la médecine, et il y avait toute une hiérarchie reconnue de réalisations jalonnant la distance qui sépare l'apprenti du maître. (...) Tout cela était codifié et l'étudiant qui ne connaissait pas ses règles avait de mauvaises notes. L'art ne fréquentait que ses semblables et se perpétuait lui-même : regarder à droite ou à gauche équivalait à un suicide professionnel.
Mais de temps en temps, quelqu'un osait dire (...) qu'il y avait d'autres manières de peindre un tableau que d'aller voir ce qui avait déjà été fait en essayant de faire aussi bien. Aussi longtemps que le "Grand Art" détint le quasi-monopole de la production des images, cette progression fut lente et contestée. Mais à partir du moment où la photographie s'est répandue, où les journaux se sont illustrés et où la publicité à grande échelle a transformé les rues des grandes villes en une galerie démocratique, le "Grand Art" s'est trouvé en difficulté. Ce n'est pas qu'il ait perdu ses prérogatives, mais son message n'était plus qu'une expérience parmi d'autres.
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A l'ombre des sévices, même les plus profonds, que Bacon fait subir à la beauté traditionnelle, dort une contre-image ; comme le dit Leiris par ailleurs, la beauté est autant fonction de l'autodestruction que de l'autorégénération et l'impression finale que nous avons en face de toutes les toiles importantes de Bacon est une réhabilitation de la beauté. Si ce n'était pas le cas, l’œuvre de Bacon ne serait plus que du sensationnalisme sans valeur et caricatural. (...)
"Je voudrais avoir une énorme pièce couverte de miroirs déformants du sol au plafond. De temps en temps, il y aurait un miroir normal, intercalé entre les miroirs déformants : les gens seraient si beaux quand ils s'y reflèteraient !".
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Il eut des amis, mais aucun disciple. Ce qu'il faisait n'était pas imitable. (...) Bacon resta isolé, à l'écart du "nouvel art". Son isolement, il le cultivait. Il était à maint égard plus stoïque que romantique ; mais de même qu'il aimait glisser d'un monde dans l'autre à minuit, et faire figure de simple visiteur dans chacun, il éprouvait un plaisir indéniable à avoir l'air d'un homme à part dans tout rassemblement d'artistes. Il eût aimer à déceler, où qu'il se trouvât, une plus grande ouverture d'esprit. Il n'existe pas, cependant, d'œuvres d'art importantes qui aient été produites dans un état complet d'isolement. Bacon assimilait tout ce qui passait à sa portée, même si cette assimilation était suivie d'une rigoureuse décantation.
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Jongler avec les éléments de la figuration est une chose ; réinventer la tête humaine en est une autre. (...) L'image n'est ni fixée en un lieu, ni finie, ni descriptive ; pourtant elle nous dit, plus pleinement, et avec plus de sincérité qu'un portrait traditionnel, à quoi cela ressemble d'être un homme. Elle fait naître en nous le sentiment que les images du passé étaient d'une injustifiable neutralité à l'égard de la nature humaine, et cette nouvelle manière de la présentée n'est possible que par la peinture. La peinture revendique ici ses droits.
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Il n'a jamais lu jusqu'au bout un mauvais livre, ne s'est jamais arrêté sur une pensée vaine, n'a jamais fait une remarque banale. Combien d'entre nous peuvent en dire autant ?
Une fois choisie son échelle de valeurs, il n'en dévia pas, depuis ses débuts jusqu'à l'époque où il était devenu l'un des artistes les plus recherchés de la peinture européenne contemporaine.

Avant-propos, John Russell
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Video de John Russell (1) Voir plusAjouter une vidéo

John Russell : Matisse père et fils
- Depuis le palais des Beaux Arts à Lille, Olivier BARROT présente le livre de John RUSSELL, "Matisse Père et Fils".
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Biographie générale et généalogie>Biographie: artistes et sportifs (789)
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