Happiness, tome 10

Makoto, enfin, est revenu. Sans doute à un moment crucial, celui où il faut un sauveur pour son amie Yukiko, celle qui le cherche désespérément depuis des années. Puis tout s'accélère, Makoto s'estompe à nouveau, malgré sa transformation en vampire, il reste humain dans ses comportements, le mec au grand coeur. Et puis, il y a les autres, avec leurs malheurs, leurs bonheurs, il y a surtout les autres…

Dernier tome de cette série vraiment atypique. Un peu hors de propos, je vais vous avouer que ma vie a changé depuis six mois. Je ne suis plus artisan à mon compte mais je suis devenu employé, en faisant toujours le métier passionnant de ferronnier d'art. Étonnamment , j'ai plus de temps libre et en même temps, je n'écris presque plus de critiques. Pourquoi ? Seraient-elles devenues astreignantes ? Peut-être. Écrire une critique absorbe du temps de lecture et puis, pour qui les écrire ? Il y a si peu de j'apprécie que je me demande si quelqu'un les lis. Et si personne ou presque ne les lis, à quoi ça sert de les écrire ? Surtout si écrire c'est moins lire. Comme beaucoup d'entre vous, je me suis aussi retrouvé confiné. J'ai été déçu par beaucoup de reports de publications, même en numérique. J'étais frustré de voir mais série bloquée, de devoir encore et encore attendre les suites. Et en même temps, beaucoup de série que je rêvais de lire en version numérique furent éditées de cette façon. J'ai ainsi pu dévorer le culte Sun-Ken Rock de Boichi, j'ai compris que Wall Man en était une série dérivée et je l'ai lu de nouveau, faisant enfin le lien entre les deux sagas, ce qui m'avait échappé. Puis j'ai lu plein de trucs passionnants et j'ai aussi découvert « Dans l'Intimité de Marie, du même auteur que cette série Happiness. le graphisme y est remarquable, tout comme ici mais l'histoire est d'avantage centrée sur un personnage. Ici, l'auteur provoque volontairement l'absence des belligérants principaux, on va même jusqu'à se demander s'ils vont réapparaître. le graphisme est hétérogène, multi techniques et disciplines. Souvent remarquable, troublant, puissant, dramatique. Les dialogues sont extrêmement épurés, les images parlent d'avantage que les mots. Ca peut parfois être dérangeant mais c'est une belle provocation, ça vous interpelle. L'auteur semble vouloir croiser plusieurs destins, liés par les rencontres, les drames sociaux, les inégalités, les préjugés insurmontables qu'on peut pourtant combattre avec la volonté du vivre ensemble. Les victimes sont parfois les bourreaux, les bourreaux sont aussi souvent des victimes. Faut-il vraiment séparer le monde en deux entités, en deux axes ? le bien et le mal ? Qui peut prétendre que faire le bien ne fait souffrir personne et faire se qui semble mal ne fait pas de bien à certains ? Si le but de l'auteur est de nous déstabiliser, de bousculer nos repères, alors, il l'a atteint. La fin est déstabilisante, épurée et à la fois complexe, étonnante. Elle nous laisse le choix de la libre interprétation. Elle est aussi émouvante. Pleine d'espoir et de tendresse, tant pour les êtres immortels que pour les mortels qui atteignent, par d'autres techniques que celles de ne pas bêtement savoir mourir, donner naissance, transmettre, aimer. D'autre part, l'immortalité, dans cette saga, n'est jamais qu'une forme de renaissance permanente. Et boum, nous voilà dans une philosophie pleine d'ésotérisme, d'espoir, de rêve, de renouveau et d'éternel recommencement. Et pour conclure, l'auteur nous fait comprendre que l'immortalité est dans le souvenir, l'oubli est la mort, le souvenir est la vie. Bref, pour le graphisme, ce manga est indispensable, pour le scénario, chacun sa route, chacun son chemin…

Lu en numérique avec une superbe numérisation en format KINDLE et vivement que je retrouve ce trait merveilleux et endémique à Shuzo Oshimi.



Personnages :

Makoto : adolescent, personnage principal, mordu une nuit. Encore un peu humain mais qui se découvre d'étranges pouvoirs.

Nora : jeune fille vampire. Enfin, jeune, on ignore son âge, seule son apparence lui fait paraître jeune. C'est elle qui a mordu Makoto.

Yûki : camarade de classe de Makoto. Plutôt mauvais garçon jusqu'au jour où, Makoto, investi d'une force nouvelle le corrige puis, lui sauve la vie en le tirant des griffes d'un gang.

