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Brigitte Hébert (Traducteur)
EAN : 9782742751518
434 pages
Actes Sud (03/09/2004)
4.34/5   306 notes
Résumé :
Dans un texte rédigé en 1939 et publié à titre posthume, le journaliste allemand Sebastian Haffner fait une chronique saisissante de ses expériences personnelles pendant l'époque de l'instauration du nazisme. D'une clarté et d'une autorité exemplaires, son récit rend palpables, donc compréhensibles, les circonstances de l'avènement du régime hitlérien. À cet égard, c'est un ouvrage dont la lecture, en plus de l'intérêt littéraire qui la justifie, est indispensable à... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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Une lecture franchement impressionnante... A plusieurs reprises j'ai même eu du mal à croire que ce récit sur le basculement de l'Allemagne dans le nazisme avait réellement pu être écrit à chaud, tant son analyse est lucide. Au point que j'ai ressenti le besoin de faire quelques recherches pour me convaincre que oui, en effet, ce texte avait bien été rédigé en 1939. Avant la guerre, avant les écrits d'Hannah Arendt, et avant que le fonctionnement des systèmes totalitaires ne devienne un objet d'étude.
On ne croise pourtant aucun des grands responsables du nazisme dans le livre d'Haffner, pas plus que ses théoriciens. L'auteur s'en excuse d'ailleurs, craignant que cela enlève toute pertinence à son propos : il n'a voulu témoigner qu'à son échelle individuelle, celle d'un citoyen absolument banal qui se retrouve à vivre l'agonie d'une démocratie, puis la mise en place de la dictature avant celle de la pensée totalitaire.
De fait, ce livre est en quelque sorte le portrait du nazisme au coin de la rue : l'embrigadement insensible de l'employé de bureau, le fascisme de cour d'immeuble, la raison qui s'éteint un peu plus chaque jour dans les propos de votre voisin. Rien de moins spectaculaire, mais rien de plus glaçant que de voir à travers les yeux d'Haffner comment une société qui se pense normale renonce à ses libertés sans résistance, et sans même s'en apercevoir. L'auteur n'a pourtant pas été préparé à cet effondrement moral. Ainsi qu'il le dit lui-même, « les familles consciencieuses élèvent toujours excellemment leurs fils en vue de l'époque qui vient de s'écouler ». Mais Haffner a beau être effaré par le spectacle auquel il assiste, il ne se départit jamais de son regard clinique, affûté comme un scalpel. Et il ne constate autour de lui qu'apathie, résignation et petites lâchetés. de minuscules défaites qui s'accumulent, se nourrissent et grossissent, jusqu'à ce que l'impensable devienne une nouvelle normalité. A la fin, il ne reste plus qu'à se chercher une place dans cette folie collective ou bien s'exiler. C'est ce qu'a fait Haffner, et c'est la pulsion vitale qui lui a donné la force d'écrire ce texte irremplaçable. Tout simplement saisissant.
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Indispensable.
Bouleversant.
Inquiétant.
C'est par ces trois qualificatif que je caractériserais le témoignage de Sebastian Haffner.
Étonnant comme je suis un fil, sans le vouloir apparemment, de personnages atteints par le grand vent de l'histoire et qui en sont profondément affectés, sans en être vraiment acteurs. En l'occurrence, il n'était pas possible de ne pas être affecté par le nazisme dans les années 1930 en Allemagne. Et dans ce cas-ci, ce n'est pas de la fiction. Sebastian Haffner s'exila en Angleterre en 1938 et entama ce volume de souvenirs à la demande de l'éditeur Warburg. le début de la guerre vint contrecarrer sa parution. le manuscrit dormit chez l'auteur jusqu'à sa mort en 1999. Il fut publié à titre posthume en 2000.
Ce qui est très particulier dans ce récit, c'est à la fois que l'auteur livre des souvenirs très personnels, montrant comment les événements affectent (ou pas) la population dans sa vie quotidienne et en même temps que le récit est dû à un auteur à la perspicacité d'analyste et d'historien.
Haffner décrit avec une précision touchante, à partir d'un point de vue subjectif, les changements dans la vie des Allemands entre 1914 et 1933: la première guerre quand il était enfant, les révolutions, le calme relatif et enfin la montée et l'arrivée au pouvoir du nazisme.
Ce qui rend ce livre à la fois indispensable, bouleversant et inquiétant c'est que les similitudes avec la période actuelle sont frappantes et aussi l'identification très claire de ce qui a permis l'avènement du nazisme, à savoir la lâcheté et l'absence de réaction des démocrates.
Un exemple. Haffner parle de mouvements pré-nazis et nazis comme luttant contre le "système", ce qui n'est qu'un autre nom pour la démocratie. Je vous laisse faire l'analogie avec l'actualité.
Il montre aussi comment le nazisme ne laissait aucune possibilité de repli sur une vie privée qui ne serait pas touchée par les mesures prises par le régime: la vie professionnelle, la vie personnelle, les convictions, les relations amoureuses même, tout était broyé et emporté par les nazis. Cette perspective rappelle Quand les lumières s'éteignent d'Erika Mann. Mais le point de vue subjectif de Haffner rend le totalitarisme encore plus terriblement concret.
Effrayant mais indispensable.
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L'arrivée du nazisme au pouvoir nous semble être une bévue intolérable qui témoigne au mieux de la cécité d'un peuple, au pire d'une inclination dissimulée au vice. On se défend de faire revenir de tels extrémismes sur le devant de la scène en affirmant que maintenant que nous sommes éclairés, cela ne nous arrivera plus jamais. Alors certes, cela ne nous arrivera sans doute plus jamais sous cette forme, mais derrière quels masques se dissimuleront les extrémismes des années à venir ? On aura beau écarquiller les yeux, encore faudrait-il que nous sachions sur quoi porter notre attention.


