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EAN : 9782072625855
304 pages
Gallimard (03/09/2015)
3.83/5   3 notes
Résumé :
«"Je tiens le pari que cette chasse ne sera comparable à nulle autre, avais-je dit à Malika, et, crois-moi, je suis le premier à déplorer qu'il y ait beaucoup de chasses et si peu d'aventures..." J'ignorais qu'un tel pari, sans tarder, aurait l'effet d'un boomerang, parce que j'avais commencé à soulever le ciel contre nous.»
Nous sommes au cœur de La Réunion. Un soir, Malika propose à Babel d'aller traquer la papangue géante dans les cirques de l'île volcani... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lorsqu’on évoque La Réunion, l’on pense surtout aux sports extrêmes et aux randonnées qui sont le point d’orgue sportif de cette île. Pour un touriste en herbe. Pour un amateur de sensations fortes. Mais il est un domaine que l’on connaît mal, le mythe fondateur qui confère aux falaises, aux ilets, aux pitons, à toute cette splendeur panoramique, un mystère, une profondeur historique, une culture tragique.

Hallali pour un chasseur de Jean-François Samlong est un roman propre à insuffler une autre approche : celle d’une aventure extraordinaire qui s’imprègne du vécu tragique de l’esclavage, de la traite des Noirs ; laquelle, jusqu’au 20 décembre 1848, plongea l’île dans une barbarie sans nom, dans l’oppression d’un Code Noir qui fait la honte d’un Occident impérialiste, et dans la nuit du désespoir de l’asservissement. Mais c’est sans compter avec le courage et l’énergie des populations démantelées par ce commerce humain : beaucoup ont fui les exploitations des colons et sont devenus les guerriers des hauts, des hommes et des femmes de souffrance qui ont enrichi l’île de leur sang de martyrs, les marrons.

Qu’en est-il du roman ? Babel Mussard, descendant du tristement célèbre François Mussard, chasseur d’esclaves marrons qu’il traquait, avec ses molosses, pour des primes peu glorieuses et qui est entré dans l’Histoire par la porte de la cruauté sanglante, Babel Mussard entreprend donc, avec trois comparses, de mettre un terme au mythe, en tuant la « papangue géante », l’oiseau rapace en lequel s’incarne Kalla, figure emblématique, symbolique et légendaire, de ce passé de douleur et d’atrocités sans nom.

Cette chasse de l’extraordinaire trouve son origine dans une enfance malmenée, dans la maltraitance que notre protagoniste dénie et conjure ; elle s’accompagne d’une femme magnifique, que Babel aime d’un amour furieux qui le consume autant qu’il l’exalte, Malika ; cette montée initiatique et maléfique le conduit dans le dédale impénétré de sentiers, vers un face-à-face fantastique et mortel, lui, le grand chasseur d’Afrique, riche de tant d’expériences qui ont fait sa célébrité.

L’auteur nous fait entrer dans une île parallèle, étrange, fantasmée, fantastique. Il entraîne son lecteur dans une exploration infernale des hauteurs assombries et de l’âme du chasseur. C’est un roman de la démesure, de la tragédie mais aussi de la rédemption. Malika et les matérialisations de Kalla nous plongent dans un maelström d’aventures passionnelles, au-delà de tout danger. Mais d’autres femmes permettront à Babel Mussard de se reconstruire, de pacifier son rapport au passé et de forger sa résilience.

Autant dire la nécessité de lire cet ouvrage original, à la langue belle et forte, qui donne à voir une île particulière, La Réunion, selon une vision de l’universel, la quête du nom et de l’identité particulière qu’on lui accorde.

