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EAN : 9782710377313
256 pages
La Table ronde (13/04/2017)
4.03/5   15 notes
Résumé :
«Des heures durant, tel l'explorateur de salon penché sur sa mappemonde, j'ai consulté les cartes d'état-major, m'efforçant de décrypter l'improbable tissage de courbes, de maillages, de treillis hachurés. Parcourant de l'index les anciens lits du Rhône, rive gauche, rive droite, je me suis égarée dans les canyons du Verdon, faufilée dans les méandres d'Asse et de Bléone, estimant la taille des sommets, les cols d'altitude...
L'inévitable s'imposa : il falla... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Si vous êtes angoissé(e) par ce mois d'août qui se fait la malle à grands pas, j'ai une solution ! Plongez-vous dans le merveilleux livre d'Anne Vallaeys : Hautes solitudes Sur les pas des transhumants. Je vous promets un VRAI voyage, une VRAIE route que vous allez suivre pas à pas en admirant le paysage et ce, sans souffrir (contrairement à l'auteur et sa coéquipière, Marie). La langue poétique, colorée, pleine d'images extraordinaires et de mots rares d'Anne (je l'appelle par son prénom, j'ai fait la route avec elle...) m'a transportée de joie. Tous vos sens seront en alerte !
J'ai dégusté un chapitre par jour de ce délicieux journal de voyage, une étape par jour pour moi aussi, sur les pas d'Anne et de Marie, observant les plantes, les fleurs, les pierres, les arbres, les bêtes et les gens…
Si vous saviez comme j'en ai goûté des couleurs et des parfums, comme j'en ai imaginé des paysages brûlant sous le soleil: explosion des sens… Je vous le disais : un beau voyage qui fera un pied de nez à votre mois d'août bientôt en berne.
Allez, on y va, vous me suivez ?
Le livre s'ouvre sur une carte : à l'extrême gauche, Arles. Puis : Aureille, Salon-de-Provence, Éguilles, Aix-en-Provence, Rians (attention, on remonte…), Vinon-sur-Verdon, Valensole (on n'est pas loin de Manosque - un salut à mon ami Giono), Digne-les-Bains (ça va toujours ? - coucou à Alexandra David-Néel, mon exploratrice préférée), on continue à grimper jusqu'au Laverq. Voilà le trajet que se sont proposé de faire Marie et Anne : marcher sur les pas des transhumants. Trois cent quatre-vingts kilomètres. Far la routo, dit-on en piémontais comme en provençal, marcher dans les anciennes carraires, les routes que les bergers suivaient avec leur bétail. « J'aime la rudesse roulée du mot carraire, les rugosités qu'il inspire, vent, ciel, dégagement, horizon. » confie Anne. La grande transhumance… Partir sur les traces des anciens...
Ils sont nombreux à regarder passer ces deux filles qui n'ont peur de rien, à les envier, à être tenté de tout lâcher pour faire un petit bout de chemin avec elles...
« Que sont devenues les carraires ? » s'interroge Anne, penchée sur ses cartes d'état-major, s' « efforçant de décrypter l'improbable tissage de courbes, de maillages, de treillis hachurés ». Des chemins devenus « rébus intimes, minuscules ».
