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EAN : 9782367934983
L’Atalante (20/09/2018)
3.87/5   45 notes
Résumé :
Grande Guerre, 1914. Après un premier engagement désastreux, les Anglais décident l'opération Frankenstein : plutôt que de construire des chars, on créera de la chair à canon. À partir des archives du fameux docteur et grâce à la production d'électricité à présent industrialisée, des unités de soldats pouvant être sacrifiés sans remords seront fabriquées ? les champs de bataille du nord de la France fourniront la « matière première ». Winston Churchill est nommé res... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Avec Frankenstein 1918, Johan Héliot est de retour chez les éditions L'Atalante et fait d'une pierre deux coups : il célèbre le bicentenaire du roman fondateur de Mary Shelley et le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale en narrant les conséquences d'une « Grande Guerre » qui n'aurait pas pris fin en 1918.

Une uchronie très travaillée
Frankenstein 1918, comme son titre l'indique, compte nous emmener à la fois dans une uchronie et dans un jeu littéraire bourré de références, notamment au roman de Mary Shelley. Johan Héliot a très vite l'habilité de nous placer toute la trame de son intrigue dans un prologue touffu mais bienvenu. le décor est planté : nous allons suivre une uchronie à l'aide de récits imbriqués où nous croiserons forcément des personnages connus dans des situations inconnues. Ainsi, l'auteur invoque Hemingway, un dénommé Victor du nom du célèbre docteur ès expérimentations nécromanciennes, Churchill, Frédéric Joliot-Curie et Jean Teillac, rien que ça ! Techniquement donc, si on veut être très précis sur les étiquettes, nous sommes ici dans l'histoire secrète d'une uchronie rétrofuturiste fondée sur la technologie de la radioactivité dans les années 1910-1920 : la Première Guerre mondiale s'est éternisée au point d'être appelée Guerre terminale, la Prusse a fini par remporter la partie, occuper la France et on croit savoir que l'Angleterre est en grande partie inhabitable à cause de la radioactivité ambiante. L'auteur se fait donc plaisir à multiplier ainsi les clins d'oeil et les pieds de nez à l'Histoire (ils sont légion dans ce roman relativement court, mieux vaut se garder quelques surprises). Dans cet entremêlement de récits, nous suivons surtout l'aventure et les traces du dénommé Victor, « frankie », c'est-à-dire soldat non-né du Royaume-Uni créé à l'instigation de Winston Churchill et grâce aux carnets du fameux docteur Frankenstein.

Un récit très construit
Le récit entrecroise le journal de Frédéric Joliot-Curie datant de 1956, quand il s'est mis en chasse du « mystère Frankenstein » comme il l'appelle, et celui de Winston Leonard Spencer-Churchill (oui, Spencer-Churchill : rappelons au passage qu'il est bien un lointain cousin de lady Diana Spencer) écrit de 1914 à 1916 sur les débuts de la Guerre terminale. Outre le fait que cette imbrication est bien construite, il faut souligner la précision des sources utilisées ou inventées pour l'occasion par l'auteur afin de rendre cette enquête uchronique tout à fait crédible. On navigue dans des journaux personnels bien retranscrits et parmi des lieux tout aussi chargés d'histoire (chargés au sens physique d'ailleurs, puisqu'on parle pas mal de radium dans cette intrigue, même si on aurait pu espérer davantage d'explications scientifiques en rapport). La progressivité des révélations n'est pas le coeur du roman, car on devine un certain nombre de choses assez vite ; par contre, l'auteur semble avoir voulu s'orienter vers une dimension plutôt pédagogique (rappelons-le, 2018 clôt le centenaire la « Grande Guerre » de 1914-1918), car non content de réutiliser, dans les règles de l'art, un personnage de la littérature populaire qu'est le docteur Frankenstein et son avatar, l'auteur appuie régulièrement là où les cours d'Histoire sur la Première Guerre mondiale nous emmènent souvent : absurdité de la course aux armements, industrialisation de la guerre, imbrication des mondes politique et économique, ainsi que quelques aspects de la vie quotidienne de l'époque (Poilus dans les tranchées au front et appauvrissement des couches populaires à l'arrière).

