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EAN : 9782848652115
277 pages
Sarbacane (28/02/2008)
4.04/5   50 notes
Résumé :
A douze ans, Katarina a vécu mille vies. Petite Rrom de Roumanie, elle a dansé au son de l'accordéon de son trublion de père, chanté pour égayer sa " madone muette " de grand-mère, entraîné ses démons de frères à gagner les concours d'insultes à la décharge publique, et appris presque seule à déchiffrer les " vingt-six mystères en pattes de mouche régulières ". Le monde l'attire éperdument, elle voudrait tout voir, tout connaître; l'occasion se présente lorsqu'on l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Katarina a douze ans et nous raconte son quotidien parmi les siens dans la toute petite caravane. Elle est roumaine mais aussi "bohémienne", elle vit en marge de la société aux pourtours de la ville près d'une décharge. Sa famille vit de la musique dans les fêtes, d'aumônes, de petits larcins. Sa mère est accro à la télévision comme porte ouverte sur le monde. Son père, accordéoniste, toujours en vadrouille, est le pilier de la communauté. Cet homme majestueux revient de temps en temps, éperdument attendu par tous, respecté, craint aussi... quand il revient c'est la fête. Katarina déambule dans ce camp avec ses 4 petits frères, vaque aux occupations quotidiennes en l'absence de sa mère et arbitre des batailles d'injures entre les plus jeunes.
Mais à 9 ans elle rêve de l'école. de cette école conventionnelle que ne portent pas dans leur coeur ses parents, inutile comme l'alphabétisation... l'important la musique et compter. Mais dans cette gaie communauté, il y a aussi la grand-mère, Lili la muette, qui chantait, danse encore. Et dans son wagon rouge, isolé du camp, sous son matelas, des livres. Et puis il y a aussi cette nouvelle venue de l'autre côté du bras de fleuve, Zsuzsa, une étrangère qui parle pourtant le rromani... elle lit à voix haute des tonnes de livres...
Et puis il y a le drame, cette perte essentielle, de trois femmes: le passé, le présent et le futur. Katarina part en France, à Paris, avec sa cousine partie, celle dont on disait qu'elle était devenue une gadjée, une femme du monde quoi!

La première partie du livre nous emporte dans ce camp de romanichels, fait de gaieté, d'instantanés, de musique, de paroles, de présence humaine. L'éducation est à la musique, à la danse, à la joie, à une temporalité dictée par les relations humaines et à la survivance. Pas question de livres, pas question d'écoles. de toutes façons, les écoles conventionnelles rejettent leurs enfants.
C'est aussi une description des règles: "ne pas ramasser d'objets ayant appartenu à des morts", ne pas livrer son âme aux non-rrom, rester dans la communauté, fêter la vie dès que possible, se méfier des autres et les accueillir à bras ouverts comme les nôtres avec le temps et la confiance.
Dans cet univers, Katarina fait office de "louve solitaire", elle est maternante avec ses frères mais s'octroie des moments de solitude et des rêves d'école jusqu'à en faire un chantage et une fugue. Les livres paraissent absents mais ils ne sont qu'inconnus. La grand-mère en a et l'arrivée de cette Zsuzsa offre à Katarina une leçon d'alphabet, un amour des livres, de l'objet, des histoires, des mots. Katarina lit les livres bien avant de savoir déchiffrer les lettres.

A Paris, chez cette cousine qui a perdu son âme (peut-être pas tant que cela!), Katarina découvre le confort, les rythmes quotidiens, un apprêt de sa personne et une préceptrice avant sa rentré à l'école. Les règles plus strictes, plus cloisonnantes pèsent sur la jeune adolescente. Elle a besoin de liberté et réclame du lâcher-prise quitte à ne pas pouvoir intégrer l'école (...)