Yukiko : amie de Makoto. Peut-être, sans doute est-elle amoureuse de notre héros. Elle est plutôt une ado frustrée, solitaire.

Nao : jeune fille un peu délurée, amie de Yûki qui devient amie de Makoto et Yukiko par relation.

Saku : vampire particulièrement cruel. Il tue sans remord, beaucoup et très rapidement. Il est à l'origine de la transformation de Yûki. Il voulait assassiné Makoto avant sa transformation finale et c'est Nora qui est venue au secours de Makoto en précipitant Saku sous un train, ce qui a eu pour conséquence que ce dernier a été démembré et s'est retrouve en, toujours vivant, décapité.

Masami Sakurane : Jeune homme de vingt-cinq ans. Sa petite soeur à été victime d'une vampire quand il était enfant. Il a pour ambition de prouver l'existence de ces dernier et fait ami ami avec Yukiko pour l'aider à retrouver Makoto et prouver que les vampires sont réels.

Monsieur Sudô : Collègue de Yukiko, qui est amoureux d'elle. Il vient de découvrir le passé de cette dernière et sans doute l'existence potentielle des vampires.

Quelle conclusion perturbante et poétique ! Comment ces deux mots peuvent-ils aller ensemble ? A voir avec l'auteur. Makoto arrive à temps pour empêcher le pire pour Yukiko. Shuzo Oshimi se lance ainsi pour une finale faisant vieillir les personnages de manière magistrale. Plus besoin de textes et ça c'est important à souligner. Il montre l'évolution au fur et à mesure que les années passent. Subtile, touchant mais menant à une fin sans réelle explications.. On en conclut quoi ? Que c'était bien, bizarre, glauque, trépidant... que sais-je encore. Un titre qui remue les entrailles.

Comme je m'y attendais, je n'ai pas eu de réponse à ma question. Au final, je ne sais pas trop quel était le message de l'oeuvre, c'était vraiment très emberlificoté dans ce dernier tome mais que c'était intense. Alors peu importe, le voyage valait le détour !

La transformation finale de Makoto est superbement mise en scène, le temps d'un chapitre juste dantesque où l'auteur fait éclater tout son génie graphique, poétique et métaphorique. On ne comprend pas grand-chose et bien ce n'est pas grave. Ce moment restera juste l'un des plus marquants que j'ai pu lire avec une intensité rarement atteinte.

Après cela, je pensais presque voir la série s'achever là-dessus. Après tout, Makoto avait atteint son but, libérer l'âme de Yuki et sauver Goto. J'ai donc trouvé les chapitres suivants un peu faibles, un peu vivotant, un peu fades même. C'était mal connaître Oshimi qui y a instillé à chaque fois des petits moments bouleversants.

Et tout prend sens (ou presque) dans l'ultime chapitre de cette vaste et pourtant si intime histoire où l'on voit tout le monde vieillir à travers les années sauf... Makoto et celle qui est restée avec lui. C'est bouleversant.

Alors oui, je reste frustrée de ne pas avoir vu la partie scientifique avec ses expériences et tout ça développer. Oui, j'ai trouvé que certains développements (la secte notamment) sortaient de nulle part, mais le titre fut tellement époustouflant graphiquement, tellement étrange et déstabilisant, que je ne peux qu'en ressortir marquée.

Quelle folie ! Quelle intensité ! Quelle virtuosité ! Un graphisme de malade. Une montée en tension de fou. Une transformation bouleversante. Une série complexe mais qui restera dans les mémoires !
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Je continue ma découverte de Oshimi avec Happiness et cette série est une belle surprise. Alors que le titre se veut sur le sujet des vampires et démarre comme un film de série B à mon goût.
L'histoire va très vite gagner en intérêt avec beaucoup de sujets différents abordés comme la violence, le culte, les relations familiales, le harcèlement,...

C'est à la fois la force du titre comme sa faiblesse ou certains évènements s'enchaînent peut-être un peu trop vite par moment, ou je souhaiterai que cela soit plus développé.

Pour autant, Oshimi maîtrise ses personnages, son histoire et le rythme et les 10 tomes défilent très vite avec beaucoup de plaisir lors de la lecture pour ma part.

Dernier tome de la série, il emmène l'intrigue dans un bond vers le futur (5 ans plus tard) et nous raconte ce que sont devenus les principaux protagonistes de l'histoire.
Clairement j'ai préféré toute la première partie de cette série avec des scènes intéressantes autant graphiquement que scénaristiquement. La deuxième partie m'a laissée plus circonspecte et m'a finalement lassée malgré une qualité de dessin indéniable.

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