Une intrigue pas au même niveau
Le véritable bémol de ce roman pourtant tient à la faiblesse de son intrigue. Une fois dépassés les enjeux inhérents à l'uchronie elle-même, on peine se concentrer sur ce qui peut faire le sel de ce récit. Certes, suivre Victor et découvrir son histoire est intéressant, mais pas très passionnant une fois qu'on comprend que cet aspect « histoire secrète » n'aura pas un impact tonitruant. Les personnages centraux de l'intrigue ne sont pas très prenants, au risque de les oublier assez vite : Frédéric Joliot-Curie et Winston Churchill partaient sur de très bonnes bases, mais finalement leur caractérisation s'arrête assez vite une fois les bases posées et n'évoluent plus tellement ; de même, Victor a droit à quelques passages bouleversants, mais dans l'ensemble, on aurait aimé lire de plus longues réflexions sur ce qu'il a traversé et sur ce qu'il projetait. Ces différents côtés où le bât blesse tiennent sûrement aussi à la petitesse du roman : est-ce là une commande de l'éditeur ou une volonté de l'auteur ? Dans tous les cas, on aurait aimé en savoir davantage, en lire plus, bref en manger davantage de cette uchronie ! C'est d'autant plus rageant que bien souvent, les narrateurs eux-mêmes font « monter la sauce » en précisant que tel retournement arrivera dans leur récit ou que tel pic d'intensité sera abordé dans le chapitre suivant. Force est de reconnaître qu'au vu du côté ciselé de l'uchronie, l'intrigue fait pâle figure.

Mitigé est le mot juste pour le sentiment conservé à l'issue de Frankenstein 1918 : l'uchronie détaillée et la construction du récit ont la capacité à rester longtemps en tête, ce qui est beaucoup moins le cas pour les personnages ou l'intrigue.

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Ce n'est pas un scoop, Johan Héliot aime s'amuser avec L Histoire. Dans « La trilogie de la Lune », il revisitait le Paris du XXe en y incluant une race extraterrestre ayant pris contact avec la Terre à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1889. Dans « Le Grand Siècle », il imagine un Louis XIV vivant en symbiose avec une drôle d'entité venue d'ailleurs et transpose la conquête de l'espace au XVIIe siècle. Avec « Frankenstein 1918 », ce sont les deux Guerres mondiales qui se retrouvent complètement transformées. Et il faut admettre que côté uchronie, Johan Héliot ne fait pas semblant ! Premier changement (et non des moindres !), la Première Guerre mondiale ne prend pas fin en 1918 mais perdure jusqu'au début des années 1930 : une période que l'histoire a retenu sous le nom de Guerre Terminale. Autre bouleversement majeur : c'est l'Allemagne qui sort vainqueur du conflit, après avoir pratiquement rayé Londres de la carte et avoir placé la plupart des pays d'Europe sous sa coupe. Voilà pour ce qui est du cadre général de cette uchronie dont l'auteur nous propre de découvrir non seulement l'histoire officielle, mais aussi et surtout l'histoire secrète. Bien des années après les faits, un historien va en effet mettre la main sur une succession de documents attestant de l'existence d'un commando spécial créé au début de la guerre par Churchill lui-même. Jusqu'ici rien de bien exceptionnel, sauf que les membres de ce commando sont le fruit d'expériences scientifiques morbides mais particulièrement novatrices : il s'agit en fait des corps de jeunes soldats récupérés après les combats et ramenés à la vie par un scientifique de génie : le docteur Victor Frankenstein. le but de ces « non-nés » ? Servir de chair à canon en lieu et place de braves jeunes Anglais, et ainsi limiter le carnage des tranchées.