Les conditions de vie sont différentes, les rapports aux voisins et commerçants sont aussi à apprendre. Et c'est peut-être la grande beauté du livre, cette rrom arrivée sur Paris, ne veut surtout pas devenir une gadji. En ville mais aussi dans ses relations aux autres, à l'autorité, elle reste libre, errante, vagabonde, impertinente avec l'insolence des libres. La culture rrom apparaît vivante, sous-jacente, présente même dans les villes par ce brin de liberté, de désinvolture, de joie: culture parquée ou vibrante et musicale dans le métro ou dans les salons (...)
Son rapport à l'école, une fois elle remodelée, plus "normée", est aussi une belle proposition. Entre tolérance, stigmatisation et frein. Les livres, ou en tous cas les mots ont la part belle dans ce roman. Les écrits de la jeune Katarina ponctuent le récit, comme ce devoir d'école présenté là. C'est aussi un hymne à l'amour des grands auteurs, en me donnant envie de relire SARTRE et de découvrir SOLJENITSYNE et BLAGA. C'est aussi une culture rrom assumée, entre la diseuse de bonne aventure, les larcins, l'esprit de contradiction, l'envie de ne pas vivre enfermés, l'envie de prendre la vie comme elle vient et surtout d'en faire un état de joie.

Le livre est peut-être en partie autobiographique, cela ne me surprendrait pas. La communauté rrom est décrite avec amour, sensibilité et non-complaisance. Cela fait aussi son charme, sans compter la superbe idée de proposer une bande son avec... (il ne manque plus que le CD).
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Ce roman pour ados est un vrai coup de coeur et un des plus beaux que j'ai lus sur les Rroms.
Il débute en Roumanie dans la famille de Katarina qui vit de débrouille et d'entraide communautaire en attendant le retour du père prodigue et fameux musicien.
Katarina veille sur ses petits frères et fouille dans la décharge entre l'arbitrage de deux matchs d'insultes avec les petits voisins mais elle rêve d'aller à l'école....
L'arrivée d'une nouvelle voisine dans la maison sur la rive d'en face, une voisine qui possède une bibliothèque magique, va lui ouvrir de nouveaux horizons.
Il y aura ensuite l'exil à Paris pour concrétiser ses rêves, découvrir un mode de vie jusqu'alors inconnu chez la belle cousine et son mari l'Architecte et son amitié improbable avec ses camarades du collège Philibert et Max.
ça parle de famille, de valeurs partagées, d'immigration et de nostalgie, du pouvoir des mots et de la musique, de la fraternité. Katarina est une véritable héroïne, attachante, qu'on n'oublie pas une fois le livre refermé.
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Gadji ! est le nom que les Rroms donnent aux étrangers, à ceux qui n'appartiennent pas à leur communauté. Katarina, justement, une jeune tzigane roumaine -une Rrom-, ne veut surtout pas qu'on la qualifie ainsi. En effet, la jeune fille a quitté sa famille, restée en Roumanie, pour s'installer en France, à Paris, chez une cousine, afin d'aller à l'école. Mais entre son enfance heureuse en Roumanie et son exil à Paris, Katarina se retrouve déchirée entre deux cultures, deux mondes totalement différents pour elle. Elle veut s'instruire à l école, en apprendre plus. Mais elle découvre un système et une société qui ne laissent pas beaucoup de place à la liberté et à la différence.
Le roman se passe en deux parties : la première se passe en Roumanie, où Katarina vit auprès de sa famille dans un camp. On y découvre sa vie auprès de ses frères et de ses parents, attachants et drôles. La musique et la danse occupent une grande place dans leur vie. La deuxième partie se déroule en France, à Paris, chez sa cousine Rrom qui a épousé un Gadji. Katarina s'installe chez eux et découvre la vie parisienne, ainsi que le racisme à l'égard des Roms.
Le ton de l'histoire, très poétique, est vif et enjoué. On suit Katarina, pleine de vie et de caractère, sur le chemin de l'apprentissage de la vie. Entre volonté de s'intégrer et de préserver sa culture rom, la jeune fille essaie de trouver sa voie.