Pour les comprendre, les voir, il fallait « ressentir la trace sous les pas, éprouver la terre à mes pieds, la caresser des yeux, pour de vrai. » confie l'auteur, « donner forme, réalité, épaisseur, et continuité à la Grande transhumance… Lever l'ancre, hisser la voile. Simplement. Marcher aussi loin que possible, au rythme des heures puisqu'ici les kilomètres n'ont aucun sens. Emprunter un fil de crête, quand, d'un hasard l'autre, les éléments basculent, quand l'équilibre, le ciel l'imposent. Alpes, nourrices des Provences. Savourer cette orgie de lieux-dits, de mythes et de légendes. Puis, le reste, tout le reste. Teintes, couleurs, l'eau, l'air, les arbres… « Aller prendre la nature sur le fait », une recommandation de Darluc dans Histoire naturelle de Provence. »
Oh, je sens que je n'aurais pas grand-chose à ajouter pour que vous plongiez tête la première dans votre placard à godasses à la recherche de vos bonnes grosses grolles encore crottées…
Donc, voilà le projet des filles : « retrouver, identifier dans l'espace l'empreinte de la grande carraire d'antan . »
Autant vous dire que cette belle aventure ne s'improvise pas vraiment, qu'il faut rencontrer des « passionnés de grands chemins », ceux qui veulent « ressusciter la routo » et ils sont nombreux à la Maison de la Transhumance à arpenter de long en large les moindres parcelles de ces routes afin de dessiner le tracé de la Grande Carraire des Provences.
Et l'aventure commence : inénarrable… Il faut partir tôt (il fait très très chaud - du feu), marcher beaucoup beaucoup (et ça monte aussi beaucoup, beaucoup), ne pas se tromper de chemin, ne pas se perdre, ne pas craindre de franchir un domaine privé surveillé par des chiens pas forcément aimables, ne pas sursauter à la moindre petite bête (sans parler des plus grosses – chevreuils, sangliers, loups…), ne pas geindre parce qu'on a mal aux pieds, au dos, à la tête, parce qu'on n'y voit plus rien, qu'on a les doigts gonflés, qu'on ne peut plus mettre un pied devant l'autre… Et je vous passe les pluies, les orages (en montagne, hum, hum…) Tiens, vous avez rangé vos chaussures ?
Mais à côté de ça, la splendeur des paysages, et là, avec les mots d'Anne, vous les verrez encore plus beaux qu'ils ne sont ! Quelle écriture magique, magnifique, des mots comme sortis d'un chapeau de magicien : termes d'architecture, de géographie, d'histoire, noms de plantes et de fleurs… Je me suis régalée de mots rares aux sonorités évocatrices agrémentés de citations: ici Stevenson, là Whitman, de rencontres avec les gens du pays : Louis, Virginie, Sylvain, André, Gilbert, Jean-Claude, Geneviève, autour d'un petit vin et d'un fromage de chèvre : « Pas éleveur, berger ! lance Geneviève, « Éleveur, j'aime pas, ça fait trop élevage. Chez nous, on a toujours gardé à bâton planté, comme on dit dans le métier. Pas de clôture ! » et d'ajouter : « Les noms qu'on donne aux brebis, agnelles, agneaux, bessons, tardons, anouges, fèdes, arets, moutons, ces mots-là disent beaucoup plus… On doit surveiller l'estropiée qui s'écarte un peu trop, la berque qui a cassé ses dents dans les cailloux, la mère qui repousse son agneau. Soigner les malades, percer les gonflées, voilà tout un travail qu'il faut aimer . Ҫa n'est pas de l'élevage, mais de la connaissance. »
Ils sont devenus rares ces bergers, certains sont vieux. le métier est difficile, il n'attire pas les jeunes… Magnifiques portraits d'hommes et de femmes…
Allez, encore un peu d'ailleurs, ça ne peut que nous faire du bien… et puis, comme dit Marie : « La marche conduit au paradis, pas vrai ? » « C'est sûr, lui répond un ami, mais faut avancer longtemps. »
On y va ?
(Chiche ?)
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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La transhumance, c'est pour moi des pâtures de haute montagne, des moutons, des cheminements vers l'alpage, des chiens, un bâton, un chapeau, une nature préservée, un monde loin des turpitudes de ce monde, une liberté... le truc qui me fait rêver quoi.
En voyant le livre d Anne Vallaeys "Hautes solitudes - sur les traces des transhumants", je savais qu'il était pour moi et que je passerais un bon moment. Et le livre a tenu ses promesses.
En résumé, Anne a la volonté de refaire le cheminement de bergers (aujourd'hui disparu) qui partait de Camargue vers les Alpes de Haute Provence. On l'appelait la carraire.
