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EAN : 9782915018240
90 pages
Quidam (06/10/2007)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Venu d'un ailleurs paléolithique et seul parmi les glaces, Arcas est condamné à survivre et retrouver les siens malgré le froid et la faim. Quant à Mâchefer, c'est un modeste employé à la Galerie d'anatomie comparée du Jardin des Plantes. Fasciné par la minéralité des grands corps fossiles dont il a la garde, il ne songe, dans son délire anorexique qu'à épurer le sien à leur ressemblance.
Qu'ont en partage ces deux personnages que 35 000 ans séparent ? Qui sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Les romans axés sur le principe du « mais qu'est-ce qui rapproche les deux protagonistes distants de milliers d'années ? » est quelque chose qui a toujours éveillé ma curiosité. le résultat n'est pas forcément aussi bon que ce que j'attendais, mais n'empêche. J'aime ce concept. Donc forcément, en lisant le synopsis, je ne pouvais que me laisser tenter par cette lecture.
Comme je l'ai dit juste avant, il s'agit d'un court roman de 90 pages. Généralement, pour lire 90 pages il me faut 1h15 à 1h30. Selon la taille des caractères, la complexités de la langue, mon état d'esprit, le sens du vent et la couleur de mes chaussettes. Ça, c'est quand je lis un roman plus conséquent. Sauf que, quand il s'agit d'un livre court, et surtout quand je l'ai acheté, j'ai tendance à lire plus lentement. Parce que ces livres aux pages peu nombreuses sont la plupart du temps au même prix que des romans de 300 pages. Et psychologiquement, le lire trop vite me donne l'impression de ne pas en avoir eu pour mon argent. Ouais je sais, j'ai des idées bizarres parfois :D

En refermant le livre, la première chose que je me suis dite fut : « T'as compris ce que tu viens de lire ou pas ? ». Et le truc, bah c'est que sur le coup je n'en étais pas vraiment sûre. Il a fallu que je prenne un peu de distance avec cette histoire pour pouvoir l'apréhender dans son ensemble, pour mieux la comprendre.
Alors, le lendemain de ma lecture j'y ai pensé, j'ai tenté d'analyser ce que j'avais lu. Et j'en ai conclu que cette lecture ne m'avait pas emballée outre mesure. Non pas que j'ai détesté, mais disons plutôt que j'ai trouvé ce livre très curieux. Trop curieux.

Le texte met en parallèle deux hommes distants de 35000 ans et que tout oppose. D'un côté, il y a Arcas, homme du paléolithique ayant perdu les siens. Il tente de survivre dans une nature gelée, qui le prive de nourriture et de tout contact avec le monde vivant. de l'autre il y a Mâchefer, homme du présent, qui fuit le monde, la nourriture. Deux extrêmes qui finalement se rejoignent sur bien des points. Enfin, en particulier sur un : ce besoin primitif et bestial de repousser ses limites, que ce soit dans la quête de la survie ou dans celle de l'anéantissement de soi-même.

Dans cette histoire nous rencontrons d'autres personnages, qui auront tous une place importante. Que ce soit cette ourse, sorte de déesse vivante qui va croiser le chemin d'Arcas, que ce soit Mia, cette demi-géante avec laquelle Mâchefer aura une relation bien particulière, ou encore Ana, la vieille voisine de Mâchefer, qui semble si étrange. Enfin, il y a ce bébé dont la figure se résume à une bouche.
Plus que des êtres humains en tant que tel, ces personnages font figure de métaphore sur la nature, sur notre monde. Et c'est ce là que ça a pêché pour moi. Car d'un côté, cette histoire très imagée apporte au texte une grande richesse. Les phrases sont poétiques, parfois même mélodieuses. On a envie de se laisser bercer par les mots eux-même. Mais d'un autre côté, j'ai trouvé que l'histoire recelait trop de figures métaphoriques, et j'ai fini par m'y perdre.

