Les personnages
Une fois n'est pas coutume, commençons par les protagonistes plutôt que par l'histoire. Oui,
How to stop time nous offre une palette de personnalités variées. Oui, ils ne sont pas particulièrement marquants. Je m'explique.
Tom Hazard est un homme extrêmement vieux et qui n'est pas loin d'avoir peur de sa propre ombre. Il n'est pas parano, heureusement. Il s'interdit simplement certaines choses parce qu'il souhaite refouler certains souvenirs ou tout simplement pour ne pas dévoiler son anagérie. Sa peur de tout et de rien est parfaitement compréhensible et justifiée, ce qui provoquera une certaine empathie à son égard. Mais soyons clair : Tom Hazard n'est pas un personnage que je porte dans mon coeur. Sa personnalité, ses actes sont justifiée et ces dernières trouvent un assez bon équilibre entre réflexion et pulsion pour esquisser un homme vivant. Cependant, je ne me suis pas particulièrement attacher à lui pendant ma lecture et je le déplore. Peut-être est-ce juste la manière dont est structuré le récit qui a coupé cours à tout attachement ? Mais je reviendrai là-dessus plus tard.
Tom a cependant un point de vue très intéressant. Il est si vieux qu'il arrive à prendre de la distance sur presque tout. Il développe au fil des pages des avis très pointus et auxquels on adhère. La chasse aux sorcières par exemple. Il fallait un bouc-émissaire pendant cette période trouble, parce que les gens refusaient ce qui sortait des limites qu'ils s'imposaient eux-mêmes. Par là j'entends que l'on ne peut croire qu'aux choses qui nous semblent crédibles, au-delà on ne verra que la folie. Ce que je viens d'écrire n'est qu'un mix des réflexions que Tom nous livre au fil de ses rencontres.
Je n'ai pas grand-chose d'autre à dire sur le sujet. Pleins de personnages que l'on différencie bien, mais qui en même temps reste très superficiels quant à leur personnalité. On leur a attribué certains traits de personnalité bien définis, mais le développement autour vole un peu en rase motte. Hormis Tom, aucun personnages n'évoluent vraiment et encore, Tom n'est pas la personnification même de l'évolution. Je définirais ce changement comme un petit déclic qui change sa perspective et ses actions, ce qui est quand même beaucoup, mais qui en même temps ne fait pas grand bruit. On le suit facilement dans son raisonnement, mais en même temps je n'ai pas reçu le coup de poing qui aurait dû marquer ce retournement de personnalité. Comme comparaison, je prendrais un caillou qui tombe dans l'eau en provoquant de petites ridules à sa surface. On les perçoit mais on ne les sens pas.
Petite parenthèse : que l'on m'explique pourquoi Tom n'est pas partie lui-même à la recherche de sa fille ? Certes, la Société dont il fait partie lui a promis de l'aider, mais cela n'exclue en rien qu'il fasse de son côté quelques efforts aussi. Je trouve vraiment bête de sa part de ne pas avoir essayé de convaincre d'autres personnes comme lui de l'aider dans ses recherches sans passer par l'intermédiaire de la Société.
Thriller ? Romantique ?
De l'action ? Où ça ?
How to stop time n'est clairement pas un thriller à mes yeux et ça me tue vraiment de le dire. le simple fait que les événements dangereux se passent dans un flashback est déjà rédhibitoire. Pour la simple et bonne raison que Tom ne peut pas mourir. Preuve : il est encore là pour s'en souvenir. Ces flashbacks n'ont pour but que d'éclairer son histoire et de rythmer un peu le récit. Un peu, laisse-moi rire.
J'ai trouvé ce livre terriblement lent et ennuyeux. En comparaison, Lady Helen, qui est un pavé, est beaucoup plus captivant. Une narration tout aussi lente, mais qui sait garder suffisamment d'action et de suspens pour éviter que le lecteur ne décroche.
How to stop time se rapproche du Retour de l'Oiseau-Tonnerre. Des vies d'une autre époque, ça y ressemble beaucoup. Trop même. Ces deux livres sont malheureusement frappés par le syndrome de l'ennui. Pourquoi donc ? Pas d'actions. Soit elles sont trop courtes, soit inintéressantes, soit avortées. de par sa nature craintive, Tom ne fait rien, ne découvre rien. Si le début m'a donné envie de continuer à lire, l'accumulation de flashbacks mous, sans parler du fait qu'ils sont aussi lents que le reste, m'a fait perdre rapidement le rythme.