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Katarina est heureuse avec sa mère, ses quatre petits frères, et son père souvent en déplacement. Mais son monde est perturbé lorsqu'elle souhaite aller à l'école : pourquoi la traite-t-on différemment sur le simple prétexte qu'elle est Rrom? Pourquoi sa mère refuse-t-elle de la voir apprendre à lire?
Petit coup de pouce du destin : la vieille dame qui emménage de l'autre côté de la rivière était professeur. Celle-ci lui apprend à lire et à écrire. Katarina peut enfin donner vie aux histoires qui se forment dans sa tête. Jusqu'à ce que...
Hurlements, cris. La caravane est en flammes. A l'intérieur, après décompte, ne restent que sa mère, enceinte, et Lili, la grand-mère muette. Zéus, son père, ne sait pas comment gérer ses cinq enfants, lui, le vagabond, le troubadour.
La Cousine, partie en France depuis longtemps, revient au pays pour l'occasion avec son Jules... ou plutôt son Germain, architecte de profession. A la demande de Zéus, ils emmènent Katarina lors du voyage retour pour la scolariser.
Les mois passent à Paris. D'abord effarée d'être vue comme une gadji par les petites gens des rues, elle finit par rentrer dans le moule et est mal à l'aise quand on découvre ses origines. Elle s'habitue malgré tout, mais son père et ses frères lui manquent de plus en plus.
Jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus. Fugue... ratée, retrouvailles, beuveries, soupçons, disputes, départ. Mais tout ira bien, parce que la famille des Rroms compte 12 millions d'individus !

Un roman d'une très grande sensibilité, une poésie de la familiarité, des personnages hauts en couleurs et forts malgré leurs nombreuses fêlures. Un hymne à un peuple souvent snobé, bafoué et une jeune Rrom très attachante. Véritable plaisir pour les yeux, le cerveau et l'âme!
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Ce livre m'a beaucoup touché. La Roumanie et les tziganes mis à part dans ce pays, l'héroïne qui ne rêve que d'école, une première partie intense entre caravanes, musique, bazar roumain, pauvreté, communauté et une seconde partie tout aussi intense en France dans la famille riche... une fin qui est le mélange des deux parties. Les cultures se mêlent, la passion tzigane dépasse le confort moderne... gadgi, ce sont les non tziganes, mais ici, même les gadgi sont rattrapés par la musique et la folie des fils du vent !
Ce roman n'est pas récent, nous l'avons emprunté à la bibliothèque il y a trois mois, mais nous l'avons tellement aimé que nous nous le sommes offert ! Tous les membres de la famille âgés de plus de dix ans l'ont lu ! Une vraie profondeur se dégage du récit... Comme souvent chez Exprim' (Sarbacane), le texte est fort et parle de la "vraie vie", c'est un roman authentique parmi nos plus beaux coups de coeur familiaux de l'année 2014.
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critiques presse (2)
Lecturejeune
01 juin 2008
Lecture jeune, n°126 - Katarina est née en Roumanie, dans un camp Rom « comme on s’appelait nous-mêmes ; des bohémiens, des gypsies, des sales tsiganes, comme disaient les autres, les Roumains ». Dans cet univers de chansons et de danses, cette jeune fille pleine de vie prononce très vite le mot « école » ; contrairement à ses frères, Katarina a toujours voulu apprendre à lire et écrire, mais ses désirs se heurtent aux traditions et au caractère difficile de son père, qui l’inscrit à l’école et qui, au moment de l’accompagner, disparaît pendant trois jours. Néanmoins, Katarina ne renie jamais son appartenance à la culture tsigane ; elle est tout simplement consciente de ses limites. Sa vie est rythmée non seulement par la musique de l’accordéon de son père, mais aussi par des rencontres importantes avec des personnes qui l’ont accompagnée dans son parcours en quête d’identité : sa grande-mère Lili, l’affectueuse gardienne des traditions, muette et mélancolique, et Zsuzsa, la vieille dame rom qui lui apprend les mystères de la langue. Une vie transformée par la découverte et l’apprentissage de la lecture, la magie des mots qui conduira Katarina à choisir l’exil en France. Katarina se retrouve à Paris chez une cousine dans un grand appartement bourgeois, avec douche, télé, livres et école. Mais elle n’arrive pas à s’intégrer. Sans aucun pathos, Lucie Land nous raconte, à travers une langue fraîche et rythmée comme la musique tsigane, l’histoire de l’éternelle contradiction entre l’envie de préserver la culture d’origine et l’impulsion vers un nouveau style de vie.
