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EAN : 9782072744204
240 pages
Gallimard (03/05/2018)
4/5   1 notes
Résumé :
Qu'est ce que peindre? Qu'est-ce que voir ? Qu'est-ce qui fait qu'un regard est unique? Gérard Fromanger réfléchit à haute voix sur son art et parle de la naissance de ses tableaux. Vif et percutant, il raconte aussi la face cachée de la vie de peintre. Auteur d'une oeuvre parmi les plus sensibles aux mutations sociales et esthétiques de la deuxième moitié du XXe siècle, c'est tout un pan de l'histoire artistique qui est révélé avec humour et vivacité.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'année 2018 est celle du cinquantenaire de mai 68, qui a donné lieu à des manifestations diverses, de qualité disparate. Or si l'on veut se plonger dans l'atmosphère de cette période et surtout la comprendre, rien de plus simple : il suffit de lire les entretiens que le peintre Gérard Fromanger a accordés à Laurent Greilsamer. le livre en lui-même est une page d'histoire que le lecteur s'approprie sans même sans apercevoir. À la fois récit, témoignage et panorama de la situation artistique parisienne de l'après-guerre à nos jours, l'ouvrage est l'un des plus inspirés de la collection « Témoins de l'art » des éditions Gallimard. Il est de surcroît d'une lecture particulièrement agréable pour le farniente d'été : le rythme de l'écriture est vif, les répliques incisives, les évocations suggestives... Ce sont presque des tableaux vivants, qui rendent hommage à la finesse d'observation des deux comparses, qui échangent sur la peinture mais aussi sur la littérature, la politique, le cinéma, l'essor de la voiture dans les années 1960, la crise du marché de l'art dans les années 1990...
Pour autant, il ne s'agit pas de conversations décousues : l'ouvrage est divisé en chapitres thématiques illustrés d'un cahier de reproductions, qui correspondent à des moments précis de la création de G. Fromanger. On commence évidemment par l'enfance et la formation, qui n'ont rien de banal. « Héritier » de sept générations d'artistes, le jeune homme ose ce que son père, un des plus grands experts en joaillerie de Paris, ne s'est jamais permis : devenir peintre ! Obsédé par Picasso – qu'il déteste et cherche à comprendre jusque sur son lit de mort –, ce père très aimé est aussi une figure repoussoir, qui symbolise la France d'antan. Pourtant, Fromanger fils décide de se former à l'ancienne : pendant des années il « se refuse au plaisir de peindre », devient une sorte de « moine du dessin » pour gagner ses premiers succès dans les années 1960 avec des nus gris à l'huile sur toile, inspirés de l'art dépouillé de Giacometti. Il fallait en effet être d'avant-garde, mais sans abandonner la figuration. La récente rétrospective de son oeuvre au Centre Pompidou, en 2016, montre que le pari fut réussi pour Fromanger. Les affiches de drapeaux réalisées entre 1968 et 1970, où le rouge dégouline en coulures ascendantes, s'accordent parfaitement avec les idées pacifistes de l'époque. Des séries « Boulevard des Italiens » de 1971 jusqu'à celles intitulées « Bastille dérives » de 2007, l'artiste s'offre comme le traducteur engagé du monde moderne.
L'intérêt de ces entretiens est précisément de comprendre que pour la génération de G. Fromanger, la peinture a une fonction politique, qui lui donne sa profondeur et son sens. Mais c'est aussi le moyen de partir à la découverte d'un passé, qui malgré sa proximité, paraît aujourd'hui bizarrement lointain : celui de la construction de Beaubourg ou encore des nuits de chez Castel, où se retrouvaient rugbymen, banquiers, artistes et philosophes... Les passages sur Jacques Prévert, Michel Foucault, Félix Guattari, Jean-Luc Godard et Gilles Deleuze, tous amis du peintre, complètent cette vie recomposée par petites touches colorées, selon le prisme d'un kaléidoscope toujours mouvant.
Par Christine Gouzi, critique parue dans L'Objet d'Art 547, juillet-août 2018
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Ce livre retrace la vie et la carrière du peintre Gérard Fromanger dans son déroulement chronologique. Cette biographie est construite sous forme de conversations entre l'artiste et le journaliste Laurent Greilsamer.

Les discussions mêlent confidences personnelles, regard rétrospectif sur son parcours (la fin des illusions révolutionnaires à la fin des années 70 par exemple), anecdotes sur certains évènements historiques (comme mai 68), sur les artistes et les amis qu'a rencontrés et fréquentés Fromanger (notamment le sculpteur César, le galeriste Aimé Maeght, le critique d'art Alain Joufffroy, Prévert, Godard, Foucault, Hocquenghem, Deleuze, Guattari, le roi de la nuit Jean Castel, les collectionneurs Bob Calle ou Marin Karmitz...), et réflexions sur son travail et sur l'art.

Le livre donne somme toute assez peu d'éclairage sur l'histoire de l'art français, notamment celle des années 60 et de la Figuration Narrative, mouvement auquel on associe parfois le peintre. Il est beaucoup plus centré sur la personne même de Fromanger.

Il s'affirme comme un artiste soucieux de se renouveler en permanence, sans concession au marché. Il est intéressant de suivre son évolution artistique : parti de peintures grises influencées par Giacometti, Fromanger passe à la couleur en travaillant à partir de photos en noir et blanc qui représentent la banalité quotidienne et qui sont projetées dans la pénombre sur sa toile nue, technique utilisée jusqu'à la fin des années 70. Il casse le rapport habituel entre les couleurs et le réel, et entre les couleurs et les émotions. Il détourne la signification habituelle des formes. Il veut peindre la réalité mais d'une manière neuve : les images qu'il crée en cassant les codes parlent du réel d'une nouvelle façon. le dessin est pour lui essentiellement ombre et lumière; la ligne est une abstraction et à ce titre il faut lui inventer de nouvelles fonctions.

Le livre est agrémenté de quelques photos historiques de l'artiste et de 16 pages de reproductions en couleur des oeuvres de Fromanger, qui viennent illustrer utilement ses propos.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Comment ces collectionneurs vous repéraient-ils ?

Au Salon de la Jeune Peinture ! C'est là qu'exposaient tous les grands artistes d'aujourd'hui. On avait vingt-cinq-trente ans... Il y avait très peu de visiteurs... Tout le monde se foutait de ce qu'on peignait et moins il y avait de monde à nos vernissages, plus on était contents. Je n'exagère pas. Cela voulait dire que c'était vraiment nouveau. Pour nous, les peintres qui attiraient du monde à leurs vernissages, c'était très mauvais signe! On se moquait d'eux. Ils faisaient du commercial ... Nous, on attendait trois heures qu'il y ait quelqu'un qui entre dans la galerie...
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Vidéo de Laurent Greilsamer
les matins - Départementales 2015 : les nouvelles cartes du FN .Hervé le Bras Démographe, Directeur d'études à l'INED, enseignant à l?EHESS Spécialiste en histoire sociale et démographie « La question de l?immigration, c?est terminé. le FN est porté par les inégalités sociales » entretien avec par Eric Fottorino et Laurent Greilsamer va paraître dans le nouveau numéro du journal « le un » Nonna Mayer Politologue Directrice de recherche au CNRS, professeur à Sciences-Po Son article « Quand les femmes s?y mettent » va paraître dans le nouveau numéro du journal « le un ».
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