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EAN : 9782915018790
296 pages
Quidam (05/09/2014)
3.79/5   12 notes
Résumé :
Dans l'Angleterre georgienne, Thomas Westfield, un gentilhomme anglais insomniaque, engage un écrivain juif, Goldberg, afin qu'il lui fasse la lecture pour l'endormir. Dans ce roman dont le principe narratif est inspiré des Variations Goldberg de Bach, l'auteur fait fuguer, en 30 chapitres qui sont autant de variations stylistiques, Goldberg lui-même et des thèmes qui lui sont chers.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
«Écrire, c'est se mettre dans de beaux draps.»

En Angleterre aux alentours de l'année 1800, Westfield, un riche bourgeois sujet à des insomnies insurmontables, emploie un écrivain juif, Goldberg, pour que celui-ci lui fasse la lecture, et l'aide ainsi à trouver le sommeil. Mais à l'arrivée de Goldberg dans sa propriété, Westfield modifie les règles, exigeant que l'écrivain lui fasse la conversation, puis qu'il écrive pour lui un texte qui l'apaisera et l'entraînera vers le sommeil, lui qui a déjà tout lu. Surpris par ce changement inattendu et par une exigence de création qui lui est imposée, Goldberg est à la peine, en panne d'inspiration.

«J'ai invariablement trouvé que, lorsque je n'arrive pas à trouver de sujet, lorsque le fil indéfinissable dont je parlais reste obstinément caché à ma vue, il existe alors une technique qui me permet peut-être de le faire apparaître.
-Et cette technique, Mr Goldberg ?
-Cette technique consiste à cesser de chercher des thèmes ou des sujets et de commencer par la situation réelle dans laquelle je me trouve. S'il se trouve que c'est un labyrinthe duquel il ne semble pas y avoir de sortie, cela deviendra mon thème. Si c'est la quête frustrante d'un sujet qui refuse de se montrer, alors ce sera mon thème. Est-ce que je me fais bien comprendre, monsieur ?»

Inspiré par les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach, composées pour endormir le riche Dresdois Herr von Keyserling, Gabriel Josipovici ne va cesser lui aussi de changer les règles et formes du récit, pour nous entraîner à sa suite dans trente variations, à l'intérieur et aux extérieurs du livre que Goldberg tente d'écrire pour Tobias Westfield, puis autour du personnage d'un deuxième écrivain, lui contemporain, également en proie aux affres de la création littéraire.

Comme dans Moo Pak, mais avec une structure foisonnante de mises en abîme, dans laquelle les motifs se répondent avec des échos souvent inattendus mais jamais gratuits, «Goldberg : Variations» évoque des myriades de choses, reflet des préoccupations de l'auteur sur le langage, l'écriture et le passage du temps, ou finalement comment écrire un livre qui n'impose pas de sens au lecteur, dans une vie dont le sens reste lui aussi ouvert.

«Le problème avec toi, dit Ballantyne, est que tu as toujours eu soif d'histoires. La vie tragiquement interrompue est une histoire, et la vie achevée avec satisfaction est une histoire, tout comme l'est la vie de l'insomniaque qui s'endort en étant bercé par une douce musique. Tu n'as jamais accepté de faire face au fait que la vie n'est pas une histoire, que poètes, romanciers et dramaturges nous mentent depuis l'aube de la création et qu'ils flattent nos peurs et nos désirs.»

Paru en août 2014 chez Quidam éditeur, «Goldberg : Variations» est la démonstration brillante qu'une somme peut être infiniment supérieure aux trente histoires passionnantes qui la composent, et une lecture d'une grande jouissance.
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Les fameuses variations sont une oeuvre de Bach, dont la composition est entourée d'une sorte de légende. Elles auraient été conçues à la demande d'un homme richissime, le comte Kayserling, qui souffrait d'insomnies. Un élève de Bach, Goldberg, au service du comte, aurait été chargé de les jouer pendant les nuits sans sommeil du comte, pour tenter de le distraire lors de ces moments difficiles. Cette version, rapportée par Forkel, le premier biographe de Bach, sur la foi des souvenirs de deux de ses fils, a été contestée par la suite, aucune trace matérielle d'une transaction n'ayant été retrouvée. Peu importe, mythe ou réalité, cette histoire reste attachée à ces pièces pour clavier, rendues célébrissimes par Glenn Gould.