Un grand et beau moment de voyage intérieur.
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Jean-François Samlong nous transporte au coeur de l'île de la Réunion : le Pic de la Sorcière est un lieu imaginaire, mais les paysages, eux, au carrefour des cirques de Salazie, de Mafate, de Cilaos, sont bien réels. Et qui a la chance de connaître les hauts de l'île, et l'atmosphère fantasmatique qui naît de ses brouillards, appréciera la force avec laquelle cette atmosphère est rendue, et décuplée.
Le héros s'appelle Babel Mussard. Si le prénom, inventé, ouvre la porte à des significations symboliques, le nom, lui, a effectivement été porté par un célèbre chasseur d'esclaves dont Babel serait le descendant. Parce que Malika, la femme qu'il aime, lui a proposé de partir à la chasse de la papangue géante, et parce qu'il aime la chasse plus que tout au monde, Babel a décidé d'organiser cette expédition… Mais s'attaquer à la papangue géante, et surtout aller la traquer où il veut aller la traquer, c'est s'attaquer à Kalla, la toute-puissante sorcière qui peuple la mythologie souterraine de l'île, et qui ne peut que vouloir se venger du descendant de celui qui a traqué sa race. Mussard sent très vite que l'ennemie est d'une autre dimension qu'une simple bête à traquer : « Je n'étais déjà plus le même. Comme si Kalla m'avait ensorcelé d'un clin d'oeil malicieux, mon attitude se modifiait au fil des heures, j'en étais entièrement conscient ; et même si j'avais le sentiment qu'elle m'entraînait dans un univers peuplé de bêtes immondes, je n'aurais pas consenti qu'on saborde l'expédition. » Et il sait que dans la tradition de son île des pouvoirs sont attribués à Kalla : « On lui allouait des lieux communs qui convenaient bien à une sorcière de son sang : lire dans le coeur des hommes, hypnotiser, charmer, chanter comme une sirène. En déchiffrant à la loupe un parchemin, j'avais même appris qu'elle renaissait de ses cendres. » L'aventure va donc se nourrir d'un aller-retour envoûtant entre le réel et le fantastique… A la suite de Babel et de ses compagnons, le lecteur s'enfonce dans les profondeurs d'un monde de mystère, de violence, de perte de soi…
Au terme de cette quête, reste-t-il pour Babel un espoir de rédemption ?
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Dommage ! Préparant un voyage à la Réunion, j'ai cherché un auteur emblématique pour me mettre dans l'ambiance de cette île intrigante. Je suis rapidement tombé sur Jean-François Samlong et son roman "Hallali pour un chasseur". Une chasse dans les cirques réunionnais : que demander de plus ?!

Et pourtant, les aventures de Babel (chasseur charismatique et dominant), Malika (sa compagne séduisante et soumise), Focheux (photographe qui vit pour son art), Ricky (personnage violant, malsain et sournois), et Manetti (dont j'ai tout oublié...) ne m'ont pas du tout captivé. Cette partie de chasse, initiée par Malika et menée par Babel, vise à trouver Kala sur le pic de la sorcière, une esclave noire violée puis décapitée dont l'âme hante les cirques réunionnais. Mais rapidement, cette aventure revêt des allures inattendues, inquiétantes puis dramatiques.

A titre personnel, je ne me suis attaché à aucun de ces personnages prévisibles et caricaturaux,l'écriture de Samlong, parfois poétique, souffre de nombreuses répétitions ainsi que de l'utilisation ad nauseam de métaphores plus ou moins bien choisies, et l'auteur se concentre tellement sur les émotions des personnages que l'intrigue passe au second plan et que le fabuleux paysage offert par la Réunion est totalement occulté.

Cependant, la psychologie de Babel qui, à travers la chasse, cherche à se venger de son passé, semble intéressante même si un peu trop simple.
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« le chasseur vise, et tire sur son malheur, ou sa malchance, en tout cas quelque chose de présent en lui et dont il entend se venger » Yasushi Inoué cité par l'auteur.