Le mélange est plutôt curieux mais s'inscrit parfaitement dans l'actualité puisqu'on célèbre cette année non seulement le centenaire de l'armistice de la Première Guerre mondiale, mais aussi les deux cent ans de la publication du fameux « Prométhée moderne » de Mary Shelley. L'idée n'est d'ailleurs pas si saugrenue que cela et permet de revenir non seulement sur le traumatisme qu'a laissé dans l'esprit des contemporains la vision de toute une génération sacrifiée, mais aussi et surtout la prise de conscience progressive de l'absurdité de cette guerre de position, capable de causer la mort de milliers de soldats afin de gagner quelques mètres de terrain aussitôt reperdus. L'idée est d'autant plus intéressante que s'y trouvent mêlés des personnages bien connus de nos livres d'histoire et qui connaissent pourtant un sort radicalement différent. C'est notamment le cas de Churchill qui fait ici le choix de renoncer à sa carrière politique et accepte de sombrer dans l'oubli en échange d'une autorisation lui permettant de développer sa légion de « frankies ». Comme dans la plupart des uchronies de l'auteur, on retrouve également un certain nombre de mentions plus ou moins étoffées à Marie Curie et ses découvertes sur le radium, à l'écrivain Ernest Hemingway, et même à Adolf Hitler (même si pour le coup son apparition est, disons, assez fulgurante...). Si l'essentiel du récit se focalise sur ce que le lecteur identifie comme la Première Guerre mondiale, Johan Héliot ne se prive pas non plus de reprendre quelques éléments propres à la Seconde ou à d'autres grands événements du XXe siècle comme mai 68 (ici en avance de dix ans). La ghestapo existe ainsi bel et bien, de même que la Résistance qui veut en finir avec le protectorat allemand qui fait peser sur la France une chape de plomb dont la nouvelle génération entend bien se débarrasser.

Le roman repose encore une fois sur une documentation impeccable qui permet à l'auteur de mettre en scène un XXe siècle radicalement différent du notre mais malgré tout parfaitement convaincant et cohérent. Et pourtant, malgré ce formidable travail de reconstitution et d'adaptation, le roman peine à maintenir éveillé l'intérêt du lecteur qui se rend bien vite compte que, si le décor a bien été pensé et construit, c'est en revanche loin d'être le cas de tout le reste. L'intrigue comme les personnages apparaissent ainsi très vite comme de simples prétextes servant à mettre en scène cette Europe uchronique qui, pour passionnante qu'elle soit, ne peut pas à elle seule porter tout le roman. En ce qui concerne la narration, l'auteur opte pour une succession de récits imbriqués : un jeune homme publie en 2018 les mémoires de son père qui a découvert en 1958 une succession de rapports attestant d'événement inconnus s'étant déroulés en 1918. L'idée est bonne et la construction soignée, les récits se répondant et se complétant au fil du roman. Malheureusement, la plupart de ces témoignages se perdent dans une foule de détails qui, quoique nécessaires pour poser et approfondir le décor, n'en finissent pas moins par nuire au rythme du récit. Si le lecteur tourne les pages sans ennui, on ne peut pas non plus dire qu'il le fasse avec passion, d'autant plus qu'on peine à s'attacher aux différents personnages. Sans être antipathiques, la plupart d'entre eux restent en effet bien trop peu développés pour parvenir à créer un lien empathique avec le lecteur, y compris Victor, notre fameux Frankenstein, qui m'a totalement laissé de marbre malgré son destin tragique. Un mot, pour finir, sur la plume de l'auteur qui reste pour sa part toujours aussi soignée et attachée à respecter le style de l'époque pour renforcer l'immersion. de ce point de vue, le texte est une réussite.