Ilaria Conni
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Lecturejeune
01 juin 2008
Lecture jeune, n°126 - Voici un roman merveilleusement vivant, écrit avec une superbe bande-son, qui fait vibrer les mots, à la mesure de la musique qui scande la vie de Katarina et de sa famille rom.
Si toute la partie « roumaine » est très enlevée, la partie « parisienne » semble, en comparaison, s’essouffler, et les personnages de collégiens paraissent parfois peu crédibles. Cependant, malgré quelques invraisemblances et maladresses, on ne peut que s’enchanter de l’écriture de Lucie Land, portée par un véritable souffle et une beauté violente, en particulier lorsqu’elle décrit les retrouvailles familiales, les fêtes, la vie au grand air. Un souffle qui devrait emporter les adolescents à la découverte d’un univers particulièrement riche.
Nathalie Carré
Lire la critique sur le site : Lecturejeune
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
N’empêche, ici, j’étais ce que j’étais, un peu comme les autres et un peu différente, et apparemment, j’avais le droit. Mais tous les Paris du monde ne valaient pas mon clan. […] Autour de moi, tout le monde ou presque avait oublié dans quel marigot j’avais poussé. Seuls quelques professeurs, dont les plus sceptiques du début, étaient devenus particulièrement attentifs et prévenants, presque trop – je n’étais pas malade, tout de même. Mon enfance avait par moments le poids d’un sac de cailloux, et à d’autres, celui d’une fleur sur un chapeau.
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- Parce que tous les autres, à part toi et moi, ce sont des Rroms d'ici, des Manouches, si tu préfères.
Mince, j'avais entendu parler des Manouches, on m'avait dit qu'ils vivaient en caravane. Méconnaissables, ceux-là, et éducadaptés par-dessus le marché. encore plus incognito que moi. J'avoue, j'étais eue. Douze millions de Rroms... selon les dires de Zsuzsa. En voilà en tous cas une poignée. Mais combien de docteurs ? D'architectes ? Combien de rétameurs ? De recycleurs ? Combien d'enfants parmi ces douze millions ?
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Après quelques heures de leçon pour mes frères et de rumination pour moi, je rentrais et palpais la lente retombée de fièvre dans le salon surchauffé. A eux les palpitations, l'euphorie et le chemin de croix, à moi ces foutues lettres insensées mais, j'étais prête à le jurer, je saurais lire avant qu'ils ne sachent chanter !
Les mystères en pattes de mouche régulières commençaient à m'obséder, j'en avais compté vingt-six. je savais les reconnaître, les dessiner, je m'étais entraînée au début avec la buée sur la vitre du wagon de Lili, mais je ne savais pas comment les faire sonner. La nuit, dans mes rêves de papier, les lettres accrochées en de petits wagons interchangeables galopaient sur les rails. (p.56)
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J’ai grandi comme on respire, sans trop y penser, sans qu’on pense trop à moi non plus, à part mon père.
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Les yeux dans le vague, avalant ma soupe machinalement, je cherchais sans trouver qui avait bien pu me donner l'idée d'aller à l'école. Peut-être Lili. Sûrement Lili. Je me disais que si elle avait su écrire, elle ne serait pas si muette. (p.40)
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