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EAN : 9782019463106
192 pages
Les Insolentes (05/10/2022)
3.88/5   20 notes
Résumé :
On fait quoi de toute cette colère pour qu'elle ne nous bouffe pas ?

La colère n’est pas toujours acceptée par celles.ceux qui la ressentent et celles.ceux qui la reçoivent. Pourtant, s’il y a un sentiment universel, c’est bien celui-ci. Dans nos sociétés patriarcales, elle est d’autant plus étouffée et silenciée lorsqu’elle concerne les personnes minorisées. On les culpabilise, on les pousse à l’intérioriser et à la faire taire. Pour ouvrir le débat ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un sublime recueil de six contributrices autour des thèmes de la colère et du traitement qu'on lui réserve en tant que femme ou minorité.
Tout commence par une fiction de Lucile Bellan autour d'une jeune femme et mère qui travaille : un récit à l'abord si commun, dont la simplicité tord progressivement le ventre et donne envie de hurler tout comme le voudrait son héroïne. Mais là est tout l'enjeu de Fruits de la colère : crier face à l'injustice, à l'exploitation et aux violences nous est interdit, sous peine d'être disqualifié.e, traité.e d'hystérique, de hyène, de menace. Ne resterait alors qu'à se taire, lisser, arrondir les angles, et laisser la rage nous consumer de l'intérieur jusqu'au désespoir comme la protagoniste du récit.
C'est là qu'interviennent l'édito lumineux de Pauline Harmange et les essais explosifs de Fatima Ouassak, Douce Dibondo et Daria Marx, qui nous invitent chacune leur tour à reconnaître la colère face aux oppression sexistes et racistes comme légitime, nécessaire et digne.
le sublime texte de Fatima Ouassak, militante que j'admire énormément et qui m'a remis elle-même cet exemplaire, aborde son expérience en tant que mère soucieuse du bien-être de ses enfants racisés dans une banlieue populaire et son parcours de militante. Quand ses enfants sont maltraités par les institutions, quand les démarches écologistes pour rendre la vie meilleure sont attaquées par les médias, quand l'entourage encaisse les injures racistes jusqu'à l'explosion, que faire de toute cette colère ? Pour Fatima Ouassak, seule une colère collective peut permettre de renverser la table et mettre fin aux injustices individuelles sans nous dévorer. le texte de Douce Dibondo poursuit ce raisonnement même si je l'ai personnellement trouvé bien moins fort : l'essai, écrit sous un angle décolonial est plus générique, plus théorique, moins incarné et il faut bien dire que je ne me suis pas sentie concernée. Enfin, Daria Marx aborde dans sa contribution le rapport à son corps, qu'elle a d'abord honni après un inceste et des violences sexuelles, puis les troubles alimentaires et la rage qui y a couvé pendant de nombreuses années. La violence infligée à soi-même dans une colère dont on ne connaissait pas le nom. La marge d'un corps gros et hors normes. Et puis la découverte du féminisme, de la révolte en étendard, de la sororité, de l'amour de soi et des autres femmes.
Les poèmes de l'autrice militante Kiyémis ouvrent et clôturent le recueil dont on doit la magnifique mise en page aux lettres gothiques et pages rose bombe à la collection des Insolentes chez Hachette.
La lecture de ce recueil n'a pas été sans me rappeler celle de King Kong Théorie de Virginie Despentes, dont je recommande évidemment la lecture ; ainsi que La terreur féministe : Petit éloge du féminisme extrémiste d'Irene qui m'a été offert en même temps que Fruits de la colère. Ils m'ont fait le plus grand bien et ont posé des mots sur ces milles petites ou grandes colères qu'on ressent chacun.e au cours de sa vie. Je souhaite le prêter partout dans mon entourage et garder précieusement ses mots en tête !
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Enfin, j'ai pu lire ce recueil qui me faisait de l'oeil depuis si longtemps ! Sous la direction de Pauline Harmange, 5 femmes dévoilent leur vision de la colère à travers différents supports : la fiction (si parlante !) avec Lucille Belan, la poésie avec Kiyémis (je n'en lis jamais, mais j'ai apprécié), l'autobiographie avec Daria Marx, l'essai documenté avec Fatima Ouassak et Douce Dibondo.

La diversité des points de vue et des personnes représentées est clairement un gros atout pour cet ouvrage, merci à Pauline Harmange qui a visiblement mis un point d'honneur à mettre en avant des femmes que l'on n'entend pas assez.

