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EAN : 9782847346794
252 pages
Tallandier (21/04/2011)
3.38/5   4 notes
Résumé :
Une façade délabrée, des volets qui craquent, peut-être même une silhouette floue à la fenêtre… la maison hantée appartient bel et bien à notre imaginaire commun. Goût pour le bizarre, plaisir de se faire gentiment peur, vague croyance ou curiosité pour les revenants et l’au-delà, si les maisons hantées nous semblent aujourd’hui une superstition frappée d’archaïsme, il n’en était pas de même au XIXe siècle, où elles furent un temps au cœur de débats passionnés et sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
A vrai dire, j'ai du mal à dégager une grande ligne directrice de cette Histoire des maisons hantées, si bien que ma lecture fut un peu laborieuse ; or, comme j'avais eu beaucoup de mal à me procurer cet essai, hors de question de le laisser tomber avant la fin !


Le sujet, comme le fait remarquer l'auteur, est laissé de côté, voire méprisé par les historiens français de la période contemporaine. Il ne s'agit évidemment pas d'établir si telle ou telle maison dite hantée à tel lieu et à telle époque l'a réellement été ou non, puisqu'on a là un ouvrage traitant d'histoire culturelle et non de paranormal. C'est donc un sujet neuf, atypique, dont on attend forcément beaucoup. Mais cet essai comprend des défauts certains : un manque de cohérence dans sa structure, ainsi que l'absence d'un corpus solide de cas rapportés de maisons hantées, ajoutés à un corpus iconographique et littéraire dont on ne comprend pas forcément le choix. Pourquoi traiter de la chute de la maison Usher et des Hauts de Hurlevent, par exemple, et complètement laisser de côté Henry James ou Nathaniel Hawthorne ? Pourquoi voir dans L'île des morts de Böcklin et dans The night wind de Charles Burchfield des représentations de maisons hantées, qui ne le sont pas plus - ou pas moins - que La maison rose de Degouve de Nuncques ou L'empire des illusions de Magritte ?


Bien sûr, beaucoup de sujets passionnants sont traités autour du thème de la hantise, notamment la position de l'Église, les théories spiritualiste et spirite, les approches scientifiques, les rapports qu'entretiennent les cas de hantise avec la présence de femmes - et, surtout, de jeunes filles domestiques -, le rapport aussi qu'entretient la maison hantée avec le concept du home sweet home. Mais ce sont là davantage des pistes de réflexion, certes très intéressantes, qu'une véritable histoire des représentations de la maison hantée dans la culture et l'imaginaire français, américain et britannique entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XXème. L'auteur s'en explique en conclusion, et l'on comprend très bien les difficultés qu'elle a pu rencontrer pour dégager un fil rouge de son étude. Mais on reste sur sa faim.


Cela dit, j'ai pour ainsi dire mis à l'épreuve l'ouvrage de Stéphanie Sauget en regardant, alors que j'allais bientôt en terminer la lecture de l'essai, The conjuring - Les dossiers Warren (je fais les choses à fond). Et je peux dire qu'il a passé le test, parce qu'il s'est révélé une très bonne grille de lecture du film. J'y ai retrouvé - étonnamment - une bonne partie des codes de représentations des maisons hantées au XIXème présentés dans l'ouvrage. C'est donc que ce livre a tout de même réussi à imprimer quelques petites choses dans ma petite caboche.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Dans une optique d'histoire compréhensive, il faut resituer les contemporains de ces récits de maisons hantées dans leur environnement : celui-ci est fait d'un vieux fonds d'histoires de fantômes, renouvelé au XIXème siècle, et d'un goût partagé part les élites pour le bizarre et le style "gothique". Ce style "gothique" qu'on retrouve dans tout l'espace atlantique occidental n'est pas anecdotique. Il informe de mutations politiques et sociales importantes et il est diffusé par de puissants relais médiatiques, même si l'heure n'est pas encore à la culture de masse. Tout cela permet de comprendre que les "lunettes gothiques" sont les principaux outils à disposition des contemporains pour parler de bien des décalages et des changements à l’œuvre au cours du XIXème siècle.
