Golden Kamui, tome 17

Dans ce tome 17 Satoru Noda semble avoir tout compris au roman-feuilleton populaire qui a fait les grandes heures de la littérature au XIXe siècle : quand les autorités corrompues (pléonasme) abandonnent la voie de la justice, il faut se tourner vers les hors-la-loi pour la défendre envers et contre tout !

Dans la course au trésor maudit des Aïnous, poursuivis et poursuivants doivent traverser la frontière qui sépare l’Empire Japonais de l’Empire Russe. Et des deux côtés de la frontière, les mêmes causes causes les mêmes effets : proscrits, bannis, rebelles et peuples indigènes / allogènes sont martyrisés et exploités par une dictature derrière laquelle se cache la ploutocratie mondialisée. Et si Wilk avait voulu utiliser le trésor maudit des Aïnous non pour abattre l’Empire Japonais mais pour abattre l’Empire Russe, mieux encore si au-delà de l’un et de l’autre il avait voulu l’utiliser pour abattre la dictature mondiale de la ploutocratie mondialisée ?
La Team Kuronanke affronte les gardes-frontières russes, et après un duel de snipers de haute volée Hyakunosuke Ogata fiévreux se met délirer… Il revoit la manière dont il a orchestré la mort de son demi-frère, qui lui l’avait toujours aimé, respecté et protégé, juste pour se venger de son père qui l’avait abandonné. Le sniper était l’ombre, le porte-drapeau était la lumière : le mangaka inverse joliment cela visuellement, et on voit bien que le Lieutenant Tsurumi de la 7e Division joue le rôle de trickster pour ne pas dire de diable tentateur, car il ne cesse de faire passer des individus du Côté Obscur !
La Team Sugimoto affronte un blizzard, et ne doit la vive sauve qu’à un couple russe qui est resté dans un phare abandonné juste dans l’espoir de voir le retour de leur fille fugueuse Svetlana. Elle est en compétition avec sa rivale pour prendre contact avec Sofia, ancienne patronne du Sans-Visage et éminence grise des révolutionnaires russes. Mais pour cela il va falloir la libérer d’un bagne tsariste, et il va sans doute falloir libérer tout le monde pour arriver jusqu’à elle !

=> C’est plus que jamais TO BE CONTINUED !!!

Un tome tout aussi prenant que le précédent, avec la dose de révélations en plus. On en apprend enfin sur le passé du père d'Ashirpa et de Kiroranke, sur leurs "aventures" en Russie. Et il faut avouer que ce n'est pas de tout repos, les ennuis promettent de continuer d'affluer !
Autre personnage bien développé dans ce tome : Ogata, le tireur d'élite. Un personnage que j'apprécie, malgré sa bâtardise de tous les instants. Un personnage qu'on devine toutefois presque vulnérable sous son masque impassible… Une part de moi a hâte de savoir s'il finira par craquer (hehe).
Côté intrigue, les infos apportées sur Kiroranke et le père d'Ashirpa permettent de mieux comprendre certains points et de démêler un peu le mystère autour du trésor volé, même si on ne peut être sûrs de rien.
Quant aux paysages hivernaux, ils donnent à S. Noda de belles occasions de mettre en avant paysages sur doubles-pages, tempêtes de neige et animaux sauvages… Une plongée géo-historique toujours aussi réussie et intéressante grâce à la faune et à la flore mises en avant, mais aussi aux technologies, contextes géopolitiques, cultures et langues présentés… La découverte des peuples russes est aussi passionnante, tout comme les tensions de pouvoirs aux frontières. Un sujet qui continuera d'être traité, je l'espère, dans les prochains tomes.

Tome bien palpitant, on en apprend plus sur Kuroranke et notre tireur d'élite Ogata derrière son masque d'impassibilité avec ces paysages froids et enneigés russes. L'équipe Sugimoto, elle, est encore bien loin de rattraper la fine team d'Ashirpa après leur épisode au cirque mais elle
les suit. C'est un tome qui est de bon augure pour la suite et j'ai hâte de dévorer les tomes que j'ai à portée de main !

Après quelques volumes à forte proportion de nimportanouac, Sataru Noda s'est repris en beauté, succombant seulement parfois, à son penchant pour un humour qu'on qualifiera d'un peu spécial.
Toujours est-il que l'on retrouve dans ce volume 17, les deux groupes de Sugimoto et de Kiroranke, toujours lancés dans l'exploration de l'île de Sakhaline.

Pendant que Sugimoto est confronté à une épouvantable tempête de neige, Kiroranke doit affronter une embuscade le long de la frontière russe qu'il s'apprêtait à passer incognito. C'est l'occasion de mettre l'accent sur les anciens exploits de ce personnage, mais également de faire ressortir le caporal Ogata, lui aussi porteur d'un lourd passé. Son duel avec Vassili, le tireur d'élite russe bénéficie d'une très belle mise en scène.

Je l'ai dit, Noda ne peut se passer d'en rajouter un peu et l'irruption de Sofia"Gold Hand" Ivanovna Blyuvshtein, célèbre Robin des Bois russe, vaut son pesant de Bortsch.
Par contre, ce n°17 met la pédale douce sur le catalogue nature et cuisine qui prenait parfois un peu trop de place.

Un récit resserré et relancé. C'est tout ce que je demande.