Gabriel Josipovici nous conte donc, en trente chapitres (comme les 30 variations à partir de l'aria de départ) une histoire, ou plutôt des histoires. Celle de Mr Westfield qui souffre d'insomnies. Et qui fait venir un écrivain, Goldberg, pour l'endormir, en lisant. Il a bien essayé au préalable un musicien, mais ce dernier a vite été renvoyé, ne faisant vraiment pas l'affaire. Mais Mr Westfield se montre exigeant : il veut que Goldberg lui lise non pas des livres, mais des histoires écrites spécialement pour lui dans la journée, des histoires qu'il ne connaît pas encore. Alors nous lisons des chapitres ; dans certains nous découvrons des personnages proches de Mr Westfield. Ou de Goldberg. Ou autre chose. Enfin, un écrivain qui imagine toute cette histoire. Tout en voyageant. Se faisant quitter par sa femme. Voilà vous avez une idée de ce qui vous attend si vous ouvrez ce livre.

Si un seul qualificatif pouvait résumer un tel livre, ce serait pour moi « éblouissant ». C'est d'une virtuosité impressionnante. Tout en étant d'une profondeur qui ne l'est pas moins. Je serais bien incapable d'en faire une analyse poussée, j'imagine très bien un lecteur érudit et disposant de beaucoup de temps faire des rapprochements entre les variations de Bach et les chapitres de Josipovici. Je n'ai ni le temps, ni l'envie de disséquer. Je peux juste vous dire que si vous voulez lire un livre étonnant, d'une grande richesse, qui risque de vous déstabiliser, mais aussi de vous émerveiller, tentez l'aventure.
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Plutôt déçu par ce roman que l'on annonçait comme "ambitieux"...
Le lecteur entre comme dans une pièce, découvrant pour la première fois des personnages à une époque indéterminée dans un contexte indéfini.
Les choses se précisent petit à petit, mais uniquement dans le souci du détail. L'auteur manie avec un art consommé la circonvolution et le flou artistique.

Chaque chapitre perd un peu plus le lecteur, passant du coq à l'âne sans qu'il y trouve la moindre cohérence. Parfois on est juste avant la scène d'ouverture, parfois longtemps avant. Parfois même après, dans le futur des personnages.

De ce qu'il se passe dans cette chambre, entre ces deux hommes que l'on rencontre au début, on ne sait rien finalement. Ou du moins pas grand chose. On devine plus qu'on n'apprend. On suppose, on imagine. Mais à aucun moment l'auteur ne pose clairement les mots dans un ordre cohérent pour former une phrase faisant sens. Toujours il part dans d'autres divagations, avec d'autres personnages, d'autres lieux, d'autres temps.

Au final se pose la question de savoir pourquoi avoir lu ce livre et ce qu'il en reste. Les réponses sont, elles, claires et limpides. J'ai lu ce livre parce qu'il y a un mensonge au départ. Parce que j'ai été trompé sur la promesse d'une histoire qui n'a jamais commencé. Quant à ce qu'il en reste : rien d'autre qu'une sensation un brin désagréable et un peu de temps perdu.

Autant, je tire mon chapeau à l'auteur pour la prouesse stylistique. Bravo. Il n'y a bien que les hommes politiques qui arrivent à parler aussi longtemps pour ne rien dire au final.
Autant d'un point de vue romanesque, il manque quelque chose. Un je ne sais quoi qui permettrait de captiver le lecteur... Ah ! Oui, je sais... : une histoire.

Merci malgré tout à Babelio de m'avoir permis, par Masse Critique, d'avoir découvert un roman que je n'aurais jamais lu sans ça. Et qui ne fait que confirmer mon appréciation de la littérature blanche aujourd'hui : les rêves sont morts.
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"Golberg : Variations" est un livre surprenant, déconcertant, avec une écriture agréable à lire. Malheureusement, j'ai eu beaucoup de mal à rentrant dans l'histoire et à terminer ce livre, d'où mon retard dans la parution de cette critique pour "Masse critique".

Ce qui m'a déconcerté et qui ne m'a pas permis de rentrant dans l'histoire, ce sont les chapitres qui n'ont aucun lien apparent entre eux. Je m'explique : un chapitre va concerner un personnage à un moment donné et le chapitre suivant se passe trois/quatre décennies auparavant et concerne un personnage secondaire. C'est comme cela très régulièrement et j'avoue m'être sentie perdue à plusieurs reprises, notamment en posant le livre un soir et en le reprenant un autre soir.