Elle part avec Marie pour quelques centaines de kilomètres de marche pour voir s'il reste des traces de cette antique route et surtout pour rencontrer les pasteurs d'aujourd'hui.
J'ai pris une carte IGN 1/100000 pour parcourir avec elles cette traversée qui passe par Aix en Provence ou Digne les Bains via la plaine de la Crau et le plateau de Valensole.
Hormis moults détails présentant le paysage, la flore, les senteurs, Anne Vallaeys nous fait rencontrer plusieurs bergers d'aujourd'hui, leurs conditions de vie, de travail, leur peur des prédateurs tels le loup...
En lisant ce livre, je me suis pris d'amitié avec ces femmes et ces hommes qui essaient de perpétuer une vie simple, malgré la rudesse de ces terres.
Et je me suis demandé si je serais capable de vivre la même chose qu'eux.
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On the Routo again.
Anne et Marie embouquent la Routo, l'antique voie de transhumance, depuis Arles jusqu'au Laverq en passant par Aix-en-Provence, Valensole, Digne, etc. Anne relate, Marie pilote. Toutes les deux marchent d'arrache-pied par monts et par vaux sur des carraires, vieilles pistes à brebis aujourd'hui effacées, morcelées, oubliées que des férus ont repéré sur le cadastre et le terrain puis proposé en avant-première aux aventurières. Les deux randonneuses deviennent des pionnières en réveillant l'histoire des pâtres et des moutons, en soulevant la poussière des chemins et de l'oubli.
Immédiatement, le lecteur sait qu'il a en main une oeuvre littéraire qui sort du cadre le simple carnet de route même si la chronologie du voyage demeure. le vocabulaire est riche, précis. Les phrases sont chantournées. L'ensemble garde la fraîcheur du vécu avec les enthousiasmes et les découragements d'une marche au long cours. Les rencontres du chemin enrichissent le propos. Parfois, des fulgurances poétiques traversent le texte : "Un traversin de nuages frangés d'or surligne l'azur." le parler vernaculaire apporte une authentique plus-value : "Casiers dégueulant de bouteilles, paniers de victuailles, lard gras, oignons blancs et cébettes des saints de glace, on goustounait en compagnie des bayles, on plaisantait, on parlait montagnes, quartiers d'estive..." Enfin, sous une apparente formulation humoristique, les phrases en disent bien plus : ""La marche conduit au paradis, pas vrai ?" "C'est sûr, réplique Jean-Claude. Mais faut avancer longtemps."
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Anne Valleys est journaliste, l'une des premières plumes de Libération. Très ouverte à toutes les questions de société, elle a consacré une trilogie romanesque au phénomène de la diaspora des Barcelonnettes vers le Mexique. Elle en a gardé un regard affiné sur les Alpes de Haute Provence et tout particulièrement leur économie et leur organisation sociale. D'où « le loup est revenu », publié en 2016 après un long séjour en estive aux côtés de son amie Catherine [Poulain]. « LES HAUTES SOLITUDES », est en quelque sorte le prolongement de ces deux immersions dans la vie agricole basalpine. Anne Valeys a décidé de faire à pied l'un des trajets de la transhumance, entre la Crau et la vallée de l'Ubaye. Elle s'est appuyée sur La Maison de la Transhumance, qui lui a dessiné un itinéraire et recherché à chaque étape un accueil chez des personnes engagées, d'une manière ou d'une autres, dans l'élevage ovin et la transhumance. Elle livre un récit de cette « expédition », partagée avec une jeune amie, amie de sa fille, et, pour les dernières étapes, par l'un des acteurs de la Maison de la Transhumance. Chaque chapitre relate une étape, depuis Aureille dans la Crau jusqu'à l'Abbaye du Laverq, en Ubaye, haut lieu d'estive, en passant par le Plateau de Valensole, la vallée de la Bléone, la Vallée de la Blanche et le Col de Bernardez. Un compte-rendu fidèle des paysages, des difficultés de la route, de la vie des contrées traversées, avec en filigrane une documentation fine sur les données historiques qui font la vie de chaque village. le style sobre donne un texte agréable à lire. On regrette presque que cela finisse quand il semble que l'estive commence, avec l'envahissement du Laverq par les moutons (ou plutôt les « filles », les brebis !) mais l'enjeu du livre était bien d'arriver à ce point. Un autre regret : que dans les personnes rencontrées dans les étapes de la route il n'y ait pas de berger qui « garde », à l'alpage. Car la Grande Solitude n'est-elle pas à cet endroit ? Cette situation est bien connue d'Anne Valleys de par son séjour auprès de Catherine. Mais tout de même, pour le lecteur, c'est comme un manque, surtout pour ceux qui n'imaginent pas ce qu'est l'estive. Un livre agréable qui laisse un arrière-goût de « pas assez ».
