Vingt ans après la découverte, en 1732, d'une jeune fille "sauvage", dans les bois de l'Est de la France,
Marie Catherine Hecquet rencontrera et questionnera celle nommé desormais Marie Angélique Memmie le Blanc accueillie dans un monastère, pour reconstituer l'histoire de la jeune femme, qu'elle publiera en 1755. Son enquête, étayée par des archives d'époque fera émettre l'hypothèse à l'autrice que Mme le Blanc était d"origine inuit venue en France dans les "bagages" d'une Française quittant le Canada.
Mme Hecquet fait allusion au fait que la jeune fille a très certainement été victime de violences sexuelles pendant la traversée, voir avant et après, ce qui aurait pu l'inciter à prendre la fuite avec une camarade d'infortune, enlevée elle aussi à son peuple pour travailler comme petite domestique chez les colons. Elle devra sa survie dans la forêt à ses savoirs-faire, comme la nage et la pèche à mains nues de grenouilles et poissons dans les cours d'eau.
Une histoire déclinée au féminin qui rappelle celles de Peter de Hanovre et de Victor d'Aveyron, et qui connaîtra un grand succès public à une époque où ses enfants "sauvages" fascinaient et étaient des objets d'étude pour observer la part de l'inné et de l'acquis chez l'être humain.
L'intérêt de ce court ouvrage est de montrer d'une part l'enquête menée par une femme au 18e siècle, mais aussi de faire affleurer la souffrance qui devait être celle de Marie Angélique le Blanc arrachée aux siens, déplacée, déracinée ; et de témoigner de la force et résilience qui lui a fallu pour survivre à la violence des hommes.