Sebastien Haffner nous fait comprendre que la vigilance est nécessaire mais pas suffisante. Il témoigne de l'endoctrinement invisible de sa génération –celle des Allemands ayant passé leur enfance dans l'exaltation de la Première Guerre Mondiale. Toutes les générations sont endoctrinées –même si elles ne le sont pas de la même façon- et il serait faux de croire qu'on peut y échapper. En revanche, on peut prendre conscience de cet endoctrinement et essayer de s'en éloigner, de prendre un brusque recul pour l'observer depuis des hauteurs où il ne pourra plus être aussi actif. Sebastian Haffner nous invite à prendre ce recul avec son Histoire d'un Allemand.


Il ne propose rien de plus que de s'ériger en témoin de son époque et il semble en effet qu'il ne cherche jamais à modeler son éthos pour se conformer à une image conventionnelle, que ce soit celle de la victime, du collaborateur ou du moralisateur je-le-savais-mais-vous-ne-m'avez-pas-écouté. Son histoire personnelle intervient certes au milieu des événements historiques mais elle ne sert qu'à démontrer la réalité de l'Histoire pour qu'elle ne se fige pas, comme dans un manuel scolaire, en une notion désincarnée.


« L'historiographie traditionnelle ne permet pas de faire la distinction. « 1890 : Guillaume II renvoie Bismarck. » C'est certainement une date importante, inscrite en gros caractères dans l'histoire de l'Allemagne. Mais il est peu probable qu'elle ait « fait date » dans l'histoire d'un Allemand, en dehors du petit cénacle des gens directement concernés. […]
Et maintenant, en regard, cette autre date : « 1933, Hindenburg nomme Hitler chancelier ». Un séisme ébranle soixante-six millions de vies humaines ! Je le répète, l'historiographie scientifique et pragmatique ne dit rien de cette différence d'intensité. »


Sebastian Haffner va nous permettre de moduler notre perception. C'est l'histoire de la grenouille échaudée : si on la plonge brutalement dans le bain bouillant, elle bondira aussitôt hors de l'eau, mais si on augmente progressivement la température, elle s'y habituera et ne remarquera pas qu'elle risque bientôt sa vie ; ainsi en fut-il de l'installation du nazisme en Allemagne au siècle dernier. Quels furent les différents paliers traversés par les allemands avant de finir ébouillantés ?

- Exaltation d'une Première Guerre Mondiale vécue de loin et considérée comme une lutte pour la grandeur de l'Allemagne et de sa nation, saisissant d'enthousiasme toute une génération d'enfants.

- Epreuve douloureuse de la défaite allemande de 1918. Elle ne ramène pas les Allemands à la réalité mais les fait tomber dans une sous-réalité. Ce n'est pas eux qui ont tort mais le reste du monde. C'est peut-être même parce qu'ils sont les plus forts qu'on s'unit contre eux pour cadenasser et limiter leurs forces vitales.

- Révolution confuse de 1918, physiologiquement intolérable : « La guerre a éclaté au coeur d'un été rayonnant, alors que la révolution s'est déroulée dans l'humidité froide de novembre, et c'était déjà un handicap pour la révolution. On peut trouver cela ridicule, mais c'est vrai. »

- Brutalisation des pratiques politique avec l'apparition des corps francs parmi les hommes qui trahissent la cause révolutionnaire.

- Regain d'intérêt pour la politique à partir de 1920 avec l'arrivée de Walther Rathenau au pouvoir, malheureusement assassiné par trois jeunes gens en 1922, confirmant ainsi l'enseignement de 1918/1919 selon lequel rien de ce que n'entreprenait la gauche ne réussissait. « Rathenau et Hitler sont les deux phénomènes qui ont le plus excité l'imagination des masses allemandes le premier par son immense culture le second par son immense vulgarité. »

- Période d'hyper-inflation en 1923. le père de Sebastian se dépêche d'acheter le maximum de biens de consommation possible sitôt après avoir reçu sa paie pour ne pas conserver des marks quotidiennement dévalués. « Une fois cent millions pouvaient représenter une somme respectable, peu de temps après, un demi-milliard n'était que de l'argent de poche. »