Quand je parle de flashbacks mous, ce n'est pas que je dénigre le fait d'apprendre plus sur Tom. Ce que je ne cautionne pas c'est de consacrer autant de pages à des événements pas si importants que ça. Était-on obligé de se farcir en flashback le moment précis où Tom jouait du piano et s'est fait photographié ? Ou même ne serait-ce que le moment où il a voulut prendre l'identité du pianiste ? Que de vagues impressions à ce sujet auraient largement suffit. Des réflexions sur la musique, on n'avait pas besoin d'un retour en arrière rien que pour ça !
Tout est prétexte à se plonger dans ses souvenirs. Certes, dans le texte il est avancé qu'à partir d'un certain âge les vies antérieurs viennent hanter le présent, mais tout de même : on n'a pas besoin de connaître le moindre détail de l'histoire du personnage, surtout quand c'est pour déblatérer pendant une éternité sur le comment et le pourquoi. Un paragraphe et c'est réglé, pas besoin de le marteler à chaque fois que c'est possible la même chose, surtout quand il se lamente. le simple fait que sa mère jouait d'un instrument et qu'il aimait l'entendre chanter est suffisant : inutile de le montrer en transe pendant qu'il joue du piano pour comprendre son lien particulier à la musique.
Quant au côté romantique… Pas franchement la plus belle histoire d'amour que je connaisse. Prévisible et sans saveur. Les réactions de la petite Camille sont réalistes et pourtant si banales… si scénarisé. J'ai eu l'impression de regarder un feuilleton à l'eau de rose pour ado. Cette histoire n'apporte rien. Elle est juste là pour dire que Tom a tourné la page. Camille est relégué au rôle de l'amoureuse « remplaçante » et je déteste ça. Camille est un personnage-carton qui n'a aucune personnalité. Sans ses interactions avec Tom, elle n'existerait tout simplement pas. C'est une potiche.
Petite parenthèse : en me baladant sur plusieurs sites différents, j'ai trouvé un avis très intéressant sur la lenteur de
How to stop time : il s'agirait de la vitesse à laquelle s'écoule la vie pour Tom. Mouais… plausible, mais cela n'excuse en rien d'ennuyer à mourir le lecteur.
Une fin bâclée
Tout s'accélère très vite. Trop même. Des retrouvailles sans saveur, autant familiale qu'amicale. Un « méchant » qui se crame sans raison, des mensonges éventrés à la va-vite et une conclusion plate et sans grand intérêt. Happy ending sortant du néant ou de pas loin. Un fouillis pas possible où à chaque action on se dit « what ?! Pourquoi ? Comment ? » Et après un court instant de réflexion, on se dit qu'il n'y a rien à sauver. La morale ? Il ne faut pas se cacher et vivre… ou plus ou moins ça. Un peu bateau quand même. Surtout que ça ne repose que sur un vague retournement de situation.
Je ne suis pas vraiment sûre de ce que représentait le « méchant ». Pourquoi entre guillemets ? Tout simplement parce que je ne suis pas persuadée qu'il était la cible à abattre. Les conclusions à son sujet sont éparses et mal réparties. Ce n'est seulement qu'à la toute fin que sa dangerosité est dévoilée. Je trouve que cela a mis trop de temps, que le passé de Tom a pris le pas sur l'intrigue, ce qui est sans doute pourquoi la fin semble tomber du ciel. Certes, il y avait un peu de lui qui le haïssait parfois, mais ça ressemble surtout à des signaux de fumée incompréhensibles. Il fallait un antagoniste et Tom l'a trouvé tout bêtement. Point. On ne va pas chercher plus loin.
Le mot de la fin
How to stop time partait sur une bonne lancée : l'anagérie, un personnage capable de réflexions très posées et intéressantes, une quête à travers le temps et un amour impossible. Mais rien de tout cela n'est vraiment mis en valeur et la fin fait l'effet d'un crash. Je regrette de ne pas y avoir trouvé le plaisir que j'y anticipais lors de la lecture du résumé. Déçue est un faible mot.