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EAN : 9782070371143
224 pages
Gallimard (25/05/1979)
3.83/5   113 notes
Résumé :
Marie, la petite bâtarde, parle de sa mère. Sa mère, c'est Génie la Folle, cette fille de bonne famille qui, rejetée, s'est faite domestique agricole. Sa mère, c'est ce mutisme terrible opposé à tout et à tous, à la méchanceté, à la ladrerie, à l'indifférence.

C'est le mystère de cette ombre silencieuse que Marie poursuit de son amour passionné et pathétique, que Marie attend sans fin, le soir, rêvant de l'emmener loin, là où de nouveau elle pourra r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre possède la beauté éteinte du malheur.
L'écriture est maîtrisée, sobre, au service d'un récit qui n'est pas sans rappeler certaines pages d' Eugène le Roy, Alphonse Daudet, Emile Zola ou François Mauriac.... pour n'en citer que quelques-uns
L'écriture du malheur, dans sa hideuse simplicité nimbée d'une effroyable fatalité... C'est le manège de la méchanceté, de l'égoïsme et de la bêtise qui tourne et tourne encore. C'est la ronde de la médisance, des bassesses et des ignominies du terroir: Rien à envier, parfois, aux red necks d'Erskine Caldwell!
Il y a tout de même quelques lumières ténues, dans cette grisaille bien foncée: Marie, l'enfant-narratrice avec Rose la vachette aveugle et Benoît le canard... Et puis le grand-père, tout de même, et Louis le petit frère-rayon d'un soleil rare et vite éteint.
Génie la folle, est un livre tellement triste et pourtant plein d'une vie retenue au fond du regard éteint de Génie. Génie au mutisme et au courage têtus... Génie qui rejoint Emma, Tess et Pomme dans mon album des femmes de la fiction littéraire qui me marquent à jamais.
Merci, Inès Cagnati qui n'êtes plus.
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« Petite Marie, je parle de toi
Parce qu'avec ta petite voix
Tes petites manies, tu as versé sur ma vie
Des milliers de roses... »

Ô Petite Marie, toi qui courais sans cesse derrière celle qu'on appelait Génie la folle, ta mère. Toi qui attendais sans cesse qu'elle revienne de ses longs travaux des champs, éreintée, fourbue, épuisée par tant de méchancetés dispensées par les villageois et rejetée par sa propre mère. Toi qui espérais un mot d'amour, souvent traduit par un « ne reste pas dans mes jambes ». Toi qui rêvais de l'emmener loin au pays où les vignes touchent le ciel. Toi qui aurais tant voulu voir ses yeux autrement que couleur de larmes. Toi qui aimais tant poser ton visage dans son cou et te serrer contre elle, comme les rares fois où elle te laissait faire...
Ô Petite Marie, j'aurais tant aimé que la vie te sourit. Que ta mère Eugénie puisse dénouer son coeur et t'exprimer tout l'amour qu'elle te portait sans jamais y arriver.

Génie, devenue la folle aux dires des braves gens, parce qu'elle ne voulait plus parler après le viol subi à l'âge de dix-sept ans. Se taire était sa défense : avouer le nom de son violeur l'aurait obligée à l'épouser.
Et cette grand-mère, odieuse, qui aurait préféré faire enfermer sa fille pour effacer la faute. Une famille si respectable entachée par cette inconduite ! Car la faute bien sûr est celle d'Eugénie.

Inès Cagnati fait parler la petite Marie à la première personne. Cette petite fille raconte l'immense amour qui la rattache à sa mère, à la peur de la perdre. Les incessantes répétitions renforcent ce sentiment d'angoisse. le récit est à hauteur d'enfant, Marie raconte sa vie comme elle la ressent, le vocabulaire y est simple et les descriptions mêlent réalités et rêves de petite fille. Certains passages sont d'une poésie époustouflante malgré le contexte plus que morose. Une histoire émouvante et triste, mais des personnages extrêmement attachants. Et je remercie Symphonie pour cette très belle découverte :0)
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Toutes deux vivent dans une maison délabrée dans une extrême précarité. Il y a Marie la fille, qui suit sa mère partout où elle est appelée à donner de sa personne dans les fermes environnantes. Lorsqu'on a besoin de ses services pour les travaux des champs, on l'appelle toujours " Génie la folle " Jamais Eugénie, ni Madame, toujours Génie la folle.
Lorsqu'elle traverse le village de son pas pressé, Marie courre derrière elle, habitée par la peur d'être abandonnée. Et lorsqu'elle approche de sa mère, cette dernière lui tient toujours les mêmes propos " Ne reste pas dans mes jambes " ou " va au lit " à l'heure du coucher. Marie sens bien que son coeur est en souffrance et plein de larmes retenues. Elle aimerait pouvoir l'aider à dissiper la solitude dans laquelle elle s'est réfugiée, se faire aimer de cette mère qui tente de l'écarter.