- Période de paix entre 1924 et 1929 avec l'arrivée au pouvoir de Streseman. Et pourtant, la fin des tensions publiques et le retour de la liberté privée ne sont pas vécus comme un cadeau mais comme une frustration. Personne ne savait quoi faire de la liberté personnelle octroyée. La mort de Streseman en 1930 souleva toutefois cette inquiétude : « Qui, maintenant, dompterait les fauves ? »

- Brüning est élu chancelier en 1930. Pour la première fois de son existence, Sebastian Haffner se souvient avoir connu une direction ferme dont l'austérité provoquera en réaction l'arrivée au pouvoir de Hitler. Une autre de ses erreurs fut d'avoir considéré la politique comme un jeu de privilèges : « Comme son existence politique était directement liée à sa lutte contre Hitler, et donc à l'existence de celui-ci, il ne devait en aucun cas l'anéantir. »

- Hitler arrive au Parlement en septembre 1930 et s'impose en 1933. Les nazis ne sont d'abord pas pris au sérieux, comme en témoigne l'incendie du Reichstag (« L'aspect le plus intéressant de l'incendie du Reichstag fut peut-être que tout le monde, ou presque, admit la thèse de la culpabilité communistes. […]
Il fallut beaucoup de temps aux Allemands pour comprendre que les communistes étaient des moutons déguisés en loups. le mythe nazi du putsch communiste déjoué tomba sur un terrain de crédulité préparé par les communistes eux-mêmes »). Et pourtant, les faits sont incontestables : liquidation de la république, suspension de la constitution, dissolution de l'Assemblée, interdiction de journaux, remplacement des hauts fonctionnaires, tout cela se déroulait dans la joie et l'insouciance. Peut-être parce que Hitler comprenait mieux que personne l'attente des forces vives de la nation ? « Au-delà de la simple démagogie et des points de son programme, [Hitler] promettait deux choses : la reprise du grand jeu guerrier de 1915-1918, et la réédition du grand sac anarchique et triomphant de 1923. »


Nous connaissons la suite et Sebastian Haffner met ici un terme à son témoignage. Son histoire personnelle nous aura entre temps permis de prendre conscience des processus souterrains qui ont conduit cet homme intelligent à accepter la domination collective et politique. Ce sont ces processus qu'il faut surveiller, et non pas les formes les plus ostentatoires que revêtent les menaces –ce ne sont jamais les plus grossières qui finissent par nous dévorer. Plutôt que de cultiver une culpabilité qui n'a plus lieu d'exister, Sebastian Haffner se pose les questions essentielles qui feraient aujourd'hui avancer un débat encore miné par l'émotionnel :


« Où sont donc passés les allemands ? le 5 mars 1933, la majorité se prononçait encore contre Hitler. Qu'est-il advenu de cette majorité ? Est-elle morte ? A-t-elle disparu de la surface du sol ? S'est-elle convertie au nazisme sur le tard ? Comment se fait-il qu'elle n'ait eu aucune réaction visible ? »