Lecture en demi-teinte pour ce « Frankenstein 1918 » qui rend aussi bien hommage à la célèbre créature de Mary Shelley qu'aux victimes de la Grande Guerre. Si l'uchronie fourmille de bonnes idées et est détaillée avec un luxe de détails et de références remarquable, on peut malgré tout regretter que l'intrigue comme les personnages n'aient pas bénéficié du même soin et semblent ne servir que de prétexte à la mise en scène du décor.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Johan Heliot est un auteur somme toute malin, et il faut le souligner, en lien avec l'actualité de notre monde. Ce monsieur, loin de rendre hommage à une oeuvre majeure de la littérature de l'imaginaire, se permet également de revisiter l'histoire au détour, également, d'un anniversaire. Effectivement, 2018, c'est le centenaire de l'armistice. 2018, c'est également le bicentenaire de la publication de « Frankenstein ou le Prométhée moderne » par Mary Shelley. Visiblement une belle occasion de nous livrer une uchronie épistolaire, sorte de grand jeu littéraire et historique où les clins d'oeil se multiplient exponentiellement tout au cours du livre.

Frankenstein, c'est le premier roman majeur de science-fiction. Par la science, le torturé et passionné Victor Frankenstein parvient à vaincre les limites de la mort et réanimer les chairs mortes, aboutissant à la création de ce désormais si célèbre « monstre de Frankenstein », souvent dénommé à tort par le nom de son créateur. Et le roman, loin d'être le classique d'horreur que certains semblent avoir lu, se révélait un roman gothique, ou pour sûr romantique, formidable. Récit épistolaire par excellence, on y dépeignait les tourments de l'âme humaine, et notamment dans son tragique romantique : la solitude, le questionnement intérieur omiprésent, et évidemment cette thématique de mort qui renverse ici le postulat de base de nombreux écrits romantiques. Si le point de départ prend bien à contre-pied ce genre littéraire, l'exécution le respecte bien. Et finalement, le « monstre » de Frankenstein inspire au lecteur beaucoup de réactions très éloignées de l'effroi…
Dans « Frankenstein 1918 », Johan Heliot a la judicieuse idée de situer son point de divergence en 1818. Mary Shelley n'a jamais existé, en revanche, son oeuvre, elle, si. Mais elle n'est plus un travail de fiction, mais de réels témoignages : « Les carnets de Victor Frankenstein ». Les protagonistes de l'oeuvre de Shelley ont donc bien existé et le procédé ramenant des morceaux de cadavres suturés à la vie s'est bien déroulé. Mais ces « carnets », loin d'avoir été exposé aux yeux du monde entier, ont eu un parcours assez discret, passant de mains en mains pour finalement atterrir dans les mains du gouvernement britannique…
Cette oeuvre étant en premier lieu un hommage à l'oeuvre de Shelley, elle en respecte notamment la structure, choisissant une forme qui ressemble au roman épistolaire. Si on ne lit pas vraiment des « lettres » ici, on alterne tout de même entre divers narrateurs qui nous feront vivre cette histoire à-travers les époques. le narrateur principal, jeune thésard sous l'occupation allemande, est passionné par « l'histoire secrète » se cachant dans la Grande Guerre. Car, évidemment, « Frankenstein 1918 » est bel et bien une uchronie, les les conséquences de l'existence de « non-nés », cadavres ramenés à la vie, sont majeures. La Guerre fut gagnée par les allemands, qui occupent dorénavant la France, et surtout, les conséquences furent énormes pour la Grande-Bretagne : Londres fut la victime d'un bombardement nucléaire, plongeant une grande partie du pays depuis dans un hiver nuclaire. Notre narrateur va donc essayer de découvrir ce qui s'est caché dans les coulisses de cette guerre, ce qui l'amènera à croiser beaucoup de personnes à la recherche de la vérité, et notamment de découvrir des documents centraux dans le récit et qui le mèneront jusqu'à sa conclusion : les mémoires d'un certain « Churchill » de même que le journal de « Victor, premier des non-nés ».
Et c'est extrêmement intelligent, et on assiste à un gigantesque jeu littéraire, tissé avec une complexité honorable. Churchill nous racontera l'expérience Walton (personnage narrateur de l'oeuvre de Shelley, ayant ici récupéré les « carnets de Frankenstein ») et ses espoirs quant à changer le cours de la guerre ; tandis qu'évidemment le journal de Victor, premier des non-nés, sera le récit du premier individu créé de ces expériences. Et c'est ainsi que l'on traversera la guerre en multipliant les points de vue, et en croisant un certain nombre de personnages historiques, notamment la famille Curie.
On a donc un récit passionnant et particulièrement complexe, et si cette intelligence du propos est délicieuse, cela n'enlève rien à certains défauts du livre. Et cela tient, en tous cas pour mon expérience personnelle, à un rythme très lourd. Je trouve le roman, de manière assez global, asez difficile à ingurgiter. C'est assez lent : l'incipit présentant la situation est assez conséquent à absorder, l'intrigue progresse lentement, les variations de rythme entre chaque narrateur sont fictives puisqu'elles sont à peine décelables. On ne s'ennuie pas, non, mais on n'est pas transcendé par le récit et il faut un peu de courage pour en livre une cinquantaine de pages d'affilée, par exemple. Et ceci explique en partie pour moi cette lecture plutôt longue pour un bouquin qui ne fait, rappelons-le, que 200 pages. Il en parait beaucoup plus.

