"Je n'ai rien à déclarer excepté mon génie" a un jour fanfaronné
Oscar Wilde lors d'un passage à la douane.
Mais que vont donc déclarer, les jeunes prodiges repérés par la célèbre "Fondation Wallberger" dont le but est de sélectionner d'éventuels "candidats au génie", d'en élire un seul après concours et de garantir, à vie, sa sécurité financière?
Là où l'affaire se corse c'est que "ce portefeuille de valeurs investi à long terme" se fait au détriment d'irrascibles héritiers.Le lecteur, enthousiaste, suit cette longue traque aux quatre coins de la planète et du monde artistique et baigne tour à tour dans la musique ou la peinture de haut vol.Qui de Nikola (petit pianiste prodige autiste de l'île de Guernesey aux parents obsessionnels), Johann (Eurasien "à l'oreil
le absolue"né au Brésil de père inconnu et de mère abusive) et Sihoban (mère de famille irlandaise hippie peintre talentueuse et délinquante) triomphera?Outre les rebondissements multiples, l'amour est au rendez-vous puisque le professeur Baxter Welles (neuropsychologue quincagénaire au "regard magnétique" et à la sensibilité de congélateur")chargé des recherches de la Fondation) est l'amant et pygmalion de la "somptueuse" Louise, Californienne ambitieuse, chercheuse de renom et qu'après rupture, Louise est éloignée d'un poste à responsabilités pour partir à la quête au génie en compagnie d'un naïf psychologue anglais.
Cet excellent roman plein de suspense (avec kidnapping, agression, tentative de meurtre..) est un roman à tiroirs car
Sophie Gallois, passionnée par les phénomènes liés à l'intelligence et la créativité a su pénétrer le mileu fermé et complexe des prodiges à haut quotient intellectuel.
A travers ce récit, elle donne à voir l'entourage du surdoué qui fait pression, pousse à l'excellence jusqu'à parfois être nocif pour son enfant. Elle comprend les souffrances endurées par ces "extraterrestres" acharnés, la somme d'énergie fournie, leur solitude. Elle dénonce les enjeux financiers et le prix du talent. Elle évoque les liens du génie et de la psychose (on pense à l'excellent
Léa de
Pascal Mercier où la jeune pianiste virtuose devient schizophrène). Elle s'interroge sur l'héritage génétique.Elle parle également d'individualité puisque le jeune surdoué se doit de grandir hors du désir parental.
Bref,
Genius est un excellent roman, à l'écriture alerte et imagée, dans lequel j'ai eu plaisir à me replonger après X années!