Ce qui se passe souterrainement mérite d'être exposé davantage que les fariboles provocatrices des grandes gueules du moment…
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Beaucoup... je devrais dire chacun s'est interrogé, s'interroge et s'interrogera sur le pourquoi et le comment du nazisme, sur les raisons qui ont fait qu'un homme a pu convaincre et entraîner une des sociétés les plus avancées de son temps dans le meurtre de masse. Sur ce que certains appellent "le mal absolu".
Des historiens, des philosophes, des sociologues, des psys de toutes chapelles essaient depuis des décennies d'entrouvrir la porte qui mène à cette énigme qui ronge les fondements de la civilisation, parce que le nazisme s'est épanoui au coeur d'une des sociétés les plus civilisées de la fin de la première moitié du XXème siècle.
Le nazisme, c'est cette crainte d'un mal qui aurait pu emporter l'homme, et c'est parce qu'il sait qu'il n'est qu'en rémission que cet homme doit en permanence rester vigilant, s'interroger, se remettre en question, penser contre lui-même... bref, s'interdire de baisser la garde.
Hannah Arendt, célèbre politologue a été la première à oser une approche à contre-courant des explications trop rapides et trop faciles.
Viktor Frankl, Victor Klemperer, James Q. Whitman, Boris Cyrulnik et récemment Johann Chapoulot tentent avec et après tant d'autres d'apporter leur pierre philosophale, leur antidote intellectuel à cette tumeur, cette bête immonde dont on sait que le ventre de n'importe quel quidam citoyen du monde pourrait demain la féconder encore.
Il est une approche plus "prosaïque", moins conventionnelle, moins académique, il est une voix venue de Londres qui nous a fait vivre, dès 1939, le phénomène d'insinuation, d'insidiosité, d'imprégnation, d'emprise, d'accaparement, de cet enkystement malin que fut le nazisme sur plus de 90% des Allemands.
Cette approche "de terrain" a été relatée dès 1939 par un Allemand exilé en 1938 en Angleterre, dans un livre intitulé - Histoire d'un Allemand ... souvenirs (1914-1933) -, livre hélas publié à titre posthume ... après sa mort donc, survenue en 1999.
Cet homme avait pour pseudonyme Sebastian Haffner, nom d'emprunt pour ne pas mettre en péril les membres de sa famille demeurés en Allemagne.
De son vrai nom Raimund Pretzel, né à Berlin en 1907 dans une famille de la bourgeoisie moyenne, a chroniqué avec une lucidité presque invraisemblable le quotidien des Allemands de 1914 à 1933 et la "résistible ascension d'Arturo Ui".
Au point que, lorsque le livre parut en 2000, les tenants et partisans du "nous ne pouvions pas savoir", ont crié au faux, à la supercherie.
"C'est l'analyse scientifique du manuscrit original qui a «prouvé que le document découvert par les enfants de Sebastian Haffner est effectivement un inédit vieux de soixante ans», comme le dit la préfacière Martina Wachendorff.
Dans cette chronique témoignage, nous assistons avec saisissement... un peu comme les premiers spectateurs de "Entrée en gare d'un train à la Ciotat", à la vie des Allemands, ceux que l'histoire générise au point que l'individu finit par se dissoudre dans ladite histoire, pour céder la place à des Bismarck, des Hindenburg, des Hitler... le lambda fait l'histoire pour ces derniers... !
Et ces vous-et-moi vous apparaissent soudain dans toute leur authenticité, toute leur vérité, toute leur contemporanaité.
Hommes, femmes, enfants, jeunes, adultes ou vieillards, ouvriers, employés, fonctionnaires, cadres, patrons, chômeurs, bourgeois, gens de la classe moyenne, prolétaires ou miséreux, croyants de toutes religions, agnostiques ou athées, membres d'un parti politique ou pas... ils reprennent vie devant vous sous la plume de Sebastian Haffner.
Et ils nous disent, nous expliquent parfois, pourquoi et comment depuis le début de la Grande Guerre, la défaite de leur pays, la révolution de novembre 1918, la République de Weimar... comment et pourquoi depuis le putsch de la Brasserie à Munich le 8 novembre 1933, perpétré et mené par Adolf Hitler, secondé de ses lieutenants, Hermann Göring, Ernst Röhm, Rudolf Hess, Heinrich Himmler et Julius Streicher... ils commencèrent à se laisser progressivement mais sûrement nazifier, antisémitiser...
Sebastian Haffner était l'un des leurs.
Il a vécu auprès d'eux.
Il a vécu ce qu'ils ont vécu.
Ils ont cédé... lui pas... au prix de cette lucidité que Char a su magistralement définir.
Haffner chronique, comme personne ne l'a fait avant lui, le processus de nazification d'un pays qui, tel un organisme humain envahi par une tumeur maligne somatisée, la laisse métastaser jusqu'à la dernière de ses cellules.
Et Haffner qui voyait ce que beaucoup se refusaient simplement à regarder, non seulement nous parle de ce qui a précédé la maladie, de la maladie elle-même... mais de ce qu'en seront probablement les conséquences.
Un homme exemplaire... ils sont faits de vapeur et de vent... ; un livre qu'il faut avoir lu : clair, accessible, incroyable... mais vrai !
