À l'assertion « Mort aux cons ! », « Vaste programme » aurait répondu le général
De Gaulle. On le comprend, la tâche est ardue mais tentante… jusqu'à ce qu'on se souvienne que l'on est tous le con de quelqu'un. Faisant suite au remarqué
Psychologie de la connerie,
Jean-François Marmion propose une étude historique de la connerie, une « connologie » pour savoir à quel moment l'humanité a dérapé.
Mais tout d'abord, qu'est-ce qu'un con ? Et le con a-t-il une portée universelle ? Prenons un raccourci : le con, c'est l'Autre. C'est celui qui a indubitablement le mauvais goût de ne pas avoir la même opinion que moi, qui ne partage pas mes valeurs et mes idées alors que l'on vit dans la même société, le même groupe social, à la même époque. Et rassurons-nous : la connerie est bien présente sur tous les continents ! L'étude menée par
Jean-François Marmion est loin d'être exhaustive (le champ d'études est bien trop vaste et abyssal) mais propose une enquête protéiforme sur ce phénomène universellement partagé, de la préhistoire à nos jours.
Antisémitisme, racisme, sexisme, misogynie, homophobie, certitudes historiques aveuglantes, idées reçues, le prisme est large de ce que nous considérons comme de la connerie. L'écueil de l'étude serait de plonger dans l'anachronisme le plus crasse : les valeurs d'aujourd'hui ne sont pas celles d'hier et il serait problématique de juger la connerie sans la comprendre dans son époque et sa culture. Comme tout, la connerie doit être relativisée.
Alors, la connerie est-elle le propre de l'homme ? Est-elle le moteur de nos civilisations ? Est-elle aussi vieille que le monde ? Les cons représentent-ils un avantage, un atout, dans l'Évolution ? Les réseaux sociaux favorisent-ils la connerie ? Autant de questions qui seront traitées par la trentaine d'historiens et d'universitaires qui ont contribué à l'ouvrage. Et si l'on peut se rassurer en se disant que l'on trouve, dans le règne animal, des traces indubitables de connerie, on pourra grimacer quand on les observe surtout chez les primates, nos plus proches parents. Et être consterné quand on sait que notre cerveau est programmé pour faire de nous des cons, voire même des connards. Et se satisfaire de savoir que malgré tout, nous avons aussi créé les arts et les sciences, que nous n'avons jamais été aussi intelligents, et que nous avons développé, au fil de l'Histoire, des outils essentiels pour échapper à la connerie pure et dure : la rationalité, la science, la vérification des faits, les débats d'idées doivent nous éloigner de notre cerveau programmé pour agir et juger rapidement. Contredire le con et se rappeler que l'on peut soi-même se tromper, les meilleurs moyens pour éviter que la connerie s'installe.
Avant cette étude, la connerie vivait tranquillement tapie dans les replis de l'Histoire. La voilà à présent mise sur le devant de la scène ! Et force est de constater qu'elle y occupe une place non négligeable. Il nous est impossible de dater avec certitude la première connerie de l'histoire de l'humanité, mais qu'elle soit un des moteurs de notre histoire est indéniable. Entre humour et sérieux, le lecteur suit l'enquête passionnante et curieuse de la connerie humaine, de ses diverses mues et transformations, de ses splendeurs et de ses misères. Une étude qui retrace l'évolution de l'homme, capable du pire comme du meilleur.
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