Plongée tant bien que mal dans les affres de la société américaine dépeintes dans “
Ohio” de
Stephen Markley, que j'ai entrepris il y a déjà un petit moment, j'ai décidé de m'offrir une petite récré avec une des aventures d'Hamish Macbeth ,et je n'ai pas été déçue!
On retrouve avec bonheur notre Hamish, qui sait comme personne associer un flegme apaisant, une totale absence d'agressivité , une grande bienveillance et une sincère empathie envers ses concitoyens, avec une efficacité qui n'a de cesse de nous surprendre, tout comme ses collaborateurs à qui il damne le pion sans avoir l'air d'y toucher .
Ce que j'apprécie particulièrement dans ce personnage et ses aventures, c'est en effet la démonstration faite que, point besoin de vouloir écraser les autres ou de tout sacrifier à son ambition, pour pouvoir réussir , mais surtout pour être heureux!
Il y a quelque chose de reposant et de très moral dans le personnage d'Hamish, sorte d'anti héros qui ne cherche absolument pas à progresser à tout prix dans la hiérarchie, et préfère préserver sa qualité de vie telle qu'il l'apprécie, plutôt que de briller aux yeux des autres, quitte à passer pour un abruti face à certains personnages obtus qui ne savent pas voir au delà des apparences, et se complaisent à le dénigrer, tandis qu'il poursuit tranquillement mais sûrement son petit bonhomme de chemin sans se laisser le moins du monde perturber par les mauvaises langues .
Hamish Macbeth n'est ni beau, ni fort, n'a pas vraiment de talent particulier si ce n'est celui de savoir écouter , et sa plus belle ambition est celle de rester juste et de préserver les victimes même si elles ont elles le don de s'enliser dans leurs mensonges compromettants, et ce au péril de sa propre carrière .
Il y a un brin de “Colombo” dans sa façon d'agir et la manière dont les autres le perçoivent . On le croit souvent un peu “ neuneu”, plus préoccupé par sa sieste ou sa pêche, on ne s'en méfie pas, et pourtant il s'avère d'une redoutable clairvoyance.
Hamish Macbeth, grand gaillard au coeur pur qui ne paye pas de mine, est donc à l'image des des Highlands qu'il occupe : Rien n ‘a de prise sur sa nature “téflon”, tout glisse sans lui laisser une éraflure, et il reste fidèle à lui même quoiqu'il advienne et quels qu'en soient les risques .
Mrs Fleming, notable fantoche , sorte de Tartuffe au féminin, qui rêve de se propulser sous les feux des projecteurs, apprendra à ses dépens qu'il en est de même pour le petit village de Lochdubh : Quels que soient ses efforts comiques pour transformer les lieux en une sorte de “modèle” qui ferait la une de la presse, rien ne prendra , et selon le principe du boomerang qui revient inexorablement vers son lanceur, elle paiera le prix de sa grotesque ambition: Malgré les forts remous causés, le village finira par retrouver son premier visage ,sans une ride au coeur de ses paysages impertubablement immuables et sauvages . Il y a des lieux qui sont faits pour rester tels qu'ils sont, pour le plus grand bonheur de ceux qui savent les apprécier sans vouloir les changer !
Quel bonheur donc de se laisser emmener au fil de cette enquête bien ficelée, qui nous laisse tout à tour soupçonner les uns puis les autres, nous offre à découvrir toute une galerie de personnages attachants, parfois cocasses, nous ouvre les portes de leur coeur, de leurs maisons et de leur vie qui n'est pas toujours celle qu'on croit, et qui parfois va se transformer pour le meilleur alors que tout laissait croire que rien de bon ne pourrait en sortir.
Et depuis le temps que , nous autres lecteurs, détestons ce Blair qui n ‘a de cesse de vouloir enfoncer notre Hamish, nous avons en prime la jubilation de le voir enfin recevoir la monnaie de sa pièce ! ( navrée pour ce très léger “ spoiler”!)
En bonus tout à la fin, un petit “suspens” quant à la suite des aventures d'Hamish et de la belle Priscilla, puisque nous terminons sur un regain de béguin de notre Highlander pur jus pour sa princesse , et qu'il semble bien décidé à se lâcher un peu !