Je dois vous avouer que j'ai eu beaucoup de mal à rédiger ce billet, tant mon ressenti sur ce livre est confus. Finalement, je ne suis pas sûre d'avoir réellement apréhendé ce roman. Je pense qu'il restera pour moi une grosse part de mystère non résolue. Je n'exclus pas, néanmoins, de m'essayer à un nouveau roman de Romain Verger, car sa plume est agréable à lire.
Lien : http://voyageauboutdelapage...
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Ce livre, écrit dans un style brillant, me rappelle 'L'artiste du jeûne" (pour le corps) de Franz Kafka et "La grande vie" (pour l'aspect sexuel) de Jean-Pierre Martinet...

Ce livre, je l'ai pris chez une amie qui m'avait prévenue : l'auteur fait dans le trash... bon, comme je n'aime pas cela, je regarde celui qu'elle n'a pas encore lu et lis le 4e de couverture. Ayant fait des études en Préhistoire (période assez peu présente dans les romans) et n'identifiant pas d'éléments traumatisants à la lecture du pitch, j''embarque le livre dans ma valise...

Et me laisse embarquer par lui ! Quel style !

Malgré le "trash" (j'entends par là, corps en souffrance et sexualité dérangeante), je suis séduite !

Il nous berce au-dessus d'un buisson d'orties et de ronces ! C'est poétique, mais le sujet, -mon Dieu ! vous rappe l'âme, vous dérange la norme sociale fermement ancrée dans le crâne... Wahou ! On n'en ressort pas indemne ... avec une fin dans une brume indécise... oui ça ressemble à Kafka.

Pour moi, je pèse mes mots, ce roman, c'est de la littérature ; car le style est là, sans lourdeur, sans style qui se montre, qui veut faire du style, non, un vrai regard. C'est de la littérature ; c'est du "jamais vu" en dépit de l'intertextualité que j'ai cru voir (?).

Romain Verger est un auteur vivant, ça fait plaisir ... (je n'en ai pas beaucoup dans ma bibliothèque...!!!)
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« Grande ourse » m'en a balancé à la gueule. Ma lecture s'est faite dans une sorte d'attirance-répulsion, un mélange de fascination et de dégoût, une intense curiosité parsemée de nausées… de l'émerveillement et de l'angoisse intimement imbriqués. Ce qui ne l'a pas rendue facile d'ailleurs : il m'a fallu entrer dedans, reposer le livre à plusieurs reprises pour me reposer, surmonter des vagues de dégoût… lecture inconfortable, oppressante, angoissante et en même temps si intrigante, happante.

Deux histoires se succèdent : celle d'Arcas, homme préhistorique qui connaît la faim et la solitude suite à une période de grand froid, celle, actuelle, de Mâchefer (son descendant ?) qui se refuse à manger, rêvant d'un état de grâce et vivant d'étranges expériences. Sommes-nous dans la folie ou le rêve-cauchemar ? Irréel à la limite du réel ou l'inverse ? La mémoire corporelle de Mâchefer porte-t-elle en elle la faim-souffrance-jouissance d'Arcas au point de vouloir la revivre ?

Corporelle, corporalité, écriture corporelle… le corps est central dans ce livre, on le sent, on le vit, on le voit, on le goûte tant et tant que le malaise est profondément et intimement physique. Romain Verger avec son imagination assez incroyable et son écriture si détaillée et visuelle a réussi à me plonger viscéralement-organiquement dans son roman.

Certainement très cinématographique également cette écriture car jamais un livre ne m'avait donné de sensations aussi fortes (de dégoût notamment) et ne m'avait autant fait penser aux films qui par leurs images le peuvent… films angoissants, oppressants, oniriques… livre lynchéen : du monstrueux onirique, des organes (et de l'absorption-expulsion), du cauchemar trop réel ou de la réalité cauchemardesque, de l'incompréhension, du flou… Et pour moi spectatrice du malaise profond, des envies de vomir, et toujours cette répulsion-attirance… attirance…

Lire « Grande ourse », ce fut donc accepter d'être confrontée, secouée, mise mal à l'aise, imprégnée de sensations inconfortables tout en étant fascinée, émerveillée et nourrie par cette expérience unique.
Lien : https://emplumeor.wordpress...
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Derrière l'ourse qui cajole et absorbe, le sombre et somptueux pouvoir de la métaphore.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/09/10/note-de-lecture-grande-ourse-romain-verger/
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L'étendue de la faim.