Personnellement, j'aurais préféré que les différents chapitres soient mieux équilibrés entre eux, certains sont très courts, d'autres très longs. La partie plus théorique, notamment celle de Douce Dibondo, a été un peu plus ardue pour moi - mais je ne suis pas au top de la concentration en ce moment.

Cerise sur le gâteau, le livre en lui-même est très beau : couleurs et polices choisies, papier épais et de qualité, illustration de couverture... Bravo !
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Chaque récit permet de comprendre le rapport de chaque auteure à sa propre colère. Les enjeux, les causes, les conséquences sur leurs vies. Et cela raisonne en nous : quelle est la place de notre propre colère ? Comment la vit-on ? Quel impact a-t-elle dans notre vie ?
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critiques presse (1)
MadmoizellePresse
14 novembre 2022
Une fois la température montée jusque là, le feu de la colère contenue dans ce livre ne nous brûle plus les doigts, au contraire, elle les réchauffe, renforce les poings qu’on a envie de lever encore plus haut pour lutter plus loin, se faire entendre, exiger le respect et surtout l’imposer.
Lire la critique sur le site : MadmoizellePresse
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un slogan féministe bien connu est "il faut que la honte change de camp". Il faut peut être aussi que la violence change de camp, j'ai conscience que c'est inaudible, mais il faut apprendre aux femmes à se défendre, à se battre, à ne rien supporter sans consentement limpide et éclairé. Dès l'enfance, dès les premières classes, à l'école, nous devons éduquer les filles à sortir des moules générés, pas seulement en leur proposant de faire du football, mais en les autorisant à se battre, à se défendre, à hurler, en leur rendant le droit à leurs émotions brutes.
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Parlons les unes avec les autres. Si les raisons de nos colères sont partagées, ne serait-ce que par l'une d'entre nous, alors ce n'est pas que dans notre tête, ce n'est pas de la paranoïa. Partagée, la colère ne faiblit pas ; elle s'affine, se précise, se renforce et surtout elle devient légitime. Que l'ennemi le veuille ou non. Car on peut facilement disqualifier la colère d'une personne - elle est "folle" - mais il est plus difficile de disqualifier la colère d'un peuple.
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Je ne crois pas [...] que se départir de sa colère soit une bonne chose. [...] Je ne sais pas si je fais confiance aux gens qui ne s'énervent jamais. Je les jalouse un peu, parfois. J'ai appris à faire confiance à ma colère. Elle est un signal puissant que je ne sais plus ignorer. J'ai appris à l'apprivoiser, nous nous sommes rencontrées. Ma vie s'organise différemment depuis que nous vivons ensemble. Nous avons grandi ensemble. Son adolescence à été compliquée, douloureuse. Elle m'a rongée de l'intérieur, elle m'a dévorée tout entière. Elle a été là source de frustrations terribles, à se taper le crâne contre les murs, j'ai voulu qu'elle se casse, qu'elle s'enterre. Elle m'a joué des tours, elle m'a appris à écouter avant de parler, à réfléchir à mes mots, à ne pas être dans l'instantané. Elle a longtemps été mon émotion refuge, quand je n'en avais pas d'autres.
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Ce que nous disent les courants dans lesquels nous naviguons [...] c'est que la colère n'est pas universelle. Ni dans son accès ni dans l'image qu'elle renvoie. Ni dans ce pour quoi elle se bat. Ce n'est pas parce qu'on est une femme et qu'on n'a pas eu accès à la colère pendant longtemps qu'elle est maintenant toujours légitime, dans toutes ses formes et ses expressions. Et si tant de personnes encore voient leurs colères légitimes minorisées, stigmatisées et empêchées, il est nécessaire que les plus privilégié.es d'entre nous continuent d'interroger la place que prend la leur dans l'espace public.
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Video de Pauline Harmange (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pauline Harmange
Venez avec moi à la rencontre de l'héroïne de "Lire est dangereux (pour les préjugés)", Clara - lectrice passionnée, bénévole au sein de la bibliothèque de son lycée - qui découvre le jour de sa rentrée en Terminale que le proviseur du lycée a adressé à l'ensemble du corps enseignant une liste de livres censurés au sein de l'établissement... Clara, convaincue du pouvoir des livres, va décider d'entrer en rébellion !
La censure est au cœur de cette vidéo, qu'elle soit fictionnelle, ou réelle, comme ce fut le cas à la sortie de l'essai de Pauline Harmange, "Moi les hommes, je les déteste", ou concernant certains albums jeunesses, jugés inappropriés...
+ Lire la suite
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