" HAUTES SOLITUDES " a été choisi dans la première sélection de "UNE TERRE, UN AILLEURS 2018" le PRIX LITTERAIRE 2018 ES LECTEURS DES MEDIATHEQUES DE L'AGGLOMERATION DE MANOSQUE ".
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La découverte du livre "Hautes solitudes" a été la belle surprise réservée par la dernière opération Masse Critique de Babelio. Merci donc!
L'auteur y raconte son voyage sur les routes des transhumants dans les Alpes et en Provence. Un cheminement à pied, à la découverte de magnifiques paysages, et à la rencontre de ceux qui perpétuent le patrimoine des bergers. "Hautes solitudes" se lit lentement, comme on marche, pour profiter d'une écriture qui laisse la part belle aux sensations, à l'émerveillement, mais qui transmet aussi la douleur des marches interminables et du mauvais temps... Une belle surprise, donc !
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critiques presse (2)
LeMonde
23 juin 2017
Anne Vallaeys a remonté l’ancien chemin de transhumance qui va d’Arles aux Alpes. Une randonnée dont elle rapporte « Hautes solitudes », livre d’émerveillements.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
27 avril 2017
Il y a du reportage au long cours dans le récit d’Anne Vallaeys, ancienne de Libé.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Amants des hautes solitudes, non pas sauvages mais différents, gourmands d'oignons blancs, de cébettes, des miels qu'ils dénichent dans les troncs creux, les bergers composent une peuplade timide, effacée.
Quand ils rejoignent la plaine, ils paraissent retranchés, insoucieux des agréments dont jouissent les sédentaires de basse vallée. p130
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Changement de décor. Nous abandonnons les pâleurs crayeuses striées d'ocre brun, nous pénétrons maintenant dans une symphonie verte, un Eden de gaudres, roubines et prés ponctués de potagers, vergers et lopins maraîchers. Nous cheminons au nord, là où grâce à la bénédiction des eaux abondent les prairies grasses, encloses de cyprès et de peupleraies brise-vent. Les meneurs de troupeaux vénèrent cette profusion d'herbes, fromental, dactyle, lotier, trèfle rouge et blanc, minettes et vesce. A l'automne, ils engraissent cette herbe fine de luzerne, ils sèment sainfoin, barjelade ou pasquier, provende nutritive, croquante, des brebis et des agneaux à la sortie du long hivernage.
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Nous progressons une bonne heure sous les ramures immobiles, sans le moindre souffle d’air, sinon le fouet des feuillages s’entrouvrant. A nos pieds, un paysage fardé de verts se dévoile, labours ombrés sous un bleu transparent près des mas, déroulé de collines en fond, bosquets et parcelles tendres. Une croupe sculpte l’horizon, c’est la voilure nacrée des Alpilles, zébrures calcaires dans le ciel écru de trop de lumière. On dirait la mer. Marie m’a rejointe, nous échangeons un regard, les paroles nous paraissent superflues.
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Video de Anne Vallaeys (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Vallaeys
Anne Vallaeys. Hautes Solitudes.
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