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Aleksandar Grujicic (Traducteur)
EAN : 9782742782383
206 pages
Actes Sud (06/04/2009)
3.4/5   15 notes
Résumé :
Karlo Adum se décide à entreprendre un voyage de Zagreb à Sarajevo pour prendre connaissance du testament de son oncle. Dans sa vieille Volvo, il traverse un pays désormais morcelé en territoires tour à tour croates, serbes et bosniaques. Passages de frontières, villages abandonnés, restaurants en bord de route, rencontres sportives, accidents de voitures et personnages hauts en couleur, tout invite Adum à sonder les recoins les plus sombres de l'Histoire et de sa p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Je rebondis sur la critique de vdujardin: "il faut assez bien connaître l'histoire des Balkans depuis la première et la seconde guerre mondiale puis aux guerres récentes des années 1990 pour bien pouvoir apprécier ce texte, les allusions nombreuses, les moqueries entre Serbes et Croates, le franchissement des frontières...". D'autant plus vrai qu'il est ici surtout question des Bosniaques... musulmans ou non. Autant dire que des connaissances de base sur les empires austro-hongrois et ottoman ne seraient pas inutiles!
A part ca, on aime l'humour balkanique, à la "Kusturica", ou pas. Ca donne parfois dans le grand guignol. Mais la lecture vaut le coût, non seulement parce qu'elle est très distrayante (sur un sujet délicat, à condition d'en connaître la donne, désolé d'insister) et parfois très prenante. La scène de l'accident de la route avec camions, chevaux et pastèques (oranges?) est a elle seule un fantastique raccourci de la réalité quotidienne dans cette région du globe. Un coup de maître!
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A travers des hallucinations rêveuses et des souvenirs (très emmêlés) c'est l'histoire tragique d'une vie qui se joue sous nos yeux. Une histoire d'errance et de solitude qui a été rythmée par la riche histoire de la Croatie. le roman est mené par les évènements qui se bousculent, sous nos yeux de lecteur, mais aussi dans la tête embrumée du narrateur, qui, comme on l'a dit, se raconte des histoires, rêve, mais aussi se souvient, bref, il mélange tout. Sa grande capacité de réflexion et son érudition, nous amène toujours plus loin, tant et si bien qu'on se perd dans les méandres de son subconscient.

Heureusement, c'est assez bien écrit pour dissiper le brouillard. Cependant, l'écriture manque d'un je ne sais quoi, d'une pointe de rythme, d'un peu de poésie pour être tout à fait fascinante et faire tourner les pages.
Finalement, ce livre m'a été pénible à lire, sans, à aucun moment, je ne réussisse à dire pourquoi. C'est bien écrit, certaines métaphores sont intéressantes, le flot des souvenirs, des pensées et cette longue route dans la nuit sont fluides, cohérents, contiennent ce qu'il faut de déviation de l'esprit. Non, l'écriture est bien, c'est une forme de road trip. L'auteur avale la route en sens-inverse de celle qui a prise enfant. Il pense à sa femme, à sa mère, à ceux qui croisent son chemin.
Cependant, je n'ai pas réussi à me passionner pour cet homme à nu, dans la tête de qui, pourtant, nous sommes.

Les flux des pensées s'entremêlent avec le présent rendu étrange par ce flot d'idées constant ne m'ont pas convaincu. Après avoir dépassé une centaine de pages : il y a un passage dans un restaurant qui m'a vraiment aidé à comprendre que ce livre n'était pas pour moi. Dans ce restaurant, il commande à mangé, bref, normal, il ne se passe pas grand chose… Et ce sont six pages bien écrites, remplies de métaphores, sur la valse des serveurs et ce qu'il commande comme nourriture… Cela comble un vide abyssal. Et je pense que c'est le point où l'auteur voulait en venir : c'est un vieil homme, seul, triste, qui s'ennuie profondément et qui n'a rien d'autre que ses souvenirs, peuplés de traumatismes et du mystère du testament pour se sentir en vie. Il n'a plus que ce trajet comme raison de vivre. de remplir le vide.