Les liens entre les chapitres sont ténus. Il s'agit d'indices : un lieu, un prénom ou nom de famille, une manière de parler, une histoire dont un aperçu a été décrit plus avant, la description d'un objet. Ceci me fait dire que cet ouvrage est à lire d'une traite (voir sur deux jours) pour l'apprécier pleinement.

Côté écriture, l'auteur s'essaye avec brio à plusieurs styles : narrateur à la 1ère personne, narrateur extérieur, roman épistolaire, réflexions sur la créativité, l'écriture, analyse de poèmes. C'est ce que j'ai le plus apprécié dans le livre en plus du petit mot de l'éditeur à la réception du livre.

Pour finir, je dirai que "Goldberg : Variations" est un livre à lire lorsqu'on a du temps devant soi afin d'en apprécier le sens global (relier les chapitres entre eux par les multiples indices distillés à l'intérieur) et le sens précis de chaque chapitre peut être perçu dans une lecture plus fractionnée, notamment ceux concernant la réflexion sur la poésie et l'écriture.

En tout cas, je le met dans ma PAL pour une seconde lecture.
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Dans l'Angleterre georgienne, Thomas Westfield, un gentilhomme anglais insomniaque, il a dans un premier temps essayé la musique au clavecin,mais cela n'a pas marché. Alors il décide d'engager un écrivain juif, Goldberg, afin qu'il lui fasse la lecture pour l'endormir. Puis, l'écrivain va écrire lui-même un roman pour endormir Westfield. Ce texte est composé de trente pièces comme les Variations Goldberg de Bach qui se répondent. L' auteur fait fuguer, en trente chapitres qui sont autant de variations stylistiques, Goldberg lui-même et des thèmes qui lui sont chers."Goldberg : Variations" est une oeuvre originale, à l'écriture fluide et musicale, mais c'est tout de même un roman curieux, cérébral. D'ailleurs, est ce un roman ? Je ne le crois pas, car c'est selon moi une oeuvre littéraire énigmatique. J 'ai apprécié certains passages plus que d'autres. J'ai été très sensible et les premiers chapitre sont accrocheurs nous embarquent dans une histoire romanesque puis au fil des pages, l'auteur part dans différentes directions.Au final, j'ai été déconcerté par ces " Goldberg : Variation", j'étais au départ tellement enthousiaste de découvrir cet ouvrage de Gabriel Josipovici.
Nancy Huston avant Gabriel Josipovici avait été inspiré par Bach pour son premier roman intitulé "Les variations Goldberg".
Concernant l'oeuvre de Paul Klee je ne connaissais pas du tout ce tableau que l'on voit sur la couverture Wander- Artists (1940). Par contre, je connais un tableau de Paul Klee semblable (grâce à une amie qui m'a envoyée une carte postale de Paul Klee) "Schlosser "de 1940 aussi !
Lien : http://livresdemalice.blogsp..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Appelle-nous dès que tu as des nouvelles, tu veux bien, Papa ? a-t-elle dit.
Pourquoi ma fille dit-elle toujours "nous" ? Elle l'a toujours fait. Comme si elle avait peur de dire quelque chose qui vienne d'elle-même. Maintenant qu'elle est mariée, j'ignore si elle veut dire "mon frère et moi" ou "mon mari et moi" ou si elle veut vraiment dire quelque chose. Je soupçonne qu'elle l'ignore elle-même. (page 212)
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De nature, il était une âme enjouée, mais ces crises d'insomnie l'affectaient profondément. Il ne cessa pas tout à fait d'être enjoué, mais désormais il se rendait souvent compte qu'il était enjoué. Au milieu de son enjouement, une pensée lui traversait soudain l'esprit ; dans le fond, quel type enjoué je suis malgré tout - et sur-le-champ la mélancolie s'abattait sur son esprit.
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J'avais toujours imaginé, dit Westfield, que l'on pouvait mourir tragiquement, sa vie interrompue alors que tant de choses restent à faire, ou mourir âgé et rassasié de jours, comme le dit la Bible, après avoir mis sa maison en ordre. Je n'avais jamais pris en compte qu'il existait une troisième possibilité, dans laquelle on continuait à vivre sans pourtant trouver l'ordre dans sa vie, dans laquelle, à la fin, tout était aussi embrouillé et inachevé que cela l'avait toujours été. (page 192)
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