Dans son deuxième roman, paru en 2007 chez Quidam éditeur après le singulier et fantastique «Zones sensibles», Romain Verger met en parallèle et en correspondance le parcours de deux hommes que trente-cinq mille ans séparent.

Homme du paléolithique et l’un des tous premiers artistes, Arcas est resté seul dans sa caverne, les membres de son clan, sa femme, ses fils, ont tous disparu. Dehors, tout est figé sous la neige. Vide de nourriture et de désir, il est obligé de sortir de sa grotte dans un froid polaire pour trouver de quoi se nourrir. Marchant dans ce paysage blanc devenu minéral, enseveli sous la neige et la glace, il va se retrouver face à face avec une gigantesque ourse.

La suite sur mon blog ici :

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L’ours offert par Ana ne tarda pas à servir de doudou, à combler le vide laissé par la disparition de Mia. Il devint rapidement le meilleur auxiliaire de Mâchefer. Il avait suffi de quelques jours pour que l’enfant ne pût s’en séparer sans brailler éperdument. Il ne cessait de le mâchouiller, de le tétouiller, de le suçoter, le retournant avec sa langue d’un côté puis de l’autre, tantôt pour l’imprégner de sa salive, tantôt pour en tirer le jus, tout en veillant à éviter l’obstruction et l’asphyxie. Aussi gardait-il toujours un coin de bouche libre. Mais il arrivait par accident, la nuit notamment, que le doudou la lui emplit entièrement. Mâchefer était alors tiré de son sommeil par de brusques secousses. Il avait constaté par expérience que nul n’était besoin d’intervenir à ce stade : au bout de quelques minutes, à court d’air, l’enfant finissait par expulser spontanément son bâillon. Il suffisait alors de le ramasser au pied du lit et de le réemboucher. Mais il fallait faire vite afin d’éviter qu’il ne se réveillât et ne se mît à hurler. Pour autant, Mâchefer ne voyait pas l’ours d’un très bon œil : certes, il cachait un peu cette grande bouche obscène et lui assurait la paix ; l’enfant était devenu plus calme, moins colérique. Les crises s’étaient espacées. Quand il s’en présentait, il suffisait à Mâchefer d’agiter légèrement le doudou tout en le frottant contre la lèvre supérieure du gueulard pour que celui-ci le gobât et se tût. Mais l’écœurement l’emportait à la vue continuelle de cette succion car il ne pouvait s’empêcher de voir Ana dans l’ours et dans cette sorte de tétée continue un mode insidieux d’administration, de possession par lequel elle lui eût infusé, à distance et presque imperceptiblement, comme par perfusion, son doux, très doux et non moins inexorable venin."
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Bientôt, il n’eut plus assez de force pour rêver ; ses songes devinrent à leur tour des visions dénutries, des lieux abstraits qu’il traversait en flottant, comme en esprit, sans pouvoir jamais se poser, des étendues blanches désincarnées. Alors il dut quitter sa grotte et se persuader que ses rêves étaient son avenir, qu’il finirait par retrouver les siens et qu’à défaut, le monde qui l’entourait était suffisamment grand pour être comestible, qu’il lui fallait s’en nourrir par la marche, l’avaler par les pieds. Il savait que cette traversée des glaces jouait contre lui, qu’à s’épuiser dans le froid, il y laisserait ses dernières forces et qu’avec elles fondraient les dernières graisses qui l’empêchaient de se retrouver transi jusqu’aux os. Car un matin sans doute ne pourrait-il plus se lever, collé au sol, de la même matière que lui, les articulations et les poumons grippés. Mais pour l’heure, il pouvait marcher. Il n’y avait plus que cela à faire. Sa grotte était vide ; ses rêves étaient vides et peut-être était-il promis à cette même vacuité ; sa pensée tournait en rond, ne fonctionnait que par de squelettiques à-coups. Aussi, un matin, il partit.
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