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Quelques éléments assez drôles, comme par exemple l'immeuble de Karlo où seul le facteur actuel peut se retrouver, le nom sur les boîtes ne correspondant pas à celui des habitants actuels… Sinon, je pense qu'il faut bien connaître l'histoire des Balkans depuis la première et la seconde guerre mondiale (allusions aux déportations) puis aux guerres récentes des années 1990 pour bien pouvoir apprécier ce texte, les allusions nombreuses, les moqueries entre Serbes et Croates, le franchissement des frontières, le port d'un revolver par un vieux monsieur apparemment pacifique qui roule à bord d'une Volvo de trente ans d'âge… Bref, je n'ai pas trop adhéré, sans doute faute des pré-requis nécessaires.. Peut-être à relire après avoir approfondi l'histoire du dernier siècle dans cette région. Je crois que je fais une allergie aux road-movies, que ce soit en littérature comme ici ou au cinéma (en particulier pour ce film… et je ne suis pas allée voir Mammuth lors de sa sortie ou du festival Télérama pour la même raison).
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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Roman que j'ai lu en "VO" si je puis dire, l'écriture de Miljenko Jergovic m'a beaucoup plue. Cependant, l'histoire fut très lente, et ennuyante, comportant des flashbacks du personnage principal durant son trajet vers Sarajevo.
Bref, je ne le conseille pas vraiment.
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Le trajet routier presque anodin d'un professeur retraité entre Zagreb et Sarajevo devenant sous nos yeux une rusée leçon d'histoire, de mémoire tenace et de contamination pernicieuse.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/07/12/note-de-lecture-freelander-miljenko-jergovic/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
– Quand est-ce que vous l’avez vu pour la dernière fois ? demanda le Facteur.
– Ça, vous savez, c’est une autre histoire. Je ne l’ai jamais vu. Tous deux se sont fâchés à mort peu après ma naissance, j’avais six mois à l’époque. C’était plus qu’une dispute, il y a eu du sang, des coups de feu, les haches brandies dans les escaliers, et cette bagarre s’est soldée par le pouce droit en moins pour mon père. Imaginez-vous ce que c’est quand il vous manque un pouce ? C’est comme si vous étiez privé de la main tout entière mais c’est pire, car il vous reste les quatre autres doigts pour vous rappeler qu’ils vous sont inutiles. Parce que, avec quatre doigts sans pouce, on ne peut rien faire. Voilà pourquoi mon pauvre père a ensuite passé sa vie à gratter le mur de la cuisine jusqu’au sang. Et ce pouce perdu a fini par le tuer. Il est mort comme un chien, de tristesse, uniquement parce qu’il ne savait pas quoi faire avec ses doigts. Il aurait vécu encore vingt, trente ans si son frèe lui avait tranché les autres doigts aussi.
– Pourquoi s’étaient-ils brouillés ?
– Je ne sais pas, chez nous, personne n’en parlait.
– Votre père parlait parfois de son frère ?
– Oui, bien sûr. Il racontait comment pendant la Grande Guerre, lors de cet hiver 1915 – le pire de tous, il n’y avait plus de bois et le grand-père faisait la guerre en Galicie -, ils se réchauffaient sous le même édredon. Ils plaquaient leurs pieds l’un contre l’autre, puis ils pédalaient comme s’ils étaient à vélo. Et ils faisaient, à vélo, le trajet vers l’Amérique, tous les deux tout seuls, mais ils n’y arrivaient jamais, ils s’endormaient à mi-chemin. Cet hiver-là, il y eut beaucoup d’enfants morts gelés dans leur lit mais eux, s’ils s’en sont sortis, ce n’est pas grâce à l’édredon ni au matelas, c’est pour avoir pédalé. Quand leur mère, ma grand-mère Anka, leur a expliqué qu’on ne pouvait arriver en Amérique avec un vélo parce qu’il coulerait au milieu de l’Océan, ils sont tombés malades tous les deux, la diphtérie ou une mauvaise grippe, je ne me souviens plus, au point qu’ils ont failli y passer. Heureusement, le printemps a fini par arriver. Voilà ce que mon père racontait sur mon oncle Tadija. Dans d’autres histoires encore, Tadija était le frère aîné bon et chéri, qui le protégeait du monde et pédalait avec lui pour rejoindre la côte américaine.