"Des milliers de ces gens-là se trouvent aujourd'hui en Allemagne, nazis à la mauvaise conscience qui portent leur insigne du parti comme Macbeth sa pourpre royale, qui, complices malgré eux, se chargent d'une faute après l'autre, cherchent vainement une échappatoire, boivent et prennent des somnifères, n'osent plus réfléchir, ne savent plus s'ils doivent espérer ou redouter la fin de l'époque nazie», lesquels, «le jour venu, nieront bien certainement toute responsabilité. En attendant, ils sont le cauchemar du monde, et il est effectivement impossible de savoir de quoi ces gens, dans leur délabrement moral et nerveux, peuvent bien être capables avant de s'effondrer. Leur histoire n'est pas encore écrite." (écrit en 1939...).
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L'histoire de ce livre n'est pas banale.
Sebastian Haffner, jeune juriste né en 1907 dans une vieille famille bourgeoise protestante installée à Berlin, et dont le père fut lui-même juriste, s'exile en Angleterre en 1938, pour échapper à l'atmosphère délétère de son pays. Là-bas, vivant dans des conditions précaires, il y commence la rédaction de ce livre, mais le laisse de côté. Par la suite, il en écrira d'autres et de retour en Allemagne en 1954, il deviendra un journaliste et historien reconnu, avec des livres notamment consacrés à l'Allemagne prussienne et hitlérienne, et ne reviendra jamais sur son manuscrit.
Ce n'est qu'après sa mort en 1999 que ses enfants découvrent ce texte et le publient en 2000.
On y découvre un récit saisissant qui relate, de façon autobiographique, ce que l'enfant, l'adolescent puis le jeune adulte, a vécu et ressenti depuis le début de la guerre 1914-1918 jusqu'à la fin de la terrible année 1933, où la narration s'arrête brusquement.
C'est un récit à hauteur d'homme, d'une incroyable acuité d'analyse. Haffner insiste beaucoup, pour justifier son témoignage, sur l'importance qu'il y a, pour comprendre le cours de l'Histoire, d'avoir accès au récit de "citoyens ordinaires inconnus".
Même si ce récit est incomplet, car on pense que l'auteur voulait raconter son histoire personnelle jusqu'en 1938, c'est suffisant pour comprendre le terrible engrenage qui conduit à l'installation du régime totalitaire nazi.
De la guerre de 1914-1918 perdue par l'Allemagne et vécue comme une humiliation collective, des soubresauts de l'après-guerre, des crises internes du pays, en 1923, 1929, séparées par une relative quiétude et prospérité sous la direction de Stresemann, on assiste à l'arrivée au pouvoir d'Hitler.
Arrivée dont on comprend qu'elle n'était pas inéluctable, son parti étant minoritaire encore en 1932, mais qu'elle est due à la lâcheté des dirigeants politiques de l'Allemagne, et à la passivité de la population. L'auteur n'est d'ailleurs pas tendre avec la mentalité du peuple allemand, trop ancré dans la vie individuelle et le respect de l'ordre.
La narration des événements de 1933 se mêle à la vie personnelle de l'auteur, ses amis qui quittent l'Allemagne, ses amies dont on ne saura ce qu'elles sont devenues, ces Charlie juive, Teddy, autrichienne vivant à Paris,..le groupe de ses camarades juristes stagiaires qui éclatera entre ceux qui choisiront le nazisme et les autres.
La relation de ce qui se passe, vu du simple citoyen qu'est Haffner, m'a stupéfait. Cette ambiance orchestrée de liesse populaire journalière, qui va durer plusieurs mois, et derrière laquelle se déroule sans bruit une répression impitoyable, les exécutions sommaires, les emprisonnements dans les camps de concentration, la première vague d'humiliation des juifs, c'est étrange et terrible. Car ainsi, toute opposition disparaît dans l'indifférence d'une population anesthésiée.
Et dès lors, l'état totalitaire s'installe, qui règne par la terreur, qui contrôle tout de votre vie, vous oblige à la pensée unique, réduisant à néant la vie individuelle. La scène où Haffner nous décrit son vieux père, éminent juriste, soumis au dilemme de devoir répondre à un questionnaire détaillé concernant son passé, ses opinions, pour finalement le renseigner dans la douleur, est bouleversante.
Le récit se termine sur la narration du "stage" obligatoire que passera le jeune juriste avec d'autres à candidats à un concours pour devenir "référendaire", qui montre ce que l'Etat nazi a mis en place pour embrigader les jeunes, même les plus cultivés comme le sont ces jeunes gens. C'est terrifiant, et saisi avec une formidable acuité. En effet, avec ces jeunes cultivés, pas de brutalité, pas de brimades. Mais un discours exaltant la rigueur, l'amour du "Vaterland", revenant sur la guerre de 1914-1918, et stimulant ce mal terrible dénommé par l'auteur "l'encamaradement". Haffner y décrit combien l'esprit de groupe qui implique la démission de l'individu au profit du groupe, est facile à obtenir, et même dans des esprits évolués. L'embrigadement des jeunes, pilier d'un régime ou d'un mouvement totalitaire, c'est une constante hélas, qui nourrit encore notre présent.
Dans son récit, Haffner dit espérer que les puissances étrangères, France, Angleterre réagissent. On sait ce qu'il en advint, la lâche capitulation des accords de Munich de 1938, qui firent dire à Churchill: "ils ont voulu la paix dans l'honneur, ils auront la guerre et le déshonneur".

