Très bon livre sur l'histoire de la Flandre. Sa construction, son évolution, ses guerres, ses conflits, ses différences,…
J'ai eu un peu de mal au début avec les nombreux personnages historiques qui se succèdent sans savoir qui ils sont vraiment. Il faut donc poser son livre pour faire quelques recherches (mes connaissances en histoire sont assez pauvres ; mais je me soigne).
La lecture a été beaucoup plus fluide ensuite, lorsque l'historien aborde l'évolution de la région. On comprend pourquoi il y a une Flandre Belge, une Française, la cause des problèmes récurrents entre Wallons et Flamands.
J'ai également aimé ce livre car j'aime mes origines et que j'aimerai toujours ma Flandre natale même si je n'y réside plus : c'est une région où l'histoire a une réelle importance (il suffit de s'intéresser aux Géants, aux cavalcades, carnavals, ducasses, braderies etc. pour se rendre compte à quel point on n'oublie pas nos racines et notre histoire). C'est une région très riche quand on prend la peine de s'y intéresser, qui fête toujours les grands évènements. Les loisirs, fêtes que j'ai retranscrits dans l'onglet des citations, existent, pour la plupart, toujours. M. Vanneufville décrit tout cela extrêmement bien.
J'aime cette identité que ce peuple préserve. Les grandes instances françaises ont voulu renier cette Flandre mais cette dernière n'a pas dit son dernier mot ; nombreux sont ceux qui souhaitent apprendre le Flamand, qui sortent leur drapeau, qui sont fiers de leurs origines et qui souhaitent mettre en avant cette identité. Car être français, aimer son pays et sa nation ne signifie pas renier ce que nous avons été, et qui fait ce que nous sommes aujourd'hui.
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En l'occurrence, les populations des villes et campagnes flamandes avaient une riche activité non seulement sur le plan économique , mais aussi dans le domaine des distractions qu'on peut qualifier de culturelles. Ces festivités sont d'abord celles organisées localement. […] Le cortège et la musique sont prisés en toute occasion […] Les jeux d'adresse se pratiquent en de nombreuses circonstances : boules flamandes, quilles, flèche et fléchettes, tir à l'arc ou à la cible, au mât, au papegay. Des ces fetes, les chansons satiriques ne manquent pas et, parfois, les autorités prennent des mesures à leur encontre, telle que l'interdiction de "farcer les princes".
Les fêtes religieuses sont si fréquentes qu'on atteint facilement les cent jours chômés par an. Les "dédicaces" ou "ducasses", à un saint patron, les kermesses, les banquets et beuveries sont largement répandus et certaines festivités alimentaires durent plusieurs jours, dont le repos de noce. Les processions des confréries, forme religieuse des corporations, sont de grands spectacles ; à Lille en 1535 la procession de juin rassemble quarante-cinq corps de métiers défilant derrière la bannière de leur saint patron : les couleuvriniers et sainte Barbe, les saïetteurs et saint Jean-Baptiste, les charpentiers et saint Joseph, les filtiers et Saint Nicolas, les jardiniers et saint Paulin, les archers et saint Sébastien, les brasseurs et saint Arnoult...
[…] ce furent principalement des cités relativement importantes, plutôt que des bourgs ruraux, qui virent s'épanouir la dentelle (Bruges, Malines, Bruxelles (Brussel)) et la tapisserie (Oudenaerde, Tournai, Bruxelles). Il va de soi que l'activité textile rurale n'était que complémentaire du travail principal, celui des champs, lui aussi le plus souvent prospère, au moins dans les périodes d'accalmie, entre les guerres. L'agriculture flamande est fort développée et en avance sur les pays environnants. Sous Charles Quint, le taux de rendement des semences, soit sept, est le plus élevé d'Europe, à égalité avec celui d'Angleterre. Le régime de l'alternance des semailles, le labour profond, le développement de l'élevage et de la culture de plantes à usage industriel (houblon, orge, tabac) concouraient à la prospérité générale.
Dans un habitat de courées insalubres et de caves humides au sol en terre battue, la mortalité infantile est très élevée : en 1845, à Douai, 3 enfants sur 10 meurent avant leur cinquième année, à Lille, c'est 6 sur 10. Entre 1878 et 1914, à Lille, 1 décès sur 4 concerne un enfant de moins d'un an. […]
Tandis que les bâtisses et cheminées d'usines triomphantes rivalisent d'orgueil avec les hôtel de ville, maisons bourgeoises et Préfecture et sous-préfecture, dans les fabriques, les ouvriers triment, au détriment de leur santé.
La condition misérable des ouvriers flamands dans les grandes fabriques n'a pas peu contribué à accroître leur image d'infériorité par rapport aux francophones, traditionnellement présentés comme supérieurs sur le plan culturel et donc sur le terrain linguistique aussi. Dans ce contexte socio-culturel, la langue flamande, tout au plus un dialecte, se devait de céder la place en tous lieux et toutes époques à l'élégante langue française, apanage des classes supérieures de la société et de tous ceux qui aspiraient à gravir l'échelle sociale.
[…] mettons à l'honneur ce très émouvant poète lillois Albert Samain […] :
Puis je pris en dégoût le carton du décor,
Et maintenant, j'entends l'âme du Nord
Qui chante et chaque jour j'aime d'un coeur plus fort,
Ton air de sainte femme, ô ma terre de Flandre,
Ton peuple grave et droit, ennemi de l'esclandre,
Ta douceur de misère où le coeur se sent prendre,
Tes marais, tes près verts où rouissent les lins,
Tes bateaux, ton ciel gris où tournent les moulins,
Et cette veuve en noir avec ses orphelins…