La Réunion, une chasse ou sa mémoire racontée dans le récit de Babel. « Depuis des années, des spectres exécrables rôdent au travers des pages de mon histoire ». Traquer la papangue géante. Kalla. La poursuite de l'amour et la plongée dans le passé colonialiste. La chasse, peut-être, mais celle d'un homme voulant soumettre les autres, les légendes, les visions à son monde rabougri…

Jean-François Samlong construit un espace envoutant aux temporalités incertaines, aux verbes magiques, aux lisières des rêves et des fantasmes, « Nous étions du côté du plus fort et nous n'avions pas à nous détourner de notre but : renvoyer la sorcière au temps d‘il était une fois, les ailes ratiboisées », au coeur des tractations d'un être humain, ici logiquement un mâle, avec lui-même. « le cri d'une trahison, je l'ai dit, et il est réconfortant de s'entendre crier à seule fin d'évacuer la peur qui s'est incrustée en soi »…

Les mots d'un homme aux femmes, Elise, Malika, Hannah, les mots de Babel, l'étau de ses mots… « On a tous un petit quelque chose à se reprocher, quand ce ne sont pas les pires ignominies. »

Les légendes au-delà des visions, Kalla, un « chien nègre », un rescapé de la chasse aux esclaves fugitifs, le vieil homme, l'hier non effacé, « Là où je suis debout face à vous tous, des vieillards, des femmes et des enfants ont été achevés à la machette sans pitié. Au bord des ravines, au pied des cascades, au sommet des cratères, les Blancs ont assassiné la liberté une fois de plus » », ne pas être le bienvenu à l'intérieur de soi, Kanou, « Quand il n'était pas guide montagne, il jouait la pièce Kalla, sorcière africaine, au théâtre… »…

Un clown-oiseau laid, les gros sabots et préjugés, meurtres et photographies, l'inconnu quoi qu'on fasse…

« Et c'est toujours la nuit.
Et c'est toujours l'insomnie.
Puis c'est l'aube nouvelle. »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Il est des nuits où, ne pouvant pas dompter ce cœur qui s’affole face à la ligne de mire du destin, on tombe de cauchemar en cauchemar, et l’épouvante de la chute conforte le sentiment de la fragilité de l’être pris dans le jeu de la traque. Il est des nuits qui pleurent, gémissent, rugissent. Il est des nuits dont on ne sait pas si elles se termineront ou pas, on sue, on suffoque, on succombe au mirage dans le désert du Kalahari, l’esprit critique émoussé. Il est des nuits où l’on se sent seul à chercher une issue, d’un côté ou d’un autre.
Et c’est toujours la nuit.
Et c’est toujours l’insomnie.
Puis c’est l’aube nouvelle.
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on rêve de voler avec l’oiseau, de courir avec la gazelle, de ramper avec le serpent, de nager avec le crocodile, de grimacer avec le singe (sans avoir la prétention de lui apprendre à faire la grimace !), de barrir avec l’éléphant et, le plus drôle, de rire av ec l’hyène, ou encore de vagir, de rugir, de mugir et, le pire, de pratiquer la « politique de l’autruche », tête enfouie sous des chimères.
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Le monde est un, indivisible, et le miracle n’est que naturel si on aime l’odeur des grands félins. À condition de se souvenir néanmoins que la brousse exhale un arôme grisant, qu’elle est régie par ses propres lois, dont celle-ci, la plus édifiante selon moi, gravée dans l’écorce du baobab : tout arrive ici, surtout ce qui ne doit pas arriver… L’effet de surprise est total.
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Tout à coup, le goût des fruits sauvages me submergea et déclencha en moi le désir. Dès que ma bouche voulait mordre dans un fruit, elle se tournait vers Malika comme vers la chair d’une mangue gorgée de soleil dont la saveur étanchait ma soif, momentanément.
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On ne se méfie pas assez de ce qui est inconnu. Lorsqu’on chasse, la mort frappe dès qu’on relâche son attention. Elle frappe dès qu’on est sourd aux pas feutrés, indifférent aux branches qui s’agitent, insensible à l’odeur de la peur. Et elle frappe aussi dès qu’on se méprend sur le monde des sentiments.
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