Des récits comme celui-ci nous font ressentir que le pire est toujours possible dans nos démocraties, mais aussi que rien n'est inéluctable. Sans entrer dans cette discussion de savoir si L Histoire se répète ou pas, la leçon, s'il y en a une, que j'en tire, c'est qu'un gouvernement, un peuple ne doit jamais céder, "sous peine de danger mortel" aurait dit De Gaulle, sur ses valeurs fondatrices, par exemple en ce moment sur la liberté d'expression. Et que la lâcheté se paie très cher.
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Pendant la journée, on n’avait jamais le temps de penser, jamais l’occasion d’être un “moi”. Pendant la journée, la camaraderie était un bonheur. Aucun doute : une espèce de bonheur s’épanouit dans ces camps, qui est le bonheur de la camaraderie. Bonheur matinal de courir ensemble en plein air, bonheur de se retrouver ensemble nus comme des vers sous la douche chaude, de partager ensemble les paquets que tantôt l’un, tantôt l’autre recevait de sa famille, de partager ensemble la responsabilité d’une bévue commise par l’un ou l’autre, de se prêter mutuellement aide et assistance pour mille détails, de se faire une confiance mutuelle absolue dans toutes les occasions de la vie quotidienne, de se battre et de se colleter ensemble comme des gamins, de ne plus se distinguer les uns des autres, de se laisser porter par un grand fleuve tranquille de confiance et de rude familiarité… Qui niera que tout cela est un bonheur ? Qui niera qu’il existe dans la nature humaine une aspiration à ce bonheur que la vie civile, normale et pacifique ne peut combler ?
Moi, en tout cas, je ne le nierai pas, et j’affirme avec force que c’est précisément ce bonheur, précisément cette camaraderie qui peut devenir un des plus terribles instruments de la déshumanisation – et qu’ils le sont devenus entre les mains des nazis. C’est là le grand appeau, l’appât majeur dont ils se servent. Ils ont submergé les Allemands de cet alcool de la camaraderie auquel aspirait un trait de leur caractère, ils les y ont noyés jusqu’au delirium tremens. Partout, ils ont transformé les Allemands en camarades, les accoutumant à cette drogue depuis l’âge le plus malléable : dans les Jeunesses hitlériennes, la SA, la Reichswehr, dans des milliers de camps et d’associations – et ils ont, ce faisant, éradiqué quelque chose d’irremplaçable que le bonheur de la camaraderie est à jamais impuissant à compenser.
La camaraderie est partie intégrante de la guerre. Comme l’alcool, elle soutient et réconforte les hommes soumis à des conditions de vie inhumaines. Elle rend supportable l’insupportable. Elle aide à surmonter la mort, la souffrance, la désolation. Elle anesthésie. Supposant l’anéantissement de tous les biens qu’apporte la civilisation, elle console de leur perte. Elle est sanctifiée par de terrifiantes nécessités et d’amers sacrifices. Mais séparée de tout cela, recherchée et cultivée pour elle-même, pour le plaisir et l’oubli, elle devient un vice. Et qu’elle rende heureux pour un moment n’y change absolument rien. Elle corrompt l’homme, elle le déprave plus que ne le font l’alcool et l’opium. Elle le rend inapte à une vie personnelle, responsable et civilisée. Elle est proprement un instrument de décivilisation. À force de camaraderie putassière, les nazis ont dévoyé les Allemands ; elle les a avilis plus que nulle autre chose.
Il faut surtout bien voir que la camaraderie agit comme un poison sur des centres terriblement vitaux. (Encore une fois : certains poisons peuvent procurer le bonheur, le corps et l’âme peuvent désirer le poison, et les poisons bien employés peuvent être bénéfiques et indispensables. Ils n’en restent pas moins des poisons.) Pour commencer par le plus vital de ces centres, la camaraderie annihile le sentiment de la responsabilité personnelle, qu’elle soit civique ou, plus grave encore, religieuse. L’homme qui vit en camaraderie est soustrait aux soucis de l’existence, aux durs combats pour la vie. Il loge à la caserne, il a ses repas, son uniforme. Son emploi du temps quotidien lui est prescrit. Il n’a pas le moindre souci à se faire. Il n’est plus soumis à la loi impitoyable du “chacun pour soi” mais à celle, douce et généreuse, du “tous pour un”. Prétendre que les lois de la camaraderie sont plus dures que celle de la vie civile et individuelle est un mensonge des plus déplaisants. Elles sont d’un laxisme tout à fait amollissant, et ne se justifient que pour les soldats pris dans une guerre véritable, pour l’homme qui doit mourir : seule, la tragédie de la mort autorise et légitime cette monstrueuse exemption de responsabilité. Et on sait que même de courageux guerriers, quand ils ont reposé trop longtemps sur le mol oreiller de la camaraderie, se montrent souvent incapables plus tard d’affronter les durs combats de la vie civile.
Beaucoup plus grave encore, la camaraderie dispense l’homme de toute responsabilité pour lui-même, devant Dieu et sa conscience. Il fait ce que tous font. Il n’a pas le choix. Il n’a pas le temps de réfléchir (à moins que, par malheur, il ne se réveille seul en pleine nuit). Sa conscience, ce sont ses camarades : elle l’absout de tout, tant qu’il fait ce que font tous les autres.
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Adieu » était désormais le mot d’ordre - un adieu total, radical, sans exception. Le monde dans lequel j’avais vécu se dissolvait, disparaissait, devenait invisible - tous les jours, tout naturellement, sans faire le moindre bruit. Chaque jour, on pouvait constater qu’un nouveau morceau de ce monde avait disparu, s’était englouti. On le cherchait, il n’était plus là. Jamais je n’ai revu un processus aussi étrange. C’était comme si le sol se dérobait sous les pieds de façon continue et irrésistible, ou plutôt comme si l’air que l’on respirait était pompé, régulièrement, sans cesse.