S'intéresser aux représentations littéraires des maisons hantées aux XIXème et XXème siècles, mises en relations avec d'autres types de texte, permet de mettre en lumière la façon dont les récits les plus fameux se servent du dispositif de la maison hantée pour présenter les principaux dysfonctionnements des cellules familiales contemporaines et en particulier pour y montrer des femmes en situation d'aliénation.
Enfin, le déplacement permanent opéré par les contemporains entre les lieux de la hantise et les occupants hantés amène évidemment à sonder les terres fertiles de la hantise. Y a-t-il des régions, des pays plus hantés que d'autres, des classes sociales plus visées que d'autres ?
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En France, en Grande-Bretagne et en Amérique se diffuse la pratique des photographies post-mortem ainsi qu'en témoignent les fonds d'archives Burns. Les premières publicités de photographes professionnels proposant des clichés de personnes décédées apparaissent en 1846 aux États-Unis et peu après en France. La pratique se banalise dès la seconde moitié du XIXème siècle. Les daguerréotypes sont montés en pendentif, en broche, dans des albums soignés qui leur servent d'écrins plus ou moins ouvragés.

Et l'on espère même pouvoir capter par le procédé photographique l'image d'un spectre à partir des années 1860-1870. C'est en tout cas ce que se' propose de faire le photographe professionnel Daniel Buguet dans sa boutique de Montmartre à compter de 1873. D'après Clément Chéroux, la photographie spirite permit à Buguet d'augmenter de 20% son chiffre d'affaires, jusqu'à son arrestation pour escroquerie en avril 1874. Et malgré la découverte et l'aveu de la fraude et des trucs pour réaliser les photos (grâce à un jeu de surimpression), la croyance des personnes trompées ne parut pas ébranlée. Les photographies sont conservées dans les albums de famille.
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Les bonnes sont formées dès l'enfance, entrent dans un personnel de maison, sont intégrées à l'intimité du foyer, moralisées, séparées des autres salariées. Dans ce lieu privé, où les tâches multiformes ne peuvent être précisément décrites, le contrat de travail ne fixe aucune durée de travail et rend la domestique corvéable à merci. Les domestiques sont censées êtres les fantômes invisibles de la maison au service de la "fée du logis" que représente leur patronne. Dans les maisons les plus riches, elles ne se déplacent librement que dans les espaces de service qui leur sont dévolus (escaliers et couloirs de service), car dans le reste de la maison, elles doivent étouffer leurs pas, être des ombres. On leur demande de réaliser leurs tâches dans la plus grande discrétion, si possible hors de vue, et de ne faire "apparition" qu'à condition d'être sonnées. Anne Martin-Fugier le révèle dans on travail remarquable sur la domesticité féminine française et plus spécifiquement sur les "bonnes couchantes" qui vivent et dorment dans la maison du maître :
"Faire le portrait des bonnes de nos grands-mères - si nos grands-mères avaient des bonnes -, ce n’est pas tracer l'arbre généalogique des femmes de ménage actuelles, ce n'est pas évoquer avec nostalgie les familles bourgeoises du siècle dernier, mais c'est rendre visible la bonne qui vit en chacune de nous, restituer ses traits au fantôme pour le regarder en face et commencer à le congédier".
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Dans la Bible et dans sa théologie, l'Église catholique reconnaît l'existence d'un monde invisible en "contact" avec le monde des vivants. Depuis le Moyen Âge, ce monde invisible peut prendre trois figures différentes : les anges et les saints (venant du ciel et du paradis), le diable (échappé de l'enfer) et les âmes du purgatoire (venues d'un troisième lieu, "inventé" aux XIIe et XIIIe siècles et qu'a étudié Jacques Le Goff). Les "contacts" avec les vivants sont exceptionnels dans la doctrine chrétienne, qui cherche à les contrôler et à les limiter.