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Le facteur, qui depuis vingt-cinq ans lui apportait son courrier à Zaprudje, n’avait jamais appelé Karlo Adum par son nom, et réciproquement, mais le professeur ne s’en souciait guère. De temps à autre, certes, l’idée que cet homme aux grosses moustaches en brosse, né, comme Vuk Karadžić, dans le village serbe de Tršić, puisse porter un nom lui traversait l’esprit, mais le lui demander eût constitué à ses yeux un manque de politesse. A fortiori maintenant, au lendemain des années quatre-vingt-dix. Originaire de Tršić, il ne pouvait avoir d’autre nationalité que celle qui crée un malaise lorsqu’on en fait état en Croatie. Par conséquent, il valait mieux que le facteur reste le Facteur, celui qu’Adum connaissait depuis toutes ces années : un facteur avec une femme, Stefa, de Križ, et trois filles, Dubravka, Jadranka et Planinka. En fait, Adum ne les avait jamais vues, mais il en avait beaucoup entendu parler, non seulement par le Facteur lui-même, mais aussi par les voisins, qui s’étaient montrés contrariés par les deux mois de congé dont celui-ci avait voulu profiter pour aller avec sa Stefa dans une station thermale afin d’y soigner ses genoux fatigués. Il avait été remplacé par un alcoolique invétéré qui avait régulièrement déposé les lettres dans les mauvaises boîtes. Ce dernier alléguait que non seulement, au lieu des noms des habitants actuels de l’immeuble, les boîtes aux lettres portaient encore ceux des gens qui s’y étaient installés au tout début, vers 1968, mais aussi ceux d’individus qui n’y avaient jamais vécu. Le Facteur, en revanche, connaissait parfaitement les vrais résidents et n’avait donc pas besoin de leurs noms, tant et si bien que ceux-ci avaient fini par considérer l’exhibition de leur identité sur les boîtes aux lettres comme une impudeur. Si le Facteur, prenant sa retraite anticipée en raison de l’état de ses genoux, ne revenait pas de ses congés, chaque habitant de l’immeuble allait alors être obligé d’afficher à un endroit visible ses nom et prénom. Tout le monde en avait eu froid dans le dos.
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Oratorios et symphonies, requiem et passions, calvaires et résurrections mis en musique, rien de tout ce qu'une fois adulte il avait entendu tant de fois n'était comparable à l'impression laissée par cette simple combinaison de deux voix d'homme, au moment où des corps pendaient couverts de la rosée du matin, et où le parfum fade et douceâtre de l'encens se mélangeait à celui d'êtres en décomposition.
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La journée était belle, comme c'est souvent le cas quand on part tout en voulant rester.
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Vidéo de Miljenko Jergovic
Le vendredi 13 juillet 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie de recevoir Emmanuel Ruben pour évoquer les récentes publications de "Le coeur de l'Europe" (éditions La Contre Allée) et de "Terminus Schengen" (éditions le Réalgar), et pour effectuer un parcours au sein de la littérature d'ex-Yougoslavie. Il évoquait Milos Crnjanski, Ivo Andric, Aleksandar Tisma, Danilo Kis, Milorad Pavic et David Albahari, tandis que le librairie Charybde 2 évoquait Faruk Sehic, Miljenko Jergovic et Goran Petrovic.
Ceci est l'enregistrement de la première heure de la rencontre.
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