Les événements visibles qui se produisaient dans le domaine public et sautaient aux yeux étaient presque les plus inoffensifs. D’accord : les partis disparaissaient, ils étaient dissous ; d’abord les partis de gauche, puis les partis de droite. Je n’appartenais à aucun d’eux. Les hommes dont on avait le nom sur les lèvres, dont on avait lu les livres et commenté les discours, disparaissaient soit à l’étranger, soit dans des camps de concentration. De temps à autre, on entendait dire que l’un d’entre eux « avait mis fin à ses jours comme on venait l’arrêter » ou avait été « abattu alors qu’il tentait de s’enfuir ». Au cours de l’été, les journaux publièrent une liste de trente ou quarante noms parmi les plus connus de la littérature et des sciences : ceux qui les portaient étaient déclarés « traîtres au peuple », déchus de leur nationalité, bannis.
C’était encore presque plus étrange et plus inquiétant de voir se volatiliser une quantité de personnes inoffensives qui faisaient partie de la vie quotidienne : le présentateur radiophonique dont on entendait chaque jour la voix et à qui on était habitué comme à une vieille connaissance avait disparu dans un camp de concentration, et malheur à qui osait encore prononcer son nom. Des acteurs et des actrices familiers depuis des années s’évanouissaient du jour au lendemain : la charmante Carola Neher était soudain traître au peuple et déchue de la nationalité allemande, le jeune et rayonnant Hans Otto, dont l’étoile brillante s’était levée au cours de l’hiver précédent - on s’était demandé dans toutes les soirées si c’était enfin là « le nouveau Matkowsky » que le théâtre allemand attendait depuis si longtemps -, gisait fracassé dans la cour d’une caserne de SS. La version officielle était qu’après son arrestation il s’était jeté d’une fenêtre du quatrième étage « en profitant d’un moment où il n’était pas surveillé ». Le plus célèbre des dessinateurs humoristiques, dont les innocentes plaisanteries faisaient chaque semaine rire tout Berlin, se suicida. Le présentateur du cabaret que l’on sait fit la même chose. D’autres n’étaient tout simplement plus là, et l’on ne savait pas s’ils étaient morts, arrêtés, exilés -on n’entendait plus parler d’eux.
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de la camaraderie
qui niera qu'il existe dans la nature humaine une aspiration à ce bonheur que la vie civile, normale et pacifique ne peut combler ?
Moi en tous cas, je ne le nierai pas, et j'affirme avec force que c'est précisément ce bonheur, précisément cette camaraderie qui peut devenir un des plus terribles instruments de la déshumanisation – et qu'ils le sont devenu entre les mains des nazis. C'est là le grand appeau, l appât majeur dont il se servent. Ils ont submergé les Allemands de cet alcool de la camaraderie auquel aspiraient un trait de leur caractère, ils les ont noyés jusqu'au delirium tremens. Partout, ils ont transformé les Allemands en camarades, les accoutumant à cette drogue depuis l’age le plus malléable : dans les jeunesses hitlériennes, la SA, la Reichswehr , dans des milliers de corps et d'associations - ils ont, ce faisant, éradiquer quelque chose d'irremplaçable que le bonheur de camaraderie est à jamais impuissant à compenser.
La camaraderie est partie intégrante de l'amicale de la guerre. Elle rend supportable l'insupportable. Elle anesthésie. Mais séparer de tout cela, recherché est cultivé pour elle-même, pour le plaisir et l'oubli, elle devient un vice. Elles auront l'homme, est l'étrave plus que le fond l'alcool et l'opium. Elle rend inapte à une vie personnelle, responsable civilisée. Elle est proprement un instrument de civilisation.
La camaraderie a mis le sentiment de la responsabilité personnelle. Qu'elles soient civiques ou, plus grave encore religieuse. L'homme qui vit en camaraderie est soustrait au souci de l'existence, au dur combat de la vie.
Beaucoup plus grave encore, la camaraderie dispense l'homme de toute responsabilité pour lui-même, devant Dieu et sa conscience. Il fait ce que tous font. Il n'a pas le choix. Il n'a pas le temps de réfléchir. Sa conscience , ce sont ses camarades : elle l’absout de tout, tant qu'il fait ce que font tous les autres.
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De nombreux journaux et magazines disparurent des kiosques, mais ce qui advenait aux autres était beaucoup plus inquiétant. On ne les reconnaissait pas vraiment. C’est qu’on entretient avec un journal les mêmes rapports qu’avec un être humain ; on sent comment il réagira à certaines choses, ce qu’il dira et comment. S’il affirme brusquement le contraire de tout ce qu’il disait hier, s’il se renie complètement, si ses traits sont tout à fait déformés, on a l’impression irrésistible de se trouver dans une maison de fous. C’est ce qui se produisit. De vénérables feuilles acquises aux idées démocratiques et appréciées de l’élite intellectuelle comme le Berliner Tageblatt ou la Vossische Zeitung furent du jour au lendemain transformées en organes nazis. Leurs vieilles voix posées et réfléchies disaient les mêmes choses que vociféraient et éructaient l’Angriff ou le Vôlkischer Beobachter. […]
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EXTRAIT DU PROLOGUE :