Mais au final, force est de constater que ce serait assez lâche de ne pas conseiller ce récit, tant l'intelligence du propos détonne dans le fond des publications actuelles. C'est quand même un tour de force : rendre hommage à une oeuvre majeure et un évènement historique déterminant au-travers d'une oeuvre de fiction. Et l'exercice d'uchronie est sacrément difficile, et il faut avouer que Johan Heliot fait fort ici (n'en témoigne le sort qu'il réserve, par exemple, à Churchill…). Alors n'hésitez pas, si vous êtes friands des uchronies, aficionado de l'oeuvre ou ne serait-ce qu'intrigué par cette histoire qui sort franchement des sentiers battus ; lisez ce roman.
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La SF et le fantastique, ce n'est pas la tasse de thé de tout le monde – et, chez Ô Grimoire, on retrouve bien cette dualité -, mais quand un résumé m'interpelle, je me dis « allez, on essaye et on verra bien » !

Pour ma part, je découvre cet auteur – quelle honte surtout que nous sommes également lorrains ! -. J'ai donc fait quelques recherches et j'ai découvert que Johan Heliot aime s'amuser avec l'Histoire et ici c'est encore le cas ! Ce n'est donc probablement pas anodin si son livre est sorti alors que l'on célébrait le centenaire de la Grande Guerre et le deux-centième anniversaire de l'ouvrage de Mary Shelley

Ce que j'ai apprécié dans cette histoire, c'est la référence aux gueules cassées de la Grande Guerre mais également l'hommage de l'auteur à Mary Shelley. Et puis, je trouve également que l'idée d'utiliser des « fragments » de vie de personnage – l'auteur utilise des destins imbriqués – renvoie bien à la violence de la guerre et au métal voire même aux os qui éclatent en mille morceaux.

Si l'uchronie européenne créée de toute pièce par l'auteur est passionnante et nous laisse sans voix, je trouve en revanche que l'intrigue et les personnages sont eux laissés au second plan et ne sont pas assez travaillés… Je n'ai réussi à m'accrocher à aucun d'entre eux, je les ai trouvés assez plats et, du coup, sans grand intérêt. L'originalité de l'histoire aurait , de mon point de vue, mérité des personnages hauts en couleur. Là, il me manque quelque chose…

Typiquement, le personnage de Winston Churchill, truculent, fort en gueule, mais également controversé, aurait pu être extrêmement efficace dans un tel contexte. Il n'a d'ailleurs probablement pas été choisi par hasard par l'auteur. Mais cela ne pèse pas sur l'histoire, et j'ai trouvé cela dommage.

