Impressionnant catalogue d'exposition [Maison de la Photographie, 2003],
si impressionnant en volume, que je me suis octroyée une plus longue pause à la médiathèque pour le lire et le parcourir à loisir sur place...
Médiathèque au choix quelque peu contradictoire; Autant l'oeuvre photographique de François-Marie Banier est bien représentée...mais son oeuvre littéraire est en contrepartie, absente et ignorée ! Je vais donc commander à un de mes libraires "Balthazar, fils de famille", en folio... N'ayant jamais lu cet écrivain, c'est l'occasion !
Par contre, je reste époustouflée par "son regard" de photographe, que
cela soit son regard sur les anonymes ou les puissants !!
Diversité, originalité...des portraits, bien sûr classiques, d'autres, inclassables, insolites, surprenants, drôles...comme des pieds de nez aux côtés conventionnels, figés que peut induire le genre du portrait ...
Très amusée de découvrir au détour d'une page, Isabelle Adjani tirant la langue avec grande conviction, et des yeux aussi expressifs... Beaucoup plus surprenant de découvrir le très sérieux chef d'orchestre, Horowitz ( qui refusait, en plus, de se faire photographier, habituellement)dans la même expression clownesque !!
Fort intriguée et admirative face aux oeuvres photographiques différentes, "mixant" photographie, encre, écriture et peinture !...
"Différence entre photographier et faire de la photo.
Est photographe tout nostalgique, tout conteur, tout trompe-la-mort qui sort de la réalité comme du cinéma de ses rêves pour en rapporter une preuve."--François-Marie Banier
Je rends grâce au moins à la médiathèque de m'avoir permise ce moment enchanteur pour les yeux, en premier chef... mais également un plaisir réel de lecture des textes, réflexions de François-Marie Banier, sur l'Art de la photographie..., situés, en fin de volume., sans omettre le parrainage d'autres personnes de talent, dont l'écrivain, Ernesto Sabato, qui narre dans la préface, sa rencontre avec F.M. Banier, ainsi que son appréciation de son travail de photographe...
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*** Les textes de F. M. Banier à la fin du catalogue sont extraits d'un autre de ses ouvrages, épuisé, "Photographies" [Gallimard/ Denoël, 1991]
*****La deuxième partie vous paraîtra fastidieuse, et vous m'en excuserez, j'espère; il s'agit de la liste des clichés que je préférais, et souhaitant les garder en mémoire....
1. Sortir pour quoi ? (1999) - Encres sur photographie -Silhouette féminine vieillissante de dos, entourée de couleurs et d'écritures
-La suite de très beaux portraits en noir et blanc de Samuel Beckett entre Tanger (août 1978) et Paris (septembre 1989)
2- Matin de Paris (Octobre 1998) - Mixte peinture et photo
3. Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, vieillissants, assis côte à côte sur un banc public (Paris, 1992)
-4. Françoise Sagan ( 1999) - Encre sur photographie.
-5. Lauren Bacall au café de Flore (Paris, novembre 1992) -- L'actrice , en premier plan,lisant son journal, voisine d'un couple attablé, bavardant.. comme si de rien n'était !
-6. Isabelle Adjani, étonnante, cachée derrière un grand portrait de son père, Cherif Mohamed Adjani. (Paris, août 1991)
-7. Farah Diba ( Sauve, août 2001) Magnifique cliché: le visage de l'impératrice, les yeux clos, la joue appuyée contre l'écorce d'un arbre...
-8. François Mitterrand chez Henry Moore ( Hoglands, octobre 1984)
-9. Les enfants de Lisbonne (10 février 2000) Encre sur photo - Mixte
photo, encre et peinture.--Etc
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Les « Dialogues interrompus » de François-Marie Banier, un bon petit diable et ses fantômes.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Différence entre photographier et faire de la photo.
Est photographe tout nostalgique, tout conteur, tout trompe-la-mort qui sort de la réalité comme du cinéma de ses rêves pour en rapporter une preuve.--François-Marie Banier
Ernesto Sabato --- Préface
Je n'hésiterais pas à dire que son besoin de peindre, d'écrire, et en définitive, de s'exprimer, naît d'une carence originelle qu'il laisse entrevoir dans l'histoire de son petit Balthazar: " J'ai toujours voulu que quelqu'un m'aime, être plus qu'un enfant dont on caresse la tête en passant, plus qu'un fils de remplacement, plus qu'un fils débrouillard. Etre irremplaçable. Je voulais appartenir. Appartenir, c'est s'abandonner." Le souvenir de ce déchirement instaure ce regard compatissant avec lequel il peint ces êtres désemparés qui chaque jour doivent reconquérir le sens de l'existence. Qu'il s'agisse de personnes anonymes ou d'artistes, de musiciens, d'auteurs de renom, je crois que ce qu'il essaie de rendre manifeste à nos yeux c'est cette blessure commune, ce besoin urgent et primordial d'être aimé et d'appartenir, qui se trouve au coeur de tous les êtres humains.
L'autre éternel de Martin d'Orgeval
Oeuvres d'une vie, prises dans la vie, parlant de la vie, les photographies de François-Marie Banier expriment tour à tour, ou quelquefois mêlés, le sublime, le dérisoire, le burlesque, le tragique, l'ironie, la joie, la mélancolie, le temps qui passe, le temps qui vient. " Visages, démarches, allures, couples, solitudes, sont poèmes manifestes, écrit-il. Le photographe les publie."
S'effaçant devant ses modèles, Banier fait de la photographie une histoire personnelle sans jamais dire "je". (p. 13)
Tout ce que l'on découvre à chaque fois que l'on regarde une photo n'appartient qu'à vous. Le temps est arrêté, décrit, les faits sont là et, dans un léger flottement, la photo tout à coup déborde. On y ajoute tout ce qu'on ignorait du personnage et de soi-même : nous avons vécu entre-temps. La photo vit, nourrie de cette vie supplémentaire qu'elle nous suggère; et de celle que nous lui imposons. - François-Marie Banier (p. 337)
Saviez-vous que la photographie donnait aussi la parole aux objets ? Elle accorde à leur impuissance une sorte de sourire, comme à tout ce qu'elle touche.---François-Marie Banier (p. 337)
François-Marie Banier à la manifestation contre la réforme des retraites