Je vais vous conter l'histoire d'un duel .C'est un duel entre deux adversaires très inégaux : Un Etat extrêmement puissant , fort , impitoyable et un petit individu anonyme et inconnu. Ils ne s'affrontent pas sur ce terrain qu'on considère communément comme le terrain politique ; l'individu n'est en aucune façon un politicien , encore bien moins un conjuré , un " ennemi de l'Etat " . Il reste tout le temps sur la défensive . IL ne veut qu'une chose : préserver ce qu'il considère , à tort ou à raison , comme sa propre personnalité , sa vie privée , son honneur . Tout cela , l'Etat dans lequel il vit et auquel il a affaire , l'attaque sans arrêt , avec des moyens certes rudimentaires , mais parfaitement brutaux ...... L'Etat , c'est le Reich allemand ; l'individu c'est moi .
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Vidéo de Sebastian Haffner
Sebastian Haffner (1907-1999), Allemagne je t’aime, moi non plus : Une vie, une œuvre (France Culture). Photographie : Sebastian Haffner, ca. 1939; Quelle: Bundes­ar­chiv / peter-adler.de. Production : Irène Omélianenko. Avec la collaboration de Claire Poinsignon. Un documentaire de Judith Chetrit, réalisé par Ghislaine David. Prise de son : Marcos Darras, Julien Doumenc. Mixage : Jean-Michel Bernot. Documentation et liens internet : Annelise Signoret. Recherche Ina : Marie Chauveau. Diffusion sur France Culture le 24 mars 2018. Lanceur d’alerte pour les uns, historien du quotidien pour les autres, Sebastian Haffner a défendu dans ses articles et ouvrages une certaine vision de l’Allemagne. Un regard à hauteur d’homme qui décrit le lent changement de son monde à l’aube du nazisme. En 1938, Sebastian Haffner, de son vrai nom Raimund Pretzel, quitte l’Allemagne, son pays natal, pour s’exiler en Angleterre. Issu de la bourgeoisie protestante, passé par la magistrature administrative, cet homme de droit observe pendant son adolescence et sa vie de jeune adulte le réveil abruti de l’Allemagne, perdante de la Grande Guerre, et l’arrivée au pouvoir d’Hitler. Dès son arrivée en Angleterre, un éditeur lui demande un ouvrage où il raconterait pourquoi il s’est progressivement convaincu de devoir quitter l’Allemagne face à la propagation des idées du nazisme. Partant de son quotidien, il écrit l’anesthésie des masses, intelligentsia berlinoise incluse. « Le monde dans lequel j’avais vécu se dissolvait », écrit Haffner devenu journaliste. Après l’entrée en guerre de l’Angleterre, le manuscrit ne sera jamais publié. Peu de temps après, un autre essai, “Germany : Jekyll and Hyde”, lui donne suffisamment de reconnaissance pour devenir un éditorialiste renommé dans la presse anglaise. De retour en Allemagne au milieu des années 1950, Sebastian Haffner continue le journalisme puis bifurque progressivement vers l’écriture d’essais et d’ouvrages historiques consacrés à Hitler, à Churchill et à l’Allemagne. Après son décès en 1999, son fils retrouve une partie du manuscrit abandonné en Angleterre. L’œuvre “Histoire d’un Allemand” lui assure une toute nouvelle postérité. « Nous, les enfants de l’Allemagne, nous aurions tous voulu avoir un père ou un grand-père qui nous eût parlé, comme le fait Haffner avec une redoutable clarté, de son expérience intime, qui nous rendît palpable la tentation du mal, l’infiltration et la prise de pouvoir lente et perfide de la pensée raciste et fasciste », affirme Martina Wachendorff, son éditrice en avant-propos de l’ouvrage.
Archive : extrait de l’émission “Figures de proue” de Jacques Chancel avec Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes Sud, sur France Inter le 23 décembre 2003.
Lecture de plusieurs extraits de “Histoire d’un Allemand : souvenirs 1914-1933” par René Loyon.
Intervenants :
Martina Wachendorff, écrivaine et directrice de la collection “Lettres Allemandes” aux éditions Actes Sud. Préfacière du livre “Histoire d'un Allemand”.
Fabrice Humbert, écrivain et auteur de “L'Origine de la violence”.
Jean Lopez, directeur de la rédaction du bimestriel “Guerres & Histoire” et préfacier de “Considérations sur Hitler”.
François Delpla, historien spécialiste du nazisme, auteur notamment d’une biographie d’Hitler et d’un ouvrage sur le IIIème Reich.
François Roux, historien et auteur de l’œuvre “Auriez-vous crié "Heil Hitler" ? Soumission et résistances au nazisme : l'Allemagne vue d'en bas (1918-1946)”.
René Loyon, acteur et metteur en scène de la pièce “Berlin 33”, adaptée d’“Histoire d’un Allemand”.
Source : France Culture
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