Bref une lecture en demi-teinte, je n'ai pas plus accroché que cela… Quel dommage car ça fourmille vraiment de bonnes idées !
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Une idée très intéressante que ce Frankenstein revisité à l'aune du 200e anniversaire de la sortie de la "version originale", et du 100e anniversaire de l'armistice de la première guerre mondiale.
L'uchronie est plutôt bien pensée, avec un point de bascule situé en 1917, lorsque les Américains décident de ne pas venir et que les Allemands, libérés du front de l'est par la révolution russe, lancent une offensive victorieuse sur le front de l'ouest provoquant l'invasion de tout le nord de la France excepté Paris, assiégée (ce qui nous fait un curieux melting pot entre la situation de 1870 et celle de 1940).
Ce choix dénote une bonne connaissance du double-conflit mondial et une excellente documentation de la part de l'auteur, qui en profite pour se livrer à une belle réflexion philosophique sur l'immortalité et sur la guerre totale.
L'esprit du roman de Mary Shelley est bien reproduit, avec une narration épistolaire respectant les codes du genre à l'époque, c'est-à-dire assez lyrique et emphatique, mais ce ne fut pas pour me déplaire. D'ailleurs, Johan Héliot a un très joli style.
J'ai eu cependant un peu de mal à rentrer dedans, et j'ai été gêné par endroits par une intrigue et/ou une construction parfois un tantinet embrouillées, même si l'auteur retombait toujours sur ses pattes.
Une invraisemblance aussi à la fin quand le héros est capable de retranscrire parfaitement de mémoire ce qu'on lui a dit en français alors que de son propre aveu, il ne comprenait pas cette langue.
Enfin, et là il s'agit plus d'un message pour l'éditeur : la version numérique (légale, bien sûr) que j'ai lue est tronquée d'une ou plusieurs pages vers la fin, je ne sais pas combien exactement, mais ça ne "s'emboîte pas."
Ça ne m'a pas empêché de raccrocher les branches, mais c'est quand même fâcheux.
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critiques presse (2)
Elbakin.net
23 janvier 2019
Crépusculaire, profondément humain aussi, tout dans le récit n’est que témoignages, comme en écho à la forme épistolaire du roman de Mary Shelley. L’horreur y est ordinaire, ce sont les batailles, les morts, ceux que l’on ne laisse pas reposer en paix, ceux que l’on oublie pour un « bien commun » jugé plus important, ceux qu’il est douloureux de laisser partir [...] Hommage à une romancière iconique, hommage à notre Histoire, à ceux qui se sont battus, qu’ils aient le choix ou non, Frankenstein 1918 est aussi un vibrant hommage à la vie.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Liberation
03 octobre 2018
Johan Heliot reprend le mythe créé par Mary Shelley dans une uchronie fantastique où l'Europe perdante de la Première guerre se trouve sous protectorat prusse.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le pire pour ces garçons consistait à se rendre compte qu'ils mourraient pour la conquête d'un demi-yard de terre dénué de valeur stratégique, repris le lendemain par ceux d'en face à un prix aussi exorbitant. Où était la logique, où était la grandeur, où la nécessité de l'ultime sacrifice ? Nulle part, évidemment.
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Après la terrible hécatombe de la Guerre terminale et ses cent millions de victimes estimées, militaires et civiles, quel plus bel horizon concevoir pour le futur que la mort enfin vaincue ? Quel plus beau présent offrir aux enfants du malheur, grandis sur les décombres du passé ?

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En période de guerre, la morale ordinaire s’abolit au profit d’un unique objectif : la victoire sur l’ennemi.
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[...] j'étais homme de mon siècle, celui de la maîtrise des forces naturelles pour le profit de tous, celui de l'expansion des machines dans les champs de la vie et aussi de la mort. Rien de tout cela m'étonnait, et je savais qu'à l'avenir, après, hier, un Frankenstein, plus proche de nous un Edison et tant d'autres impossibles à nommer, de plus en plus nombreux, je savais bien qu'après eux une ère s'ouvrirait qui verrait le triomphe d'une Raison nouvelle.
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Mais il arrive un moment où le niveau des pertes envisagées dépasse toute perspective humainement acceptable. Quand la victoire est au prix du sacrifice d'une génération, en quoi diffère-t-elle de la défaite ?
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Vidéo de Johan Heliot
Interview de Johan Heliot par Estelle Hamelin pour Actusf aux Imaginales 2019.
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