Depuis, semble-t-il, le Ve siècle, le thème de la maison hantée est présent dans la littérature chrétienne. Jean-Claude Schmitt indique bien que, pendant tout le haut Moyen Âge, les récits de revenants sont rares. À cette époque, la crainte des morts malfaisants et celle de démons se confondent. Ils ne deviennent plus nombreux qu'avec l'apparition des ordres mendiants qui les utilisent pour stimuler la pénitence et inciter les chrétiens à acheter des messes pour les morts. Les revenants ressortent donc timidement et les âmes errantes pullulent même littéralement dans le village cathare de Montaillou au XIVe siècle jusqu'à l'arrivée de l'Inquisition. Pour l'historien, les revenants sont l'un des rouages de la structure économique qui soutient l'Église à la fin du Moyen Âge : ils sont donc parfaitement intégrés au système religieux, même s'ils doivent rester rares. Mais les choses changent au XVIe siècle, peu avant la Réforme. En effet, le prédicateur strasbourgeois Geiler de Kaiserberg soutient dans un sermon l'impossibilité pour une maison d'être hantée pour plusieurs raisons : "Les âmes ne font pas de bruit ; celles qui sont en enfer n'en sortent pas ; celles qui sont au ciel ne s'occupent pas de ces sottises et celles du purgatoire ont autre chose à faire." Les cas, déjà peu nombreux, diminuent encore dans les récits chrétiens. Ce qui ne veut pas dire que les rumeurs de maisons hantées ne continuent pas à circuler à cette époque. Ce qui change, c'est le regard de l'institution chrétienne, catholique, en Allemagne peu avant la Réforme.
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La peur domestique provient donc de l'intrusion invisible mais manifeste. La hantise au XIXème siècle est beaucoup moins une affaire de fantômes et d'apparitions, c'est-à-dire de phénomènes visuels, que de manifestations spectaculaires incompréhensibles et invisibles. Les informations véhiculées par l'ouïe mais invalidées par l’œil par exemple produisent des phénomènes de brouillage sensoriel qui génèrent l'affolement et qui sont vécus comme des violences insupportables. Les contemporains du XIXème siècle accordent une nouvelle place à leur sens de l'observation qui est la clé de voûte du positivisme. Ne pas voir ou voir sans comprendre produit sur les esprits rationnels du XIXème des effets de malaise vertigineux.
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Vidéo de Stéphanie Sauget
Pour sa 6e édition, le Marathon des images atteint sa vitesse de croisière. La formule qui a fait le succès de ce rendez-vous reste inchangée : 24 historiennes et historiens feront l'analyse en 5 minutes « montre en main » d'une image ou d'un très court extrait de film. Mais le Comité organisateur continue d'innover : l'an passé, les trois présidents de séance avaient soumis aux spectateurs une « image mystère », que le public était invité à commenter. Cette année, dans un esprit participatif, le Comité lancera un appel à projets auprès du public et sélectionnera deux propositions d'intervention. Les festivaliers dont l'image aura été retenue seront invités à en faire le commentaire en toute fin de Marathon. Dernière nouveauté : la troisième séance sera suivie d'un échange informel entre le public et les Marathoniens, autour d'un verre.
Avec: Bruno BERTHERAT Régis BERTRAND Corinne BONNET Catherine BRICE Tal BRUTTMANN Guillaume CALAFAT Caroline CALLARD Anne CAROL Isabelle CARTRON Dominique CASTEX Joël CHANDELIER Philippe CHARLIER Paul CHOPELIN Guillaume CUCHET Jean-Paul DEMOULE Vanessa DESCLAUX Marie FAVEREAU Jérémie FOA Mathieu GRENET Emmanuel LAURENTIN Michel LAUWERS Flavie LEROUX Didier LETT Pascal ORY Annie SARTRE-FAURIAT Stéphanie SAUGET Lydwine SCORDIA Claire SOTINEL Mileva STUPAR William VAN ANDRINGA
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