Un flot - ou des éléments pris dans un flot, puisque le livre est constitué de récits (l'histoire du général Kouropatkine et de son camarade Goitre avant qu'il devienne le chef de la troupe de "gamins" ou chiens et de petites nanas courant, venus de la steppe, avec pétoires et motos ou autos parfois - des chants, quasi hymnes, choeurs - l'histoire des gamins et celle des nanas - la saleté, la précarité, et le retour obsessionnel du mot lavabo - le dédain pour les sédentaires et la brutalité - l'ironie des nanas - la tendresse niée - les affrontements dans la troupe - un peu de grotesque - la matière omniprésente etc...) liés par des courts paragraphes, disant que le grand dire STEPPE, continue "Nuit après nuit. Déversant les choses dans le noir." ou "c'est n'importe quoi", et on reprend.
Et il y a aussi l'histoire d'une terre que l'on baptise, ou on plante tente, et moutons, pour laquelle on meurt, et plus tard, avec prêt cette terre devient le centre d'une richesse, d'une puissance, et source d'intérêts, avant d'être pillée à nouveau etc... (et c'est d'une autre troupe qu'il s'agit mais toujours de la steppe, mais pour les deux troupes ce même désir d'une installation dans une maison).
De très courtes phrases, ou, quand elles se font longues (et dans un cas elle s'élance sur plusieurs pages), hachées de virgules, de groupes de mots, juxtaposés, progressant, avec des répétitions qui sont variations infimes, - refrains, ruptures légères.
Rythme d'une poésie, au goût fort, qui emporte, et fait que ce n'est jamais l'horreur qui est là, mais une humanité, une jeunesse, une séduction barbare, avec pourtant, avec l'âge, le désir d'une autre vie, et la crainte qu'elle soit imposée, au prix de cette merveilleuse liberté, vraie ou crue.
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nous, premiers êtres, premiers saumons, premiers saumons courant sur terre, premières lumières et premiers êtres, premiers nés sous la voûte, campant nous autres dans les ventres, les cœurs battants des yourtes, premiers de tous les êtres premiers, de toutes les bêtes rugissantes courant sur terre ras-du-sol, premiers errants au-dessus des eaux, parcourant terre d'un bord à l'autre, premiers la sillonnant, ..
nous ; petites voix ; petites voix de types et de nanas ; petites voix minuscules de types et de nanas ; petites voix minuscules émergeant du noir, voix de types et de nanas ; flots fluets de petites voix minuscules émergeant du noir et dans le noir, voix cassées de types et de nanas ; flots fluets de petites voix s'écoulant, minuscules,.....
dans ce qui aurait conservé, quelque part, quelque chose des bêtes, leur chaleur, nous, les voyant de loin, les repérant depuis des plombes, depuis la route, les chaos de la route, camions nous charriant, transportés jusqu'ici, jusqu'à elles, nous réjouissant, dans le fond, de les revoir, nos garçonnes, nos femelles d'amour, espérant ne pas les avoir oubliés, les cadeaux, les petits paquets de sucre, ou de soupe en poudre, ou de purée lyophilisée, à la patate douce, aux poireaux amers, que sais-je
La surface du monde. L'échiquier tranquille du petit monde tranquille des villes et des villages. Comme nos pères et nos grands-pères nous chercherions dans le fond à réveiller le monde. À l'empêcher de sombrer. De s'effondrer dans le sommeil.
Puis. Il dit. D'accord. Ami. Je te prête l'argent. Je te donne tout ce qu'il faut pour que tout ça. L'affaire. Reprenne. Je récupère ainsi l'argent. Je prends cinquante pour cents. D'accord. Ami. Fait l'autre. Boosniikhon. De sorte que ça. Dalandzadagad. Reprend vie. On plante des tentes. Légalement. On construit. Bergeries. Ça ressemble autant à Khereid qu'à Boosniikhon. Ils se partagent les bénéfices.