Je m'appelle Antonin et je suis un moins que rien, un raté, un gâcheur, un incapable, un médiocre, une nullité. Vous ne me croyez pas ? Quelques exemples, peut-être ?
Imaginez que vous rencontriez à l'aéroport une Vénus venue d'Argentine, Luce, qu'un coup de foudre vous frappe en plein coeur, qu'elle vous refile un papier avec ses coordonnées et que vous le laissiez s'envoler par la fenêtre d'un taxi, que vous vous présentiez pour jouer le rôle de Roméo dans Roméo et Juliette au Théâtre de Paris et que vous y soyez pitoyable, et qu'en plus de tout ça vous soyez roux ! Vous m'avez compris ou dois-je encore accentuer le tableau ?
Et avec tout ça, une poisse qui me colle à la peau ! Ma valise, jamais arrivée à l'aéroport, le rasoir qui tombe en panne juste avant l'audition me laissant avec une demi face rasée et l'autre arborant une barbe de cinq jours… Et cela ne date pas d'aujourd'hui ! Il y a sept ans, mes parents furent emportés par une coulée de neige au-dessus du refuge de Viso, près de la frontière italienne me laissant seul avec mon petit frère, Barnabé. Pratiquement dix-huit ans nous séparent. J'en ai la tutelle et je risque de la perdre si je ne me trouve pas un boulot illico presto ! Et puis, il y a Iris, notre grand-mère qui nous a élevés, même si c'était moi qui changeais les couches de Barnabé et qui m'en occupais le plus souvent. Heureusement qu'il est là ! Sans lui, je serais perdu. Iris est dans un home et malgré qu'elle soit octogénaire, elle est férue d'informatique. Ils l'ont diagnostiquée « Alzheimer », cette espèce de fourre-tout où on place les gens faute de mieux les diagnostiquer…
Critique :
Dans ce roman, qui commence fort mal pour le « héros », l'humour est très présent grâce au talent de
Ziska Larouge. On le retrouve notamment dans les réflexions philosophiques d'Antonin : « Il m'arrive souvent de m'interroger sur la couleur des chaussettes que je vais porter. Faut-il, ou non, les assortir à la teinte de mes chaussures, de mon pantalon, de mon slip ou de mes cheveux ? Qui y porte attention ? En quoi mon destin pourrait-il s'en trouver changé ? »
Antonin en rentrant de son audition à Paris voudrait bien pénétrer dans son peu glorieux logis du côté de la Gare du Midi à Bruxelles. Pas de chance, il tombe sur quatre voyous. le plus costaud des bons-à-rien lui dit : « Tu me cherches ? »
Antonin ne cherche personne. Il voudrait juste rentrer dans son appartement. le grand crapuleux lui balance son poing dans la figure, histoire de lui refaire le portrait, comme ça, gratuitement. Il s'empare de ses clés et commence un jeu de passe-passe avec ses potes, pendant que le malheureux Antonin tente de les reprendre… Mais quand votre destinée consiste à voir la chance vous échapper, vos clés se retrouvent dans le caniveau, impossibles à récupérer. Par contre, un double existe chez Mamyris, dans sa chambre du home où elle réside maintenant. Au fait, vous ai-je dit qu'Antonin manque cruellement de chance ? Mamyris ignore où se trouve le second trousseau de clés de son petit-fils et les recherches d'Antonin ne donnent rien. Il quitte Mamy Iris et se donne le temps de cogiter à l'arrêt du tram 81. L'attend-t-il ? Non ! C'est juste pour se donner le temps de réfléchir. Que faire ? Appeler son proprio ? Mauvaise idée ! Il lui doit déjà un mois de loyer ! Prendre une chambre à l'hôtel Ibis ? Et dépenser ses maigres économies ? Squatter chez un pote ? Retourner chez Mamyris, s'introduire en douce et dormir dans son fauteuil ? Entrer dans un bar et attendre le matin ? Il en est là de ses réflexions lorsque deux filles descendent du tram et lui demandent le chemin de la gare. Il se propose de les guider… Sa vie va en être bouleversée.
L'histoire n'aurait que peu d'intérêt si notre anti-héros, Antonin ne vivait une suite d'aventures et de mésaventures, d'autant qu'il peut compter sur son petit frère et sa mamy (surtout sa mamy) pour ajouter des problèmes aux ennuis qu'il a déjà. L'histoire est drôle, le personnage sympathique et on ne peut s'empêcher d'éprouver de l'empathie pour lui. Mais il va faire de chouettes rencontres qui feront que toute l'histoire se terminera par un « happy end ».
Livre très agréable à lire. Je ne regrette qu'une chose : une fin d'histoire très précipitée manquant de détails.