Et puis il y a la grand-mère, celle qui a chassé sa fille enceinte, pour avoir déshonoré une famille respectable en portant l'enfant d'un amour impossible. Depuis, Génie ne parle plus, ne sourit plus, ne chante plus, elle qui fût si joyeuse autrefois. Seul le grand-père accorde de petites attentions à Marie. Une pomme, des noix, des noisettes qu'il lui glisse dans les poches à l'abri du regard de sa femme acariâtre ne supportant pas la vue de l'enfant de la honte. Et Voilà qu'un beau jour, arrive Rose, une vache aveugle, cédée malhonnêtement à sa mère pour ses services chez le maire. Mais Marie n'a que faire de l'obscurité de Rose, sa Rose qui embellit ses journées au même titre que l'attente d'épouser Pierre à son retour de guerre, rencontré sur le quai d'une gare.

Et lorsque Antoine, un paysan au passé trouble, presse Génie de venir s'installer chez lui, elle accepte la perspective d'une vie dans une maison plus confortable. Et le miracle se produit. Tandis que Marie poursuit ses études en internat à la Rochelle, Génie renaît, retrouve sa gaieté perdue et parfois même se remet à chanter.
Mais quand le mauvais sort décide de s'acharner...

Il est des lectures qui vous marquent, comme un tatouage gravé sur le coeur et vous transperce l'âme ; Génie la folle de Inès Cagnati fait partie de celles-là et rappelle, par certains côtés Les demeurées de Jeanne Benameur, riche en poésie.

Difficile de rédiger un billet sur le destin de Génie la folle et de la petite Marie sans avoir une boule au ventre.
Une pépite !
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Un roman sombre, profondément émouvant, d'une tristesse infinie, dont la lecture met mal à l'aise et bouleverse par tant de malheur subi.

Pauvre petite Marie, fille "bâtarde" de d'Eugénie dite Génie la folle, une fille de bonne famille, bannie par sa famille, en particulier par sa mère, obligée de vivre dans une maison délabrée au bord de la rivière et de travailler comme domestique agricole. Brisée, exploitée, usée par le dur labeur de l'aube jusqu'à tard le soir, dans les champs et les fermes, Génie a peu de temps pour sa fille ; prostrée dans son mutisme, elle ne peut lui témoigner de l'affection. Et pourtant Marie aime sa mère, elle lui voue un amour sans bornes. Elle la suit, l'attend désespérément, va à sa rencontre et se fait chaque fois rabrouer.
"Ne reste pas dans mes jambes", "Rentre à la maison" ou "Va te coucher".
Cette quête inconditionnée d'amour maternel, cette peur d'être abandonnée, c'est Marie qui nous la raconte, avec ses mots à elle et sa sensibilité d'enfant. La plume d'Inès Cagnati est simple, très fluide, marquée par de nombreuses répétitions. Toujours les mêmes phrases, les mêmes répliques, les mêmes émotions, comme une histoire sans fin, désespérante où les malheurs et les drames se succèdent à l'infini.

Néanmoins ce livre réaliste décrit avec précision le monde de la campagne et des agriculteurs, les travaux des champs, la nature environnante et les traditions ancestrales. Il dénonce aussi hélas la méchanceté, l'intolérance, les mesquineries et la petitesse d'esprit.

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Eugenie dite "génie la folle" est une fille de bonne famille, reniée par cette dernière pour cause d'avoir eu Marie, petite batarde... Il ressort de cet écrit un amour immense, un espoir et une force.

Ce roman, date, je me le suis procuré à la bibliothèque, mais si vous avez l'occasion de le lire, franchement vous ne serez pas déçus.

Le seul hic à mon goût : les répétitions des expressions et situations, sauf "et moi je n'ai rien eu " qui est nécéssaire , mais peut être est ce pour insister sur les mots qui marquent Marie.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Elle ne me parlait pas. Parfois, le soir, elle pleurait. Je me souviens. Je disais :
- Pourquoi tu pleures ?
Elle ne répondait pas. Je disais :
- Ne pleure pas.
Je voulais aller vers elle, lui dire :
- Moi tu m'as.
Mais elle pleurait loin. Il y avait, partout, beaucoup de silence, les saules fous de la rivière, les aboiements des renards affamés sur la colline, et elle qui pleurait loin et qui disait parfois :
- Et moi, je n'ai rien eu. Rien eu.
J'aurais voulu aller vers elle.
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Lorsque ainsi elle traversait le village, et c'était rare car, le plus souvent, pour se rendre dans les fermes, elle le contournait par des chemins de traverse ou en coupant par les champs, les gens se taisaient pour la regarder arriver, passer, s'éloigner. On ne riait pas. On ne la saluait pas de plaisanteries. Ell allait, le regard loin, moi courant derrière elle et on la regardait.
Si on venait à lui parler, on disait :
- Génie la folle.
jamais :
- Eugénie.
ni :
-Madame.
toujours :
- Génie la folle.
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Je voulais toujours lui dire que j’étais là à l’attendre, que j’étais si contente, si contente qu’elle soit revenue ce soir encore, que moi je l’aimais. Mais elle avait le visage plein de silence.
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Pierre parlait. Ses yeux devenaient plages veloutées où dansait l'eau habitée d'étoiles. Dans la gare désertée, ses yeux se veloutaient du soleil des plages. J'étais la nuit, au bord des plages, oiseau rouge dans la musique des vents dans les filaos.
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Je n'ai pas remarqué ce jour plus que les autres, sur le moment, parce que rien jamais n'avertit qu'on est en train de vivre un jour particulier, un commencement et une fin, ni même si un commencement heureux parce que certaines choses ont l'air normales ou heureuses et après on voit qu'elles deviennent terribles.
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